Confusion
Shiroitora-lili
Chapitre 4
Avant même d’avoir ouvert les yeux, Kanon se sentit bloquer un peu comme dans un étau. Il tenta de bouger mais l’étreinte se resserrait à chacun de ses mouvements. Il ressentait une douce chaleur l’entourer et n’avait pas vraiment envie de se défaire de ce doux cocon. Aussi, il resta là sans bouger, profitant de ce moment. Pourtant peu à peu ses yeux s’ouvrirent et il se rendit enfin compte que l’étau qui l’enserrait n’était autre que Rhadamanthe. Le Juge semblait être encore endormi, et Kanon ne souhaitait pas le réveiller.
L’une des mains du juge se trouvait sur la taille du Gold qui posa doucement une des siennes dessus. Une drôle de sensation le prit. Une boule dans son bas ventre apparut, des frissons le gagnèrent, le souffle chaud dans sa nuque s’accentua. La main de Rhadamanthe se mit en mouvement et ses doigts vinrent s’entremêler aux doigts de Kanon qui ne résista pas. Un soupir de bien-être franchit la barrière de ses lèvres, immédiatement suivit par un son similaire provenant de dernière lui.
— Tu es réveillé, n’est-ce pas ? murmura le Gémeaux.
— Hmmm, fut le seul son que l’Anglais réussit à faire sortir de sa gorge.
— Et c’est toi qui m’as demandé de ne pas t’approcher ? continua le prisonnier à voix basse.
Rhadamanthe desserra son étreinte. Kanon en profita pour basculer le Juge et pour se placer à califourchon sur lui, ses mains sur les poignets du blond. Comme si cette prise l’empêcherait de se mouvoir ! Rhadamanthe ne bougeait pas, il n’en n’avait pas envie. Il voulait savoir ce que Kanon allait faire. Mais il ne fit rien, du moins pour le moment. Aucuns sons ne sortirent de leurs bouches. Chacun d’eux se noyèrent dans le regard de l’autre. Leurs respirations s’accélérèrent. Rhadamanthe sentait son corps lui échapper, trembler mais il se sentait serein. Un peu comme si sa place était là, près de Kanon.
Le Gémeaux ne savait pas ce qu’il devait faire. Il avait pourtant le Juge à sa merci mais il hésitait. Lui, il hésitait. Cela faisait des jours qu’il le mettait en boîte et cherchait tout et m’importe quoi pour le mettre en colère et là il hésitait. Il savait qu’un simple baiser l’énerverait, mais il ne voulait plus jouer. Comment lui faire comprendre la différence ? Les diamants jaune qui ne le quittaient pas le mit sur la voie. Rhadamanthe le fixait mais ne cherchait pas à le fuir et ne semblait pas le vouloir.
Kanon se pencha alors vers le blond qui déglutit péniblement. Leurs visages se rapprochaient terriblement dangereusement. Kanon n’était plus qu’à quelques centimètres des lèvres diaboliquement tentantes de son meilleur ennemi. Kanon cessa sa progression, son corps tremblait comme jamais cela ne lui était arrivé. Ses orbes toujours rivés à ceux de Rhadamanthe, Kanon sentit sa poitrine le déchirer. Sans même s’en rendre compte leurs lèvres étaient scellées. Leurs langues se cherchèrent et se trouvèrent rapidement. Un ballet sensuel s’en suivit. Kanon lâcha les poignets du Juge qui plaça ses mains sur la taille de l’homme qui le hantait. Ce fût un long et intense baiser qui ne prit fin que lorsqu’il entendirent Pandore crier.
Les deux hommes avaient quelque peu oublié la présence de la jeune soeur d’Hadès.
— Vous …. vous êtes …..vraiment ensemble ! baragouina t-elle.
— Oui, je te l’ai pourtant dit hier, affirma Kanon en se tournant vers elle.
— Oh ! Toi la ferme ! C’est à Rhadamanthe que je parle, s’énerva t-elle.
Le Grec se redressa dans le lit, tout comme l’Anglais. Mais les deux hommes ne se levèrent pas pour autant. D’ailleurs le Juge empêchait le Gémeaux de se lever en l’enserrant par la taille. Kanon se trouvait toujours à califourchon sur lui mais Rhadamanthe était à présent assit.
— Pandore, je peux comprendre que tu sois en colère, mais je t’interdis de lui parler ainsi ! Et puis tu n’as rien à faire ici. Tu n’aurais jamais dû venir ! Maintenant, prends tes affaires et vas t-en ! grogna le Juge.
— Mais….., Rhadamanthe ne la laissa pas terminer sa phrase.
— N’as tu donc pas encore compris ? Je n’éprouve rien pour toi ! répéta t-il en la fixant.
— Et pour lui, qu’éprouves-tu ? De l’amour peut-être ? dit-elle avec sarcasme.
— Ca je ne sais pas, répondit le Juge en plongeant ses yeux dans les émeraudes de Kanon, mais ce que je ressens je ne l’ai jamais ressenti avant. Et j’ai envie de voir ce que cela pourrait donner.
Tout en parlant, Rhadamanthe avait délicatement posé une main sur la nuque de son nouvel ami et il ponctua sa phrase en l’embrassant, laissant Pandore à sa colère. Plus rien n’avait de l’importance, sauf Kanon. La jeune femme ragea mais elle dut admettre qu’elle n’avait jamais vu une telle lueur dans le regard de son aimé. Elle l’avait perdu, définitivement perdu. Elle décida de quitter la partie et alla préparer ses affaires afin de regagner les Enfers. C’est à ce moment là qu’un coup donné à la porte fit réagir le Spectre et le Gold.
— Y a pas moyen d’être peinard ? s’insurgea Kanon en se levant pour aller ouvrir cette maudite porte.
Il fut suivi par Rhadamanthe qui s’étonna de voir non seulement Shion mais également Hadès. Se pourrait-il que le Pope ait prévenu son Seigneur des tensions qu’il y avait entre lui et Kanon ? Allait-il se retrouver au Cap machin - décidément ce nom lui échappe encore - avec le Gémeaux ? Pourtant en vu de ce qui venait de se passer, leur relation semblait évoluer, et pas du mauvais côté.
— On dérange ? sourit Shion.
— Ouais ! Qu’est-ce que vous voulez ? grommela le Gémeaux.
— Seigneur Hadès, y aurait-il un problème grave pour que vous vous déplaciez vous-même ? s’inquiéta le Juge en mettant un genou à terre face à son Dieu.
— Non aucun problème Rhadamanthe. J’avais à faire avec Shion. Valentine et Rune m’accompagnent. Je profite juste de ce moment pour venir voir si tu avais réussi résoudre ton problème, et ramener Pandore. J’espère qu’elle ne t’a pas trop dérangé ! sourit le Dieu.
— Mais enfin, mon frère……, mais le frère en question lui coupa nette la parole.
— Il suffit, Pandore. Nous avons déjà parlé de cela. Rhadamanthe a été clair avec toi, tu dois respecter sa décision.
La jeune femme s’excusa auprès de Rhadamanthe, d’Hadès et de Kanon, à la demande du Juge.
— Puis-je vous poser une question, Seigneur ? reprit le blond.
— Je t’en pris, oui.
— Pourquoi m’avoir refusé l’accès des Enfers ?
— Je me doute que tu n’as pas été très heureux de voir que je ne voulais pas que tu rentres, mais tu as besoin de ses congés. Ton tourment envahissait tout le royaume et tu étais de plus en plus exécrable. Tous les Spectres avaient de plus en plus peur de ton courroux. Cela ne pouvait plus continuer.
— Je suis désolé, je ne me suis rendu compte de rien, s’excusa la Wyvern en serrant ses poings de rage mais aussi de honte.
— Ne t’excuses pas, Rhadamanthe ! Tes congés ne sont pas terminés mais si tu le souhaites viens à ma table ce soir, je serais heureux de t’y voir.
— Merci, je viendrai. Puis-je abuser de votre générosité ? continua le Juge en tournant légèrement la tête vers le Gold.
— Kanon est le bienvenu, évidemment ! ajouta Hadès sans même écouter la requête de son Juge.
— Merci.
— Merci, Hadès ! dit simplement Kanon surpris de la demande de son colocataire, qu’il n’avait pas formulé d’ailleurs.
— Alors, vingt heure trente ! adjugea le Dieu des Enfers.
Shion, Hadès et Pandore quittèrent la petite maison et enfin le Gémeaux et la Wyvern se retrouvèrent seuls. Un silence lourd s’installa entre eux. Tout ce remue-ménage les avait refroidi et ils ne savaient plus quoi se dire. Aussi le Juge se rendit dans la salle de bain pour se préparer et Kanon alla préparer le petit déjeuner.
Quelques minutes plus tard, le Juge revint fin prêt et s’installa à table en face de Kanon. Une tasse remplie de café chaud l’attendait. Il fut surpris de l’attention de son ….. - quoi d’ailleurs ? Petit ami ? Ami ? Ennemi ?, il ne savait plus ! - Gémeaux.
— Merci, articula le blond.
— De rien ! Aujourd’hui, il n’y a pas d’entraînement. Veux-tu faire quelque chose de particulier ? demanda le Grec.
— Je ne sais pas. Tu as quelque chose à proposer ?
— Pas spécialement, je ne connais pas tes gouts. Hormis pour l’art ! ironisa le Gold.
— Oui bah on se passera d’art, si tu veux bien ! sourit Rhadamanthe.
— Comme tu veux ! Dans ce cas, je peux te proposer d’aller à Athènes. On mange un morceau là-bas, on se ballade dans les vielles rues, les monuments si tu veux, et on peut revenir ici sur l’une des plages privées du Sanctuaire pour profiter de la mer.
— Ca me va, si tu te tiens tranquille.
— Pour qui tu me prends ? s’esclaffa le Gémeaux. Je sais me tenir !
— Ha oui ! Rappelles-toi la galerie ! cingla le Juge.
— Spectre décrépi !
— Sous-chevalier sans armure !
La joute verbale dura ainsi plusieurs minutes, jusqu’au moment où Kanon se leva brusquement.
— Je vais me préparer, et après on se casse ! trancha t-il.
— Très bien. Magnes-toi, alors !
Le Gémeaux se retourna vers son colocataire et lui sourit. Sourire rendu par le Spectre.
— C’est sympa nos engueulades, hein ? dit le Gold en revenant sur ses pas.
— C’est vrai. C’est moins …… monotone, répondit Rhadamanthe.
Kanon avançait toujours vers le Juge, il lui vola un baiser et se rendit dans la salle de bain pour se doucher et se préparer pour sa première sortie avec Rhadamanthe. Une trentaine de minutes plus tard, il était prêt. Le nouveau couple - si tant est que l’on puisse les définir ainsi - quittèrent la petite maison pour se rendre à Athènes grâce au « Golden Triangle » du second Gémeaux.
Les deux hommes parcourraient les rues anciennes de la ville. Le Juge semblait émerveillé par l’architecture des maisons, des moulins et autres bâtisses en tous genres devant lesquelles ils flânaient. Leurs pas les menèrent vers les ruines de l’Acropole puis vers l’Agora. Ils ne purent s’empêcher de penser que leurs prédécesseurs avaient sûrement combattu ici. Peut-être même l’un contre l’autre, tout comme eux l’avaient fait aux Enfers quelques mois auparavant.
Ils avaient tous deux la mine sombre en se remémorant leur combat. Leurs poings serrés trahissaient la rancoeur qu’ils éprouvaient en repensant à ces moments douloureux. Rhadamanthe tourna les talons et se dirigea vers le centre ville, laissant Kanon.
— Oï, tu pourrais m’attendre ! l’interpella t-il.
Le Juge stoppa ses pas, sans se retourner.
— Je sais que tu as pensé la même chose que moi. Croyais-tu que j’avais oublié ce jour-là ? dit-il en faisant allusion au jour de leurs morts.
— Pas une seconde ! Je ne l’ai pas oublié non plus, je te signale. Ca été mon meilleur combat. Tu as été mon meilleur adversaire.
— Et par ta faute nous sommes morts !
— Il fallait bien que j’honore ma Déesse. Tu t’es bien battu pour Hadès, non ?
— Certes ! le Juge se retourna. Tu as été le seul adversaire à pouvoir résister à mes attaques. Je t’ai admiré pour ça lors de notre affrontement.
— Tu m’as admiré ? Toi ? s’étonna le Grec.
— Oui ! Tu semblais bien plus majestueux sans l’armure des Gémeaux. Plus tu intensifiais ton cosmos, plus mon coeur battait intensément.
— On était sur le point de mourir c’est normal que ton coeur s’emballait.
— Non tu n’y es pas ! Ce n’était pas la peur de mourir, c’était la peur de ne jamais te revoir, avoua t-il en amenuisant sa voix.
Kanon ne comprenait pas ce que Rhadamanthe voulait dire. Il s’approcha de lui mais le monde qu’il y avait autour d’eux l’empêcha de le serrer dans ses bras. Alors il posa une main sur l’une des mains de l’Anglais, discrètement, et lui sourit.
— Tu as craqué sur moi ce jour-là ? interrogea Kanon.
— C’est possible. En tout cas c’est depuis notre réveil que je fais ces rêves…
— Quels rêves ?
Rhadamanthe en avait trop dit, ou pas assez. Mais il éluda la question.
— Tu n’avais pas parlé d’un restaurant pour manger ce midi ?
— Hein ! Heu, si ! Tu as faim ? demanda le Gémeaux se promettant d’essayer d’en savoir plus sur ces rêves.
— Oui !
Les deux hommes se remirent en route, mais cette fois pour aller à la quête d’un restaurant. Naturellement, leur choix se portèrent sur un établissement Grec. Après tout, ils étaient à Athènes ! Ils arpentaient une artère bondée de touristes et ils se voyaient mal entrer dans un restaurant avec autant de monde autour d’eux. Ils décidèrent donc de quitter cette avenue pour prendre une rue secondaire, beaucoup moins fréquentée. Ils dénichèrent assez rapidement un petit restaurant à la devanture accueillante, où il semblait y avoir peu de fréquentation.
— Que penses-tu de celui-là ? demanda Kanon.
— Ca me parait bien ! répondit évasivement Rhadamanthe.
— T’as pas l’air convaincu !
— C’est pas ça ! C’est juste que …….., le Juge ne termina pas sa phrase.
— Que quoi ? s’inquiéta le Gémeaux.
La Wyvern s’empara du bras de son colocataire, et le traina dans une petite ruelle qui jouxtait celle où se trouvait le petit restaurant.
— Qu’est-ce qui te prends ? hurla presque Kanon en se débattant pour se libérer.
A peine eut-il fini l’énoncé de sa phrase que le Juge plaqua ses lèvres sur les siennes. Kanon le repoussa, ils étaient à la vue de tous, même reculés dans cette petite ruelle sans âme.
— Qu’est qui te prends ? On est dans la rue là ! Et tout le monde ne voit pas d’un bon oeil les relations entre hommes !
— Je me fiche de ce que pensent les autres. J’en avais juste envie.
Le Gémeaux ne sut quoi répondre. Et puis, il ne le pouvait pas, Rhadamanthe l’embrassait de nouveau. Cette fois, Kanon se laissa aller, il en mourrait d’envie aussi depuis qu’ils avaient parlé de leur combat.
— Où est-ce que cela va nous conduire ? interrogea Kanon.
— Je ne sais pas, mais je n’ai jamais ressenti une telle attirance pour quelqu’un.
— Je ne savais pas que tu étais gay, dit le Gémeaux.
— Je ne le suis pas ! Du moins, tu es le seul à me faire cet effet là. Je n’avais même jamais pensé pouvoir aimer de cette façon un autre homme.
— Tu veux dire que tu es amoureux de moi ? demanda Kanon, surpris.
— Je ne sais pas si c’est de l’amour, mais je peux te dire ceci : je ne me suis jamais senti aussi bien que maintenant. Allez, viens j’ai faim, fit le Juge pour couper court à la conversation.
Sur cette « déclaration », ils rejoignirent le petit restaurant pour, cette fois, y entrer. Ils furent accueilli par un jeune homme fort souriant qui les installa un peu à l’écart de la salle principale.
— Cet endroit vous convient-il ? questionna le serveur.
— Oui, très bien. Juste une question, pourquoi nous mettre un peu à l’écart ? Est-ce à cause de notre tenue vestimentaire ? interrogea le Juge.
— Non du tout. J’ai juste pensé que vous souhaiteriez être un peu seul.
Le Gold et le Spectre s’entre-regardèrent sans comprendre où voulait en venir le serveur.
— Je suis désolé mais je vous ai vu vous embrasser dans la ruelle, j’étais en pause. Quand je vous ai vu entrer j’ai pensé que vous souhaiteriez être un peu tranquille. Je peux comprendre ce que vous ressentez, je suis gay moi-même et je sais à quel point c’est difficile à gérer par rapport au regard des autres. Alors, à ma manière je voulais que vous passiez un moment tranquille à l’abri des regards et des oreilles. Mais si vous voulez, je vous déplace.
Devant tant de gentillesse, les colocataires acceptèrent la table proposée par le jeune homme et prirent place, non sans un peu de gêne. Quelqu’un les avaient vu, et les avait pris pour un couple.
— Je t’avais dit que ce n’était pas une bonne idée ! murmura Kanon.
— Je me fous de ce que peuvent penser les autres.
Le Gémeaux posa son coude sur la table, appuya son menton sur son poing fermé et sourit.
— Quoi ? s’insurgea alors le Spectre.
— C’est quoi cette histoire de rêves ? demanda le Gold.
— Rien ! Ca ne te regarde pas ! trancha l’Anglais.
— A d’autre ! Allez raconte, tu en as déjà trop dit de toute façon !
Le Juge prit une grande inspiration. Devait-il lui dire pour les rêves ? Et puis pourquoi pas ? Après tout, leurs rapports changeaient. Il allait ouvrir la bouche mais il fut coupé dans son élan par l’arrivée du jeune serveur.
— Souhaitez-vous prendre un apéritif ? demanda t-il en leur tendant des cartes.
— Je prendrait un whisky, du dalmore, répondit Rhadamanthe.
— Moi aussi, ajouta Kanon à la grande surprise du Juge.
— Très bien, dit le serveur en partant.
— Whisky ?
— Bah quoi ? Je ne bois pas que de la bière !
Rhadamanthe en avait totalement oublié la question de Kanon sur ses rêves. Le serveur revint quelques minutes plus tard avec les deux verres, puis il prit la commande de la table. Le déjeuner se déroula plutôt bien jusqu’au moment où le Juge posa une question au Gémeaux.
— Tu as un costume à te mettre pour ce soir ? demanda le Spectre sur un ton neutre.
— Pour quoi faire ? Je peux très bien y aller ainsi !
— Non, pas question. A la table d’Hadès, on met un costume ! Tu en a un chez toi ?
— Hein ! Mais je m’habille comme je veux, tu te prends pour ma mère ou quoi ? s’énerva le Grec.
— Tu mettras un costume, si tu n’en as pas on va allez en acheter un !
— Je refuse ! s’insurgea Kanon.
— Tu n’as pas le choix !
— Dans ce cas, je n’irais pas !
— Tu ne peux pas refuser une invitation d’un Dieu ! dit Rhadamanthe en tapant du poing sur la table, faisant se retourner les clients placés plus loin.
— Arrêtes de crier, tout le monde nous regarde maintenant ! fit à voix basse le Gémeaux.
— Tssss ! fit simplement Rhadamanthe en finissant son café. On y va !
— Hein ! Mais où ?
— Acheter un costume, répondit le Spectre.
Pour ne pas se faire plus remarquer, Kanon ne dit rien et suivit Rhadamanthe qui régla la note du restaurant avant de sortir. Une fois arrivée dehors, cette fois c’est Kanon qui entraina le Juge dans la ruelle, à l’abri des regards.
— A quoi tu joues ? Je ne veux pas ressembler à un pingouin ce soir ! s’énerva le Gold.
Le Spectre ne répondit rien. Il plongea ses diamants jaunes dans les émeraudes de Kanon. Ils restèrent là sans mot dire. Ce n’est que quelques secondes plus tard que le Gold réagit enfin.
— Pourquoi tu me regardes comme ça ? Je ne changerais pas d’avis !
— A la table d’un hôte tel qu’un Dieu, il est d’usage de se vêtir correctement.
— Pourquoi, je ne suis pas assez bien habillé pour toi ? Si c’est cela, je rentre ! Tchao….., dit le Gémeaux en faisant augmenter son cosmos pour faire appel à son « Golden Triangle ».
Rhadamanthe le retint par le bras et le força à se retourner.
— S’il te plait ! Après le dîner, tu pourras remettre ton jean si tu veux mais fait l’effort pour quelques heures.
Rhadamanthe venait de lui dire « s’il te plait » ? Kanon n’en croyait pas ses oreilles. Il lâcha un gros soupir mais fit redescendre l’intensité de son cosmos.
— Pourquoi tiens-tu absolument me déguiser ? demanda t-il sur un ton plus doux.
— Je pense que cela t’irait bien, et je serais ravi de te l’offrir.
— Et si j’accepte, qu’est ce que j’y gagne ? quémanda le Gémeaux.
— Tu verras ! répondit évasivement le Juge.
— Très bien ! Mais après le dîner je me change ! insista Kanon.
Rhadamanthe avait gagné. Tout deux prirent le chemin du centre ville, là où se trouvait les boutiques de prêt à porter. Après avoir regardé plusieurs vitrines, ils pénétrèrent enfin dans l’une d’elle. Le Juge fit essayer une multitude de costumes au Grec, qui ne se prêtait au jeu que pour la surprise que lui avait promis Rhadamanthe. Et puis, il en passa un qui lui plaisait, bien plus que tous les autres, dans les tons bleu-gris. Il sortit joyeusement de la cabine d’essayage.
— Rhada, que penses-tu de celui-là ? Moi, j’aime bien ! avoua t-il tout sourire.
Le Juge écarquilla les yeux, Kanon ne venait-il pas de l’appeler « Rhada » ? Personne n’avait osé lui donné un surnom ni même un diminutif. Il ne savait pas si cela lui plaisait ou non, alors il décida arbitrairement que non.
— Ne m’appelles pas ainsi ! Mon nom c’est Rhadamanthe ! Mais je suis d’accord, ce costume te va à merveille. On le prend avec la chemise et les chaussures, dit le Juge au vendeur.
— Tu n’aimes pas les surnoms ? interrogea le Gold. C’est dommage, ton prénom est bien trop long.
— Non, je n’aimes pas ! grogna t-il.
— Merci pour les fringues, dit Kanon en haussant les épaules, mais j’aurais pu me les payer, tu sais.
— De rien, et ça me fait plaisir.
Kanon s’approcha alors de l’oreille du Juge, et lui murmura qu’il était dommage qu’il ne soit pas seul car il l’aurait remercié par un baiser. Rhadamanthe ne répondit rien, mais il ressentit comme une étrange chaleur sur ses joues et dans son corps.
L’après midi était bien avancé. Le déjeuner et la recherche d’un costume avaient pris beaucoup de temps, aussi il était à présent presque dix-huit heures. Il leur fallait rentrer au Sanctuaire pour se préparer. Tant pis pour la baignade, ce sera pour une prochaine fois, pensa Kanon.
Le Gémeaux ouvrit un « Golden Triangle » et les deux hommes arrivèrent directement devant la petite maison de vacances du Juge. Ils pénétrèrent à l’intérieur. Kanon posa délicatement les paquets qu’il tenait sur le canapé.
— Tu veux boire quelque chose, proposa t-il à l’Anglais.
— Oui, un café, répondit le concerné.
— Les Anglais ne boivent-ils pas du thé en général ?
— Ca n’arrive mais je préfère le café.
— Alors c’est parti pour deux cafés, je reviens.
Quelques minutes plus tard, Kanon revint avec deux tasses fumantes et en tendit une au Juge. Ils s’installèrent à la table du salon et dégustèrent le breuvage. Encore une fois le silence s’installa entre eux. N’avaient-ils donc rien à se dire ? N’étaient-ils capable que de s’engueuler ? Rhadamanthe se leva en précisant à son colocataire qu’il allait dans la salle de bain pour se préparer.
Kanon profita de ce moment de solitude pour réfléchir sur ce qui arrivait entre lui et le Spectre. Il ne savait pas vraiment quand tout avait changé entre eux, mais il se rendit compte qu’il s’habituait à sa présence. A plusieurs reprises il avait ressenti une étrange émotion en sa présence, notamment lorsqu’ils s’embrassaient. Il lui arrivait même dans ces moments de perdre le fil de la réalité. Il se savait attiré par lui, mais peu à peu des sentiments se mêlaient à cette attirance. Il tombait amoureux.
— Comment je vais dire ça à mon frangin ? Et aux autres ? J’suis dans la merde….., se dit-il à haute voix sans s’en rendre compte.
— Pourquoi serais-tu dans la merde et que veux-tu dire aux autres ? interrogea incrédule le Juge qui sortait de la salle de bain déjà vêtu, seul manquait la veste et les chaussures.
Kanon se retourna vivement, Rhadamanthe avait surpris ses « pensées ».
— Hein ! Heu ! Rien ! Wouahhhh, ça te va vachement bien, s’esclaffa Kanon pour changer de conversation.
— Hmmm ! Merci ! Tu devrais aller te préparer aussi.
— J’y vais ! fit le Gémeaux en courant vers la salle de bain.
A son tour, le Spectre se mit à cogiter sur sa relation naissance avec le Gold. Relation ? Ce mot le fit sourire. Pouvait-il parler d’une relation ? Qu’étaient-ils l’un pour l’autre ? En arrivant au Sanctuaire, le Gémeaux l’agaçait c’est vrai mais aujourd’hui ? Kanon l’agaçait toujours mais il se rendait compte qu’il aimait son tempérament, sa présence, ses baisers, surtout ses baisers. Il se surprit à sourire. C’était rare. Kanon lui rendait son sourire, jamais il n’avait sourit pour quelqu’un. Ses rêves l’avaient mené à lui, et même s’il ne savait pas comment s’y prendre avec le Gold, il était serein et ce depuis peu.
Puis le Gold fit son apparition, il avait déjà mis le pantalon, la chemise et la cravate. Rhadamanthe était subjugué par la vision qui s’offrait à lui. Par tous les Dieux, que cela lui allait bien et même s’il l’avait déjà vu dans le costume, il l’avait à peine regardé. Mais là, il le scrutait plus qu’il ne le regardait. Il pensait même que c’était dommage de devoir aller aux Enfers. Pour le coup, il avait envie de rester seul avec lui. Lui retirer ces vêtements de trop….
— Quoi, ça va pas ? Il y a un truc qui cloche c’est ça ? s’inquiéta le Gold.
— Hmmm ! Non ça te va merveilleusement bien. Tu devrais porter ce genre de vêtements plus souvent, tu ferais des ravages !
— Je me fous de plaire aux autres !
Le Juge n’osa pas relever la dernière phrase du Grec, la réponse lui faisait peur.
— On devrait y aller, il se fait tard, reprit le Spectre.
Le Gold acquiesça, empoigna les deux vestes et tendit celle de Rhadamanthe. Ils mirent leurs chaussures et sortirent de la petite maison et cette fois c’est Rhadamanthe qui ouvrit le passage vers les Enfers. L’arrivée se fit dans le silence. Personne n’était là pour les accueillir. Rhadamanthe trouva cela étrange, et c’est dans une atmosphère lourde que les deux hommes prirent la direction du Palais du Dieu des Enfers.
— C’est étrange de ne croiser personne, annonça le Spectre.
— Ha bon, tu crois qu’il se passe quelque chose ? interrogea le Gold.
— Je ne sais pas mais j’ai un drôle de sentiment, répondit le Juge en se mettant sur ses gardes, immédiatement imité par le Gémeaux.
Enfin, ils arrivèrent à l’entrée du Palais. Deux gardes étaient de factions devant la lourde porte.
— Messire Rhadamanthe, Chevalier des Gémeaux, le Seigneur Hadès vous attend. Permettez-moi de vous accompagner dans la grande salle.
— Très bien, nous te suivons ! dit Rhadamanthe.
— C’est normal ce cirque, demande Kanon à l’oreille du Juge.
— Non ! fut la seule réponse du Spectre.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant une large porte en bois sombre. Elle semblait démesurée par rapport au reste de la bâtisse. Aucun son ne raisonnait, et cela ne rassurait pas le Juge. La lourde porte se mit en mouvement. Etrangement, une pénombre envahissait la pièce.
— Mais enfin, qu’est ce que ça veut dire ? s’insurgea Rhadamanthe et avant qu’il ne puisse réagir un brouhaha se fit entendre.
— JOYEUX ANNIVERSAIRE, RHADAMANTHE !!!!! s’écrièrent tous ensemble les invités.
Le premier juge des Enfers ne savait plus quoi dire ni même quoi penser. La lumière éclaira lentement la pièce et les visages anonymes, à cause de la pénombre, prirent vie. Il y avait de nombreux Spectres évidemment mais aussi les Gold ainsi que Shion.
— Tu étais au courant, demanda Rhadamanthe à Kanon.
— Non, pas du tout !
— S’il avait été au courant, il aurait sans doute craché le morceau ! intervint Milo.
— Mais bon sang ! J’suis plus un gosse, je sais tenir ma langue !
— Bah pour le coup, on ne voulait pas prendre le risque, dit à son tour Eaque en souriant.
— Tu aurais pu me dire que c’était ton anniversaire, je t’aurais acheter un cadeau, murmura le Grec.
— Je…. j’avais oublié, dit contre toute attente l’Anglais.
— Tu as oublié que c’était ton anniversaire, et c’est moi qu’on traite de gosse ?
— Cela fait longtemps qu’on ne l’a pas souhaité, répondit le Juge en plantant ses orbes dans le regard du Gold. Ne t’inquiètes pas pour le cadeau, je n’ai besoin de rien. Juste de ….., il ne put terminer sa réplique car Hadès l’invita à le rejoindre pour le discours.
Kanon resta planté, avec Milo, se demandant ce qu’allait dire son Juge. Rhadamanthe n’avait nullement envie de parler devant l’assemblée pour son anniversaire et encore moins sur la petite fête surprise.
— Alors, comment ça se passe avec le blondinet ? interrogea le Scorpion.
— Ca va ! répondit évasivement le second Gémeaux.
— Quoi, c’est tout ? On ne vous a pas vu de la journée, vous avez fait quoi ? insista Milo.
— Tu peux me lâcher, Milo ?
— Pourquoi, tu ne veux rien dire ? Allez quoi ! implora le huitième gardien.
— Et c’est moi que tu traites de gosse ? On est allé à Athènes. Voilà, content ?
— Non je sais que tu me caches des trucs.
Kanon regardait vers Hadès et donc vers Rhadamanthe, qui se tenait toujours au côté du Dieu. Il semblait agacé de se trouver là, au centre de toutes les attentions. Hadès avait terminé de parler et le Juge dut se plier, à son tour, au traditionnel discours de remerciement. Le regard du Gémeaux avait changé dès que ses émeraudes avaient accroché les diamants jaunes du Spectre. Milo, qui connaissait bien Kanon, s’en aperçut de suite.
— Je ne sais pas vraiment ce qui se passe en fait. C’est confus. Comment dire ? On est attiré comme des aimants et en même temps on se repousse.
— Ha ! Ouais, c’est confus en effet. Et plus clairement ?
— Je … je crois que je tombe amoureux, avoua t-il enfin.
— Pourquoi avais-tu peur de le dire ? demanda Milo.
— C’est un Spectre, je ne sais pas comment vous allez le prendre !
— Comment prendre quoi ? demanda Saga qui venait d’arriver.
Kanon blêmit dès qu’il entendit la voix de son jumeau. Il se retourna lentement et tenta d’affronter Saga.
— Alors ? demanda le Gémeaux en titre.
Le cadet opta pour une annonce cash et advienne que pourra. Et puis après tout il s’agit de sa propre vie et il n’a de compte à rendre à personne.
— Je suis amoureux de Rhadamanthe ! lâcha t-il d’une traite.
— Tu quoi ??? hurla presque Saga.
— Tu as très bien entendu !
— Il est à la solde d’Hadès, je te signale !
— Ha oui ! Et que fais-tu là alors ? s’énerva le cadet.
— Rahhhh ! Tu m’énerves, Kanon !
— C’est ma vie, et je vis comme je veux ! Tu n’as rien à dire ! fit Kanon en laissant sur place Saga et Milo.
— Pourquoi es-tu contre ? demanda le Scorpion.
— C’est un Spectre ! C’est à cause de lui que mon frère est mort !
— Je te signale qu’on est tous mort ce jour là ! reprit Milo.
— C’est vrai, tu as raison. Je devrais peut-être m’excuser.
Milo sourit en voyant Saga se diriger vers son jumeau. Leur conversation semblait moins houleuse et il les vit se serrer dans leurs bras. De son côté, le Juge avait fini de discourir et faisait le tour des invités même si cela lui coutait énormément. Les fêtes de ce genre n’étaient pas ce qu’il préférait et du coup il se souvint de ce qu’il avait pensé juste avant de partir : rester seul avec Kanon, et lui retirer ses vêtements ….. Le Juge fut gêné de penser à ce genre de chose en cherchant du regard le Grec. Il le vit dans les bras de son jumeau. Rhadamanthe en conclut que Kanon avait dû parler à son frère de ce qui se passait entre eux et visiblement Saga semblait avoir accepté l’idée.
Le Juge les rejoignit, Saga le toisa une seconde avant de changer de regard. Il lui sourit et laissa le Juge avec son frère.
— Tout va bien ? demanda le Juge.
— Oui, ça va. Il sait.
— Il sait quoi ? Rhadamanthe savait de quoi parlait Kanon mais il voulait savoir où ils en étaient.
— Nous. Je lui ai expliqué ce que je ressentais pour toi.
Rhadamanthe semblait attendre quelques choses mais Kanon n’était pas enclin à dévoiler ses sentiments au milieu de cette foule. Le Juge attrapa la main de Kanon, dans un geste presque brutal, et discrètement s’éclipsèrent de la petite fête.
— Qu’est-ce que tu fous ? s’insurgea le Gold.
Le Spectre ne répondit rien et continua d’avancer droit devant lui. Peu de temps après, ils arrivèrent devant une immense demeure. Kanon remarqua que la toiture était surplombée d’une statue représentant une wyverne.
— C’est chez toi ? interrogea le Gold.
— Oui, viens ! dit le Juge en tenant toujours la main du Grec.
Les deux hommes pénétrèrent dans le Palais du Juge, les serviteurs furent surpris de voir leur maître de retour mais mirent tout en oeuvre pour le satisfaire. Bien qu’il ne fit absolument pas attention à eux. Il traînait encore Kanon qui ne cherchait plus à se défaire de son emprise, et ils traversèrent le hall, les escaliers et le long couloir du premier étage telle une tornade.
Rhadamanthe ouvrit une porte finement décorée et fit entrer le Gold avant de refermer, derrière eux, à clé le panneau de bois. Ils se trouvaient dans la chambre du Juge.
— Tu vas me dire à quoi tu joues ? s’impatienta le Grec.
— J’ai besoin….. de savoir…… murmura le blond.
— De savoir quoi ?
— Est-ce que tout cela est un jeu pour toi ? la tension du Juge était palpable.
— Et toi ? Qu’est-ce que tu me caches, à la fin ? s’énerva presque Kanon.
Rhadamanthe sut en cet instant qu’il devait parler de ses rêves à Kanon. Il n’avait plus le choix. C’était quitte ou double ! Il retira sa veste et sa cravate et les posèrent sur le dossier d’une chaise qui se trouvait à proximité de lui. Kanon l’imita mais il prit moins de précaution et jeta le vêtement négligemment sur le lit.
— Hadès m’a envoyé au Sanctuaire pour que je puisse penser à autre chose, me reposer.
Le Gémeaux ne disait rien, il laissait Rhadamanthe s’expliquer.
— Je fais des rêves étranges depuis des mois. Pour être précis pratiquement depuis notre réveil. Il n’y a que la nuit dernière où je n’en ai pas fait.
Kanon réfléchit vite et se rappela qu’ils avaient dormi ensemble cette nuit. Y avait-il un lien ?
— Quels genres de rêves ? interrogea t-il doucement.
— Erotiques, répondit le Juge en s’approchant de la fenêtre.
Les bras le long du corps, le Juge ne bougeait plus, ne parlait plus. Il espérait au fond de lui que le Grec ne veuille pas en savoir davantage. Mais c’était compter sans la curiosité naturelle de Kanon.
— Erotiques ? Bah dit donc, tu t’ennuies pas dans tes rêves ! ironisa le Gold.
— Kanon ! s’énerva Rhadamanthe. Ce n’est pas drôle. Pas pour moi en tout cas, murmura t-il.
— Désolé ! fit le Grec en s’approchant dans le dos du Juge. De qui rêves-tu ? demanda t-il trop sensuellement au gout de Rhadamanthe.
— De … toi !
— Tu fantasmes sur moi depuis tout ce temps ! Pourquoi n’avoir rien dit ? questionna Kanon en glissant ses bras sur la taille du Juge.
Le blond sentait le souffle chaud de la respiration saccadée du Gémeaux dans sa nuque. Un frisson le prit. Il avait beau savoir que c’était un homme qui l’étreignait de la sorte, mais il n’en eu cure. Il se sentait bien, bien plus qu’il ne l’aurait imaginé.
— J’ai jamais pu te saquer, comment j’aurai pu accepter ces fichus songes. Au début ça m’a dégouté surtout quand j’ai vu qu’il s’agissait d’un homme. J’ai utilisé Pandore pensant que cela m’aiderait à arrêter de rêver mais rien n’y fit. J’ai su qu’il s’agissait de toi il y a quelques semaines et autant te dire que j’ai eu un sacré choc, sans te vexer.
— Je ne suis pas vexé. Et puis on ne peut pas dire que je te portais dans mon coeur. On a apprit à se connaître et même si on s’engueule parfois, je me sens bien avec toi. Tu voulais savoir ce que j’ai dit à mon frère ?
Pendant qu’ils discutaient, Rhadamanthe s’était appuyé contre le torse de Kanon et avait posé ses mains sur celles qui le tenaient de plus en plus fort chaque seconde.
— Oui, j’ai besoin de savoir où tout cela va nous mener.
— Aucune idée, mais moi j’ai envie d’essayer, et toi ?
En attendant la réponse, Kanon s’octroya le droit de gouter, enfin, la peau du blond. Il parsemait son cou, sa joue de petits baisers qui faisaient frémir le Spectre. Les mains de Rhadamanthe caressaient celles qui l’entravaient depuis un moment.
— Il est possible …… que je ne sache pas……… comment m’y prendre…..
— On ne sait jamais comment s’y prendre, continua Kanon toujours en câlinant son Juge qui n’avait toujours pas bougé. J’ai dit à Saga que …. je tombais amoureux de toi, avoua le Grec tout en se délectant de la peau suave du blond qui écarquilla les yeux de surprise.
— J’ai aussi envie de tenter le coup, avoua à son tour le Juge, sans toutefois révéler ses sentiments.
Kanon fit pivoter Rhadamanthe. Leurs lèvres se trouvèrent naturellement. Leurs langues s’emmêlèrent sensuellement. Leurs corps se rapprochèrent lentement. Les mains de Kanon se mirent en mouvement. Il les fit remonter le long de la colonne vertébrale du Juge qui se raidit instinctivement. L’ayant ressentit, le Gémeaux s’écarta doucement et sourit presque tendrement à Rhadamanthe qui se sentait perdu par rapport à ses nouveaux sentiments qui le submergeaient de part en part.
— Tout va bien ? s‘inquiéta Kanon.
Le Juge ne répondit rien, il plongea juste ses iris dans le regard ténébreux du Grec comme s’il voulait y puiser son âme. Il était premier juge des Enfers, un Spectre respecté et craint de tous. Pourtant en cet instant, il était en proie à de lourds doutes, à une peur presque incontrôlable. Devait-il tout arrêter ? Sûrement ! Mais le voulait-il vraiment ?
— A quoi tu penses ? murmura le Gémeaux.
Pour toute réponse, Rhadamanthe prit en coupe le visage surpris de son invité et s’empara brutalement de ses lèvres. Dans un mouvement autoritaire, le blond fit reculer le Gold vers la porte et l’appuya dessus. Il prenait les rênes. Cela plaisait à Kanon. A bout de souffle, ce fougueux baiser prit fin. Rhadamanthe fixait celui qui sera dans peu de temps son amant. Il déboutonna la chemise lentement, sensuellement et du bout des doigts il effleurait la musculature qui s’offrait à lui, faisant frémir de bien-être le Gémeaux.
La chemise tomba. Kanon avait du mal à reprendre son souffle. Il tremblait. Ce qu’il ressentait en ce moment était bien plus fort qu’il ne l’aurait cru. Etait-ce à cause de ses sentiments ? En fait, il n’avait pas vraiment envie de réfléchir. Tout ce qu’il souhaitait c’était de se laisser aller. Rhadamanthe avait repris la prospection de son corps. Le Gold avait rejeté la tête en arrière pour la poser sur la lourde porte, les yeux fermés pour mieux savourer ce moment. Le Juge s’enhardissait. Il caressait maintenant le torse offert tantôt avec sa langue gourmande, tantôt il l’effleurait de ses lèvres timides.
La température de la pièce augmentait progressivement. Le mélange de leurs eaux de toilette chatouillait leurs sens et laissait une trace délicate dans l’atmosphère de la chambre. Kanon décida, enfin, de prendre le contrôle. Dans un mouvement rapide, il inversa leur position et s’empara à son tour des lèvres sucrées du Juge. Il profita de cette diversion pour retirer la chemise de son futur amant qui alla vite retrouver ses propres vêtements dans un coin de la pièce.
A présent à égalité, les deux hommes s’observèrent. Ils haletaient de plus en plus. Sur leur peau, des boutons de chairs prenaient vie non à cause du froid car la pièce se réchauffait toujours un peu plus chaque minute. Kanon reprit l’exploration du buste du blond, arrêtant une main sur une perle de chair sensible à son attention tandis que l’autre venait de s’arrêter sur l’arrondi de ses fesses. Rhadamanthe captura de nouveau les lèvres de son vis-à-vis, un long et sulfureux baiser s’en suivi.
Kanon se mit en mouvement, entrainant avec lui son amant, pour reculer vers le lit. Des papillons naissaient dans son bas-ventre. En cet instant, il ne voulait être nul part ailleurs que dans les bras du Juge. En cet instant, il ne voulait rien d’autre que lui appartenir. Ses sens se brouillaient et il aimait ça. Lorsque ses jambes se cognèrent sur le sommier du lit, il se stoppa afin de ne pas tomber, il ne le voulait pas. Pas maintenant. Alors que leurs langues se mêlaient toujours passionnément, le Gold effleura la virilité du Juge au travers de son pantalon. Rhadamanthe sursauta et laissa échapper une complainte lascive de sa gorge. Lorsque ce baiser prit fin, le Gémeaux se saisit du bouton du pantalon devenu bien trop dérangeant afin d’en débarrasser son amant. Le vêtement glissa le long des jambes du blond. Le Juge ne se reconnaissait pas. Il s’apprêtait à faire l’amour avec un autre homme pourtant cela ne le dérangeait absolument pas.
L’ambiance s’électrisait dans la chambre. La pièce était très spacieuse et décorée richement. Il y avait une petite table avec une chaise - sur laquelle gisait la veste de Rhadamanthe - près de la fenêtre, une grande armoire et un grand lit. Un très grand lit. Sur les murs, nombreuses étaient les toiles de maître. Sur la petite table, trônait une sculpture en fer forgé. La température monta encore d’un cran.
Perdu dans sa réflection, Rhadamanthe ne vit pas que le Gold avait ôté son propre pantalon. Le Spectre renversa le Gold sur son lit géant. Un gémissement franchit la barrière des lèvres de Kanon le rendant plus sensuel aux yeux de Rhadamanthe. De sa langue avide, il laissa des sillons brûlant sur la peau de son amant telle une coulée de lave en fusion. Kanon se cambra sous le Juge, il cherchait le contact de son entrecuisse. Cet attouchement les électrisa davantage. Rhadamanthe se laissa un peu plus aller. Des images de ses rêves virent lui brouiller l’esprit, se superposant avec la réalité.
Les caresses se faisaient plus précises. Le Gémeaux les fit basculer pour reprendre le contrôle de la situation. Il était à califourchon sur son beau juge, il frissonnait. Ses émeraudes se gavaient de la vue sensuelle que le blond le laissait voir. A son tour, Rhadamanthe subissait les assauts sensuels de Kanon. Le Juge sentait son corps réagir. La langue gourmande du Gold s’égarait sur toutes les courbes du torse musculeux de Rhadamanthe qui gémit de plaisir, encourageant le Grec à continuer sa douce torture. Kanon se délectait de la chair clair de son amant. Le Spectre sursauta et se raidit quand le Gold s’attaqua à son boxer, le baissant juste assez pour lui permettre se choyer la hampe de chair qui se hissait devant ses émeraudes. Il la prit en bouche dans sa totalité et entama un va et vient lent, bien trop lent pour le Juge qui se perdait dans l’extase de ce moment. Kanon prenait soin du plaisir qu’il donnait à son amant. Aussi, parfois il faisait glisser sa langue curieuse sur le membre gonflé de Rhadamanthe qui, les yeux mi-clos, se cambrait pour accentuer son excitation. Le Gémeaux n’avait jamais ressenti autant de sensations dans les bras d’un amant. Il lui semblait avoir la tête qui tourne tant il s’enivrait de l’odeur de Rhadamanthe.
— Ka…non…. Hmm…. Hmm ….Je ….je ….vais….
Trop tard, Rhadamanthe ne peut terminer sa phrase. Il ne put se retenir et se délivra entre leurs deux corps. Kanon qui avait senti arriver la jouissance du blond avait cessé sa câlinerie. Le Gold riva ses émeraudes dans les diamants jaune de son amant et sourit. Rhadamanthe avait les yeux écarquillés, il tremblait, sa respiration était saccadée. Mais il semblait heureux.
Kanon se hissa jusqu’aux lèvres fines de son bel amant et l’embrassa sensuellement tandis que ses mains exploraient toujours le corps tendu du Juge. Rhadamanthe tenta de d’inverser la situation et réussit à se retrouver au dessus de Kanon. Assis sur lui à califourchon, il le toisait. Le blond fit glisser ses doigts sur le corps alangui de son amant qui s’arqua. Rhadamanthe s’apprêtait à le faire sien, bien qu’il n’ait jamais fait l’amour avec un autre homme. Serait-il à la hauteur ? Saura t-il s’y prendre ? Il fera de son mieux. Il voulait le corps de Kanon et Kanon le voulait.
Il fit descendre encore, encore plus bas ses mains baladeuses. Effleurant toujours la peau devenue moite du Gémeaux, le Juge se fraya un chemin vers l’intimité de son amant. Il titilla un moment l’antre étroite, faisant gémir le Gold. Un sursaut le prit lorsqu’il sentit une intrusion en lui. Rhadamanthe venait d’y faire pénétrer un doigt. Lentement, le Juge découvrait d’autres sensations. Rapidement, il voulait plus. Bien plus. Kanon sentait son corps lui échapper, lui aussi souhaitait plus en cet instant. Une nouvelle sensation gagna le Grec lorsqu’il sentit une seconde intrusion en lui. Le Juge entama un lent va et vient. Leurs respirations s’accélèrent encore. Leurs peaux luisaient sous le faible éclairage de la pièce. L’odeur qu’ils dégageaient les grisait chaque minute un peu plus.
— Rha….da…..Hmm……, Kanon perdait pieds.
— Je te veux……, susurra le Juge.
— T’attends…quoi ? Hmmmm…….
Sans se faire prier plus, Rhadamanthe retira ses doigts prisonniers de l’antre étroit de son amant, qui laissa échapper un râle de mécontentement. Le blond s’empara des lèvres de Kanon. Ce long et fougueux baiser les laissa cois. Alors que le Juge parsemait de petits baisers la peau salé du Gémeaux celui-ci s’arqua davantage pour faire comprendre à son amant qu’il était temps. Rhadamanthe comprit. Il souleva un peu plus le bassin offert et pénétra en Kanon qui se crispa face à l’assaut mal contrôlé de son amant. Rhadamanthe commença un va et vient lascif, le Gémeaux se détendit.
De nouvelles sensations les submergèrent. Des plaintes sensuelles s’échappaient de leurs gorges. Leurs corps ondulaient à l’unisson. Ils s’éloignaient pour mieux se retrouver. Rhadamanthe ne comprenait pas. Comment pouvait-il ressentir autant de choses ? Il avait l’impression d’être dans l’un de ses rêves, pourtant il savait que cela n’était pas le cas. Kanon était bien là. Kanon était à lui. Il était à Kanon.
Sans même sans rendre compte le Juge empoigna le membre viril de son amant lui octroyant un mouvement similaire à celui de ses reins, de plus en plus rapide. Le coeur de Kanon rata plusieurs battements. Il s’agrippait aux épaules du blond laissant des marques sur sa peau pâle. Et puis, Rhadamanthe sentit le moment de sa délivrance arriver. Un cri rauque mourut dans sa gorge. Quelques secondes plus tard, Kanon rejoignit son amant dans la jouissance en se répandant entre eux.
Ils restèrent là, sans bouger durant plusieurs minutes. Un large sourire égayait leur visage. Leurs peaux étaient humides, leurs respirations étaient saccadées. Ils se noyaient dans leurs regards.
— Tu es doué, susurra Kanon.
— Je …. je t’aime, murmura le Juge.
Rhadamanthe se retira de l’endroit étroit où il se trouvait encore faisant encore réagir le corps frissonnant du Gémeaux. Ils se calèrent l’un contre l’autre, le dos de Kanon reposait sur le torse du Juge. Ils ne dirent pas un mot de plus. Ils n’en avaient pas besoin. Ils voulaient juste être là, ensemble. C’est ainsi qu’ils s’endormirent apaisés et heureux.
A suivre ……..