Loin de toi mon coeur souffre
Fiction en quatre chapitres, terminée.
Rien ne va plus entre Yuuri et Wolfram. Une chose s'est produite entre eux qui les a éloigné. Plus le temps passe, plus il leur est difficile de s'expliquer. Murata a eut une idée mais suffira t-elle pour les rapprocher ?
Yuuri / Wolfram
Romance, amitié, lemon.
Rating : +18ans
L'univers et les personnages appartiennent à Tomo Takabayashi et à Temari Matsumoto.
Loin de toi, mon coeur souffre…
Shiroitora-lili
Chapitre 1
Une fois de plus Wolfram s’était accaparé le lit de son fiancé et s’y était étalé tout en ronflant. Le Maoh soupira mais sourit en l’observant. Il s’était habitué à le voir là et les rares fois où le blond ne squattait pas son lit, il éprouvait un manque certain. Pourtant il ne se sentait pas attiré par Lord Von Bielefeld, du moins pas amoureusement.
Cela faisait plus de deux mois qu’il n’était pas rentré sur Terre. Cela lui manquait bien qu’il se sentait aussi chez lui dans son royaume. Il quitta sa chambre et rejoignit Conrad pour son jogging matinal, puis prit son petit déjeuner en sa compagnie ainsi que celle de Gunther et de Wolfram qui venait de se lever. La journée passa paisiblement. Chacun s’activant à ses propres tâches.
Le soir venu, Yuuri voulut se détendre dans un bon bain. Il avait signé tant de documents que sa main droite le faisait souffrir, tout comme son dos et sa nuque. Aujourd’hui, il s’était comporté comme un Roi. Il n’avait ni geint ni déserté son bureau pour le plus grand bonheur de Gunther qui l’avait eu pour lui seul tout au long de la journée, et celui de Gwendal qui voyait enfin un Roi en Yuuri.
Wolfram, lui, rageait contre son frère aîné et contre lord Von Christ qui avaient gardé pour eux son fiancé. Son affection pour le Maoh ne cessait d’augmenter à mesure que les jours passaient. Mais depuis quand avait-il ses émois ? Il l’ignorait et s’en fichait. Il était amoureux de lui c’est tout ce qui comptait pour lui. Seulement, derrière son coeur de pierre se cachait un coeur tendre qui ne savait pas exprimer ses sentiments. Comment lui faire comprendre ?
Lord Von Bielefeld rejoignit son fiancé dans la salle de bain royale. Yuuri se crispa dès qu’il vit arriver le blond a demi-nu et se glisser dans l’eau près de lui.
— WOLFRAM !!! Pourrais-tu arrêter de faire ça ? s’insurgea le Maoh.
— Faire quoi ?
— Venir ici alors que j’y suis déjà et je te signale que c’est la salle de bain du Roi !
— Et je te signale que nous sommes fiancés ! grogna Wolfram.
— Quand vas-tu arrêter avec cette histoire ?
— Tu n’es qu’un boulet ! s’énerva le blond comme à son habitude dans ces moments là.
Yuuri soupira profondément avant de faire volte-face au blond pour quitter le bain. Il sentit quelque chose l’entraver et avant qu’il ne comprenne quoique ce soit, Wolfram posa - un peu brusquement - ses lèvres sur les siennes. Il se raidit encore un peu plus quand Wolfram força ses lèvres à s’entre-ouvrir afin de faire glisser sa langue dans sa bouche maintenant ouverte. Il n’arrivait pas à analyser ce qu’il ressentait en cet instant. Son corps s’enflammait. Ses jambes tremblaient. Sa tête tournait. Il ne bougeait pas, ni ne répondait à ce baiser qui semblait s’éterniser.
Lord Von Bielefeld ne lâchait pas sa prise. Pour une fois, qu’il tenait Yuuri. Cela faisait un moment qu’il attendait une occasion pour montrer à ce boulet combien il l’aimait, il n’allait pas renoncer. Les papillons qu’il ressentait dans son cops lorsque Yuuri était près de lui s’accentuèrent instantanément. Ses sens s’éveillèrent. Son organe de vie battait à tout rompre sans qu’il ne puisse le contrôler. Et bien que son fiancé ne lui rendait pas son baiser, il ne le repoussait pas non plus. Quoique !
— Qu’est-ce que tu fous ? s’écria le maoh tout en repoussant Wolfram.
Mais le-dit Wolfram n’eut pas le temps de répondre. Il vit Yuuri se faire aspirer dans un tourbillon qui l’entraina vers le fond de la gigantesque baignoire sans qu’il puisse y faire quoique ce soit. Il resta seul, dans cet endroit devenu froid sans la présence de celui qui réchauffait son coeur et son âme.
———
Yuuri était arrivé, il y avait maintenant, deux jours dans une fontaine dans le jardin public près de chez lui. Murata l’y attendait. Grâce à ses pouvoirs il savait quand et où son ami refaisait surface lorsqu’il ne l’accompagnait pas à Shinmakoku. Depuis, Shibuya était calme. Il ne parlait presque pas. Ce qui n’était pas dans ses habitudes. Sur le coup, Murata mit cela sur le fait qu’il venait juste de quitter ses amis et son royaume, mais il se ravisa bien vite. Il était rare que le Maoh soit dans cet état en rentrant sur Terre.
Yuuri fit néanmoins comme d’habitude, du moins il essayait. Mais sa famille n’était pas dupe, ni Ken. Il mangeait à peine et restait pour la plus grande partie de son temps enfermé dans sa chambre allongé dans lit, les bras croisés sous sa tête. Il soupirait à rythme régulier. Il ne savait pas pourquoi il se sentait mélancolique. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il repartait de Shinmakoku ! Alors pourquoi ressentait-il un manque ?
Puis, il se souvint du baiser. Comment avait-il pu oublier ça ? A partir de cet instant, il ne pensa qu’à ça. Comment Wolfram avait-il pu l’embrasser ainsi ? Ils étaient tous deux des garçons ! Il comprit que c’était là, la source de sa mélancolie. Il n’en parla à personne. Il avait honte de s’être laisser faire ainsi. Il ne pourrait jamais l’avouer, et surtout à personne. Il se promit également de faire comme si rien n’était arrivé devant Lord Bielefeld.
Les jours passaient et Yuuri tentait d’oublier. Cependant, il y avait toujours une chose, un mot, une odeur qui lui rappelait le baiser de Wolfram. Parfois, il se souvenait du goût des lèvres du blond. De son odeur. Parfois, tout était vague au point où il se demandait s’il n’avait pas rêvé.
———
A Shinmakoku, la vie poursuivait son cours. La paix semblait s’être installée et les absences du Maoh étaient de plus en plus longue. Voilà un mois maintenant qu’il était sur Terre. Ici, il manquait à tous ses amis ainsi qu’à sa fille adoptive.
Wolfram ne cessait de repenser à ce qu’il avait fait. Ce baiser le hantait tout comme la réaction de Yuuri. Lorsque le Maoh l’avait rejeté, son regard l’avait troublé. Yuuri le regardait intensément. Ses yeux lui posaient mille questions. Mais ce qui l’avait le plus frappé c’était la manière dont il s’était servi de son bras pour tenter d’effacer ce baiser. Lord Bielefeld avait senti son coeur s’emballer face à son audace mais il le faisait également terriblement souffrir à cause de la réaction de son fiancé.
Le blond était debout dans sa chambre, il regardait sans le voir le paysage serein qui s’étendait à perte de vue du château. Lorsqu’il était seul, il ne dormait jamais dans la chambre de Yuuri. C’était bien trop difficile à cause de son odeur qui planait… Il soupira. Que faisait-il sur Terre ? Repensait-il lui aussi à ce moment ? Mais Wolfram était sûr d’une chose, Yuuri lui en voulait très certainement.
Depuis son poste d’observation, son regard se posa sur deux hommes qui étaient installés dans le jardin du château. Ils discutaient, riaient mais une chose frappa le blondinet. Ils semblaient bien plus proche qu’à l’accoutumée. Il sourit. Enfin, son frère avait accepté ses sentiments envers son ami de toujours qui en pinçait pour lui depuis leur enfance. Yozak et Conrad formaient un beau couple à ses yeux et il était heureux pour eux. Cependant, il décida de rester discret. Il les félicitera au moment venu. Si seulement Yuuri pouvait l’aimé comme il l’aime…
———
Tout le monde au Château s’inquiétait de voir Wolfram aussi fermé, bien plus que la normale. Conrad, le premier.
— Arrêtes de t’inquiéter. Il est grand maintenant, fit remarquer Yozak à son ami.
— Je le sais, oui. Mais il n’est vraiment pas comme d’habitude et il ne veut rien me dire.
— Le gamin doit lui manquer. Tu me manquerais si on ne pourrait pas se voir, sourit le rouquin.
— Ne soit pas stupide. Cela va avec notre fonction. Nous savons que nous pouvons être séparé à tout moment et que tu sois amené à partir même maintenant, répliqua Conrad.
— Peut-être mais tu me manquerais. Maintenant que nous sommes ensemble ce sera plus difficile de partir, avoua Yozak.
Sir Weller riva ses orbes à ceux de son amant et lui sourit tendrement.
— D’ailleurs pendant que je n’ai pas de mission d’infiltration en vu, j’aimerai bien faire une inspection, fit le roux en faisant un clin d’oeil à Conrad.
— Une inspection ? questionna dubitatif le brun.
— Une inspection de ton corps, susurra Yozak.
Conrad écarquilla les yeux. Décidément son ami et amant ne changera jamais. Il est toujours aussi direct. Sir Weller se leva et invita son compagnon à le suivre. Dès que la porte des appartements du brun se referma, Yozak enlaça son amour et déposa une multitude de baisers sur la nuque offerte tout en déboutonnant la veste et la chemise de Conrad pour enfin faire glisser ses doigts sur sa peau et l’entendre gémir. Cette nuit semblait prometteuse…
———
Shibuya faisait de son mieux pour éviter de penser à Lord Von Bielefeld. Cependant, il ne pouvait jamais s’en empêcher bien longtemps. Il se souvint de plusieurs moments où il s’était inquiété pour lui. Comme le jour où il s’était fait kidnappé par les poupées manipulées par « Monsieur le Stratège ». Il s’était mis en danger pour sauver Wolfram sans même réfléchir à sa propre sécurité. Ce jour là, il faisait galoper son cheval à vive allure. Il ne pensait qu’au blond. Rien qu’à lui. Il avait peur qu’il lui arrive quelque chose. Peur de le perdre. Il se souvint parfaitement que son coeur avait cessé de battre au moment même où il l’avait retrouvé sur le bateau. Comme à son habitude Wolfram avait le mal de mer mais il était sauf.
Yuuri était assis dans le jardin de sa maison. Il soupirait à rythme régulier tout en regardant dans le vide. Se souvenir le fit presque sourire mais il dû reconnaître qu’il y en avait d’autres. Cela faisait maintenant près d’une semaine qu’il était rentré et n’avait pratiquement pas ouvert la bouche. Sa mère vint le rejoindre.
— Mon petit Yuuri, pourquoi ne me dis-tu pas ce qui t’ennuie autant ? Je suis ta mère, je peux surement t’aider.
Le Maoh regarda sa mère dans les yeux. Pour une fois, elle était calme et sérieuse. Il soupira une fois encore.
— Tout va bien, dit-il sans conviction.
— Ne me mens pas, c’est me manquer de respect. Tu as des problèmes à Shinmakoku ?
— Tout va bien de ce côté là, souffla le mazoku.
— Donc, il y a bien quelque chose qui te tracasse, sourit Jennifer.
Yuuri s’était fait avoir. Mais s’il parlait du baiser à sa mère comment allait-elle réagir ? Elle était déjà relativement heureuse de savoir qu’il était fiancé à Wolfram. Il lui avait fallut beaucoup de patience pour lui expliquer comment cela était arrivé et qu’il ne considérait pas le blond comme tel. Que faire ?
— Tu as la tête de quelqu’un qui est amoureux, fit enfin sa mère en lui faisant un clin d’oeil.
— Hein ! Mais non ! Je ne suis amoureux de lui ! s’énerva Shibuya.
— De lui ? releva Jennifer souriante. Tu veux parler de Wolfram, n’est-ce pas ?
Yuuri écarquilla ses orbes, que venait-il de dire ?
— Je… je …
— Libère ton coeur, mon petit Yuuri.
Que pouvait-il dire à sa mère ? Il ne pouvait pas être amoureux de lui ! Pas d’un autre garçon ! Si ?
— Je te l’ai dit, je vais bien.
— Je te le répète. Ne me mens pas.
— Il m’a … embrassé, avoua enfin le Maoh honteux.
— Pourquoi te sens-tu ainsi ? demanda doucement sa mère.
— Un autre garçon m’a embrassé. Comment veux-tu que je me sente ? s’énerva Shibuya.
— Quel est le problème ?
— Non, mais tu n’as pas écouté ?
— Si, j’ai très bien entendu, Yuuri. Et je ne vois pas pourquoi tu le prends aussi mal. Wolfram tient vraiment à toi. Je l’ai vu quand vous êtes tous venus pour rechercher le coffre qu’il vous manquait. Et je pense que cela te touche car tu éprouves des sentiments pour lui mais tu te refuses de l’admettre.
Le maoh regarda sa mère une fois de plus dans les yeux. Il ne comprenait pas sa réaction. De plus elle était différente de d’habitude. Elle se comportait en mère pas en une jeunette folle-dingue. Que devait-il penser ? Il soupira, une fois de plus.
— Impossible que ce soit ça ! cria Shibuya en se levant afin de stopper là cette drôle de conversation.
Il s’enfuit presque de la maison en courant. Cette discussion l’avait chamboulé et ne l’avait pas rassuré. Et puis sa mère était vraiment étrange aujourd’hui mais avait-elle tort pour autant ? Ses pas l’avaient conduit dans le parc non loin de chez lui. Il s’assit sur l’un des bancs et repensa à tout cela.
Ce n’est que quelques heures plus tard que Murata le retrouva. Il était parti à sa recherche à la demande de Jennifer. Elle se sentait étrange et ne se sentait pas la force de sortir chercher son fils adoré. Sa tête ne cessait de tourner et une sorte de nausée l’avait prise. Ken Murata se doutait de l’endroit où se trouvait son ami de toujours et sans chercher ailleurs, il était venu ici directement. Il le trouva assit sur l’un des bancs du parc. Yuuri avait mis ses pieds dessus et de ses bras il encerclait ses genoux, son front y reposait. Dans cette position, il ne vit pas arriver le grand sage.
— Tu sais que ta famille s’inquiète, lança son excellence.
— Je m’en doute, oui. Mais je n’ai pas vraiment envie de rentrer, soupira le Maoh.
— Tu es distant depuis notre retour. Il s’est passé un truc avant ton départ ?
Yuuri blêmit et déglutit péniblement tout en relevant la tête vers son ami.
— Tu ne trouves pas que ma mère est bizarre aujourd’hui ? demanda t-il pour détourner la conversation.
— Ha ça ! Comment dire …
— Tu veux dire que tu sais pourquoi elle est comme ça ?
— Et bien, avec le peu de pouvoir que j’ai ici, j’ai réussi à la contrôler pour savoir ce qui n’allait pas chez toi, sourit Murata.
— QUOI ! Que lui as-tu fait ? s’énerva Shibuya.
— Je suis rentré dans son esprit pour pouvoir te parler à travers elle, avoua sans honte l’inopportun.
— Non mais ça va pas ! Comment as-tu pu faire ça ? Tu me dégoutes, fit Yuuri en se levant.
Murata le retint par le bras. Yuuri avait les yeux remplis de colère envers celui qu’il pensait être son ami.
— Lâches moi ! somma t-il.
— Tu dois te ressaisir, Shibuya. Dans quelques jours nous repartirons à Shinmakoku. Tu ne peux pas avoir cette tête devant tes sujets. Et puis, qui a t-il de mal à ce qui t’arrive ?
La colère dans le regard du Maoh se transforma. Il devint plus interrogateur.
— Tu n’es jamais tombé amoureux. Je comprends que tu sois perdu mais si tu écoutais ce que te dit ton coeur, tu saurais que tu éprouves des sentiments forts pour Lord Von Bielefeld.
— C’est d’un garçon dont tu me parles là ! Comment…
Murata coupa net la parole à Yuuri.
— Et alors ? Qu’est-ce que ça peut faire, hein ? Homme. Femme. L’important c’est ce qu’on ressent là, fit le grand sage en pointant son index vers l’organe de vie du Maoh indécis.
Shibuya Yuuri, Vingt-septième Maoh de Shinmakoku resta bouche-bée. Rien à dire. Depuis ce baiser et dès qu’il pensait à Wolfram ou à son geste, une boule se formait dans son bas ventre. Une envie de fuir et de rester s’emparait de lui. Un désir fou de voir le blondinet colérique l’envahissait mais à l’inverse il avait peur de le revoir. Ce pourrait-il que son ami ait raison ? Avait-il des sentiments pour Wolfram ? Que faire pour en être certain ? Comment réagir quand il le reverra dans quelques jours ? Shibuya soupira fortement. Il ne savait plus où il en était.
— Lâches-moi, Murata. Je rentre chez moi, murmura t-il.
— Très bien ! Je passerais chez toi quand ce sera le moment.
———
A Shinmakoku, l’ambiance n’était pas au beau fixe non plus. Lord Von Bielefeld ne sortait plus de sa chambre, ne mangeait presque rien et n’arrivait même plus à rouspéter. Ses frères, sa mère, ses amis et Greta étaient très inquiets et toutes les attentions qu’ils lui montraient n’y faisaient rien.
La seule chose qu’il réussissait à dire était qu’il avait tout gâché. Personne ne comprenait ce qu’il voulait dire et lorsqu’on lui demandait, il ne répondait rien. Ses émeraudes étaient ternes. Son visage était éteint.
— Depuis quand est-il ainsi, demanda Celi, de retour de voyage, à Conrad.
— Je dirais que cela a commencé peu après le départ de sa Majesté, fit Sir Weller songeur.
L’ancienne Maoh sourit tout en posant délicatement l’une de ses mains sur le visage de son fils.
— Merci de veiller sur lui, Conrad. Je vais aller le voir.
Celi se dirigea directement vers la chambre de son cadet, frappa mais n’attendit pas que son fils l’invite à entrer pour franchir le seuil de la pièce. Elle trouva Wolfram assit sur le rebord intérieur de la fenêtre, le dos contre le mur. Il regardait la vue. Du moins, le semblait-il.
— Wolfram, l’appela t-elle d’une voix douce.
Le concerné tourna sa tête et vit sa mère mais ne bougea pas. Celi s’avança afin de poser son regard là où son fils laissait s’égarer le sien. Elle souriait.
— C’est une très jolie vue, n’est-ce pas ? fit-elle remarquer.
— Hmm.
— Il paraît que tu ne vas pas très bien depuis quelques temps ?
Le blond soupira lourdement.
— Comment s’est passé votre voyage, mère ? demanda t-il pour détourner la conversation.
— Très bien. J’ai rencontré un homme tout à fait charmant et tout à fait mon type, répondit-elle toute excitée.
— Très bien, alors.
Lord Von Bielefeld semblait n’avoir pas compris les mots de sa mère. En temps normal, il était outré de son comportement assez volage. Cecilia sut en cet instant que son fils n’était pas dans son état normal.
— Très bien Wolfram, je ne partirais d’ici que lorsque tu m’auras dit ce qui te tracassait ! fit-elle en haussant légèrement la voix afin de faire réagir son borné et égocentrique fils.
— Hein ! Non mais je vais parfaitement bien. Vous pouvez partir ! dit enfin le cadet de Celi.
— Ce n’est pas très gentil ça, Wolf, répliqua mielleusement la blonde. Tout le monde s’inquiète pour toi, moi aussi.
— Je sais…
Cette fois, c’est de lassitude qu’il soupira. Pouvait-il avoir une conversation sérieuse avec sa mère ? Il en doutait mais peut-être que cela lui ferait du bien d’ouvrir, pour une fois, son coeur.
— C’est à cause de Yuuri ? N’est-ce pas ?
— Comment …
— Comment je le sais ? C’est simple. Je suis une mère qui s’inquiète.
Wolfram ne savait plus quoi penser. Sa mère était parfois si imprévisible. Il soupira encore avant de répondre.
— Je … l’ai embrassé avant qu’il ne parte mais il n’a pas apprécié. Je ne sais pas comment il va réagir à son retour.
— Tu as bien fait. Ne regrettes rien. Tu devrais lui faire confiance.
— Comment ça ?
— Je suis sûr qu’il tient à toi bien plus qu’il ne veut bien l’admettre. Je pense qu’en ce moment même il se pose tout un tas de question. Comme toi, sourit Celi.
— J’en doute, mère.
— Je vais te raconter quelque chose que Conrad m’a rapporter. Te souviens-tu quand Soushu t’as possédé ?
— Oui, bien sûr !
— Quand Shinou possédé lui-même par Soushu a pris ton coeur car tu étais l’une des clés pour ouvrir les coffres maudits, tu t’es écroulé au sol. Ton coeur ne battait plus, Anissina a suggéré de te mettre dans l’une de ses machines pour tenter de te garder en vie le temps que Soushu et Shinou soient vaincu.
— Je sais tout ça.
— Laisse moi finir, Wolfram, demanda tendrement l’ancienne Maoh.
— Pardon.
— Yuuri est venu te voir à ce moment là. Conrad m’a dit qu’il était bouleversé. Il t’a juré de te sauver…
— Ca veut rien dire. Je suis sûr qu’il voulait tout autant sauvé l’oeil de Gwendal, et le bras de Conrad.
— Oui c’est vrai. Mais il avait vraiment peur pour toi. Conrad ne l’avait jamais vu autant secoué que ce jour là.
Lord Von Bielefeld riva ses émeraudes à celles de sa mère. Il ne pouvait croire que Yuuri s’était autant inquiété pour lui à ce moment là. Pourtant, il se rappela lui-même d’une chose. Après toute cette histoire, Shinou avait ouvert un ultime passage entre la Terre et Shinmakoku. Il lui avait dit de partir car sa famille était sur Terre. Combien de fois avait-il regretté ses paroles ? Combien de fois avait-il regretté de ne pas l’avoir retenu ? Combien de fois avait-il regretté de ne jamais lui avoir ouvertement avoué ses sentiments. Pourtant juste avant que le Maoh ne quitte définitivement ce pays, il l’avait appelé. Yuuri s’était arrêté une seconde mais ne s’était pas retourné. Pourquoi ? Le Maoh avait agi comme s’il se séparait d’un être aimé. Comment Wolfram avait-il pu oublier cela ?
— Merci de me dire tout ça, mais je doute fortement que Yuuri ressente quoique ce soit pour moi hormis de l’amitié même si parfois son comportement montre le contraire.
— Wolfram, soit confiant. Je suis sûre que tu te trompes. Quand sa Majestée reviendra, il se rapprochera de toi. Tu as fait le premier pas, laisse le faire le second, sourit de nouveau la blonde en caressant doucement la joue de son cadet.
Cecilia laissa son fils seul face à ses doutes et à ses sentiments. Néanmoins, elle avait confiance en son intuition et savait que le jeune Maoh changerait d’avis.
———
Chacun de leur côté, les fiancés se morfondaient. Wolfram sur son amour impossible et Yuuri sur ses sentiments naissants petit à petit. Chacun de leur côté, ils se remémoraient les actes de l’autre envers lui. Et peu à peu, il se passa quelque chose au fond d’eux. Ils prirent conscience, du moins Yuuri, qu’ils tenaient l’un à l’autre bien plus fortement qu’ils ne le supposaient. Même si pour Lord Von Bielefeld c’était une évidence. Plus les semaines passèrent, plus ils se renfermaient sur eux.
———
Le temps du retour de Yuuri à Shinmakoku arriva plusieurs semaines après son retour sur Terre. Murata et sa famille n’avaient pas su trouver les mots pour l’encourager à s’ouvrir. En fait, si. Mais il ne savait pas comment il allait si prendre avec Wolfram et son caractère de cochon. Et puis il se demandait souvent s’il aurait la force de lui dire à quel point il tenait à lui. Qu’il lui avait manqué. Qu’il se sentait bien en sa présence.
Le Grand Sage pénétra dans la maison Shibuya dans le milieu de la matinée. Le Maoh attendait dans sa chambre et regardait, une fois encore, dans le vide.
— Shibuya, tu es prêt ? demanda Ken inquiet pour son ami.
— Hmm…
La réponse évasive de Yuuri en dit long sur son état d’esprit. Murata soupira, l’empoigna fermement, le tira vers la salle de bain où la baignoire était remplie d’eau et le poussa dans l’eau avant de d’y plonger lui-même.
Yuuri ne se sentait pas très bien. Un millier de sentiments l’envahirent au moment même où Murata l’avait attrapé par le poignet pour le jeter dans l’eau. Son coeur lui faisait mal tant il avait l’impression qu’il se tordait dans sa poitrine. Il ne sentait plus ses jambes, même s’il n’était pas debout. Il sentait tout son corps trembler. Il hésitait à penser qu’il se sentait tout simplement heureux de revoir un certain blondinet colérique et jaloux. Il appréhendait aussi, beaucoup. Il savait que Wolfram lui en voudrait pour avoir essuyé sa bouche du revers de son bras après le baiser, mais il se doutait également que Lord Von Bielefeld s’en voudrait d’avoir agit ainsi.
Le Maoh fut accueilli comme il se devait. Gunther était excité comme une puce en tendant énergiquement une serviette à son Roi bien-aimé. Conrad souriait chaleureusement mais vit bien vite que son protégé n’était pas comme à l’accoutumée bien que celui-ci avait un large sourire aux lèvres. Son regard. Ses yeux semblaient pourtant éteints, Lord Weller se promit de tirer cela au clair même s’il avait déjà une idée sur l’origine du problème. Gwendal, Greta, Yozak et Wolfram étaient absent.
— Gwendal est occupé à lire et à signer des documents, comme toujours en votre absence. Yozak accompagne Greta chez Béatrice car elle a été gentiment invité pour l’anniversaire de la demoiselle. Elle y restera la semaine, précisa Conrad à Yuuri.
— Je vois. Je suis content que Greta ait trouvé une amie. Je vais allé voir Gwendal pour le libérer de mon travail, dit à la grande surprise de tous le Maoh.
Le fait qu’il n’ait pas relevé l’absence de son « fiancé » n’échappa à personne et Conrad sut en cet instant que cela avait un lien avec le mutisme de son jeune frère et le mal être qu’il ressentait en Yuuri. Que faire pour dénouer la situation ?
———
Lord Von Voltaire observait le Maoh qui s’évertuait à faire le mieux possible son travail. Il n’en revenait toujours pas de l’avoir vu arriver si déterminé une heure plus tôt. Il l’avait presque viré du bureau. Jamais encore il ne l’avait vu ainsi. En temps normal, il faisait son possible pour esquiver ces tâches qui n’en finissait pas. Gwendal comprit rapidement que le Maoh n’était pas dans son assiette.
Un peu plus tard dans la journée, c’est Gunther qui resta coi face à une demande très rare de sa Majesté. Il voulait étudier.
— Majesté, êtes-vous souffrant ? Dois-je faire appeler Gisela ? s’inquiéta Lord Von Christ.
— Je vais bien. Je souhaite juste m’investir plus dans ma fonction c’est tout, sourit Yuuri.
Etrangement, personne n’était vraiment dupe. Il se passait quelque chose dans le coeur de leur Roi adoré, mais il gardait tout pour lui.
Au dîner, Wolfram n’avait pas donner signe de vie. Il ne sortait, de toute façon, pas de sa chambre et y faisait monter ses repas depuis des semaines. Yuuri observait discrètement la place du blond à table et sentait ses entrailles le broyer de l’intérieur. Il savait qu’il devait aller le voir, pour discuter, pour lui dire à quel point cela le dérangeait de ne pas le voir… Mais ce soir, il ne s’en sentait pas le courage. Il ne savait pas comment s’y prendre. Il soupira lourdement devant son assiette qu’il avait à peine touché. Conrad regardait son Roi, se demandant comment l’aider. Celi souriait doucement, elle savait ce qui se tramait dans la tête du Maoh. N’était-elle pas la spécialiste de l’amour ?
———
Shibuya avait du mal à trouver le sommeil. Il tournait, virait dans son lit vide et froid. Comme si quelque chose manquait. Lui manquait. Il souleva les draps et s’assit au bord du lit. Il hésita à se lever pour aller à la petite table près de la fenêtre, là où un broc d’eau était posé. Peut-être qu’une rasade de ce liquide l’aiderai à s’endormir. Il tenta le coup. Il alla se servir un verre d’eau et le but d’une traitre. Il reposa le verre, et laissa son regard noir s’égarer vers les jardins du château.
Yuuri sortit de sa chambre. Il s’était rhabillé pour aller marcher un peu dehors. Un peu d’air frais lui ferait sans doute du bien. Il ne croisa personne sauf les soldats de la garde qui l’avait suivit de loin. Ils avaient sans doute reçu des ordres de la part de Conrad. Il erra dans les jardins aux abords du Château depuis une bonne demie heure quand il se décida à rentrer. Marcher lui avait permis de réfléchir, encore. Mais ici, à Shinmakoku, tout lui semblait plus facile. Il venait de prendre une décision.
Il déambulait dans les couloirs du Château, pensif. Son coeur battait la chamade comme jamais. Ses jambes lui faisaient défaut. Sa respiration se faisait plus haletante. Il se trouvait maintenant devant la porte de la chambre de celui qui commençait à furieusement hanter ses pensées. Il entra doucement sans prendre la peine de frapper. Il savait qu’il ne serait pas invité à entrer s’il frappait.
Il s’avança lentement jusqu’au lit de Lord Von Bielefeld. Il resta debout. Il l’observa un long moment avant de s’asseoir sur le bord du matelas. Wolfram bougea, un peu trop lascivement au goût de Yuuri qui se surprit à déglutir péniblement. Il tendit la main pour replacer une mèche rebelle mais il se retint. Il ne voulait pas le réveiller. Il ne souhaitait que le regarder. Wolfram semblait si calme, si doux lorsqu’il dormait que cela surprenait toujours le Maoh.
Yuuri sentait tout son corps réagir à la présence du blondinet colérique. Au risque de le réveiller, il s’allongea près de lui. Il voulait juste un instant sentir sa présence près de lui avant de rejoindre sa propre chambre.
———
Cela faisait des semaines qu’il n’avait pas dormi aussi bien. Pourtant, il se sentait piégé comme dans un étau. Il ne pouvait pas bouger. Wolfram ouvrit difficilement l’une de ses émeraudes mais il ouvrit la seconde brusquement.
— Yuu…ri ?!
Face à lui, se trouvait bien son fiancé. Comment ? Pourquoi ? Quand Yuuri ouvrit ses iris, il vit devant lui Wolfram surprit. Sur le moment, il ne réalisa pas où il se trouvait, puis il se rendit compte qu’il était dans le lit de Lord Von Bielefeld et qu’il le tenait fermement dans ses bras. Confus, Shibuya lâcha brusquement le blond.
— Déso… désolé, fit le Maoh en se redressant dans le lit.
En fait, il voulait surtout quitter cette chambre sans se retourner mais Wolfram le retint par le poignet. Yuuri se retourna et riva ses iris aux émeraudes interrogatives du blondinet. Aucun son ne franchit la barrière de leurs lèvres. Pendant de longues secondes, ils s’observèrent. Tant de choses se passaient dans leurs corps qu’ils avaient un mal fou à reprendre contenance. Leur organe de vie menaçait d’exploser dans leur poitrine, leur corps tremblait, leur gorge était sèche. Ils ne bougeaient pas.
— Je … je n’arrivais pas à dormir. Désolé de t’avoir envahi, murmura le Maoh.
Lord Von Bielefeld était trop abasourdi pour dire quoique ce soit mais il resserra doucement sa prise sur le bras de son fiancé.
— Lâche-moi, s’il te plait.
— N’as-tu rien d’autre à dire, Yuuri ? fit enfin Wolfram.
— Comment ça ?
— Je te signale que tu t’es débrouillé pour retourner sur Terre juste après… après le …, Wolfram ne savait pas comment aborder le sujet.
— Hein ! Je te rappelle que je ne fais pas comme je veux. Mes retours sur Terre, je ne les prévois pas ! s’énerva le Maoh. Et puis je te signale que c’est toi qui joue à l’homme invisible depuis mon retour ! fit-il remarquer.
— Et je suis sûr que ça t’arrange bien vu que tu n’as pas eu l’air d’apprécier quand je t’ai embrassé, grogna le blond d’une traite tout en relâchent sa prise.
— Wolfram…
— Laisse-moi ! cria l’occupant de la chambre en tournant le dos à son « invité ».
Yuuri ne sut quoi répondre à cela, en même temps Wolfram n’avait pas tout à fait tort. Cependant, depuis il avait réfléchi et avait compris que le blond comptait vraiment beaucoup pour lui. Comment lui dire, là il n’écoutera rien. Wolfram était bien trop en colère et bien trop sensible. Il sortit de la chambre sans se retourner. A quoi bon ? Une fois encore, ils n’avaient pu s’entendre. Une fois encore, ils n’avaient pu se parler.
———
Les jours passaient et la situation entre Yuuri et Wolfram semblait désespérée. Personne ne savait plus quoi faire. Conrad et Cecilia avait tenté de parler, une nouvelle fois, aux deux jeunes hommes. En vain. Gwendal et Gunther, quant à eux, se réjouissaient de la situation car enfin le Maoh se soustrayait à leurs exigences. Néanmoins, ils étaient tout aussi inquiets que les autres. Ce n’est pas que ces événements nuisaient au bon fonctionnement des affaires du royaume mais les personnes vivants au Château s’étaient aperçues d’un malaise entre le Maoh et son fiancé et certains commérages commençaient à s’étendre au sein du Château du Serment et du Sang.
Murata fut mis au courant. Lord Weller pensait qu’il pourrait les aider mais Son Altesse semblait tout autant désemparé que tout le monde. Mais il eut une idée. Laisser Yuuri et Wolfram, seuls. Ici ou sur Terre. D’un commun accord, et pour leur sécurité, il fut convenu de les envoyer sur Terre. Peut-être trouveraient-ils le moyen de communiquer enfin ?
A suivre …..
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