Pas un jour de plus sans toi
Fiction en quatre chapitres, terminée.
La vie au Sanctuaire reprend doucement son cours mais Shion est mélancolique, bien sûr ce n'est pas le seul à être dans cet état ; les erreurs du passé empêchent certains Gold à avancer. Mû et Dohko s'inquiètent pour leur ami d'autant que l'ex-Bélier ne dit rien de son mal. Pourtant Dohko va se souvenir d'une chose très importante, mais ce souvenir aidera t-il Shion à aller mieux ?
Shion / Dohko, Aioros / Saga, Rhadamanthe / Kanon.
Amitié, romance, drame, lime (sous-entendu)
Rating : +16ans.
L'univers et les personnages appartiennent à Masami Kurumada.
Il s’agit là d’un défi lancé par SaintSeiyaYaoi. Elle m’a demandé un Shion/Dohko.
Ses contraintes étaient peu nombreuses, juste qu’ils soient amants. Pour le reste j’avais le champs libre.
J’espère que cette fiction lui plaira, tout comme à vous tous.
Bonne lecture
Pas un jour de plus sans toi
Shiroitora-lili
Chapitre 1
Après la résurrection, Shion avait suggéré l’idée de nommé Aioros au poste de Grand Pope. Saga avait accueilli l’idée comme un soulagement, après tout il l’avait évincé pour prendre le pouvoir alors naturellement il fut ravi de voir son vieil ami pouvoir enfin prendre la place qui lui revenait de droit. Athéna avait accepté la proposition tandis qu’Aioros se demandait s’il serait à la hauteur. Shion et Saga lui avaient proposé leur aide, du moins pour le début.
Parfois, Saga se sentait mal à l’aise en la présence du Sagittaire. Parfois, son regard s’égarait sur ses courbes. Depuis toujours, il était attiré par Aioros mais il l’avait fait assassiner. Il n’avait aucun espoir de le voir le regarder avec les yeux d’un amant. Son amour était interdit, du moins il s’interdisait de se déclarer. Comment le pourrait-il après son acte impardonnable ?
Shion se sentait libre. Il n’avait pas souhaité reprendre son rôle auprès d’Athéna même s’il résidait au Sanctuaire. Etre Pope lui avait plu mais il était temps de passer la main. Il était toujours en mesure de protéger la Déesse et cela lui suffisait. Il avait envie, pour la première fois de sa longue vie, de penser un peu à lui. Depuis sa première jeunesse, il s’était interdit une chose : celle de se laisser aller à l’amour. Et là, il comptait bien se rattraper, encore fallait-il trouver le courage de se déclarer.
La vie reprenait au Sanctuaire. Le nouveau Pope, aidé de ses amis, gérait d’une main ferme mais douce les travaux de reconstruction. Le Domaine sacré retrouvait ses temples et tous en étaient ravis. L’armure Divine d’Athéna avait retrouvé sa place derrière le Palais et les douze armures d’or ornaient leur temple respectif. Mû et Shion ayant réussis à redonner vie à celles détruites à Elysion, et à restaurer les autres.
———
L’ex-Bélier flânait dans entre les vielles ruines du Sanctuaire. Il ne regardait rien de spécial. Il ne pensait à rien en particulier. Il marchait, plutôt errait, au gré de ses pas depuis près de deux heures. Aujourd’hui était un jour particulièrement triste. C’était l’anniversaire de la mort de ses compagnons d’armes et de ceux de Dohko, deux cent ans plus tôt. Il se souvenait de ce jour. La guerre Sainte. Hadès. Et dire qu’il en avait vécu deux. Il n’avait pas survécu à la deuxième. Personne n’en était revenu d’ailleurs, sauf les Bonze.
Il était cependant heureux d’avoir une troisième chance. Une troisième pour vivre oui, mais aussi pour ouvrir enfin son coeur. Encore fallait-il savoir comment s’y prendre, d’autant que celui dont il était amoureux ne semblait pas se souvenir de leur promesse. Il laissa échapper un soupir las même si cela n’était pas dans ses habitudes.
Et puis, dans l’ombre du soleil couchant, il entrevit une silhouette qu’il reconnut sans mal. Que faisait-il là ?
— Shion ! Alors toi aussi tu es venu te recueillir, penser à nos amis disparus ? demanda l’ombre.
— Oui, soupira l’Atlante. Je ne pensais pas te voir ici, Dohko !
— Il est vrai que je n’ai jamais pu venir, à cause de ma mission. Mais aujourd’hui plus de mission alors, je suis là. Tu n’as pas l’air dans ton assiette ?
— Tu me connais toujours bien, à ce que je vois, répondit Shion avec un sourire forcé pour tenter de rassurer son ami de toujours.
— Bien plus que tu ne le penses, mon ami. Que t’arrive t-il ?
— La nostalgie du passé. La perte de nos amis…
— A d’autre ! Tu es ainsi depuis des jours.
Naturellement les deux Chevaliers se remirent en route. Ils marchaient côte à côte. Le dos droit et le regard porté vers l’horizon. Shion mit un moment avant de répondre car ce n’était pas le moment pour lui d’avouer ses pensées les plus impures qu’il n’ait jamais eu.
— Une mélancolie passagère, sans doute. Me retrouver ici après toutes ses années, avec des Chevaliers qui ont grandi et muri alors que je les ai laissé à peine sorti de l’enfance.
— Ce n’est pas ta faute, mon vieil ami. C’était leur destiné.
— Sans doute, mais nous étions si jeunes, et ils étaient si jeunes… pour mourir.
Shion regrettait d’avoir envoyé à la mort tous ces jeunes hommes. Néanmoins, il savait qu’il n’avait pas eu le choix et c’est ce qu’il regrettait le plus. Aujourd’hui, les guerres étaient derrière eux mais pour combien de temps ?
— C’est le passé. Tu devrais essayer de penser à autre chose, lui suggéra laBalance.
— Facile à dire, répondit évasivement l’ex-Bélier.
Dohko ne releva pas. Leurs pas les conduisirent aux pieds des escaliers des temples qu’ils décidèrent d’esquiver en passant par un souterrain secret connut que d’eux seuls. Cela datait d’avant leur première Guerre Sainte. Tous les Gold, amis de Shion et de Dohko, avaient participé à l’élaboration de ce passage discret. Seulement, l’ancien Pope n’avait jamais divulgué cette information et Dohko étant loin du Sanctuaire n’avait pas la possibilité d’en parler. Il avait même omis d’en parler à son disciple. Pourquoi ? C’était si ancien dans son esprit qu’il n’y avait plus pensé depuis cette époque. Ce n’est que récemment en discutant du passé que les deux Chevaliers s’étaient remémorés ce souterrain qui débouchait sur tous les temples y comprit celui du Pope et du temple d’Athéna.
Shion logeait au Palais le temps qu’une petite demeure dans l’enceinte du Domaine Sacré soit construite afin qu’il puisse y loger. Dohko et lui marchaient tranquillement vers leurs demeures. Voyant son ami assez mal, la Balance l’invita à boire un thé dont il avait le secret. Shion accepta. Il se sentait toujours bien auprès de son vieil ami.
L’après midi se passa tranquillement au rythme de leurs souvenirs. Ils passaient souvent du temps à se remémorer le passé et se raconter leurs vies durant ces un peu plus de deux cents ans séparé par des missions importantes et par des milliers de kilomètres. Parfois Shion s’égarait dans ses pensées et soupirait silencieusement. Dohko, lui, se demandait à quoi pouvait bien penser son ami.
———
Les jours s’écoulaient presque paisiblement. Les Gold n’étaient pas habitués à peu d’action. Alors pour leur bien, le nouveau Pope imposa des entrainements quotidiens et obligatoires. Cette nouvelle n’était pas aux goûts de tous mais ils s’y plièrent et finalement tous y trouvaient leur compte. Aioros ne dérogeait pas à son ordre et ainsi il montrait l’exemple.
Comme chaque matin tous les Gold se retrouvèrent aux arènes. Ce matin était différent. Aioros avait décidé de faire un entrainement différent : des combats sans cosmos. Cette idée avait été acceptée à l’unanimité. Il ouvrit donc les hostilités avec Shura. Les autres Chevaliers étaient installés dans les gradins et s’intéressaient à l’affrontement amical qui se jouait devant eux. Surtout l’un d’eux : Saga. Le Gémeaux en titre ne quittait pas des yeux celui qui le hantait depuis toujours. Sa respiration cessait dès qu’Aioros prenait un mauvais coup. L’ex-Sagittaire savait néanmoins se défendre mais il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Shura attaquait sans répit. Aioros parait les coups et tentait d’attaquer dès qu’il voyait une ouverture.
Pourtant Aioros se retrouva projeté à plusieurs mètres en arrière. Il manquait d’entrainement par rapport à tous ses amis et cela se ressentait. Shura, en bon combattant, ne laissait aucun répit à son adversaire même s’il s’agissait du Pope. En voyant tomber, celui qu’il aimait Saga serra les poings et son cosmos s’intensifia sans même qu’il s’en rende compte. Kanon s’en aperçut rapidement et télépathiquement l’interpella.
— Saga, qu’est-ce que tu fous ?
— Quoi ?
— Ton cosmos est en train d’augmenter.
— Désolé. Merci de me rappeler à l’ordre.
— Tu devrais juste lui parler, lui dire ce que tu as sur le coeur au lieu de garder tout pour toi. Regarde-toi !
— Hors de question ! fit l’aîné en fermant son esprit.
Kanon l’observa et soupira. Son frère était tellement borné quand il le voulait. Toutefois, il le comprenait aussi très bien. Leur passé n’était pas réjouissant et ils avaient fait beaucoup d’erreurs et de ce fait du tort et beaucoup de mal autour d’eux. Lui aussi avait du mal à trouver sa place au sein du Sanctuaire même si tous les autres leur avaient pardonné leurs écarts.
Durant le temps de leur conversation, Aioros avait subi une ultime attaque de Shura mais cette fois il ne put se relever seul. Le Capricorne alla l’aider.
— Désolé, Aioros. Tu vas bien ? demanda l’espagnol inquiet.
— Oui ça va. Je manque d’entrainement et je le sens.
— Je suis désolé, murmura Shura.
— Arrête avec tes excuses, Shura. Tu sais que je ne t’en veux pas.
— Oui mais…
— Non pas de mais ! Si tu veux m’aider, alors aide moi à reprendre la forme et un niveau pour être à la hauteur, sourit le Pope.
— Très bien, se réjouit l’espagnol en aidant son ami à se relever.
L’entrainement continua avec Mû et Angelo. Ce combat aussi passionna les autres. Il y a avait une sorte de rivalité entre les deux Gold et leur affrontement s’en ressentait. Ils s’envoyaient attaque sur attaque. Ils contraient. Ils esquivaient. Et ils recommençaient encore et encore. Shion était fier de son ex-disciple. Il avait vraiment progressé même s’il n’avait pu le former jusqu’à la fin. Mû avait toujours été exemplaire, alors il ne s’était pas vraiment inquiété. Le Bélier parvint à mettre la Cancer en difficulté et prit le dessus quelques minutes plus tard. Cela conclut le combat. Un autre combat amical se joua entre Aiolia et Aldébaran. Puis l’entrainement prit fin. Le lendemain se sera au tour des autres de s’affronter. Cette idée semblait motiver les troupes et la présence du Pope était appréciée.
———
Dans l’après midi, Aioros se tirait les cheveux sur un dossier. Après plusieurs heures d’hésitation il se décida à faire appel à Shion. Seulement celui-ci ne pouvait l’aider, il s’agissait d’un dossier traiter par Saga lors de son passage dans ce bureau. L’ex-Sagittaire se vit contraint de demander au Gémeaux. Cette idée ne lui plaisait qu’à moitié, non pas qu’il voulait éviter son vieil ami mais celui-ci faisait son possible pour l’esquiver. Il se doutait bien pourquoi mais cela l’ennuyait. Ils avaient toujours été proche et le fait que Saga l’ai fait assassiné lui avait pesé, au début mais plus maintenant. Lui avait fait une croix sur son passé et tentait d’avancer alors que le Gémeaux, lui, restait figé dans son passé, leur passé.
La demande d’Aioros retourna les tripes de Saga. Son amour pour lui n’avait jamais cessé et plus encore depuis leur retour à la vie. Il n’arrivait pas à gérer ses sentiments et surtout il ne voulait pas se laisser aller à l’amour. Il ne se donnait pas le droit de se déclarer. Pas après ce qu’il lui avait fait. C’est donc presque en reculant qu’il monta au bureau du Pope.
A peine arrivé, son organe de vie accéléra sa cadence. Rien que de voir son amour, il perdait tous ses moyens. Mais il devait résister. Il prit une profonde inspiration et se mit au travail en essayant de penser le moins possible à celui qui se tenait près de lui.
———
Dohko était dans son temple. Il méditait. L’état de son ami l’inquiétait d’autant que Shion fermait son cosmos. Il ne laissait rien paraître. Comme souvent d’ailleurs, mais il avait toujours su lire en lui sauf en ce moment. Sa méditation lui mettrait peut-être de trouver une solution afin de l’aider. Il resta plusieurs heures ainsi dans ses réflexions. Il n’en sortit que lorsque qu’il sentit le cosmos de l’un de ses pairs.
— Mû ! Il est rare de te voir ici, fit remarquer le maître des lieux.
— Je suis désolé de vous déranger, Vieux Maître.
— Vas-tu enfin m’appeler par nom prénom ? sourit la Balance.
— Je ne pourrais jamais, répondit le Bélier en s’inclinant.
— Soit ! souffla Dohko. Que puis-je faire pour toi ?
— Et bien , je m’inquiète pour mon maître. Il est si mélancolique depuis quelques temps.
— Viens et assieds toi. Je vais préparer du thé et on discutera tranquillement.
Le premier gardien acquiesça et s’installa sur l’un des fauteuils du salon du temple et attendit le retour de son hôte. Quand Dohko revint avec deux tasses fumantes, il trouva son jeune ami perdu dans ses pensées. Il semblait vraiment inquiet pour son maître. Il s’approcha et tendit le breuvage à Mû. Il s’installa face à lui et but une gorgée du liquide chaud.
— J’ai essayé de lui parlé il y a un jour ou deux. Mais il ferme son cosmos, et je n’arrive pas à cerner son mal-être. En temps normal, j’avoue pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert. Le privilège de tant d’année d’amitié, je suppose. Mais là, il me refuse même cela.
— Si vous ne savez pas, alors personne ne saura, murmura Mû.
— On trouvera un moyen de savoir et de l’aider, tenta de le rassurer la Balance.
— Ca ne lui ressemble pas d’être ainsi. Pensez-vous qu’il puisse être malade ? demanda soudain le Bélier.
— Non, j’en doute. Je pense que c’est son coeur qui le fait souffrir.
En même temps qu’il parlait, Dohko se rappela de quelque chose. Mais il fit mime de rien devant son pair. Il y réfléchira plus posément un peu plus tard. Mû ne s’éternisa pas, il n’aimait pas déranger les autres. Il prit donc congé tout en remerciant le Vieux Maître de son aide. Une fois seul, Dohko se planta devant la baie vitrée qui trônait dans le salon de son temple. L’odeur du thé qu’il avait préparé plus tôt flottait encore dans l’atmosphère et lui chatouillait les narines. Le silence était maître, cela lui permit de se perdre dans les méandres de ses souvenirs.
Il remonta loin, très loin dans sa mémoire. Une bribe de souvenir lui était revenu lors de sa conversation avec Mû mais peu à peu le reste lui revint. Il y a bien longtemps, il avait enfuit certain sentiments au fond de lui. Il était un Chevalier D’Athéna et il se devait de la protéger. A ce titre, il lui était impossible de se laisser à aimer alors pour sa mission il avait, ou plutôt ils avaient décidé de mettre leur amour de côté jusqu’au moment où tout cela serait terminé. Mais leur première Guerre Sainte terminée, Athéna leur confia une mission plus importante encore et n’eurent pas l’occasion de se revoir durant près de deux cent ans. Et quand enfin les Dieux les réunirent, ils durent s’affronter, du moins au début. Très vite des souvenirs les avaient assailli et Dohko comprit pourquoi Shion avait accepté la proposition d’Hadès. Là encore, ils ne purent se voir que quelques minutes et n’eurent pas le temps de parler, bien qu’ils se le promirent juste avant que l’ex-Bélier ne retourne à nouveau aux Enfers.
La Balance soupira. Ses sentiments envers son vieil ami lui sautèrent à la figure d’un seul coup. Sentiments qu’il avait enfui si profondément en lui qu’il ne se souvenait même plus qu’ils étaient là. Shion s’était déjà sans doute éveillé à ses sentiments et c’était sans doute pour cela qu’il était si mélancolique. Peut-être pensait-il qu’il ne l’aimait plus ? Et bien oui, Dohko l’aimait toujours. Aujourd’hui, il pouvait se déclarer puisqu’une deuxième chance leur avait été accordée à tous mais il supposa qu’il devra faire preuve de patience pour convaincre Shion de son amour. Après tout, il avait tellement lutter contre ses sentiments depuis si longtemps qu’il avait failli passer à côté de sa promesse.
———
Quelques jours s’écoulèrent avant que Dohko ne se décide à passer l’action. Depuis sa conversation avec Mû et la remontée de tous ses souvenirs et sentiments, il ne cessait de penser à Shion. Plus les jours passaient, plus son amour refaisait surface. Il se remémorait chaque moment passé en sa compagnie à se contenir, à refouler son désir, à détourner ses pensées. Aujourd’hui, ils pouvaient profiter de cette nouvelle vie pour vivre enfin leur amour au grand jour. Alors que la Balance réfléchissait à comment re-séduire son amour de toujours, Shion se morfondait de plus en plus.
Le mini temple qu’Athéna avait fait construire pour lui au sein du Domaine Sacré venait d’être livrée. La nouvelle maison de l’ancien Pope était déjà meublé selon ses goûts, il ne lui restait plus qu’à prendre possession des lieux. Il y avait disposé ses effets personnels, même s’il en avait peu, ainsi que ses vêtements. Cette nouvelle construction se trouvait non loin du Palais, évidemment elle se trouvait un peu en retrait. La Déesse avait bien fait les choses. Le mini temple était assez grand pour y vivre à deux sans se bousculer. Un cuisine ouverte sur le salon/ salle à manger donnait un aspect moderne au lieu, il y avait deux chambres dont l’une avait été transformé en bureau, une grande salle de bain avec douche et baignoire. Au fond de la demeure se trouvait également une bibliothèque rempli de livres offerts par Athéna elle-même. Tout était aménagé selon les goûts de l’ex-Belier. Malgré sa mélancolie, et bien qu’il n’y était que depuis quelques heures, il s’y sentait bien. Il avait enfin un endroit à lui.
Il se prépara une tisane atlante, dont il avait le secret et alla s’installer dans la bibliothèque. C’était un lieu apaisant pour lui. Il ne prit aucun livre. Il sirotait son breuvage tout en se perdant dans dans le passé. Comment Dohko, son amour, avait-il pu oublier leur promesse ? Il se demandait s’il devait lui parler ou simplement laisser faire les choses au risque que rien ne se passe. Dans ce cas, cela lui prouvait que l’amour que lui portait son vieil ami n’avait pas résisté au temps de leur séparation. Mais comment lui en vouloir malgré cela ? Il souffrait, c’était indéniable, néanmoins il se doutait qu’à un moment ou à un autre Dohko avait souffert également de ce destin tragique.
L’arrivée d’un cosmos le fit sortir de sa réflexion. Celui de l’être qui hantait de plus en plus ses pensées. Une sensation qu’il n’avait pas ressentit depuis des décennies le prit. Ses entrailles se broyèrent. Son corps s’échauffait. Il haletait doucement. Il alla cependant accueillir son invité tout en essayant de reprendre contenance.
— Dohko ! Tu es mon premier invité. Mais entre, je t’en pris, sourit l’ex-Bélier.
— Quel honneur. Je vais avoir la primeur de la visite guidée, reprit taquin la Balance.
Shion s’improvisa guide et fit faire le tour de sa nouvelle demeure à son vieil ami puis lui proposa de boire quelque chose. Evidemment, l’invité accepta. C’était là une occasion de passer du temps ensemble et tâter le terrain.
— Cette nouvelle maison te permettra sans doute de passer enfin à autre chose, fit remarquer la Balance.
— J’aimerais bien. Mais notre passé fera toujours parti de moi, souffla l’ex-Pope.
Shion n’avait pas pour habitude de se laisser aller ainsi devant son ami, mais il ne faisait que penser à ses sentiments pour lui. Leur promesse. Leur amour. En sa présence, son corps et son esprit semblaient vouloir lui échapper. Il voyait Dohko plutôt serein et il se surprit à penser de plus en plus que celui-ci n’éprouvait plus aucun sentiments amoureux envers lui. Cela faisait plus de deux cent ans, pouvait-il lui en vouloir pour ça ? Pour la première fois de sa longue existence, il doutait et il ne pouvait plus se rendre à StarHill pour méditer et lire le futur. Et puis à quoi bon ? Dohko avait le droit de changer d’avis et de passer à autre chose. Il y avait quelques jours, Shion pensait se déclarer ou plutôt se re-déclarer mais aujourd’hui il estimait que ce n’était plus une bonne idée. Il soupira intérieurement.
Les deux amis discutèrent finalement de beaucoup de choses, mais pas de leur promesse. Pour Dohko aussi cette situation devenait difficile. De plus, il voyait son amour de toujours tomber de plus en plus dans sa mélancolie. Il se promit de trouver vite un moyen pour se rapprocher de lui en douceur. Il voulait que sa déclaration soit à la hauteur des sentiments qu’il porte.
———
Au palais, Aioros travaillait dur. Il faisait chaque jour de son mieux pour faire fonctionner le Domaine Sacré et faire honneur à sa Déesse. Souvent son frère venait lui rendre visite. Ils avaient tous deux repris un rythme de vie fraternel même si les premiers mois furent difficiles. Aioros avait laissé un tout jeune garçon et il retrouvait un homme, alors évidemment il lui fallut un certain temps pour s’accoutumer à cela. Pour Aiolia aussi les retrouvailles furent ardues. Il retrouvait un frère aîné qui reprenait sa place de grand frère.
Les deux frangins avaient retrouvé un équilibre, et cela leur faisait du bien. Mais on ne pouvait pas en dire autant des jumeaux du Sanctuaire. Saga et Kanon, les jumeaux terrible du Domaine Sacré ne savaient plus quoi faire pour se faire pardonner leurs erreurs passées, du moins Saga. Kanon, plus rebelle, avait plus de mal à trouver sa place au sein des Gold malgré l’accueil qui lui avait été fait après leur retour à la vie. Tous les Chevaliers l’avait accepté comme l’un des leur, mettant en avant son attitude lors de la dernière Guerre Sainte. Mais voila, l’ex-Dragon des Mers avait vécu seul tellement longtemps et en plus avec son coeur rempli de rancoeur contre son frère que rien n’était simple pour lui. Cependant, plus les semaines, mois, passaient et plus les jumeaux retrouvaient leur place.
D’ailleurs, le fait de pouvoir aider Aioros au Palais permettait à Saga de faire amende honorable auprès de son vieil ami. Et bien qu’il se refuse de lui avouer ses sentiments, il tentait de profiter de chaque instant passé avec lui. Il se persuadait que cela lui suffisait, mais en réalité il n’en était rien.
Aioros sentait bien que Saga ne se sentait pas à l’aise en sa compagnie et ce, bien qu’il lui ait dit à plusieurs reprises que tout cela était le passé et que rien ne pourrait le changer. Pour le nouveau Pope, cette nouvelle vie était une chance dont il fallait profiter sans se retourner. Alors souvent, il sollicitait l’aide du Gémeaux bien qu’il n’en avait pas besoin. Ainsi, ils passaient du temps ensemble et au fur et à mesure, Aioros sentait son aimé se détendre en sa compagnie. La couverture du travail faisait son oeuvre même si cela prenait du temps. Bientôt, il pourrait passer à l’attaque en essayant de le convaincre de dîner un soir avec lui.
D’ailleurs, le Pope attendait le Gémeaux. Il avait invoqué une fausse excuse, encore. Il se surprenait parfois à se demander si Saga était dupe ou pas. Peu importe. Il venait, c’était le plus important.
— Merci Saga de toujours accepter de venir m’aider, dit en l’accueillant Aioros.
— De rien, répondit-il.
— Souhaites-tu boire quelques chose avant de commencer ?
— Je veux bien un café, si tu as.
Aioros se rendit dans la pièce d’à côté et revint avec deux tasses fumantes remplies du breuvage noir. Il tendit l’une d’elle à son invité et pour la première fois ne se retint pas de d’effleurer la main de Saga qui se tétanisa.
— Dans quel domaine as-tu besoin d’aide, demanda le Gémeaux pour cacher ses émotions.
Sentir la chaleur d’Aioros sur sa main avait remué Saga plus qu’il ne l’aurait souhaité. Son coeur rata un battement. Comment travailler après ça ? Mais il réussit presque à se convaincre qu’il s’était fait des idées sur ce qu’il venait de se passer. Ils se mirent au travail, mais étrangement Saga se posait une question : pourquoi Aioros l’avait fait venir alors qu’il ne semblait pas avoir vraiment besoin de lui ? Etait-ce encore son imagination ? L’après midi passa au rythme des dossiers traités. L’atmosphère était parfois lourde, parfois légère et les deux amis ne semblaient pas savoir pourquoi.
Sans s’en rendre compte l’heure avait défilé à vitesse grand « V », la pendule du bureau affichait dix-huit heures quarante.
— Je suis désolé de t’avoir retenu si longtemps, s’excusa le Pope.
— Ce n’est rien et puis nous avons bien avancé. Je pense que tu pourras terminer seul, fit remarquer Saga sur un ton neutre.
Aioros l’observa. Sans un mot. Il savait qu’il avait raison. Il ne pourrait plus invoquer l’excuse du travail pour le voir. Il devait agir maintenant.
— Pour me faire pardonner, accepterais-tu de dîner avec moi ce soir ? demanda t-il presque timidement.
Saga riva son regard au sien. Il semblait n’avoir aucune expression sur le visage, néanmoins tout son corps réagissait. Il tremblait. Bien sûr qu’il en avait envie.
— Merci Aioros mais je ne peux pas accepter, répondit le Gémeaux qui ne se donnait toujours pas le droit de l’aimer au grand jour.
Le pauvre Aioros sentit sa poitrine se comprimer. Il était si certain qu’il accepte, cette fois. Et puis, non il avait refusé, encore.
— Je comprends, je demande tard. Tu dois déjà avoir prévu quelque chose.
Le Pope avait murmuré plus qu’il n’avait parlé. Il était déçu et Saga s’en rendit vite compte. C’est là que le Gémeaux comprit que celui qu’il avait fait assassiné des années plus tôt, ne lui en tenait pas rigueur. Bien sûr l’ex-Sagittaire lui avait clairement dit mais Saga pensait qu’il avait fait cela un peu par obligation. D’ailleurs Aiolia lui en voulait toujours de lui avoir enlevé son aîné, et il le comprenait parfaitement. Vis à vis du Lion, Saga ne se voyait pas avoir une relation avec Aioros. Pourtant, le regard que lui lançait le Pope en disait long sur sa tristesse et le Gémeaux s’en voulait, encore.
— Peut-être… peut-être que je pourrais accepter… pour cette fois, réussi enfin à dire le bleuté pas vraiment sûr de lui.
Aioros resta coi. Avait-il bien entendu ? Son organe de vie s’emballa rapidement dans sa poitrine, ses jambes se mirent à flageoler. Il voulut dire quelque chose mais aucun son ne fit vibrer ses cordes vocales. Pendant un long moment, aucun des deux amis ne dirent quoi que ce soit au point même que Saga regrettait d’avoir accepté. Et puis, le Pope reprit le dessus sur son corps. Ses yeux clignèrent plusieurs fois et un sourire timide vient égayer son visage.
— Je… je suis ravi que tu acceptes enfin de dîner avec moi, dit enfin l’ex-Sagittaire en rivant ces iris aux émeraudes du Gémeaux.
Saga fit un simple hochement de tête pour répondre à son ami. Honnêtement, il allait à l’encontre de ce qu’il se refusait de faire en acceptant cette invitation et il se sentait mal vis-à-vis de cela. Il fallut une bonne heure à Aioros pour préparer un repas pour deux. Pendant ce temps, le bleuté tournait en rond dans le salon, se demandant à plusieurs reprises ce qu’il faisait là. Sa tête lui disait de partir en courant alors que son coeur lui intimait l’ordre de rester.
Le Gémeaux aida son hôte à dresser à table, puis les deux Chevaliers se mirent à table. Le silence était l’invité de trop. Seuls résonnaient les couverts dans les assiettes. Mais Aioros se prit en main.
— Tu sais si tu ne voulais pas rester, tu n’étais pas obligé, fit remarquer l’ex-Sagittaire. Je ne t’en aurais pas voulu, souffla t-il.
Saga leva enfin le visage vers lui. Ses Orbes écarquillés, il fixait Aioros.
— Ce n’est pas ça, répondit l’intéressé.
— Ne me dis pas que tu ressasses encore notre passé ? Pourquoi refuses-tu d’avancer ?
— J’ai commis tant de monstruosités. J’ai fait…, Saga cessa une minute de parler. Je t’ai fait…, mais les mots que l’ancien Pope voulait dire se mouraient dans sa gorge, il baissa la tête.
Aioros se leva et s’approcha de celui qu’il aimait depuis toujours, et posa l’une de ses mains sur son épaule.
— Tu es le seul qui t’en veuille de tout cela. Je te rappelle que nous t’avons tous pardonné et que tu as prouvé ta valeur lors de la Guerre Sainte. Alors pourquoi refuses-tu d’avancer ? tenta de le convaincre pour la énième fois Aioros.
— Tu ne comprends donc pas ! fit Saga en élevant la voix. Je t’ai fait assassiner ! Comment veux-tu que j’avance ? Ton frère a toujours de la rancune contre moi et je le comprends. Je sais où tu veux en venir, mais jamais je ne pourrais faire cet affront à Aiolia. Il a bien trop souffert.
— Saga, mes sentiments pour toi n’ont jamais changé et Aiolia les connait. Je reconnais que cela ne le réjouit pas, mais il accepte. Je t’aime, et rien ne pourra changer ça, sourit tristement le Pope.
Le regard du Gémeaux se remplit de tristesse et d’amertume. Vraiment, il ne comprenait pas Aioros.
— Ne dis pas ce genre de chose ! ‘Ros. Je n’ai pas le droit d’être heureux, pas après tout le mal que j’ai fait.
— Arrête de dire n’importe quoi ! Tu as le droit à cette vie, comme nous tous. Et tu as le droit d’être aimé et d’aimer. S’il te plait, accepte mon amour.
Saga était chamboulé dans ses sens. Il avait tellement d’amour pour cet homme que cela en était douloureux chaque jour un peu plus, néanmoins il ne pouvait pas se laisser aller. Que penseraient les autres ? Il se leva brusquement et écarta la main compatissante de son épaule, toisa son homologue et sans un mot quitta le Palais.
— SAGA………, hurla presque Aioros mais en vain.
Le Pope sentit ses tripes le broyer de l’intérieur. Il fixait l’endroit où son aimé avait disparu se demandant pourquoi Saga refusait tant de passer à autre chose…
———
Dohko se baladait dans les rues d’Athènes. Cela faisait une éternité qu’il n’y avait pas mis les pieds. Il se rendait souvent à Rodorio mais les habitants le connaissaient, ils connaissaient tous les Chevaliers d’ailleurs. Il avait choisi la capitale pour rester anonyme. Il voulait réfléchir à comment re-séduire son vieil amour.
Il laissait son regard divaguer autour de lui. Parfois, il s’arrêtait devant une vitrine. Parfois, il passait devant sans même un regard. Il soupira plusieurs, aucune idée lui vint. Lorsqu’au détour d’une rue assez fréquentée, il surprit la conversation entre deux charmantes demoiselles. L’une d’elle expliquait à l’autre qu’elle recevait des lettres d’amour d’un anonyme. L’esprit de la Balance se mit en action. Il pensa que c’était là une bonne idée. Un peu cliché, certes, mais efficace.
A peine rentré dans son temple, il se mit à réfléchir sur la première lettre. Il la voulait anonyme pour le côté romance mais il souhaitait y inclure un mot, une phrase ou même un symbole que Shion reconnaitrait en une seconde. Et puis il fallait aussi que ce soit beau. Il tenait son idée, et pour lui c’était déjà le principale. Il alla donc prendre un bloc note et un stylo dans son bureau et revint dans le salon. Il s’installa dans le canapé, avec une bonne tasse de thé et se mit à écrire. Il s’y reprit à plusieurs fois avant de trouver les bons mots. Ceux qui correspondaient le mieux à son amour pour lui.
La journée était bien avancée mais il se décida tout de même à aller déposer sa lettre sous la porte d’entrée de la demeure de son vieil ami. Afin de ne pas se faire remarquer, il bloqua son cosmos dès qu’il sortit de son temple, se dirigea furtivement afin de ne pas se montrer, et utilisa les sous-terrains. Sans son cosmos, il était indétectable et il profita de cela pour observer un moment son amour de toujours par la fenêtre. Shion lisait. Son visage semblait éteint et ses yeux ne brillaient pas, pas comme d’habitude. Dans ses souvenirs les plus anciens, il ne se souvenait pas l’avoir vu comme ça, aussi triste. Il profita encore un peu.
Il s’abreuvait de l’être aimé. Ses sentiments remontaient de plus en plus à la surface et cela l’étonna d’avoir pu les enfuir aussi loin en lui tant ils étaient forts. Avant de partir, il glissa son mot sous la porte, sans un bruit. Il lança un dernier regard sur Shion puis le laissa. Une boule d’angoisse s’initia en lui. Demain, il reviendra avec une autre lettre. Comment va réagir l’ex-Pope à tout cela ? Heureux d’avoir pu feinter le cosmos aguerri de l’Atlante, Dohko reprit le chemin de son temple, sans cosmos évidement et par la voie secrète.
Une part de lui était toutefois dans le flou. Il appréhendait la réaction de son ami. Shion pouvait parfois être très imprévisible. Allait-il deviner de suite qui lui avait envoyé cette lettre et jouer le jeu, ou allait-il simplement venir le voir en colère ? Maintenant, il devait être patient et ça il savait l’être. Quoique ! Après autant d’année à avoir caché ses sentiments, il commençait furieusement à perdre sa patience légendaire. Mais Shion était important pour lui. Il fera tout ce qu’il faudra pour lui prouver son amour.
———
Shion s’occupait comme il le pouvait. Depuis qu’il avait renoncé à être le Grand Pope d’Athéna, il n’avait plus beaucoup de tâches à effectuer. Bien sûr tous les jours il se rendait aux entraînements, passaient du temps avec ses pairs et amis et allait parfois aider Aioros dans ses nouvelles fonctions mais il n’y avait rien d’extraordinaire. Le reste du temps, il avait tendance à se laisser aller à l’ennui. Comme maintenant. Alors il lisait. Il s’abreuvait de lecture même. Ce soir, il avait cependant un peu de mal à rester concentré sur l’ouvrage qu’il tenait en main. Il se savait seul pourtant il sentit une présence près de lui. Une présence qui l’épiait. Il ne prit pourtant pas la peine de relever la tête de son livre, de toute façon il était seul. Cela lui pesait. Dohko et lui s’étaient fait une promesse il y avait bien longtemps certes, mais il lui avait semblé qu’elle était importante pour tous les deux. Pourtant son amour de toujours semblait avoir oublié.
— Comment pourrais-je lui demander de m’aimer encore après toutes ces années passées si loin l’un de l’autre ? pensa t-il.
Quelques heures plus tard, Shion quitta le fauteuil confortable dans lequel il se trouvait pour se rendre dans la cuisine. Il avait soif et souhaitait s’hydrater avec une tisane Atlante. Sa préparation terminée, il regagna le salon pour se réinstaller dans le fauteuil. Sur le chemin, tasse à la main, il vit un papier sur le sol près de la porte d’entrée de sa demeure. Intrigué, il se baissa pour le ramasser. C’était en fait une enveloppe, sur laquelle était mentionnée son nom. Il fut surpris, ça c’est sûr d’autant qu’il n’avait perçu aucun cosmos. Il plissa ses yeux. Il n’avait perçu aucun cosmos, oui, mais il avait sentit une présence ! Ses sens se relâchaient et il n’aimait pas cela. Que pouvait bien contenir cette lettre, et surtout qui l’avait écrite et laissé sans qu’il ne se doute de quoique ce soit ?
A suivre…
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