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Gemini, le secret oublié (chap 15 à 24)

Gemini, le secret oublié

Shiroitora-lili

 

Chapitre 15

 

Samedi 28 mai.

 

Les Enfers.

    Dès la fin du combat, deux jours plus tôt, Hadès était rentré dans son Royaume avec ses deux Juges. Il était nécessaire de faire un point avec Minos et Rune, qui géraient les Enfers seuls depuis leur départ.

 

    Eaque avait laissé Mû, la mort dans l’âme. Ayant combattu ensemble, ils savaient l’un et l’autre qu’ils allaient bien mais le Juge aurait aimé scruter de plus près son tendre amant pour s’en assurer. Tous deux acceptaient néanmoins cette situation. Leur devoir passait avant le reste, ils s’étaient mis d’accord sur ce point avant d’aller plus en avant dans leur relation. Mû l’avait regardé partir à la suite de son Dieu. Son coeur s’était serré, mais c’était ainsi. Il était résigné. 

 

    De son côté, Rhadamanthe avait observé Kanon parler avec Saga qui semblait inquiet pour son cadet. Ils n’avaient pas voulu les déranger. Pourtant cela l’aurait rassuré. Tout en le fixant, le Juge se remémora ce qu’il lui avait avoué et surtout les mots de Kanon et son baiser. Ils semblaient être, pour une fois, sur la même longueur d’onde. Dès qu’ils furent tous rentrés au Domaine Sacrée, Hadès avait décidé de retourner aux Enfers. Le blond n’avait pas eu la possibilité d’aller parler à Kanon, et une part de lui l’avait regretté. Il n’eut d’autre choix que suivre son Seigneur. 

 

    La réunion qu’avait demandée Hadès avait été courte. Il s’agissait pour lui, d’informer ses troupes de ce qui s’était passé chez son frère ainsi que de leur ordonner d’être très vigilants. Evidemment, tous les Spectres furent désemparés en entendant une telle nouvelle. Les Dieux étaient décidément cruels avec eux…

 

    Le Seigneur des Enfers décida également de mettre son armée à disposition. Il lui avait demandée de se tenir prête à se rendre d’urgence au Sanctuaire afin de pouvoir l’aider à tenir tête aux Mercenaires d’Héra. Après cette entrevue avec ses Spectres, Hadès fit le point sur son Royaume. Il aimait se tenir informé de ce qu’il s’y passait et cela faisait plusieurs jours qu’il n’était pas rentré. Il s’était donc enfermé dans son bureau pour le plus grand malheur d’Eaque qui ne souhaitait que revoir son doux Bélier, et de Rhadamanthe qui espérait terminer sa conversation avec Kanon. 

 

    L’attente avait été longue pour les deux Juges amoureux, mais le moment était venu de retourner au Sanctuaire. Hadès avait terminé ce qu’il voulait faire et ensemble ils quittèrent leur Royaume pour se rendre en Grèce. 

 

—————

 

Campement des Mercenaires, Grèce, matin.

    Les hommes d’Héra ne se sentaient pas au mieux de leur forme. Le combat qu’ils avaient mené chez Poséidon leur avait démontré que bien qu’étant des Dieux, il était possible qu’ils ne réussissent pas à vaincre les castes d’Athéna, d’Hilda, de Poséidon et d’Hadès d’autant qu’ils combattaient ensemble. 

 

    Galien n’avait pas dormi de la nuit, ni celle d’avant d’ailleurs. Son esprit était rivé sur la blessure qu’avait reçue Galahad. Comment avait-il pu se faire avoir de la sorte ? Le Chevalier du Capricorne n’était pourtant qu’un humain. Si les Chevaliers, Spectres, Marinas et Guerriers d’Asgard coordonnaient mieux leurs attaques, lui et ses hommes seraient dans une très mauvaise posture, malgré la Gemini en leur possession. Il lui fallait des renforts et cela ne le réjouissait pas. 

 

    Konrad était resté avec son amant depuis l’affrontement. Il avait très vite remarqué qu’il était préoccupé. Il l’avait aidé à réfléchir et à prendre sa décision. Konrad sera à ses côtés lorsqu’il demandera à Héra l’autorisation de rentrer sur l’Olympe pour recruter des Mercenaires. Mais avant, il leur faudra prévenir leurs amis. 

 

    — Nous avons besoin de renforts, fit Galien la mine grave. 

    — QUOI ! s’écrièrent Trajan et Dracon.

    — Nous n’en avons jamais eu besoin ! Et je te rappelle que nous sommes des Dieux ! s’énerva Trajan.

    — Oui certes, mais je te rappelle à mon tour que nos pouvoirs ne sont plus ce qu’ils étaient depuis la bride de Zeus. Et nos ennemis ont, à plusieurs reprises, combattu des Dieux bien plus puissants que nous. Alors, je le redis, nous avons besoin d’aide, expliqua fermement le chef de la troupe d’Héra.

    — Je n’en suis pas sûr. La Gemini s’est bien comportée l’autre jour, je suis certain…

 

    Galien coupa la parole à Dracon.

 

    — Ce n’était pas une question ! Il est inutile d’en débattre. J’y ai longuement réfléchi et c’est le mieux à faire. 

    — C’est prouver à notre Déesse notre incapacité à les vaincre, je ne suis pas d’accord ! grogna Trajan. 

    — Peu importe ce que tu penses ! 

 

    Trajan et Dracon pestèrent contre leur chef. Ils ne comprenaient pas pourquoi il avait pris cette décision. Ils avaient toujours mené à bien leurs missions, il en sera de même pour celle là.

 

    Les esprits s’échauffèrent rapidement. Galien et Konrad durent lutter un moment pour calmer leurs amis. Et même s’ils ne comprenaient toujours pas, ils se résignèrent, en fin de compte,  à accepter l’idée. 

 

    Galien prévint sa Déesse de sa décision et lui demanda sa permission pour se rendre sur l’Olympe afin de recruter une cinquantaine de Mercenaires. Elle accepta…

 

—————

 

Sanctuaire d’Athéna, appartements d’Hilda, matin.

    Cela faisait maintenant plusieurs jours que la Prêtresse d’Odin se posait une question. Pourquoi son Dieu lui avait demandé de venir ici et en plus avec sa Robe Sacrée ? Elle n’était pas d’un grand secours pour le moment et se sentait totalement inutile. Elle priait Odin tous les matins, pour lui montrer son allégeance et sa reconnaissance de prendre soin de son peuple alors qu’elle était si loin de lui. Il lui arrivait parfois de le questionner sur la mission qu’il lui avait confiée, malheureusement il ne répondait pas. 

 

    Siegfried lui manquait terriblement et à juste titre, elle savait que c’était réciproque. La vie lui offrait bien des surprises – bonnes ou mauvaises – mais leur destin, à tous, était cruel. Elle repensa à la guerre qu’elle avait menée contre Athéna. Elle y avait perdu ses amis de toujours, et avait fait atrocement souffrir sa soeur. Fréyja avait vu rapidement qu’elle n’était plus la même et elle avait perdu l’amour de sa vie dans cet affrontement. Jamais Hilda ne se pardonnera pour tout le mal qu’elle avait fait en se laissant surprendre par Poséidon et l’anneau des Nibelungen. C’était le passé mais ce passé ne la quitterait jamais. 

 

    Tous les après-midis, elle passait du temps avec Athéna. Ensemble, elles tentaient de trouver l’endroit où se cachaient les Mercenaires d’Héra. Mais en vain. Où qu’ils se trouvaient, Héra devait les protéger de son cosmos mais même Athéna ne pouvait le déceler. 

 

—————

 

Sanctuaire d’Athéna.

    Hadès venait d’arriver sur le territoire de sa nièce accompagné par Rhadamanthe et Eaque. Minos et les Spectres se tenaient prêts à intervenir pour venir en aide au Sanctuaire. Etrangement, les Mercenaires n’avaient pas attaqué et cela inquiétait autant Athéna que ses oncles et Hilda. Le pire était à craindre, ils en étaient convaincus.

 

    A peine, le Seigneur des Enfers avait-il libéré ses deux Juges de leurs obligations qu’ils avaient rejoint ceux qui hantaient leurs pensées. 

 

    Poséidon rejoignit à son tour la surface. Christer et Isaak se trouvaient une fois de plus à sa suite. Hyoga se trouvait non loin du Palais. Il attendait de voir de lui-même si son ami était vraiment en bonne forme. Il s’était franchement inquiété.

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna, temple du Bélier.

    Mû rougit en voyant son amant. Eaque l’observait goulument. Il n’y avait aucune ambiguïté sur ce qu’il voulait. Il s’approcha tel un félin de son beau Bélier, l’enlaça tendrement et lui donna un   doux et langoureux baiser. 

 

    — Tu m’as manqué, mon amour, murmura le Juge.

    — Tu m’as manqué aussi, répondit Mû. 

 

    Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que le Juge ne consente à lâcher le Gold. Ils s’installèrent dans le salon, une tasse de thé à la main. Ils discutaient de l’affrontement, de la peur qu’ils avaient ressentie à la simple pensée de perdre l’autre. Pourtant, ils savaient que leur devoir passerait toujours devant leur amour. 

 

    — Je ne sais pas comment je réagirais si je devais te perdre, dit d’un coup Eaque.

    — Je comprends. Je pense pareil que toi, avoua Mû.

    — Nous avons vraiment une destinée merdique…

    — Ne dis pas ça ! 

    — Nous allons encore risquer nos vies juste parce qu’une Déesse veut se venger.

    — Nous sommes tous alliés. Nos forces jointes peuvent nous procurer la puissance nécessaire pour vaincre Héra et ses Mercenaires. 

    — Sans doute. Mais tu oublies une chose très importante, mon amour. 

 

    Mû écarquilla ses iris sans vraiment comprendre ce que voulait dire son amant. 

 

    — Hormis ces derniers jours, nous n’avons jamais combattu ensemble. Ce que je veux dire c’est que nous n’avons pas de plan, ni même pensé à des attaques conjointes, précisa Eaque.

    — Je vois et tu n’as pas tort. Nous devrions en parler à Shion et prévoir un entraînement commun. 

 

    Mû s’empressa de joindre télépathiquement son ancien maître qui admit qu’Eaque avait raison. 

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna, temple des Gémeaux.

    Saga et Kanon avaient décidé de prendre le petit déjeuner ensemble. Aioros fut délaissé par son amant mais il comprenait que les jumeaux veuillent passer un peu de temps ensemble. Pour une fois l’ambiance était détendue entre les frères bien que Saga ait encore des choses à reprocher à son cadet.

 

    — Quand vas-tu mûrir, Kanon ? demanda Saga.

 

    En posant cette question, le Gémeaux en titre ne souhaitait pas semer la zizanie, Kanon le comprit dans le ton employé par son jumeau.

 

    — Je me suis tenu à l’écart l’autre jour, il me semble. 

    — Oui, mais seulement après que l’attaque ait commencé. 

    — Tu pourrais, toi, te planquer derrière les autres ? 

    — J’ai une armure, la question ne se pose pas. 

 

    Saga admit néanmoins que Kanon avait raison. Jamais, il ne pourrait se servir des autres comme bouclier. 

    

    — Certes, mais reconnais au moins que je vous ai écoutés, fit le cadet en souriant. 

    — C’est vrai. Mais tu ne l’as fait que lorsque Rhadamanthe te l’as demandé, non ? reprit l’aîné presque tendrement.

 

    Kanon releva brusquement son regard vers son jumeau. Il voulut nier, mais à quoi bon. Saga les avait déjà surpris dans une position quelque peu délicate. 

 

    — Je l’admets, répondit-il.

    — Que se passe-t-il entre vous ? l’interrogea Saga.

 

    Le cadet soupira. Il se doutait bien que cette question tomberait un jour. Saga n’était pas stupide et il avait dû sentir un changement chez lui. 

 

    — Il m’attire et c’est réciproque, avoua-t-il difficilement.

    — C’est ce que j’ai cru comprendre, en effet. Où en êtes-vous ?

    — On a couché ensemble, il y a plusieurs jours. Juste une fois, c’est ce qu’on voulait mais depuis des sentiments se sont pointés. Rhad m’a fait une déclaration lors du dernier combat. Je lui ai dit qu’on en reparlerait quand tout sera terminé. 

    — Tu es amoureux, ça se ressent dans la manière dont tu parles de lui. Je te souhaite d’être heureux, Kanon, fit Saga en enlaçant son jumeau.

 

    Le cadet fut surpris de la réaction positive de son frère. Il pensait qu’il n’accepterait pas cette relation, mais Saga semblait au contraire heureux pour lui. 

 

    — Merci mais tu peux me lâcher maintenant ? demanda le cadet.

    

    Saga s’éloigna de son frère mais posa l’une de ses mains sur son épaule, en guise de consentement. C’est à ce moment là qu’ils sentirent le cosmos du premier Juge des Enfers. 

 

    — Je dérange ? intervint le blond.

    — Ouais et salut à toi aussi, répondit Kanon sarcastique.

    — Kanon ! Tu pourrais être plus sympa avec notre invité, fit Saga.

 

    Le clin d’oeil que fit l’aîné passa inaperçu aux  yeux de Rhadamanthe, mais pas pour ceux de Kanon.

 

    — Bonjour Rhadamanthe, fit Saga.

    — Bonjour Saga. 

    — Et moi je pue ? s’énerva Kanon. 

    

    Rhadamanthe s’approcha de Kanon qui semblait ne pas décolérer. Le blond passa l’une de ses mains autour de la taille du Gémeaux tout en rivant ses soleils à ses émeraudes interrogatrices. 

 

    — Bon je vois que je dérange, je vous laisse. De toute façon ‘Ros m’attend, fit remarquer Saga.

 

    Ni le blond ni son cadet ne lui répondirent, bien trop occupés à se fixer. Dans leurs poitrines, résonnaient leurs coeurs. Sur leur peau naissaient des frissons incontrôlables. Plusieurs secondes s’écoulèrent ainsi. D’un coup, tout s’accéléra. Les battements de leurs organes de vie augmentèrent. Les frissons recouvraient de plus en plus leurs corps. Des tremblements les prirent. Les secondes semblaient être des minutes. Ils se collèrent un peu plus, jusqu’à ce que leurs lèvres se rencontrent. Un long et langoureux baiser s’ensuivit. Doux. Passionné. Leurs mains ne pouvaient rester sages. 

 

    — On devrait s’arrêter là, dit difficilement Kanon en repoussant doucement Rhadamanthe.

    

    Le Juge fixa dans l’incompréhension la plus totale.

 

    — Je t’ai dit qu’on reparlerait de ça quand tout sera fini, sourit le Gémeaux tout en lui donnant un baiser aérien. 

    — Oui je sais mais …

    

    Kanon l’empêcha de finir sa phrase. Il ne voulait pas entendre ce qu’il avait à dire. 

 

    — Je pensais que tu serais le plus raisonnable de nous deux, fit remarquer le bleuté.

    — Je le suis, mais j’ai envie de toi, murmura le blond en enlaçant un peu plus son amant.

    — J’en ai envie aussi, mais j’ai pas vraiment la tête à ça. 

    — A cause de l’armure ?

    — Ouais ! 

 

    Rhadamanthe comprenait Kanon. Il lâcha sa prise et s’écarta pour aller prendre place dans l’un des fauteuils du salon. Rester trop près du Gémeaux n’était bon ni pour ses nerfs ni pour sa libido. Le bleuté lui servit un café. Reprenant chacun leurs esprits, ils se mirent à discuter enfin du combat qu’ils avaient essuyé deux jours plus tôt. 

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna, salle de réunion du Palais.

    Shion avait fait part, quelques heures plus tôt, aux Déités et à Hilda de la suggestion d’Eaque et de Mû. Tous les cinq avaient décidé d’organiser une énième réunion afin de discuter de cela tous ensemble et surtout d’écouter le Juge et le Gold sur ce qu’ils avaient déjà soumis au Pope. 

 

    Rapidement après l’annonce télépathique de Shion, la salle de réunion du Palais commença à se remplir. Les différents protagonistes arrivaient plus ou moins en groupe et les castes se mélangeaient de plus en plus. Ce qui n’était pas pour déplaire aux Dieux et à la Prêtresse d’Odin.

 

    Lorsque tous furent arrivés et installés autour de la gigantesque table, Shion leur expliqua pourquoi ils étaient ici. 

 

    — Eaque et Mû ont suggéré un entraînement commun dans le but de pouvoir mieux combattre notre ennemi. C’est une idée intéressante car les Mercenaires d’Héra doivent sans doute penser que nous ne savons pas nous battre les uns avec les autres. Et pour le coup, ils auraient raison ! 

    — Nous avons déjà essuyé un combat contre eux et nous nous en sommes très bien sortis, fit remarquer Shura.

    — Ouais, c’est vrai ! Shura a raison, ajouta Angelo.

    — Nous sommes d’accord avec vous, dit Athéna. Mais pouvoir mettre un plan d’attaque en place en fonction des aptitudes de chacun serait un plus non négligeable.

    — Il ne serait pas un peu tard pour ça ? intervint Kanon. Nous ne savons pas quand ils vont attaquer, ni même où ils se trouvent pour qu’on puisse les surprendre !

 

    Saga donna un coup de coude à son frère pour lui signifier de se taire.

 

    — Tu as raison, Kanon. Mais ce sera toujours mieux que d’attendre sans rien faire. Autant mettre ce temps à profit, intervint Hadès.

    — Dès cet après-midi, vous irez tous faire un entraînement collectif. Tentez de mettre en lien vos attaques respectives, qu'elles soient complémentaires ou similaires. 

 

    Athéna parlait fermement mais son cosmos était rassurant. Tous les présents se résignèrent. En même temps, les Dieux n’avaient pas tort mais comment se coordonner ? Ils prirent tous le temps de discuter sur un plan d’action. La défense et l’attaque. Il avait été convenu que les Dieux et Hilda devaient rester en retrait. Pour le reste, cela ne fut pas simple. Aucun d’eux n’avait l’habitude de combattre à plusieurs, hormis les Bronze. 

 

    Plus d’une heure plus tard, ils étaient tous aux arènes et tentèrent des attaques communes. Durant le reste de la journée, toutes les castes se donnèrent à fond pour réussir cet entraînement. Ce ne fut pas aisé, car quelques tensions se firent ressentir. 

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna, temple du Sagittaire, soirée.

    Après l’entraînement intensif imposé par les Dieux, certains s’étaient décidés à passer ensemble la soirée. Aussi, les jumeaux, Aiolia, Aioros, Marine et Rhadamanthe se retrouvèrent dans le neuvième temple. Le dîner fut préparé par tout le monde dans une ambiance légère et chacun d’eux s’occupait d’une chose.

 

    Aioros et Saga mettaient la table, tandis qu’Aiolia tentait de persuader Marine de manger avec eux à table. Elle voulait manger dans la cuisine, seule. Montrer son visage était déjà très  difficile devant son aimé alors devant les autres, elle n’osait y penser. 

 

    — Je sais que tu es mal à l’aise rien que de penser à ôter ton masque, mais de là à dîner seule… 

    — Je suis désolée, Aiolia, murmura la femme Chevalier. C’est plus fort que moi et ce sera difficile pour moi de laisser tomber ce masque. 

    — Je te comprends, sois-en certaine, mais là nous sommes entre amis et si j’en crois ce que je vois, tous en couple, sourit-il. 

    — Comment ça ? Je suis au courant pour Saga et ton frère, mais tu es sûr qu’il se passe quelque chose entre Kanon et Rhadamanthe ?

    — Oui, totalement certain. Regarde comment Rhad regarde Kanon.

 

    Le couple, qui se trouvait un peu à l’écart des autres, se mit à observer le cadet des Gémeaux et le Juge des Enfers. Marine dut admettre que le Lion avait raison. Il se passait bien quelque chose entre eux.

 

    — Il semblerait que tu aies raison, mais …

 

    Aiolia s’approcha de la belle rousse et l’enlaça. En cet instant, il avait une envie folle de l’embrasser mais l’accessoire que portaient toutes les femmes Chevalier l’en empêchait. Il soupira discrètement mais le Chevalier de l’Aigle s’en rendit compte. Que faire ? Elle voulait faire plaisir à son Lion mais en même temps cela la gênait. 

 

    — Je comprends, fit enfin Aiolia. Dans ce cas, je dînerais avec toi dans la cuisine.

    — Pas question ! 

    — Mais enfin, tu ne vas pas rester seule ! 

 

    Elle avait accepté ce repas entre eux, pensant qu’elle dînerait seule. Elle n’avait pas prévu que le Gold se prive des autres pour elle. S’il était capable d’un tel sacrifice pour elle, ne pouvait-elle pas faire l’effort de retirer ce masque si pesant ? Elle inspira profondément.

 

    — Je ne veux te priver ni de ton frère, ni de tes amis. 

    — Mais je veux aussi être avec toi, fit remarquer tendrement Aiolia toujours en l’enlaçant. 

    — C’est d’accord, chuchota la rousse.

    

    Aiolia s’écarta brusquement d’elle et riva son regard sur le masque qui le regardait. Etonné. Interrogateur.

 

    — C’est d’accord, je dîne avec vous, reprit la femme Chevalier sur le même ton.

 

    Le visage d’Aiolia se para d’un large sourire. Il était heureux et le cria presque en portant la femme qu’il aimait à bout de bras et en tournant sur lui-même. Les autres se retournèrent, surpris. Aioros voyait son cadet content et cela lui fit plaisir. 

 

    — Oï, ’Lia ! T’es obligé d’hurler, cria Kanon pour plaisanter.

    — Je suis juste heureux, alors lâche-moi ! répondit le Lion en lui faisant un clin-d’oeil.

    — Ouais, on voit ! Dis Marine, que lui as-tu dit pour le mettre dans cet état ? demanda le cadet des jumeaux.

    — Juste que j’acceptais de dîner avec vous. Je veux dire, pas seule dans la cuisine.

    — Hein ! Tu voulais manger seule ? Pourquoi ? l’interrogea Kanon.

    — Kanon ! Tu pourrais réfléchir cinq minutes, grogna Saga. 

 

    Le second Gémeaux cessa ce qu’il était en train de faire et observa la rousse. Et il comprit. Son masque.

 

    — Désolé Marine. Ce masque fait tellement partie de vous que je n’y fais plus attention, s’excusa Kanon. 

 

    Saga fut étonné de voir de voir son frère s’excuser. C’était nouveau… 

 

    Rhadamanthe et Aioros n’étaient pas intervenus dans cette conversation. Le Sagittaire se tenait près de son amour. Visiblement leurs frères respectifs semblaient heureux et ça leur donnait du baume au coeur. Quant au Juge, il finissait de faire les desserts sans se préoccuper du reste de la troupe. Néanmoins, souvent son regard se perdait vers Kanon. Pour la première fois de son existence, il voulait montrer qu’il pouvait lui aussi avoir des sentiments pour quelqu’un. Pouvait-il,  cependant, montrer devant tous son amour pour le cadet des Gémeaux ? En fait, il se ravisa. Ce n’était pas dans son caractère d’afficher de la sorte ses sentiments. 

 

    Malheureusement, c’était sans compter sur Kanon qui s’approcha de lui pour regarder par dessus son épaule. Kanon se colla à lui sans vergogne. Le Juge déglutit péniblement. Sentir le Gold ainsi derrière lui, lui donnait l’envie de se retourner pour l’embrasser fougueusement. Mais il se retint. Sans qu’il ne s’y attende, le second Gémeaux l’enlaça et colla davantage son torse contre son dos. Puis, il sentit des lèvres humides se poser presque délicatement sur sa nuque. Des frissons le prirent. Son organe de vie s’emballa. Kanon avait juste oublié qu’ils n’étaient pas seuls. 

 

    — Et bien maintenant c’est officiel…, rit Aiolia.

 

    Le Juge et le Gold se retournèrent vivement. Rhadamanthe était gêné alors que Kanon souriait bêtement. 

 

    — Grillés, en effet ! fit le cadet de Saga en se grattant la tête.

 

    Tous se mirent à rire devant la mine déconfite du Juge d’Hadès, qui ne riait pas d’ailleurs. 

 

    — Ils auraient fini par le savoir de toute façon, lui dit Kanon.

    — Certes …, répondit le blond en se détendant.

 

    Après cet intermède, ils s’installèrent autour de la table. Chacun d’eux se plaça près de son amour. Timidement, Marine ôta son masque. Personne ne fit de remarque afin de ne pas gêner plus la rouquine. La soirée se passa très bien. Ils étaient heureux d’être en compagnie de l’être aimé, et entre amis…

 

 

A suivre … 

 

Gemini, le secret oublié

Shiroitora-lili

 

Chapitre 16

 

Dimanche 29 mai.

 

Sanctuaire d’Athéna, temple des Gémeaux, nuit.

    Kanon tournait et virait dans son lit. Il ne trouvait pas le sommeil. L’intuition qu’il ressentait depuis plusieurs semaines le prenait de nouveau aux tripes. Cette sensation s’était estompée depuis quelques jours mais depuis le milieu de soirée il avait de nouveau un étrange pressentiment. Il fut pris d’un coup de chaud. Il se leva, alla dans la cuisine, et dans le réfrigérateur il prit une bouteille d’eau. Il s’installa dans le canapé et but une bonne rasade d’eau bien fraîche avant de laisser tomber sa tête vers l’arrière, la posant ainsi sur le dossier du canapé. Il fixait le plafond. Il ne se sentait pas bien. Il avait chaud. Froid. Son coeur battait lentement. Puis vite. Sa tête le faisait souffrir mais il n’avait pas le courage d’aller dans la salle de bain. Le médicament qui le soulagerait s’y trouvait. Il soupira.

 

    Rhadamanthe avait entendu son hôte se lever. Il sortit de son lit à son tour pour le rejoindre. Lorsqu’il arriva dans le salon, il vit le bleuté assis dans le canapé, la tête en arrière et l’un de ses avant-bras posé sur ses yeux. 

 

    — Tu n’as pas l’air d’aller bien ? Tu as besoin de quelque chose ? lui demanda le blond. 

    

    Kanon lui fit la liste de ce qu’il ressentait sans oublier son mal de tête. Le Juge alla chercher l’anti-douleur et donna la boîte au malade qui prit sans se faire prier le médicament. 

 

    — C’est la première que je te vois aussi mal, fit remarquer Rhadamanthe.

    — Avant même votre arrivée à tous, je ressentais comme un malaise, un mauvais pressentiment mais à ce point-là, c’est nouveau. 

    — Tu as besoin de te reposer. Demain l’entraînement sera plus intensif que celui d’aujourd’hui. 

    — J’aimerais dormir mais je ne trouve pas le sommeil. Et puis, pas sûr que les Mercenaires nous laissent le temps de nous entraîner…

    — Viens ! fit le Juge en tendant sa main droite vers son Gémeaux.

    — Quoi ?

    — Viens ! répéta-t-il.

 

    Kanon soupira tout en prenant la main tendue et se leva. Rhadamanthe le traîna jusqu’à sa chambre.

 

    — Rhad, je t’ai dit que j’avais pas la tête à ça. Et là vraiment je suis trop mal pour faire des galipettes. 

    — Je ne suis pas aussi insensible qu’il n’y paraît, je te signale ! On va juste dormir ensemble, précisa le blond.

 

    Kanon riva ses orbes à ceux de son vis-à-vis. Rhadamanthe ne mentait pas.

 

    — Très bien, je dors avec toi, souffla le bleuté. 

 

    Les deux hommes se couchèrent. Le Juge cala son amour contre son torse et étrangement, Kanon trouva le sommeil à peine quelques minutes plus tard. Rhadamanthe sourit. Lui aussi se sentait apaisé. Ses yeux se fermèrent peu de temps après. 

 

—————

 

Campement des Mercenaires, nuit.

    Il n’y avait aucun bruit dans le camp. Galien avait pourtant déniché près d'une quinzaine de  Mercenaires plus impitoyables les uns que les autres. Galien était l’un des rares Olympiens à savoir qu’il existait une caste presque oubliée de tous : celle des Demi-Dieux. Ceux-ci ayant de la rancoeur contre l’Olympe et surtout Zeus, leur géniteur, ils furent ravis de pouvoir servir la Déesse Héra. Les Demi-Dieux vivaient comme des reclus dans les plus bas fond du Mont des Dieux – bien plus bas que l’endroit où Galien avait déniché Galahad, Trajan et Dracon –, ils avaient été bannis par leur père depuis des siècles et cette histoire tombait bien. Ils tenaient leur vengeance…

 

    Galien ne savait pas s’il pouvait leur faire confiance, mais il avait besoin de ces renforts. Pour les tours de garde, il avait ordonné que trois Demi-dieux se relayent toutes les trois heures. Pour plus de sûreté, à leur tête il y avait l’un de ses hommes.

 

———

 

    Dans la tente de Dracon, l’armure se mit à scintiller sans raison apparente et de plus en plus fortement. Le Mercenaire dormait du sommeil du juste. Il ne se rendit compte de rien. La Gemini n’émettait aucun son. Personne dans le campement ne s’aperçut de quoi que ce soit. 

 

    Hadrien se battait de toutes ses forces et de toute son âme. Il ne voulait pas que sa découverte de l’armure puisse devenir une menace pour l’humanité. Car même s’il était prisonnier de son corps et que son âme était enfouie au plus profond de son être, il avait pu voir les pensées, les désirs et tous les combats déjà menés par son geôlier. Il put en apprendre beaucoup sur les Chevaliers, les armures et son ancêtre, Kyros. Kyros qui avait, lui aussi, subi l’attaque de Dracon. Héra en voulait à la Déesse Athéna, et elle était prête à tout pour arriver à ses fins. Kyros n’avait rien pu faire, alors que pouvait-il faire, lui, un simple mortel sans cosmos ?

 

    Depuis le fond de sa prison, il tentait de lutter pour que survive une partie de lui, même la plus infime. Il pouvait sentir la présence de tous les malheureux que ce Mercenaire avait emprisonnés. Même celle de Kyros des Gémeaux. Comment le savait-il ? Il l’ignorait, mais il le sentait et ça lui donnait l’envie de se battre pour reprendre possession de son corps et de son âme. Une drôle de sensation s’empara de lui. Il essaya encore d’ouvrir ses yeux, qui en général refusaient de lui obéir, et cette fois il y parvint ! Comment ? Pourquoi ? Il voyait l’armure briller de mille feux, comme le jour où il l’avait découverte, puis perdue. 

 

    Difficilement, il se leva. Il était rouillé, ses articulations semblaient ne pas avoir servies depuis des lustres. Lentement, il s’approcha de la Gemini. Sur le chemin qu’il avait à parcourir pour la rejoindre, il vit un miroir. Il s’arrêta face à cette surface lisse qui lui renvoyait un visage qu’il reconnut difficilement : le sien. Cela faisait plusieurs jours qu’il ne s’était pas vu, ni même sentit bien dans son corps. Il avait souvent l’impression d’être un étranger dans sa propre enveloppe charnelle. Il eut du mal à se reconnaître car ses traits changeaient au profit du Dieu qui s’était emparé de lui dans la grotte de l’armure. Et bien qu’en cet instant, il était maître de lui-même, Hadrien savait qu’il n’était pas encore sauf. Mais tant qu’il y avait un espoir, il devait rester confiant. Sans savoir pourquoi, il avait confiance. Confiance en ces hommes sur-humains que combattaient les Mercenaires. Il laissa de côté le miroir au faux-reflet pour se remettre en route vers l’armure. Il se posta face à elle. L’observa. La détailla. Lui sourit.

 

    — Je ressens ta colère. Ton envie de vengeance. Mais je ne comprends pas pourquoi tu refuses d’obéir à ces hommes, puisque vous semblez vouloir la même chose. 

 

    La Gemini cessa de scintiller. Un peu comme pour signifier à celui qu’elle avait appelé  durant une année qu’elle écoutait. 

 

    — Je sais que tu sais que c’est moi, Hadrien, qui te parle. Je suis le descendant de Kyros des Gémeaux. Ton porteur, si j’ai bien compris. M’as-tu appelé pour te venger ? lui demanda Hadrien.

 

    Evidemment, il ne reçut aucune réponse. 

 

    — La génération d’aujourd’hui n’avait aucune connaissance à ton sujet. Tous ignoraient ton existence et celle de mon aïeul. Comment leur en vouloir pour des faits qui ont eu lieu il y a si longtemps ? Je ne me suis pas mis à ta recherche pour qu’une guerre éclate. Je t’ai cherchée parce que j’ai pensé que c’était mon devoir de le faire. J’ai vu comment tu retenais ta puissance lorsque tu affrontais ta jumelle, ou encore celui dont je pense qu’il devrait être ton porteur aujourd’hui. Tu voulais les protéger, alors pourquoi vouloir te venger ? 

 

    L’armure se remit à briller mais d’une façon différente. Les tons étaient plus dorés que rouge-orangé. Elle semblait s’apaiser, réfléchir même. 

 

    — Je ne vais pas pouvoir rester encore très longtemps, je sens que Dracon se réveille. Aide-moi, je ne veux pas mourir. Si je ne fais rien, d’ici un jour ou deux je sais que je n’existerais plus… Je dois être complètement dingue pour parler à une armure, ironisa-t-il avant d’aller s’allonger sur le lit de camp. 

 

    Il ferma ses yeux, puis plus rien…

 

    A l’extérieur de la tente, personne ne soupçonna quoique ce soit. La relève prenait son tour de garde alors que les autres dormaient profondément, tout comme Dracon. Dans le fond de l’habitation de fortune, l’armure d’or avait cessé de scintiller. 

 

—————

 

Sanctuaire Sous-Marin, demeure du Général de Scylla, matin.

    — Shun ? 

    — Je suis désolé, Io. Mais cette fois, je dois vraiment partir. Hier, Athéna a été généreuse mais je sais qu’ils ont besoin de moi. Mon frère m’a fait savoir qu’ils avaient fait un entraînement en commun avec tout le monde et ils recommencent aujourd’hui. Je dois vraiment y aller. 

 

    Le Chevalier Andromède était vraiment déçu de quitter ainsi son amour, mais il n’avait pas le choix et Io le comprenait, même s’il essayait de glaner du temps avec lui. Ils s’étaient déclarés deux jours plus tôt et ne s’étaient pas quittés depuis. Le Marina étant blessé, ils n’avaient pu consommer leur amour naissant. Mais, ils avaient le temps pour cela, du moins c’est ce qu’ils espéraient en secret afin de ne pas s’inquiéter mutuellement.

 

    — Je comprends. Je ne te retiendrais pas. Mais dommage que je sois obligé de rester ici pour assurer la défense du royaume, fit-il dépité.

    — On se revoit bientôt. 

 

    Alors que Shun allait quitter la demeure, le Général de Scylla le retint par le bras et l’attira à lui. Il ne pouvait le laisser partir sans lui prouver son amour. Il l’embrassa passionnément durant de longues minutes. Les coeurs chaviraient. Les corps tremblaient. La peur s’empara d’eux, mais c’était là leur destin et leur devoir. Shun retourna au Sanctuaire Terrestre alors que Io, qui se sentait mieux physiquement, alla au Palais pour prendre ses ordres auprès de Sorrente. 

 

—————

 

Sanctuaire d’Athéna, fin de matinée.

    Poséidon était revenu au Sanctuaire de sa nièce la veille dans l’après midi. Isaak et Christer avaient pu participer à l’entraînement collectif et ils se préparaient pour celui du jour. 

 

    Les Déités et Hilda avaient passé un long moment à discuter la veille alors que Shion participait comme tous les Chevaliers à cet exercice commun. 

 

    Depuis son retour, Isaak avait passé du temps avec Camus et Milo mais Hyôga semblait ne pas vouloir se montrer. Enfin, il l’avait vu lors de l’entraînement mais il l’avait perdu de vue juste après. Le Kraken avait supposé qu’il avait passé la soirée avec les autres Bronze. Camus s’était rendu compte que quelque chose tracassait son ancien disciple et lui rappela qu’il pouvait lui parler s’il en éprouvait le besoin. Isaak l’avait remercié mais rien de plus n’était sorti de sa bouche. Bien que Milo ne soit qu’un gamin attardé pour certains, tout comme Kanon d’ailleurs, il avait aussi bien et vite compris ce qui tourmentait le Général de Poséidon. Le Verseau et le Scorpion tentèrent, discrètement, de convaincre le jeune homme d’aller parler avec le Cygne. 

 

    C’est pourquoi Isaak se trouvait devant la porte de la maison des Bronze, hésitant à frapper à la porte. Il entendit un bruit provenant de l’intérieur, il sursauta et voulut se cacher mais son cosmos l’avait déjà trahi. Le panneau de bois s’ouvrit. 

 

    — Ha Isaak ! Comment vas-tu ? lui demanda Seiya jovial.

    — Bien merci, et toi ?

    — Ca va ! Tu voulais quelque chose ?

    — Heu ! Oui… Hyôga, enfin s’il est là.

 

    Seiya lui expliqua que le Cygne était parti tôt le matin pour courir mais qu’il ne l’avait pas encore revu. Toutefois, il précisa qu’il passerait par ici avant de se rendre à l’entraînement commun. Le Kraken remercia le Bronze qui prit la tangente. Isaak le regarda s’éloigner, stupéfait par la rapidité avec laquelle il était parti. Le Général de Poséidon se demanda un long moment s’il devait attendre ou pas son ami d’enfance. 

 

    Alors qu’il n’avait pas terminé sa réflexion, il vit arriver l’être de ses songes. Les amis s’entre-regardèrent sans un mot. Plusieurs secondes s’écoulèrent ainsi, puis Hyôga lança la conversation.

 

    — Tu t’es perdu ? demanda ironiquement le blond.

    — Non, je voulais te voir.

 

    Devant l’air interrogateur de son vis-à-vis, Isaak perdit ses mots et déglutit difficilement. Hyôga avança jusqu’à la porte de la maison et lui proposa d’entrer boire un verre. Le Kraken était indécis bien qu’il soit là de son propre chef. Cependant en cet instant, il se demanda si cela était une bonne idée. Le blond attendait une réponse.

 

    — Ok, fit le Marina au bout d’un moment. 

 

    Sans un mot, Hyôga l’invita à entrer. Le Kraken le détailla sous toutes les coutures. Le Bronze transpirait. Des perles d’eau salée le recouvraient presque entièrement. Son t-shirt lui collait à la peau laissant apparaître sa musculature saillante. Isaak s’imaginait un tas de choses, comme par exemple le goût ou la douceur de sa peau. Il se rabroua mentalement lorsqu’il vit le Bronze se tourner vers lui et lui demander ce qu’il voulait boire. 

 

    — Un café, si tu as, demanda difficilement le Marina.

    — Installe-toi, je reviens, répondit le blond.

 

    Le Marina resta debout. Il préférait. Il soupira. Comment aborder la conversation pour l’orienter sur ce qu’il ressentait pour Hyôga ? 

 

    — Ce n’est pas une bonne idée, murmura Isaak pour lui-même.

 

    Le Bronze sortit de la cuisine peu après. Il tenait deux tasses fumantes et en tendit une à son invité surprise. 

 

    — Tu ne veux pas t’asseoir ? lui demanda Hyôga. 

    — Non ! Ca va merci.

    

    Pour Hyôga non plus ce n’était pas facile de voir son ami d’enfance ici, à l’improviste de surcroît. Dans la cuisine, il avait réussi à reprendre le contrôle de ses émotions et de son corps. Il pensait de plus en plus à Isaak. Mais pas comme il pensait à son maître, à Milo ou même à tous les autres. Chaque fois que son esprit divaguait, c’était immanquablement vers le Marina. Son organe de vie battait toujours plus rapidement en sa présence, et sa respiration se bloquait. Lorsqu’il ne le voyait pas, il se languissait de le voir. Lorsqu’ils étaient ensemble, Hyôga se cachait derrière de l’agressivité pour masquer sa gêne et bien souvent, Isaak ne comprenait pas pourquoi leurs conversations se terminaient souvent en joute verbale. 

 

    Le blond se vautra dans l’un des fauteuils du salon. Il était placé de façon à voir son ami. Isaak l’observa tout en se confirmant que sa venue n’était pas la meilleure idée qu’il ait eue.  

 

    — Pourquoi voulais-tu me voir ? demanda enfin le Bronze.

    

    Oui ! Pourquoi était-il là ? Isaak ne se sentait plus aussi fort que cela. Voir Hyôga affalé, ne montrant aucune envie d’être avec lui ôta au Marina le désir de se déclarer. Qu’est-ce que cela lui apporterait au fond ? Rien sans doute…

 

    — En fait, je ne t’ai pas vu hier et je voulais savoir comment tu allais, esquiva le Général de Poséidon.

 

    Le Chevalier fut déçu d’entendre cela. Enfin, il était heureux que son ami prenne des nouvelles, mais il espérait ne pas à avoir à faire le premier pas vers lui. Isaak, tout comme lui, montrait difficilement ses sentiments alors se déclarer n’était pas chose aisée. Si l’autre pouvait le faire, ce serait mieux. Mais encore fallait-il que « l’autre » ait les mêmes sentiments… 

 

    — Et bien, comme tu peux le voir, tout va bien ! grogna le blond.

    — T’es obligé d’être désagréable ? Je savais que ce n’était pas une bonne idée de venir, fit le Kraken.

    — Je te retiens pas !

 

    L’ambiance se dégradait entre eux. Pourtant depuis leur retour à la vie, et même si parfois ils se chamaillaient plus ou moins fortement, ils s’entendaient plutôt bien. Pourtant depuis quelques jours, leur amitié s’effritait sans qu’ils ne sachent vraiment pourquoi.

 

    — Très bien, soupira Isaak. 

 

    Il posa la tasse sur la table qui se trouvait non loin de lui.

 

    — Quand tu en auras marre de faire la gueule, on pourra peut-être avoir une vraie conversation entre amis !

 

    Et le Marina quitta la maison des Bronze, déçu de n’avoir pu une fois encore dévoiler son amour à Hyôga. 

 

    Le Bronze se redressa dans le fauteuil et regarda son amour partir, sans se retourner. Il s’en voulut de se cacher autant derrière la colère mais il n’arrivait pas à cerner Isaak et avait peur de perdre son amitié. Cependant, il dut admettre que son comportement pourrait en avoir raison tout autant. Son coeur se déchira. S’il continuait ainsi, il serait perdant à tous points de vue. De plus, l’entraînement en commun pourrait se révéler important pour le combat final qui les attendait. Ils devaient tous s’entendre et des tensions au sein d’un groupe ne pouvaient malheureusement mener qu’à sa perte. 

 

    De son côté le Kraken s’éloignait doucement de la maison des Bronze. La Tête baissée, les poings dans ses poches, il soupirait à rythme régulier. 

 

    — ISAAK ! entendit-il.

 

    Le Kraken se retourna et vit Hyôga sur le seuil de la porte de sa maison. Il ne dit rien. Un long moment ils s’observèrent. Aucun d’eux ne semblait vouloir décrocher son regard de l’autre. Et puis, le blond s’approcha de lui. Tête baissée.

 

    — Je ne sais pas pourquoi j’agis toujours comme ça avec toi, mentit-il. Je…je suis désolé, finit-il par dire.

 

    Isaak soupira et lui sourit. 

 

    — Je ne sais pas non plus, mais c’est idiot. Ce n’est pas le moment de se chamailler, fit-il remarquer. 

    — Tu as raison.

 

    Une certaine gêne s’initia en Hyôga. Bien sûr qu’il connaissait la raison de son agressivité, mais comment gérer cela ? 

 

    — Qu’est-ce que tu as, tu es tout rouge ? demanda soudainement Isaak.

    — Je… je ne sais pas. Un coup de chaud, sans doute ! tenta d’expliquer le blond.

 

    Etrangement, le Marina ne le crut pas. Y avait-il un espoir pour eux ? Il se permit de croire un instant que Hyôga était peut-être épris de lui, mais rapidement il redescendit sur Terre.

 

    — Entraînons-nous ensemble tout à l’heure, comme au bon vieux temps ? demanda Isaak.

    — Ok, dit tout en souriant enfin le fier Chevalier du Cygne.

 

—————

 

Olympe.

    Galien et Konrad se trouvaient sur l’Olympe afin de recruter des Demi-Dieux. Galien n’aimait pas cette idée, tout comme ses hommes, mais il n’avait pas le choix. Lui et son amant s’étaient promis de ne rien dire aux autres. Galien avait pris cette décision à contre-coeur mais en tant que chef, il se devait de prendre les meilleurs décisions possibles pour assurer la victoire à leur Déesse. 

 

    Les hommes d’Héra se trouvaient dans les très mauvais quartiers du Mont des Dieux. L’Olympe ressemblait à une ville, une grosse ville. Un très luxueux quartier était réservé aux Dieux et Déesses les plus puissants. Les bâtiments étaient d’un blanc éclatant ornés de piliers dignes des plus beaux palais de la Grèce Antique. Dans les espaces de verdures poussaient fleurs multicolores, arbres de toutes familles confondues d’un vert vif, pelouses magnifiques. Toute la végétation semblait figée dans le temps. Les fleurs ne fanaient jamais. Les arbres gardaient leurs couleurs et leurs feuilles. Les pelouses ne poussaient pas, n’avaient jamais de mauvaises herbes et leurs couleurs ne changeaient pas. 

 

    Dans cet environnement, pouvaient gambader une infinité d’animaux qui, pour la plupart, n’existaient plus sur Terre. Personne ne les chassait ici. Des dalles blanches montraient le chemin des promenades. Des statues sculptées par des artistes de l’Antiquité Grecque décoraient les allées immaculées. Il ne pleuvait jamais, pourtant la faune et la flore ne manquaient pas d’eau. 

 

    Au milieu de tout cela, trônait le Palais de Zeus. Le plus haut, le plus imposant, le plus étincelant. Autour de cette gigantesque bâtisse se dessinaient les demeures des autres Déités. Elles étaient reconnaissables car sur le haut du mur de la façade on pouvait lire, en grec ancien, le nom de l’occupant. 

 

    Le temps n’avait pas cours ici. Chronos maintenait le temps figé afin que l’Olympe garde toujours cet aspect angélique.

 

C’était le Paradis. 

 

    Cependant comme tout Paradis, le revers de le médaille n’était pas loin. Les bas quartiers se trouvaient assez loin de ce décor presque trop utopique. Ils ne devaient pas entacher la réputation du Mont des Dieux. 

 

    Les constructions étaient moins valorisantes, moins éclatantes, moins volumineuses. Les couleurs étaient plus fades, plus froides, plus foncées. Il y avait peu d’animaux qui osaient s’aventurer ici, de peur d’être chassés et dévorés. La végétation se faisait plus rare également. Les Dieux qui vivaient là n’y étaient pas par choix mais par la volonté de Zeus, le Dieu des Dieux. Des tavernes avaient ouvert. Des beuveries, des bagarres s’y déroulaient à toutes heures. Rien de glamour dans cet endroit caché. C’est là que vivaient ceux que Zeus ne pouvait bannir, affaiblis et oubliés. Héra était la bienfaitrice de nombreux d’entre eux. C’est ainsi que Galien et les autres s’étaient mis à son service. Evidemment, son époux ignorait tout cela. Il aurait été contre. 

 

    Les Mercenaires s’étaient, bien entendu, rendus dans ce ghetto afin de réunir une troupe suffisamment importante pour s’assurer la victoire contre Athéna et ses oncles. Cela ne sera pas aussi aisé que cela, car et bien que de nombreux Demi-Dieux serviraient Héra sans problème, beaucoup d’entre eux n’étaient pas fiables aux yeux de Galien. Il était méfiant, et vu l’endroit où il était, il avait raison. Incognito avec Konrad, il cherchait les hommes dont il avait besoin. 

 

—————

 

Sanctuaire d’Athéna, journée.

    L’entraînement avait monopolisé les troupes durant tout l’après-midi. Toutes les castes commençaient maintenant à s’entendre au combat et cela se ressentait dans la qualité de leurs attaques. Il ne régnait plus de tension. Ils se battaient tous pour la même cause et cela les rapprochait. 

 

    Evidemment, certains tentaient de se rapprocher de leur amour mais ils ne perdaient pas de vue le combat qui se profilait devant eux. C’était juste un moyen pour eux de passer du temps avec l’être aimé, plus ou moins discrètement. 

 

    Ils avaient tous convenu de revenir aux arènes le lendemain afin de continuer ces exercices, pour être les plus prêts possible pour l’affrontement avec les Mercenaires.

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna, soirée.

    Tout le remue ménage qu’avait fait l’entraînement commun avait fait peur à Shunreï. Elle s’était enfermée dans la maison des femmes Chevaliers tout l’après-midi. Alors que le bruit s’était calmé dans la soirée, la jeune femme décida de sortir un peu. Elle marchait sans but au sein du Domaine Sacré, seule avec ses pensées. 

 

    Elle se trouva un endroit, un rocher, pour s’asseoir. Elle contemplait les vieilles ruines du Sanctuaire. Celles qui dataient de plusieurs milliers d’années. Elle se demandait quand se termineraient ces guerres stupides entre les Dieux…

 

    Non loin d’elle, sans le savoir, Pandore était à sa recherche. Un garde avait vu la Chinoise et indiqua l’endroit à l’Allemande qui lui avait demandé s’il avait vu la jeune femme. Un moment plus tard et dans la direction indiquée par le garde, la soeur d’Hadès vit une silhouette élancée assise sur un rocher un peu plus loin. Elle se sentit soulagée de l’avoir enfin trouvée. Elle savait que Shunreï n’aimait pas la guerre et s’était doutée que les exercices du jour l’avait perturbée. 

 

    — Je te trouve enfin, Shunreï, fit la jeune femme doucement pour ne pas surprendre son amour. 

    — Pandore ! répondit la Chinoise. Que fais-tu là ?

    — Je te cherchais. Je voulais savoir comment tu allais, sourit l’Allemande.

    — Je vais bien merci.

    — Je peux ? demanda Pandore en montrant qu’elle souhaitait s’installer près d’elle.

    

    Shunreï acquiesça silencieusement. Cela faisait maintenant plusieurs jours que les deux jeunes femmes se considéraient comme des amies. Elles passaient beaucoup de temps ensemble et elles s’habituaient l’une à l’autre, pourtant aucune d’elles n’avait trouvé le courage de se déclarer. 

 

    Ce soir, le silence s’était invité. Mais ce n’était ni un silence pesant ni un silence gênant. Juste un moment de tranquillité. 

 

    Pandore se redressa tout en posant ses mains sur le rocher, vers l’arrière pour s’appuyer sur ses poignets. Elle releva la tête vers les étoiles. 

 

    — C’est tellement beau, dit-elle, mais pas autant que… 

 

    Pandore stoppa juste à temps. Ses mots venaient de dépasser ses pensées. Elle rougit mais dans la nuit, Shunreï ne s’aperçut de rien. 

 

    — Pas autant que quoi ? demanda la chinoise.

 

    Pandore chercha quoi répondre mais rien ne lui vint. Son amie l’observait intensément. Elle attendait une réponse.

 

    — Pas autant que toi, souffla Pandore en posant sa main sur celle de Shunreï.

 

    La Chinoise écarquilla ses orbes et les riva à ceux de celle qui hantait ses pensées depuis des mois. Elle sentait la main de Pandore sur la sienne, comme l’autre soir. Elle avait la peau si douce, si fraîche qu’elle en eut des frissons. Son organe de vie s’emballa comme jamais dans sa poitrine. Plus aucun son ne voulait sortir de sa bouche. 

 

    Pandore ne se sentait pas mieux à vrai dire. Elle avait osé ! Mais Shunreï ne disait rien. Ne faisait rien, hormis la fixer. Elle avait peur. Peur de s’être trompée sur les sentiments qu’elle pensait avoir décelé chez son amie. Peur de la perdre. Mais à présent il était trop tard pour reculer, alors Pandore opta pour la franchise. 

    

    — Shunreï… je … je…

 

    Mais il n’était pas aisé d’avouer ce genre de choses. L’Allemande prit une profonde inspiration, toujours fixée par la Chinoise qui semblait ni pouvoir parler, ni même bouger.

 

    — Je suis amoureuse de toi, Shunreï, dit-elle en une seule traite pour être sûre d’aller au bout de sa déclaration. 

 

    Ladite Shunreï ouvrit plus grand encore ses yeux. Ses pommettes se teintèrent d’un rouge écarlate qui fit fondre Pandore. Sans même avoir dit quoique ce soit, Shunreï avait répondu. L’Allemande fut soulagée. Elle sourit tout en prenant plus fermement la main de son aimée dans la sienne. Leurs doigts s’entrelacèrent. Toutes deux sentirent une myriade d’émotions s’emparer de leurs corps. Le temps semblait s’être arrêté. 

 

    Pandore continua dans sa lancée et s’approcha de la femme de sa vie pour effleurer avec ses doigts son visage. Doucement. Lentement. Jusqu’au moment où leurs lèvres se scellèrent pour la première fois. Elles avaient imaginé ce moment à maintes reprises. Pourtant ce qu’elles ressentaient en cet instant était bien plus fort et bien plus enivrant. Aucune d’elles n’arrivait à analyser les sentiments qui jaillissaient en elle. Elles se laissaient porter. Peu à peu, leurs lèvres se desserraient. Peu à peu le baiser aérien se transforma en baiser passionnel, langoureux. Seul le manque d’air, les fit s’éloigner un peu l’une de l’autre. Leurs respirations étaient haletantes et tout leur corps tremblait.

 

    — S’il te plait, dis quelque chose, implora presque Pandore. 

    — Pardon, fit Shunreï en posant ses doigts tremblants sur ses lèvres.

 

    L’Allemande l’enlaça précieusement. 

 

    — Je ne voulais pas de choquer, juste de dire à quel point tu comptes pour moi. Ca fait des mois que j’essaye de te parler, mais je n’osais pas. J’espère simplement que si tu ne partages pas mes sentiments, que tu ne rejetteras pas notre amitié, murmura Pandore.

    — Je… je…

 

    Shunreï ne trouvait pas ses mots, pourtant elle devait dire quelque chose pour rassurer celle qu’elle aimait. 

 

    — Je suis… amoureuse…

 

    Le coeur de Pandore se serra comme jamais alors qu’elle resserrait son étreinte. 

 

    — Je suis amoureuse de toi, réussit enfin à avouer la Chinoise rouge de honte. 

 

    Cette fois l’organe de vie de l’Allemande cessa de battre. Elle s’écarta un peu de son aimée, accrocha son regard au sien. Son visage s’était illuminé alors que celui de Shunreï était toujours pourpre et lui donnait un air sensuel qui mettait à rude épreuve sa libido. 

 

    Leurs lèvres se rapprochèrent une nouvelle fois. Ce baiser était moins mécanique, moins hésitant que le premier. Les deux jeunes femmes se laissaient totalement aller et laissaient parler leurs émotions. Elles étaient heureuses. Ne restait plus qu’à construire doucement leur vie commune. 

 

 

A suivre…

Gemini, le secret oublié

Shiroitora-lili

 

Chapitre 17

                Partie 1

 

Lundi 30 mai.

 

Sanctuaire d’Athéna, temple de la Balance, matin.

    Le réveil se fit tendre entre Shiryu et Fenrir. Depuis qu’ils avaient goûté à l’amour, ils se laissaient aller à la luxure. Comme cette nuit. Comme ce matin. Ils étaient conscients que le combat final arriverait tôt ou tard mais ils ne voulaient surtout pas regretter quoi que ce soit. Ils s’aimaient et voulaient s’aimer pour le temps qu’il leur restait. 

 

    Fenrir ne s’était jamais senti aussi bien avec un être humain. Shiryu lui redonnait foi en l’Humanité. Mais ses loups seraient toujours plus importants que la race humaine, Shiryu excepté. Pour l’une des premières fois, il ne se battrait pas uniquement pour lui et sa famille adoptive mais aussi pour son amour et … les autres. 

 

    L’Asgardien effleurait la peau de Shiryu. Il pouvait presque compter les cicatrices que le Bronze avait accumulées lors de ses différents combats. Preuve qu’il était un guerrier accompli. Ses doigts se perdaient maintenant dans la longue chevelure de jais de l’homme qui se collait à lui. Ils ressentaient toujours autant d’émotions, voire même parfois plus que le jour où ils s’étaient déclarés. Le cap qu’ils avaient franchi, il y avait quelques jours, les avait rapprochés et leur union charnelle avait consolidé leur amour. 

 

    Alors que Fenrir allait embrasser son amant, un cosmos se fit ressentir. Dohko.

 

    — Alors les jeunes ! s’écria-t-il enjoué. Encore au lit ?

 

    Fenrir et Shiryu se dépêchèrent de se lever pour aller accueillir leur invité.

 

    — Ha vous voilà ! Je n’ai rien interrompu j’espère, demanda-t-il en leur faisant un clin d’oeil. 

    — Maître, comment allez-vous ? fit Shiryu pour détourner l’attention de Dohko. 

    — Dohko. C’est comme ça que je m’appelle, sourit-il. Je vais bien. Et toi tu as l’air d’être en pleine forme. C’est beau l’amour. 

    

    Le Dragon rougit tout en rivant son regard à celui de Fenrir qui n’avait encore rien dit. 

 

    — Bonjour Dohko, fit-il enfin. 

    — Bonjour Fenrir. Je vois que mon ancien disciple est heureux. Je suis ravi pour vous. 

    — Merci, répondirent les deux jeunes hommes.

    — Mais où est ton ami loup, s’inquiéta la Balance.

    — Il a dû sortir faire un tour. Il est comme moi, il n’aime pas trop les habitations en dur. Mais je crois que je les aime de plus en plus. 

 

    Le Gold rit de bon coeur. Malgré le combat imminent, les jeunes gardaient une place pour l’amour et il savait que c’était une bonne chose. 

 

    — Pourquoi êtes-vous là si tôt ? l’interrogea Shiryu.

    — Je voulais prendre le petit déj avec vous. Enfin, nous… Shion arrive.

    

    Le Bronze était heureux. Depuis le début de cette histoire, il n’avait pas pu passer beaucoup de temps avec son ancien maître. Ensemble et en attendant l’arrivée du Pope, ils préparèrent le petit déjeuner. Fenrir se lança dans les brioches et les deux autres firent le café, mirent la table…

 

    Shion arriva presque trente minutes plus tard. Ses fonctions l’avaient contraint à s’entretenir avec leur Déesse. Tous les quatre s’installèrent à table et petit-déjeunèrent tout en discutant de la relation naissante entre Fenrir et Shiryu mais aussi du devoir qu’ils allaient sans doute prochainement accomplir et qu’ils devraient tous s’attendre à essuyer des pertes. Cela plomba l’ambiance mais les aînés se devaient de dire aux plus jeunes que rien n’était éternel et que le pire pourrait arriver, leur arriver…

 

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Sanctuaire d’Athéna, quartier des femmes Chevaliers, matin. 

    Pandore et Shunreï ne s’étaient pas quittées de la nuit. Après s’être déclarées, elles n’avaient pu se résoudre à rester seules. Elles étaient restées dans la chambre qu’occupait la Chinoise. La demeure était calme. Marine passait désormais presque toutes les nuits au cinquième temple, Seïka ne se montrait plus beaucoup non plus ; elle aimait prendre soin de son amant massif. Il ne restait plus que Shaïna. Elle faisait néanmoins plus de tours de garde que les autres, elle prenait volontiers leur quart car elle comprenait que ceux qui avaient la chance d’être en couple voulaient profiter un maximum. Elle, elle était seule car celui qu’elle aimait ne s’intéressait pas à elle. Elle en souffrait, bien sûr, mais elle s’était faite une raison ; même si secrètement, elle espérait toujours. 

 

    Cette nuit, Shaïna avait entendu ses amies parler dehors. Elle s’était alors approchée pour discuter avec elles mais elle comprit vite qu’elle n’avait pas sa place dans la discussion. Elle les avait observées un moment, et les avait vues s’embrasser. Elle fut heureuse pour elles. Le Chevalier du Serpentaire les laissa et ne rentra pas de la nuit pour ne pas les déranger. 

 

    Pandore et Shunreï avaient donc passé la nuit seules, à parler. Parler d’elles. Parler de leur amour. Parler des événements qui mettaient tous les Sanctuaires à cran. Parler de leur futur, si tant est qu’il y ait un futur. 

 

    Souvent la Chinoise fut gênée par les mots de l’Allemande ou par ses gestes. Pandore s’était enhardie tout au long de leur conversation. Les baisers qu’elle donnait à son amour étaient de plus en plus passionnés. Ses caresses étaient de plus en plus précises. Une multitude d’émotions les avaient suivies tout au long de cette nuit. Shunreï s’empourprait régulièrement pour la plus grande joie de Pandore qui la trouvait de plus en plus sexy à mesure que son visage changeait de couleur.

 

    Le soleil était levé depuis un moment. Les deux jeunes femmes avaient pris le petit déjeuner, cette collation leur fit du bien. Parfois encore un peu intimidée, Pandore espérait bien plus que de tendres caresses sages, mais Shunreï était une femme très réservée et elle avait peur de l’effrayer en voulant aller trop vite. 

 

    Après cette nuit blanche, Pandore voulut prendre une douche afin de détendre ses muscles.

 

    — Shunreï ? 

    — Oui…

    — Puis-je prendre une douche ? demanda-t-elle.

    — Mais oui bien sûr, sourit la Chinoise. Tu es chez toi, ici.

    — Oui c’est vrai. Mais en revanche je ne sais pas où sont les serviettes, dit Pandore.

    — Il y en a dans le placard qui se trouve derrière la porte.

    — Merci mon coeur, dit machinalement Pandore. 

 

    La Chinoise rougit instantanément. 

    

    — Pardon, je n’ai pas réfléchi, s’excusa l’Allemande.

    — Ce n’est rien. J’ai pas l’habitude, c’est tout, murmura Shunreï. 

 

    Pandore enlaça la femme qui la faisait vibrer et s’excusa de nouveau avant d’aller dans la salle de bain. Elle se retourna vers Shunreï.

 

    — N’as-tu pas envie de te rafraîchir également ? lui demanda-t-elle.

    — Si… J’irai après toi, répondit timidement l’intéressée. 

    — Tu peux aussi venir avec moi, ajouta tendrement la soeur d’Hadès. 

 

    Une fois encore, la cadette se para d’une jolie teinte pourpre qui fit sourire l’aînée. Shunreï répondit négativement simplement en tournant la tête de gauche à droite. Pandore en fut attristée mais elle comprenait aussi. La timidité de sa petite-amie faisait partie de son charme. Elle patientera…

 

    Elle pénétra dans la salle de bain mais refusa de verrouiller la porte. Sait-on jamais ! Elle fit couler l’eau puis se déshabilla avant de se glisser sous le jet. Elle se délassa. L’eau s’infiltrait dans sa longue chevelure de jais puis s’écoulait le long de ses courbes fines et élancées. Cette douche lui faisait un bien fou. Depuis la veille, elle avait reçu tant d’émotions et donné tant de sentiments que son corps s’était crispé à de nombreuses reprises. Elle laissait son esprit s’égarer sur les lignes délicates de sa petite-amie. Elle avait eu un aperçu de la douceur de sa peau mais elle rêvait de plus. Bien plus…

 

    Alors qu’elle attrapait le shampooing, un bruit attira son attention. Elle se retourna. Son regard accrocha des iris noirs. 

 

    — Shunreï ? ! bégaya presque Pandore.

 

    Mais la Chinoise, intimidée par son audace, ne put répondre. D’autant que devant elle, celle qu’elle aimait se trouvait sous un jet d’eau chaude, et nue. Son coeur palpitait. Son corps frissonnait et s’échauffait. Sous la douche, Pandore ne bougeait plus. Elle n’aurait jamais pensé que la prude Shunreï oserait ainsi venir la rejoindre. Elle dut reprendre son souffle. Plusieurs fois. Puis l’invita à partager la douche. Presque apeurée par la situation, la Chinoise ôta lentement ses habits. Elle tenta même de cacher ses formes comme elle pouvait avec ses mains, ses bras.

 

    Pandore sentit son corps se dérober. Sa gorge s’assécha. Par tous les Dieux, qu’elle est belle, se dit-elle. Shunreï s’approcha lentement et doucement pénétra dans la douche. L’Allemande l’accueillit chaleureusement par un tendre baiser langoureux à souhait. Cette étreinte laissa pantoise les deux jeunes femmes. Peau contre peau. Lèvres contre lèvres. Seule l’eau qui ruisselait assistait à ce tendre moment. 

 

    Le corps frémissant des deux jeunes femmes eut raison de la tolérance de Pandore. Elle mit en mouvement ses mains sur la peau claire de sa future amante. Shunreï se raidit. Etre touchée de la sorte était nouveau pour elle. L’Allemande cessa une seconde ses caresses et rassura sa petite-amie avec de petits baisers qu’elle lui donna dans le cou. La Chinoise se détendit, juste un peu mais suffisamment pour que Pandore reprenne son effleurement, qu’elle fit de plus en plus précis. Hormis l’eau qui s’écoulait, seuls quelques gémissements se faisaient entendre. Les deux jeunes femmes restèrent un long moment dans la salle de bain à découvrir leurs corps et à s’aimer. 

 

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Campement des Mercenaires, Grèce, matin.

    Galien et Konrad étaient arrivés tôt le matin avec une quinzaine d’hommes fiables, prêts à se battre pour leur bienfaitrice, la Déesse Héra. Galien briefa sa troupe. Ses nouveaux hommes étaient gonflés à bloc et déterminés. De cette manière, ils pouvaient atteindre et blesser fortement celui qui les avait relégués au rang de « Sous-Dieux ». Ils jubilaient…

 

    Trajan et les autres n’étaient toujours pas convaincus par la décision de leur chef. Ils étaient persuadés qu’ils n’avaient pas besoin d’aide pour battre de vulgaires êtres humains, même s’ils avaient pour la plupart déjà combattu des Dieux. Ils pestaient, toisant Galien qui soutenait leurs regards désapprobateurs.

 

    Le temps était venu d’aller venger Héra qui, depuis une aile du Palais de son époux, exultait d’avance de sa victoire contre cette petite peste d’Athéna.

 

    Galien divisa les quinze nouveaux arrivants en groupe de cinq, chacun étant dirigé par deux de ses hommes. Konrad, lui, était seul à la tête d’un des groupe. Ainsi, ils pourraient attaquer le Sanctuaire Terrestre sur différents fronts. Galien donna ses ordres. Il fut temps de se mettre en route.

 

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Sanctuaire d’Athéna, temple des Gémeaux, matin.

    Rhadamanthe préparait le petit déjeuner. Il en avait pris l’habitude et cela le dérangeait de moins en moins, d’autant que son hôte ne semblait pas savoir cuisiner. Alors quitte à devoir manger autant savoir ce qu’il y avait dans les assiettes. Kanon n’avait pas encore montré le bout de son nez, mais cela n’était pas étrange. Le Gémeaux était un lève tard par rapport à lui. 

 

    Ledit Gémeaux avait, une fois de plus, passé une sale nuit. Il n’avait pratiquement pas fermé l’oeil. L’étrange sensation qu’il ressentait depuis des jours s’était faite plus intense qu’à l’accoutumée. Ses entrailles le broyaient de l’intérieur sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Il voyait sans cesse l’armure des Gémeaux, se doutant que c’était de la seconde Gemini dont il s’agissait. Parfois, il avait l’impression qu’elle l’appelait au secours. Parfois, il avait la sensation qu’elle était en colère contre lui, le Sanctuaire, Athéna… le monde entier et qu’elle ne souhaitait que se venger. Dans ses songes, il tentait de lui parler. En vain. 

 

    Cette nuit, plus que les autres, Kanon s’était agité dans son sommeil, sentant comme un malaise, un mauvais pressentiment. Il n’avait pas quitté sa chambre. Il ne voulait pas réveiller Rhadamanthe et encore moins lui expliquer ce qu’il avait. Lui-même ayant du mal à comprendre tous ces sentiments. 

 

    Le bruit que faisait son invité dans la cuisine l’interpella. Il se leva, alla prendre une douche qu’il espéra bienfaitrice puis rejoignit le Juge. 

 

    — Ca sent bon, fit le bleuté en s’installant à table. 

    — Merci, bien dormi ? demanda Rhadamanthe en se tournant vers Kanon. 

 

    Lorsqu’il vit le visage livide du Gémeaux, il eut comme un choc. Il était inquiet et Kanon s’en rendit compte rapidement. 

 

    — Pas vraiment, non, soupira-t-il.

    — Je vois ça. Je ne t’ai pas entendu te lever.

    — Je suis pas sorti de ma chambre pour ne pas te réveiller et à vrai dire, j’avais pas très envie de parler.

    — Je comprends. N’hésite pas si tu as besoin…

 

    En cet instant quand Rhadamanthe s’entendit parler, il ne se reconnut pas. Habituellement, il se fichait de savoir comment allaient les autres alors les aider était inimaginable. Mais avec Kanon tout était différent. Plus le temps passait, plus il se rendait compte que son Gémeaux était important pour lui, qu’il était son égal plus que quiconque. Il riva ses soleils dans le regard intense de Kanon, et sourit. Un sourire rare, heureux. Sans vraiment réfléchir, Rhadamanthe s’approcha de son hôte et lui donna un baiser fougueux. 

 

    Kanon le laissa faire. Il en avait besoin. Pendant ce temps là, il ne pensait plus à rien. Sa tête se vida et cela lui fit un bien fou. 

 

    — Je sais que tu voulais en parler plus tard, mais j’en avais envie, susurra le juge dans l’oreille de Kanon. 

    — Je crois … que j’en avais aussi envie, avoua-t-il.

 

    Sans s’éterniser plus sur ce moment, ils se mirent à table. A peine eurent-ils le temps de boire une gorgé du café préparé par Rhadamanthe que Saga et Aioros annoncèrent leur arrivée au temple. Kanon pesta. 

 

    — On dirait que tu n'as pas envie de voir ton frère ? fit remarquer le Juge.

    — Tu as vu ma tronche ? Il va me gonfler, c'est sûr !

    — Qui va te gonfler ? fit Saga en arrivant dans la cuisine avec son amant.

    — Laisse tomber ! Que venez-vous faire ici ? 

    — Il me semble que j'habite ici, ironisa Saga. Bonjour Rhadamanthe.

    — Bonjour, répondit le Spectre en observant les deux hommes qui venaient d'arriver.

 

    Aioros fit un signe de tête pour répondre au Juge et lui tendit sa main droite. Saga riva ses iris sur le visage de son frère.

 

    — Tu as encore mal dormi ? demanda-t-il. 

    — Ouais. L'armure me hante. J'ai l'impression qu'elle cherche à communiquer mais je ne réussis pas à établir un vrai contact. Bref ! Qu'est-ce que vous êtes venus faire ici ? redemanda-t-il.

    — Ne me dis pas que tu as oublié ? s'offusqua l'aîné.

    — Oublié quoi ? 

    

    Le Gémeaux en titre soupira lourdement, agaçant son cadet au passage. 

 

    — Je suis venu te souhaiter un joyeux anniversaire.

 

    Kanon écarquilla les yeux et riva son regard à celui de son frère. De son côté, Rhadamanthe fut surpris d'apprendre cela.

 

    — Merde, j'ai totalement oublié ! s'esclaffa le cadet. Joyeux anniversaire, Saga, fit-il avant de se lever et d'aller embrasser son frère.

    — J'ai vu, oui  ! Ce n'est rien. Et puis, nous avons d'autres préoccupations, répondit l'aîné. Joyeux anniversaire, Kanon.

    — Avec tout ça, je n'ai même pas de cadeau, fit le cadet. 

    — Moi non plus. Ne t'inquiète pas pour ça. On est réuni, c'est ça mon cadeau, fit Saga le sage. 

 

    Kanon acquiesça, alors qu'Aioros lui serrait la main pour lui souhaiter son anniversaire. 

 

    — On vous laisse. On se retrouve aux arènes ? demanda Saga.

    — Vous partez déjà ? 

    — Oui, vous ne semblez pas encore prêts. On se voit plus tard, reprit l'aîné.

    — Ok. 

 

    Saga et Aioros quittèrent le temple pour se rendre à l'entraînement. Rhadamanthe plongea ses soleils dans les émeraudes de son presque-amant. 

 

    — Quoi ? s'insurgea le bleuté. 

    — Tu aurais pu me le dire !

    — Que c'était notre anniversaire ! Ca change quoi de le savoir ou pas ? Pis j’avais totalement oublié.

    

    Le juge s'approcha de Kanon. Il le fit reculer jusqu'à l'entrée de la cuisine et le plaqua contre la porte. Kanon ne se débattait pas mais tout son être réagissait à l'étreinte de Rhadamanthe. Le blond posa, cette fois, délicatement ses lèvres sur celles de son vis-à-vis pour un baiser doux, tendre, sensuel. Les mains du Juge se mirent en quête de faire frissonner Kanon. Elles se faufilèrent sous la tunique que portait le Chevalier. Des petits boutons de chairs apparurent sur sa peau, des gémissements légers se firent entendre. Rhadamanthe délaissa les lippes de son hôte pour tantôt laisser glisser sa langue avide dans son cou, sur sa nuque et tantôt mordiller le lobe de  l'oreille presque offert.

    

    Les deux hommes se laissaient totalement aller. Le juge ne se savait pas si délicat, si romantique et ne savait pas que son corps pouvait réagir ainsi à celui d'un autre. Là, tout de suite, maintenant il ne voulait que cela. Un simple moment tendre pour souhaiter un joyeux anniversaire à celui qu'il considérait comme son égal. Rien de plus. 

 

    — Joyeux anniversaire, fit Rhadamanthe en mordillant érotiquement le l'oreille de son amour. 

    — Mer…ci, répondit difficilement le concerné. 

 

    Mais il fallait que ce moment cesse. Ils avaient des obligations et ne pouvaient s'éterniser plus longtemps. A contre-coeur, ils se séparèrent afin de finir de se préparer puis rejoignirent Saga, Aioros et les autres aux arènes.

 

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Sanctuaire d’Athéna, arènes d’entraînement, matin.

    Toutes les castes étaient au rendez-vous aux arènes. L’entraînement avait débuté tôt. Des groupes s’étaient formés en fonction des affinités des attaques de chacun. Comparées à la veille, les troupes semblaient plus coordonnées, plus soudées. Les coups portés à plusieurs se faisaient de plus en plus puissants. Finalement, tous reconnurent que c’était une bonne idée. Mais ils ne s'entraînaient pas qu'à l'attaque, ils tentaient également de mettre au point une défense solide.

 

    Alors que tous étaient concentrés, de nouveaux arrivants s’invitèrent à cet exercice. Ces renforts non attendus étaient néanmoins les bienvenus. Syd et Albérick arrivaient du Domaine d’Asgard. Sorrente et Io du Royaume Sous-Marin. Minos, Valentine, Rune et Queen du Royaume des Morts. 

 

    Les nouveaux arrivants se mêlèrent aux autres. Ils ne voulaient pas rester à ne rien faire. Les autres étaient restés dans leur Royaume afin d’y assurer la sécurité. Sait-on jamais… Le Général de Scylla se rapprocha de Shun. Il voulait être près de lui durant le combat bien que leurs attaques soient opposées. Ils trouveraient sans doute une manière de les utiliser ensemble. L’important pour Io étant d’être avec celui qu’il aimait. Syd rejoignit son frère qui fut ravi de le voir. En revanche, il le fut moins en voyant Albérick qui arborait un sourire narquois. Bud grogna. Décidément, il n’aimait pas ce type surtout depuis quelques jours. Syd le retint par le bras. 

 

    — Ce n’est pas le bon moment pour ça, Bud, fit le cadet. 

    — Je sais et tu as raison. Mais ce qu’il t’a fait…

    — Je sais à quoi m’en tenir maintenant. En fait, je le savais déjà. J’espérais, c'est tout. La page sera difficile à tourner, mais j’y arriverai car tu es à mes côtés. Et puis, pour le moment nous avons beaucoup mieux à faire.

 

    Bud acquiesça. Néanmoins, il se promit de mettre son poing dans la figure d’Albérick, juste histoire de se soulager. Ayant une attaque commune avec le Guerrier de Delta, Shiryu lui proposa de se joindre à lui mais il refusa. Il n’était pas homme à s’allier avec d’autres. Il était bien plus fort que tous réunis. Du moins, c’était ce qu’il pensait… 

 

    Albérick se trouvait à l'écart des autres, seul. Il ne voulait pas se mélanger aux autres. D'ailleurs, il ne s'entrainait pas. A quoi bon, pour un Guerrier Divin tel que lui ? Il préférait nettement les regarder à désespérément accorder leurs coups et leur puissance. Son sourire narquois fut aperçu par quelques combattants depuis les arènes, mais aucun d'eux ne releva l'attitude de Megrez. 

 

    Il n'était pas facile de créer des attaques à plusieurs en si peu de temps et même si l'entraînement se déroulait au mieux, les combinaisons de coups n'étaient pas toujours concluantes. Tous s'évertuaient cependant à faire de leur mieux. Encore fallait-il que l'ennemi n'attaque pas … encore.

 

    On voyait Camus, Hyoga et Isaak ensemble. Non loin d'eux Dohko et Shiryu tentaient de voir ce que pourrait donner deux « Rôzan Hyaku Ryû Ha ». Les jumeaux, Shaka et Angelo essayaient de jouer avec les dimensions, sans trop de succès pour le moment. Mû et Shion se trouvaient un peu plus loin, s'efforçant de rendre plus puissante leur « Startdust Revolution ». D'autres, plus loin, essayaient de mettre au point des techniques conjointes. 

 

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    Malgré sa capacité à se recentrer très rapidement, l'esprit de Kanon divaguait. L'ex-Marina ne cessait de repenser à toutes les sensations qui l'envahissaient depuis des semaines, des mois telles celles qui l'avaient tenaillé toute la nuit ou presque. Encore maintenant, il avait parfois l'impression que la Gemini l'appelait. Cela le prenait jusque dans ses tripes. Il essayait de montrer bonne figure devant les autres mais son frère, Rhadamanthe et Milo entres autres s'en rendirent compte.

 

    — Oï Kanon ! Qu'est-ce tu fous ? lui cria Milo.

    — Hein ! 

    — Mais merde, Kanon ! Tu ne vois pas qu'on s'entraîne, là ! grogna le Scorpion.

    

    Non loin de là, la Wyvern observait son Gémeaux. Inquiet. Il décida de le laisser avec son frère et Milo, même s'il n'avait qu'une envie, celle de le rejoindre. Il ferma ses soleils une minute puis inspira profondément avant de se remettre en place. 

 

    — Désolé Milo.

    — Si tu ne fais pas plus attention que cela, tu vas prendre un mauvais coup et nous avons besoin de toutes les troupes, fit remarquer Milo. Et puis, il y en a deux qui nous en voudrons, sourit-il.

    — De qui tu parles ? demanda Kanon surpris.

    — Je parle de ton frère bien sûr et d'un blond qui se trouve un peu plus loin et qui ne cesse de regarder par ici, lui répondit-il avec un clin d'oeil.

 

    Kanon tourna sa tête pour voir qui se trouvait non loin d'eux. Effectivement, son Juge était dans son champ visuel. Il le vit froncer les sourcils, signe chez lui de son agacement. S'il ne voulait pas prendre son poing dans la figure en rentrant au temple, il devait se reprendre. 

 

    — Désolé, j'ai passé une sale nuit.

    — Ouais, bah reprends-toi si tu veux pas y rester !

    — Tu y vas un peu fort, mon frère n'est pas si facile à abattre, répliqua Saga.

    — Certes, mais il pourrait être blessé.

    — Bon vous deux, vous pouvez arrêter de parler de moi comme si je n'étais pas là ! fit Kanon.

    

    Saga et Milo sourirent. Ils avaient redonné un peu de niaque au second Gémeaux. Tous se remirent au travail.

 

    Pendant ce temps, Shaka et Angelo avaient laissé leurs amis. La Vierge discutait avec Mû et Shion. Tandis que le Cancer alla s'asseoir dans les gradins. Ils étaient quelques uns à s'être posés pour prendre du recul et observer ce que faisait les autres. Angelo, lui, reprenait son souffle. Ses côtes le faisaient encore souffrir, mais il serrait les dents. Un Chevalier d'Athéna ne devait pas montrer sa faiblesse mais si les Mercenaires d'Héra attaquaient maintenant, il serait en très mauvaise posture. Le risque était que si leurs ennemis s'en rendaient compte, il deviendrait la faiblesse du groupe et il ne le voulait pas. 

 

    Shura gardait toujours un oeil sur Angelo. Et ce qu'il voyait ne lui plaisait guère. Il connaissait son pair par coeur et lorsqu'il le vit monter dans les gradins, il sut que les blessures d'Angelo n'étaient pas encore guéries. Il le rejoignit.

 

    — Bon sang, Angelo ! Ne me dis pas que tu n'as pas refait ton bandage ce matin ? fit Shura.

    — Psss ! Arrête avec ça, tu veux ! grogna le Cancer.

    — Tu es désespérant ! Allez, viens, fit le Capricorne.

    — Où ça ?

    — On va dans ton temple. Je vais te refaire le bandage, et tu n'as rien à dire ! lui dit Shura en le regardant droit dans les yeux.

 

    Angelo ne savait pas quoi penser de l'attitude de son ami. Il prenait soin de lui comme s'il était important, mais pourquoi ? Pourquoi semblait-il toujours se faire du souci pour lui ? Angelo pensait ne pas le mériter. Il soupira. 

 

    — Laisse tomber, ok ? On a des choses plus importantes à faire, il me semble, répondit le Cancer.

    — Certes, je suis d'accord. Mais si l'ennemi attaque maintenant, il verra ta faiblesse et tu seras le premier à morfler. Alors tu la boucles, et on y va !

 

    Shura pouvait être persuasif parfois, et là c'était le cas. Il avait les arguments, même si au fond de lui Angelo espérait que son ami ne prenne pas soin de lui uniquement pour cette raison. Sans que le Cancer ne réponde, Shura l'entraîna à sa suite. 

 

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    Toutes les castes étaient à présent mélangées. Depuis leur point de vue, Athéna, Hilda, Poséidon et Hadès ne voyaient plus qu'un groupe de combattants pratiquement soudé. En revanche, en s'approchant un peu, on constatait que certaines vieilles habitudes revenaient et que quelques tensions se faisaient ressentir. Néanmoins, ils étaient fiers de leurs amis. De leurs côté, Déités et Prêtresse tentaient de comprendre pourquoi Odin avait envoyé Hilda de Polaris en mission au Sanctuaire. Depuis qu'il était entré en contact avec elle, il avait gardé le silence. 

 

    Les déités et Hilda discutaient de toute cette affaire depuis des jours sans pouvoir faire avancer les choses. Ils n'avaient aucune idée du pourquoi Héra en avait après Athéna, ses oncles et les Gémeaux. Depuis que Saga avait émis l'hypothèse d'un effacement de la mémoire de tous, les quatre dirigeants ne cessaient de chercher dans les leurs une bribe d'indice leur permettant de les mettre sur la voie. Trop souvent en vain. 

 

    Pourtant, en ce jour, Hadès était distant de la conversation. Il se perdait dans ses pensées, une fois encore. Tout cela le perturbait. A vrai dire, il avait un peu de mal à admettre – même s'il en avait eu les preuves – qu'Athéna, Poséidon et lui étaient proches au point de s'entraider. Ils avaient tant combattu les uns contre les autres que c'était inimaginable que cela fusse le contraire un jour.

 

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    Alors que tout le monde tentait de mettre au point des attaques communes ou plus puissantes, les Mercenaires d'Héra approchaient du Domaine Sacré. La seconde Gemini se tenait tranquille et Hadrien ne semblait pas vouloir reprendre le dessus sur son assaillant. Dracon était soulagé. Il tenait l'armure et l'humain. 

 

    Galien, en revanche, était inquiet. Les troupes ennemies n'étaient pas particulièrement soudées mais il ne lui avait pas semblé non plus qu'elles agissaient individuellement. Certains d'entre eux avaient déjà combattu des Dieux, bien plus forts que ses hommes et lui, et les avaient vaincus. Avec leurs pouvoirs bridés par Zeus, ils avaient un handicape non négligeable. Il leur faudra être prudents s'ils ne voulaient pas décevoir leur Déesse bien-aimée.

 

    Galien et ses hommes se trouvaient maintenant aux portes du Sanctuaire. Puis, ce fut le moment pour eux de se déployer afin de prendre d'assaut le Sanctuaire. Leur but : détruire la Gemini de Saga. Eliminer Kanon, Athéna, Poséidon et Hadès…

 

    — Ils sont là, fit Shaka. 

    — Oui ! Et ils ne sont pas cinq, fit remarquer Mû.

    — Athéna, Poséidon, Hadès et Hilda comptent sur nous. Saga et Kanon soyez particulièrement prudents, ils en ont autant après vous qu'aux Dieux et qu'à ton armure, Saga, reprit Shion. Mes amis, allons accomplir notre mission ! Soyez tous prudents et revenez tous saufs.

 

    La voix de Shion tremblait. Il était sûr que certains de ses amis ne reviendraient pas. Dohko qui se trouvait près de lui le soutenait, alors que les autres allèrent à la rencontre de leurs ennemis. 

 

    — Ils savent tous se battre. Ils l'ont prouvé à de nombreuses reprises. Sois confiant ! lui dit la Balance.

    — Tu as raison. Mais je ne peux faire autrement que de m'inquiéter. Ils n'ont jamais combattu autant de Dieux en même temps, répondit de le Pope.

    — Certes. Mais nous non plus et j'ai confiance.    

    — Je dois aller au Palais. Saga et moi assurerons la protection rapprochée des Déités. 

 

    La Balance acquiesça mais l'arrêta. Shion fut surpris car il n'était pas dans les habitudes de son amant de s’interposer alors qu’un danger menaçait le Sanctuaire, ou lorsqu’il avait une mission à accomplir. Le Chinois attrapa délicatement le bras de son amant et sans lui laisser le temps de se défaire de cette étreinte, il l'embrassa langoureusement. Le baiser fut doux, lent et plein de promesses. Puis sans un mot, ils se rendirent là où ils étaient attendus. En chemin, Shion demanda télépathiquement à Saga de le rejoindre au Palais.

 

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Seuil du Sanctuaire d'Athéna.

    Postés à l’entrée du Sanctuaire, les Mercenaires d’Héra pouvaient ressentir toute la puissance des cosmos d’Athéna, d’Hadès et de Poséidon mais cela ne les impressionnait pas. Galien et ses hommes se doutaient qu'ils étaient attendus alors pour mettre un peu plus la pagaille, le chef avait réfléchi à un plan d'invasion. Le chef de la garde d’Héra divisa les Demi-Dieux en trois groupes. L’un d’eux se chargera de se rendre au Palais afin d’éliminer Athéna et si possible ses oncles. Un autre devait trouver et abattre les deux Gémeaux et détruire l’armure de Saga. Et le dernier groupe avait la lourde tâche de faire diversion. Chacun des trois groupes partit donc dans des directions différentes. Plus facile pour se déplacer. Plus discret. Plus efficace. Galien refusait de sacrifier ses hommes et amis. Bien qu’ils soient des Dieux, il savait qu’il y avait un risque qu’ils périssent dans cet affrontement. Les Chevaliers de Bronze avaient déjà combattu plusieurs Dieux et avaient réussi l’impossible en les vainquant. C’était l’une des raisons qui l’avaient poussé à prendre des renforts dans les bas-fonds de l’Olympe. Ses hommes et lui resteraient donc aux portes du Domaine Sacré et avec un peu de chance, ils n’auraient pas à se battre. Lorsque Galien avait exposé son plan à Trajan et aux autres, il avait essuyé un grand nombre de critiques en tout genre et pas des plus sympathique, mais il ne reviendrait pas sur sa décision.

 

    Du côté des Alliés, des groupes se formèrent naturellement. Seiya, Aphrodite, Aldébaran, Minos, Rune, Queen, Bud, Syd, Sorrente et Christer se dirigèrent vers le Palais afin d'assurer la protection des Déités et de la Prêtresse d'Asgard. Sur place, visiblement les premiers, ils se postèrent sur le parvis du Palais en arc de cercle afin de couvrir tous les angles. 

 

    Mû, Dohko, Shiryu, Fenrir, Camus, Milo, Eaque, Hyoga et Isaak se positionnèrent devant le temple du Bélier. Le Gardien du premier temple utilisa son « Cristal Wall » afin de protéger l'accès de sa maison et de forcer l'ennemi à se battre ici, avant les temples et loin du Palais. Mais il ignorait que leurs ennemis s'étaient également divisés. 

 

    Le troisième groupe de l'armée Terrestre était, quant à lui, composé de Shaka, Shun, Ikki, Albérick, Io, Aiolia, Aioros, Rhadamanthe, Valentine et de Kanon. Le second Gémeaux était retenu à l'arrière du groupe par ses amis et par son amant. Kanon était impulsif et ils ne souhaitaient pas qu'il se mette en danger inutilement. Ensemble, ils prospectaient autour des arènes, espérant rencontrer la troupe d'Héra. 

 

    Shura avait à peine eu le temps d'appliquer le baume sur les côtes meurtries de son ami lorsqu’ils ressentirent tous deux la présence de leurs ennemis. Pas le temps de mettre la bande. Les deux Gold remirent leur armure et, à la vitesse de la lumière, se rendirent devant le temple du Bélier. En chemin, il croisèrent Shaka, Aiolia, Rhadamanthe et les autres et se joignirent à eux.

 

    Shion et Saga se trouvaient au Palais. Dans le cas où leurs amis ne réussiraient pas à contenir les hommes d’Héra, ils seraient le dernier rempart entre les Dieux et leurs ennemis.

 

———

 

Devant le temple du Bélier.

    L’une des mini-troupes se présenta devant la maison de Mû. Les Alliés se mirent en position de défense. 

 

    — Vous n'irez pas plus loin ! fit le Gardien du temple. 

    — Et comment comptez-vous nous en empêcher ? demanda l’un des ennemis. Nous sommes des Demi-Dieux et que vous n'êtes que des humains ! ricana-t-il.

    — Peu importe ! Nous n'avons pas peur de vous, affirma Isaak.

    — Et nous sommes tous prêts à mourir, fit remarquer Milo.

    — Et bien… que votre volonté soit faite, sourit l’un des assaillants. 

    — Où sont les autres ? questionna Dohko inquiet. 

    — Je pourrais te retourner la question, fit le même Demi-Dieu en haussant les épaules. J’ai rien à dire hormis le fait que vous allez tous mourir…

 

    L’homme de main de Galien riait à gorge déployée et de la manière la plus perfide qu'il soit. 

 

    Le combat venait de commencer. Les esprits des Alliés étaient, non seulement tournés vers leur Déité, mais également vers l'élu de leur coeur… 

 

A suivre…

Gemini, le secret oublié

Shiroitora-lili

 

Chapitre 17

                Partie 2

 

Lundi 30 mai, encore…

 

Olympe, quartiers d'Héra.

    Dans ses appartements, l'épouse jalouse de Zeus se réjouissait de voir enfin sa vengeance s'accomplir : en finir avec cette peste d'Athéna et ses Chevaliers. Elle aurait souhaité se rendre sur Terre afin de voir la fin de cette soi-disant Déesse de la Sagesse, mais son absence serait très vite remarquée par Zeus et elle ne souhaitait pas qu'il connaisse la vérité sur la disparition de sa fille chérie. Il ne le lui pardonnerait jamais, elle le savait…

 

    Elle avait du mal à garder son calme. Elle tournait en rond dans son salon privé. Un coup donné à la porte de ses quartiers la sortie de son excitation. 

 

    — Quoi encore ! tonna-t-elle.

    — Veuillez excuser mon intrusion, ma Déesse, mais j'ai pensé qu'une tasse de thé vous ferait plaisir, s'inclina le serviteur.

 

    Aloysias était, il y a fort longtemps, un humain. Il avait toujours prié Héra qui un jour eut pitié de lui. Pourquoi lui ? Elle savait qu'il ne la trahirait jamais, voilà pourquoi. Le problème avec les mortels c'était qu'au bout de leur vie, ils se retrouvaient chez son frère, Hadès. La Déesse pleine de bonté, ou de viles intentions, donna l'immortalité à son serviteur. Depuis, il prenait soin d'elle, souvent bien mieux que son époux.

 

    — Aloysias ! Très bonne idée, comme toujours, dit-elle.

    — Merci ma Déesse, fit l'ancien humain toujours incliné.

    — Une tasse de thé pour la défaite de cette cruche, il ne manquerait plus que ces gâteaux humains que j'apprécie tant, songea-t-elle à voix haute.

    — J'en ai parsemé sur une assiette, ma Déesse. Je l'ai posée près de votre tasse, ajouta-t-il.

    — Tu es une perle, mon brave Aloysias. Je suis ravie de t'avoir à mes côtés.

    — Vous m'honorez, ma Déesse. Bonne dégustation.

 

    Comme tout bon serviteur, Aloysias savait à quel moment laisser son maître et là il était temps de partir. Même s'il aurait souhaité rester un peu plus avec Héra. Toujours incliné, il prit congé et laissa sa Déesse à la joie qu'elle ressentait en ce jour.

 

—————

 

Sanctuaire d'Athéna, parvis du temple du Bélier.    

    Les Demi-Dieux commencèrent l'offensive. A la première salve, Eaque se plaça devant son amant pour le protéger instinctivement et, avec Milo, Camus et Isaak, reçut de plein fouet les coups de plusieurs ennemis. Mais ils furent tous projetés à plusieurs mètres de hauteur avant de retomber très lourdement sur le sol. La dalle du parvis les reçut comme un matelas. Les alliés s'enfoncèrent dans la pierre comme dans du beurre tant le choc fut violent. On put entendre des os se briser au contact du sol. Les plus touchés ne bougèrent plus. Quant aux autres, ils réussirent à se relever, mais difficilement. Leurs visages montraient déjà des ecchymoses et du sang s'écoulait dans le coin de leurs lèvres pour certains, pour d'autres il s'écoulait depuis des plaies situées un peu partout sur le corps.  

 

    Ils avaient affaire à des Demi-Dieux, et cela se ressentait dans leurs attaques. D'ailleurs, Dohko supposa, à juste titre, que leurs ennemis n'avaient pas encore montré toute leur puissance…

 

    — Etes-vous certains de vouloir mourir ? les nargua l’un des assaillants.

    — Nous nous battrons jusqu'au bout, comme nous l'avons toujours fait, déclara Hyoga.

 

    Le Cygne avait un peu de mal à parler et son corps le faisait souffrir mais sa volonté était intacte comme celle de ses compagnons.

 

    — Très bien, vous allez donc tous mourir, proféra l’un des sous-fifres d'Héra. Achevons-les, dit-il froidement en regardant ses comparses.

 

    Alors que Milo, Camus, Isaak et Eaque se relevaient difficilement avec l'aide de leurs amis, les ennemis attaquèrent de nouveau. Mû n’eut pas le temps d’ériger un « Cristal Wall » devant eux. Les coups portés par leurs ennemis étaient trop rapides. Une fois de plus, les Alliés furent projetés à plusieurs dizaines de mètres de là, allant se fracasser dans le mur invisible de Mû – celui qui protégeait l’entrée du temple du Bélier – qui résistait pour le moment.

 

    Le combat venait à peine de commencer et déjà les corps souffraient d'une multitude de blessures plus ou moins sérieuses. Les protections des Alliés montraient déjà pas mal de dommages pourtant, il était temps pour eux de rendre les coups. 

 

    Dohko et Shiryu lancèrent conjointement un « Rôzan Hyaku Ryû Ha ». Lors de l'entraînement, ils avaient déjà essayé de le rendre plus puissant, malheureusement sans résultat, bien que cette technique de combat ait permis à Shiryu de vaincre trois Spectres en un seul coup lors de la dernière Guerre Sainte. 

 

    L'attaque fut lancée rapidement par les Chinois. Elle était très puissante, et très rapide pourtant les cinq Demi-Dieux absorbèrent les coups de la Balance et du Dragon assez aisément. Pas une égratignure. Pas une seule marque sur leur corps. Shiryu se tourna vers son maître, la mine dépitée. 

 

    — Ne t'inquiète pas, mon enfant, nous réussirons à les battre.

 

    Même si la Balance faisait de son mieux pour rassurer son ancien disciple, il avait un peu de mal à y croire lui-même. Car si de simples Demi-Dieux pouvaient contenir cette attaque, qu'étaient capable de faire des Dieux de la trempe de Galien et de ses hommes…

 

    — Nous n'avons pas d’    autre choix que de les battre, intervint Eaque. Kanon, Saga, Athéna, Poséidon et notre Seigneur sont en danger, soupira-t-il en rivant son regard dans celui de son amant.

    — Tu as raison, Eaque. Et comme toujours, nous ferons de notre mieux, fit Milo.

    — Non Milo ! Nous ne ferons pas de notre mieux. Nous allons les battre, l'encouragea Camus. 

    — Nous devons nous faire confiance et mettre nos forces en commun. Nous trouverons le moyen de les vaincre, affirma Mû.

 

    Le groupe acquiesça. Ils n'étaient plus Spectres, Gold, Bronze, Marinas ou Guerriers Divins, ils étaient non seulement en train de devenir de vrais amis, mais aussi une seule et même armée…

 

    Les Demi-Dieux attaquèrent de nouveau. Chacun d'eux visant un petit groupe d'ennemis. Les coups furent violents et très rapides. Tout le groupe du Sanctuaire se retrouva projeté une nouvelle fois contre le « Cristal Wall » qui protégeait l'accès au temple. Le mur invisible du Bélier faiblissait. Les protections Divines des Alliés se fissuraient. Le combat serait vite terminé pour eux s'ils ne se reprenaient pas rapidement. Leurs blessures corporelles s'aggravaient peu à peu, les affaiblissant de plus en plus.

 

    Camus, Hyoga et Isaak se lancèrent un regard de connivence, alors qu'ils tenaient à peine sur leurs jambes. Le Gold et le Bronze joignirent leurs forces et attaquèrent avec un « Aurora Excution » renforcé par l' « Aurora Boréalis » du Marina. Cette action simultanée fit retomber les températures printanières de manière fulgurante. Pour un peu, les spectateurs de l'action se seraient crus au Pôle Nord, tant il faisait à présent un froid, pire que glacial. 

 

    Les Demi-Dieux ne ressentirent aucunement cette froidure extrême et ils stoppèrent les attaques en une fraction de seconde, laissant perplexes les Alliés. Jusqu'à présent, les hommes d'Héra n'avaient subi aucun dommage. 

 

    — C'est totalement inutile ! railla l’un des opposants. Nous sommes des Demi-Dieux, vous n'êtes que des insectes pour nous ! Vous ne pourrez jamais nous atteindre…

 

    Les adversaires du Sanctuaire mettaient ainsi en garde les ennemis de sa Déesse. Leur rappeler sans cesse cette vérité leur permettaient, du moins le pensaient-ils, de prendre psychologiquement le dessus sur eux. 

 

    L’un des hommes de main de Galien se retrouva à quelques centimètres de Shiryu. Le Dragon ne l’avait même pas vu se déplacer. Les Demi-Dieux étaient si rapides qu’ils pouvaient presque atteindre la vitesse supraluminique des Dieux. Tout en ricanant devant l’air interrogateur du Bronze, le Demi-Dieu empoigna d’une main le Chinois à la gorge tout en serrant son poing puis le souleva d’une main. Shiryu ne touchait plus le sol et avait de plus en plus de mal à respirer. Dohko et Fenrir sentirent leurs coeurs cesser de battre. Ils bougèrent en même temps.

 

    — Etes-vous certain de vouloir vous approcher ? Il sera mort avant même que vous puissiez m’atteindre ! persifla-t-il.

 

    Le Gold et l’Asgardien pestaient mais ce bougre avait raison. Ils ne bougèrent plus cependant le Demi-Dieu était perfide et il continua à serrer le cou de Shiryu, puis un craquement résonna. Le manant desserra son étreinte et le corps du Dragon s’écrasa au sol, inerte. Le cosmos du Bronze était éteint…

 

    Tous les Alliés retirent leurs souffles. Dohko laissa couler une larme discrète, quant à Fenrir, son cosmos s’intensifia comme jamais. Il eut presque honte mais la mort de ses parents ou même de ses loups ne l’avait pas mis dans cet état. Sa colère, en cet instant, était bien plus grande, bien plus dévastatrice. Le Guerrier d’Epsilon se lança tête baissée sur le meurtrier de son amour, mais Dohko l’en empêcha.

 

    — Arrête Fenrir ! dit-il.

    — Impossible ! Je dois le venger et personne ne pourra m’en empêcher !

    — Tu vas mourir bêtement si tu fonces tête baissée.

    — Et alors, plus rien n’a d’importance. 

    — Shiryu n’aurait pas voulu que tu meurs de cette façon. Il préférerait que tu te battes et que tu fasses de ton mieux. Là c’est du suicide, mon jeune ami. 

 

    Tous les autres pouvaient ressentir autant la colère et la peine qui envahissaient la Balance et le Guerrier aux Loups. Ils ressentaient les mêmes choses, mais ils laissèrent Dohko parler à Fenrir.

 

    — Je sais, mais j’ai trop mal pour réfléchir, avoua-t-il.

    — Je sais. Je sais, murmura le Gold. Mais pour les vaincre nous aurons besoin de tout le monde. 

 

    Fenrir dut se résoudre. Le vieux maître de son tendre amour avait raison. Raison en tout. Les autres Alliés, surtout les Gold et les Bronze serrèrent leurs poings et tentèrent de se reprendre avant qu’un autre de leurs amis ne tombe sous les coups adverses.

 

    La troupe alliée était au plus mal physiquement et psychologiquement. Pourtant, leurs cosmos se mirent à augmenter. Un peu plus à chaque salve de coups de la part du camp adverse. De plus, les Demi-Dieux ayant utilisé par deux fois la même technique d'attaque, les Chevaliers d'Athéna avaient compris comment la contenir, mais ils n'étaient pas assez rapides pour ça. Ils étaient capables d'atteindre la vitesse de la lumière, néanmoins, leurs adversaires étaient bien plus véloces. 

 

    Les assaillants attaquèrent une fois encore. La même technique. Cette fois, Hyoga et Camus tentèrent d'ériger un mur de glace entre eux tous et les assaillants mais ils furent trop lents et ils prirent l'attaque de plein fouet. Propulsés sur leurs compagnons d'armes, tous échouèrent dans la protection invisible de Mû. Le mur reçut, lui aussi, cette fois le coup des Mercenaires et vola en éclats. Le Chevalier du Bélier écarquilla ses iris. Seul Shion était capable de détruire son « Cristal Wall ». Camus fut rejoint rapidement par Milo. Le Scorpion n'avait pas eu le temps de protéger son amant, il s'en voulait. 

 

    — Camus ? Parle-moi mon amour…

 

    Mais le Chevalier des glaces, tout comme Hyoga, avait perdu connaissance. Son cosmos était très faible, mais il n'était pas encore mort pour le plus grand soulagement de Milo. 

 

    — Pardon de n'avoir pas pu te protéger, lui murmura-il à l'oreille avant de se relever. 

 

    Sur le visage du Scorpion, apparurent des traits de colère, mais il n'était pas le seul à ressentir cela. Isaak était dans le même état. Son ami de toujours, son amour était allongé près de leur ancien maître, et dans un état plus critique, les armures des Bronze étant moins protectrices et moins résistantes que celles des Gold. Cependant, Mû, Eaque, Dohko et Fenrir comprenaient la colère qui émanait du cosmos de leurs amis. 

 

    Les Demi-Dieux riaient comme des hyènes. Ils se savaient invincibles et rien ne les arrêterait…

 

    Shion et Saga percevaient la colère et la détresse de leurs amis. Le Pope avait également senti le mur de Mû se disloquer comme du verre alors que techniquement c’était impossible, mais également la perte de Shiryu et l’affaiblissement de Camus. Leurs ennemis étaient bien des Demi-Dieux, et demeuraient très puissants pour des humains, même de leur trempe. Télépathiquement, il contacta son ancien disciple et ensemble ils réussirent à ériger un « Cristal Wall » plus solide que celui de Mû. Mais combien de temps résisterait-il ? Là était la question…

 

    Milo et Isaak attaquèrent en même temps. L'un avec son « Scarlet Needle » et l'autre avec son « Aurora Boréalis ». Malheureusement, leurs attaques n'atteignirent pas leurs cibles. Pourtant, ils avaient poussé leurs cosmos au maximum. Prêt à foncer dans le tas, Milo fut stoppé dans son élan par la voix tremblante de son tendre glaçon.

 

    — Milo ! Arrête ça ! fit le maître des glaces en se relevant avec son ancien disciple. 

    — Camus ! fit surpris le Scorpion. 

 

    Mais le huitième gardien fit volte-face. Il voulait en finir avec les assaillants, et peu importait le prix, d’autant plus qu’ils avaient blessé lourdement l’être le plus important dans sa vie. 

 

    — Je t’interdis de faire ça, Milo. Cela ne servira à rien et tu le sais parfaitement. 

    — Il faut le tenter pour le savoir ! Et puis, ce qu’ils t’ont fait…

 

    Milo serra ses deux poings si fortement que les jointures blanchirent. Il le savait, Camus avait raison. Mais sans lui, il n’était rien.

 

    — Et que crois-tu que je ressentirais si tu disparaissais bêtement ? 

 

    Là, le Scorpion devait admettre que s’il y laissait sa vie, Camus se retrouverait seul et pour avoir vécu ce manque de l’être aimé, il ne le souhaitait à personne et encore moins à celui qu’il aimait. 

 

    — Désolé, Camus, s’excusa-t-il.

 

    Le Verseau soupira. Il aimait son Scorpion c’était indéniable mais parfois, comme maintenant, il lui botterait bien les fesses à cause de son impulsivité. Isaak fut soulagé de voir que son ancien maître et Hyoga se relevaient. Son sang n’avait fait qu’un tour lorsqu’il les avait vus se faire projeter comme des feuilles de papier. Il chercha du regard le Bronze, et quand il l’eut trouvé, il y plongea ses iris. Un frisson parcourut l’échine du Cygne, jamais encore il n’avait vu son vieil ami l’observer de la sorte. Son coeur s’emballa sans qu’il puisse y faire quoique ce soit. 

 

    — Je vois que vous vous entendez bien. Il sera plus plaisant de vous éliminer un par un, ricana l’un des assaillants. 

    — Nous trouverons votre point faible, intervint Fenrir.

 

    Le Guerrier aux Loups se mit en position d’attaque. Il s’était repris mais son esprit était toujours tourné vers la perte de son amant. Il lança son « Northern Genrô Ken », qui fut arrêté par sans problème par les Mercenaires qui contre-attaquèrent illico. Cette fois, Camus, Hyoga et Isaak, affaiblis, tentèrent d’édifier un mur de glace entre eux et leurs adversaires, mais ils échouèrent. Les Demi-Dieux étaient bien plus rapides qu’eux…

 

    Plantés devant les Chevaliers des glaces, Isaak y compris, les hommes de Galien enfoncèrent leurs poings dans leurs ventres. Les trois Alliés se plièrent en deux sous la douleur cuisante qu’ils ressentirent et tombèrent à genoux avant de s’étaler sur la dalle froide, inconscients. 

 

    Une fois de plus, Milo ragea. Une fois de plus, Camus se trouvait à terre. Il tenta, seul, d’envoyer de riposter et envoya son « Scarlet Needle » mais il n’effleura aucun de leurs ennemis, qui ricanaient presque bêtement. Afin d’en finir, les Demi-Dieux attaquèrent simultanément. En face d’eux ne restaient plus que Mû, Dohko, Fenrir, Milo et Eaque que les hommes d’Héra balayèrent en seul coup. Les Alliés rejoignirent leurs amis inconscients. Les uns avaient été projetés contre le « Cristal Wall » qui barrait l’entrée du temple, les autres étaient tombés sur lourdement sur le sol, sur place. Ils ne pouvaient pas rivaliser avec la rapidité des assaillants.

 

    Mais alors que les Demi-Dieux pensaient avoir écrasé les Chevaliers d’Athéna et leurs amis, ils sentirent leurs cosmos se manifester. 

 

    — Comment est-ce possible ? Vous êtes vaincus ! fit l’un des ennemis.

    — Ils sont à moitié morts, comment leurs cosmos peuvent-ils brûler autant ? rétorqua un autre.

    — Tant que nous aurons un souffle de vie, nous nous relèverons et notre cosmos s’intensifiera, répondit difficilement l’un des Chevaliers d’Athéna.

    — Impossible ! Comment peux-tu te relever ? questionna l’un des adversaires.

    — Je viens de te le dire ! 

 

    Le Chevalier était pourtant encore étendu sur le sol mais son cosmos augmentait toujours, appelant celui de ses amis.

 

    Les Demi-Dieux reculèrent d’un pas, ébahis. Comment ? Comment de simples mortels pouvaient encore se relever ?

 

    Le Chevaliers du Dragon peina pour se relever mais il réussit. Ses jambes le soutenaient difficilement, pourtant il se tenait à présent debout face à leurs ennemis et en position d’attaque. Sentant le cosmos de leur ami, qu’ils pensaient mort, tout le groupe intensifia le leur. Les corps bougèrent lentement, les yeux clos s’ouvrirent doucement mais la puissance de leurs cosmo-énergie était de plus en plus forte. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous debout et prêts à en découdre. Même s’ils étaient salement amochés, faibles, avec des blessures plus ou moins graves, ensanglantés et avec fractures parfois ouvertes… Ils étaient tous heureux de voir que Shiryu était vivant.

 

    Ce fut Fenrir qui s’approcha le premier de son amour. Une larme de joie coulait le long de sa joue, mais il ne dit et ne fit rien. Un simple regard entre eux, et tout était dit et puis, ce n’était pas le moment de s’épancher. Là, ils devaient se battre… Dohko suggéra qu’ils unissent tous leur cosmos afin de créer, du moins l’espérait-il, une boule d’énergie suffisamment puissante pour éliminer leurs ennemis. Le groupe trouva cette idée risquée mais ils n’avaient pas d’autre choix. 

 

    Les Alliés se regroupèrent et firent brûler à son paroxysme leurs cosmos qui se mêlèrent les uns avec les autres pour n’en former qu’un. Dans leurs mains, une boule d’énergie se forma. D’abord petite, elle grandit rapidement. Elle était instable mais ils réussirent à la contenir. Lorsqu’elle fut suffisamment puissante, ils la projetèrent vers les Demi-Dieux qui ne virent pas le coup arriver car il fut envoyé à la vitesse supraluminique, comme les Dieux. Les hommes de main de Galien tombèrent comme des mouches. L’énergie qu’ils avaient reçue leur fut fatale. Les Alliés étaient non seulement à bout de souffle mais également abasourdis par ce qu’ils avaient réussi à faire ensemble. Il y avait un espoir de les vaincre, et le savoir revigora leurs coeurs et leurs cosmos. C’est affaiblis et en se soutenant les uns les autres qu’ils prirent la direction du Palais…

 

———

 

Pendant ce temps, quelque part dans le Sanctuaire…

    Une autre mini-troupe tentait de rejoindre le Palais. Sur son chemin, elle ne rencontra personne mais chaque Demi-Dieux qui la composait restait sur ses gardes. Il n’était pas normal de ne croiser aucun garde, ni même Chevalier. Ils se posaient mille questions tout en continuant d’avancer vers leur but. Ils avaient la lourde tâche d’éliminer Athéna et ils se doutaient bien qu’elle ne serait pas seule à les attendre…

 

———

 

Même moment près des arènes du Sanctuaire.

    Shaka, Shun, Ikki, Albérick, Io, Aiolia, Aioros, Rhadamanthe, Kanon, Valentine, Shura et Angelo patrouillaient près des arènes d’entraînement du Domaine Sacré. Ils avaient tous senti le cosmos de leurs amis s’enflammer, mais également la perte de celui de Shiryu et l’affaiblissement de celui de Camus. Ils savaient donc qu’ils étaient en train de se battre. Tous s’étaient retenus de les rejoindre afin de leur prêter main forte. Chacun des groupes avait un rôle à jouer, et le leur était de surveiller les alentours des arènes. Ils étaient tous sur leurs gardes, tout en essayant de suivre le combat qui se déroulait au pied du temple du Bélier. 

 

    Au détour d’une ruine, vestige des précédentes batailles, les Alliés se retrouvèrent nez à nez avec cinq Demi-Dieux. Instinctivement, Rhadamanthe se plaça devant Kanon qui pesta mais avant même qu’il n’ait pu ouvrir la bouche, le groupe reçut de plein fouet une attaque violente de l’ennemi. Ils furent tous projetés contre une parois rocheuse située à près de cent mètres de leur position initiale. Sonnés, ils se relevèrent. Kanon y compris. Le second Gémeaux avait été protégé par le corps du premier Juge des Enfers qui fut à l’abri de l’attaque surprise grâce à son Surplis. 

 

    En un seul coup, les Alliés se sentaient déjà affaiblis. Comme pour l’autre groupe, du sang fit son apparition aux coins des lèvres, ainsi que des plaies. Celui qui souffrait le plus, c’était Angelo. Shura, qui voulait le protéger, s’était placé devant lui mais les coups portés par les Demi-Dieux l’avait propulsé directement dans les côtes meurtries de son amour. Le Capricorne s’en voulait. Le Cancer continuait de se poser mille questions sur son compagnon d’armes. Depuis un moment, le comportement de Shura était étrange et il comptait bien en connaître les raisons. Comme les autres, Angelo se releva, tentant de cacher ses blessures aux sbires d’Héra.

 

    — Vous avez l’air plus résistant qu’il n’y parait… pour des humains, persifla l’un de leurs adversaires.

    — C’est sans doute parce que vous n’êtes pas aussi puissants que vous le prétendez ! intervint Angelo.

    — Ha oui ! Vous croyez ça ?! Eliminons-les, fit le même Demi-Dieu en s’adressant à ses congénères.

 

    Une autre salve de coups s’abattit sur les Alliés. Cette fois, Kanon tenta d’ouvrir un « Golden Triangle » afin que l’attaque soit aspirée dans une autre dimension mais il n’en avait pas eu le temps. Il avait bien vu l’attaque, comme ses pairs, mais elle était bien plus rapide que la lumière. Les coups s’abattirent sur le groupe Allié qui s’encastra une seconde fois dans la roche derrière eux. Certains retombèrent à genoux. Ce fut le cas pour Shaka, Ikki, Rhadamanthe et Shura. Les autres avaient glissé le long de la paroi puis s’étaient écrasés sur le sol. Mal en point. Des articulations avaient cassé sous l’impact du choc. Les protections Divines que portaient les Chevaliers, Marinas, Spectres et Guerriers Divins commencèrent à craqueler ; parfois il manquait des morceaux entiers. Kanon, sans armure, était salement amoché, le Juge ne pouvant pas toujours veiller sur lui. 

 

    Ikki quand à lui s’inquiétait pour deux personnes. Son frère et le Chevalier de la Vierge. Bien sûr, il reconnaissait leur puissance et leur capacité à combattre mais là, c’était difficile pour lui de protéger son cadet au détriment du Gold, bien qu’apparemment Io se tenait au côté de Shun et semblait le protéger alors que c’était son rôle de frère aîné. Il ne pouvait choisir… Il était tiraillé. Shaka s’en aperçut.

 

    — Ikki, ce n’est pas le moment de douter autant. Reste centré sur le combat. Ton frère sait se battre, il l’a déjà démontré à plusieurs reprises, fit Shaka discrètement.

    — Je le sais, merci ! grogna le Bronze.

    — T’es pas obligé d’être toujours désagréable, fit remarquer le blond.

    — T’es pas obligé de me faire la morale ! répliqua Ikki.

    — Est-ce en rapport avec ton baiser ? demanda télépathiquement la Vierge.

 

    Le Phœnix écarquilla ses yeux et fixa Shaka qui avait les yeux fermés, comme à son habitude. Ikki se demandait comment le blond pouvait être autant perspicace. 

 

    — Que tu le veuilles ou non, nous devrons en discuter. Je sais que ce n’est pas le bon moment. Mais promets-moi de venir en parler après tout ça…

    

    Ikki soupira. Shaka avait raison et il était en droit de savoir pourquoi il l’avait embrassé. Sans un mot, il baissa la tête. 

 

    — Tu as raison. Tu as le droit de savoir et après t’avoir parlé, je disparaîtrais, répondit-il de la même manière.

    — Soit. Pour l’heure, ne t’inquiète pas pour moi, continue de protéger Shun. Il est plus important que moi, affirma le Gold.

    — Il est important oui, mais toi aussi, lâcha Ikki sans s’en rendre compte. 

 

    Le fier Chevalier de la Vierge sentit son corps lui échapper. Son coeur s’emballa sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Etait-il important pour le combat, ou bien pour Ikki… juste pour Ikki ? 

 

    Rhadamanthe sentait sa colère monter. Kanon n’en faisait qu’à sa tête et se mettait en danger. Un simple regard entre eux suffit à « lire » les pensées de l’autre. Le second Gémeaux comprenait que son amant, son frère et ses amis soient inquiets pour lui mais comment un Chevalier d’Athéna pouvait-il rester à l’abri derrière lesdits amis, les laisser se faire massacrer juste parce que lui n’avait pas d’armure ? Impossible pour Kanon et au fond de lui la Wyvern le comprenait parfaitement. Kanon et lui étaient plus semblables qu’il n’y paraissait.

 

    Les Demis-Dieux se préparèrent à lancer une autre attaque. En fait, ce n’était pas un seul coup mais cinq en même temps. Les coups plurent. Des centaines, au quasi même moment. Les Alliés avaient un mal fou à être plus rapides que leurs assaillants. Pourtant, Shura avait déjà réussi à blesser Galahad lors du précédent affrontement, alors tout restait possible… L’attaque fut, une fois encore, très violente. Les corps des Alliés ressemblaient à des pantins désarticulés. Kanon et Angelo  les premiers. Dès le départ affaiblis, il leur était difficile de résister aux impacts des poings ennemis. 

 

    Le Cancer peinait à se relever et maintenait ses côtes meurtries avec l’un de ses bras alors que sa bouche rejetait un liquide rougeâtre au goût métallique. Le second Gémeaux ne s’était pas relevé immédiatement. Rhadamanthe serra les poings. Il n’avait pas pu le protéger, mais comment le pouvait-il ? Kanon n’en faisait qu’à sa tête et se mettait en danger. Dans l’attaque, Io, Shaka, Shun et Aiolia furent gravement touchés. Ikki avait, in-extremis, évité le coup mais il n’avait pu protéger les deux êtres qu’il aimait. Les voyants à terre, il se jura de vaincre ces Demi-Dieux, seul. Alors qu’il se préparait à lancer son « Hô Yoku Ten Shô », la Wyvern  le stoppa.

 

    — Tu ne les vaincras pas seul, affirma le Juge.

    — Je suis plus fort que tu ne le penses ! rétorqua le Phœnix.

    — Je n’en doute pas mais crois-moi, seul ce n’est pas une bonne idée.

 

    Mais le Bronze ne l’écouta pas et lança son attaque sur les Demi-Dieux. L’un d’eux se plaça devant les autres et sans peine renvoya le coup, en le décuplant, à son expéditeur. Les ailes du Phœnix se brisèrent contre une roche non loin de là. Alors qu’il s’écrasa durement sur le sol, l’homme de main de Galien riait à gorge déployée. Le cosmos d’Ikki s’affaiblissait, pourtant dans sa tête résonnait une voie qu’il reconnut facilement. 

 

    — Ikki, relève-toi ! Tu n’es pas homme à te laisser aller de la sorte.

    — …

    — Le Phœnix se relève toujours et renaît de ses cendres. Relève-toi !

 

    Et puis, celui qui lui parlait apparut dans son esprit. 

 

    — Sha…Shaka !?

 

    La silhouette de la Vierge sourit.

 

    — Ikki, tu ne les vaincras ni seul ni rempli de colère. Ton frère va bien, il va se relever comme nous tous.

    — Shun !…

    — Oui, il est vivant.

    — Et toi ?

    — Moi ? Pourquoi t’inquiètes-tu autant pour moi  ?

    — Je…je…

 

    Mais les mots semblaient mourir dans la gorge du Bronze et alors qu’il se sentit assez fort pour enfin lui avouer ce qu’il ressentait, la connexion mentale fut coupée et Ikki ouvrit enfin les yeux. Shun, inquiet, était penché sur lui et pleurait.

 

    — Quand vas-tu cesser de pleurer et de t’inquiéter pour moi ? fit l’aîné en ébouriffant les cheveux du cadet.

    — Ikki…, sourit le jeune Bronze.

 

    Près d’Andromède se trouvait Io qui soutenait son petit-ami. Ikki lui sourit. 

 

    — Merci de veiller sur lui, Io.

    — De … de rien.

 

    Shun et Io l’aidèrent à se relever puis son regard croisa celui de Shaka qui aidait Aioros à relever son cadet. Le Gold avait pourtant les yeux clos mais il voyait parfaitement son ami le fixer. 

 

    — Y-a-t-il quelque chose que tu voudrais me dire, Ikki ? demanda télépathiquement la Vierge.

    — Ce n’est ni le lieu ni le moment, répondit-il de la même manière.

    — C’est vrai, tu as raison…

 

    A peine Shaka avait-il terminé sa phrase que leurs assaillants lancèrent une autre attaque. Cependant ce fut là l’assaut de trop. Les Chevaliers d’Athéna, qui avaient déjà réussi à entrevoir l’attaque des Demi-Dieux, l’avaient vue clairement cette fois. Il en était fini d’eux… Albérick jouait toujours la carte de l’individualisme et ne se mêlait pas aux autres pourtant il se battait avec hargne malgré plusieurs mauvaises blessures. Io se tenait toujours près de son tendre petit ami pour le plus grand malheur d’Ikki qui ne trouvait plus sa place. Kanon et Angelo souffraient de leurs blessures parce qu’évidemment ils ne pouvaient rester en retrait, et se relevaient comme les autres après chaque salve de coups. 

 

    Les Alliés décidèrent d’attaquer tous ensemble. Ils utilisèrent leurs attaques respectives. Les Gold, qui avaient vu distinctement le coup unique de leurs vis-à-vis, purent s’approcher de leur vitesse d’attaque. Rhadamanthe était un guerrier puissant qui possédait des ressources insoupçonnées, aussi il joignit ses pouvoirs à ceux des Gold. Il calqua sa vitesse sur celle de Kanon et des autres et les coups plurent à une vitesse plus rapide que la lumière, sans toutefois atteindre celle des Dieux de la trempe de Dracon et des autres. Les Gold et Rhadamanthe réussirent à atteindre leurs cibles. Les Demi-Dieux et les Mercenaires étaient abasourdis par cet exploit.

 

    En cet instant, les Alliés surent qu’ils pouvaient gagner le combat bien que les Demi-Dieux soient en train de se relever. 

 

    — Vous n’êtes que de misérables insectes chanceux ! grogna l’un des hommes de main de Galien à l’encontre des ennemis de sa Déesse.

    — Leurs cosmos ne cessent d’augmenter à mesure qu’on leur inflige des coups. C’est impossible, ils devraient être déjà anéantis ! fit remarquer un autre.

    — TUONS-LES UNE BONNE FOIS POUR TOUTES ! ordonna le premier.

 

    Les Demi-Dieux se mirent une nouvelle fois en position d’attaque alors que les Alliés se plaçaient en défense. Les Olympiens lancèrent une salve de coups qu’ils pensaient plus puissants, plus rapides mais ce fut sans compter la vue perçante des Alliés qui virent les coups arriver. Ils purent les éviter sans problème en se faufilant à la même vitesse qu’eux. Droite. Gauche. Gauche. Droite. A leur tour et sans crier gare, ils déversèrent leurs coups sur leurs ennemis. Kanon et Shaka utilisèrent leurs techniques pendant que les autres attaquaient. Le « Golden Triangle » pour le premier et le « Riku Dô Rin Ne » pour le second. Les Demi-Dieux se virent aspirer dans le tourbillon des dimensions créé par la Vierge et le second Gémeaux. Les Olympiens disparurent…

 

    Les alliés étaient tous dans un sale état, mais leurs cosmos brûlaient toujours plus fort. A bout de souffle, ils se mirent en route vers le Palais, afin de rejoindre les autres.

 

———

 

Seuil du Sanctuaire Terrestre.

    Galien pestait contre les Demi-Dieux qu’il avait dénichés. Ce n’était qu’une bande d’incompétents. Si le dernier groupe ne réussissait pas à vaincre les Alliés, ses hommes et lui devront les affronter. Il savait également qu’il aurait des comptes à rendre à sa Déesse, et il savait d’avance qu’elle ne lui pardonnerait pas une défaite…

 

 

A suivre…

 

Gemini, le secret oublié

Shiroitora-lili

 

Chapitre 17 

                    Partie 3

 

Lundi 30 mai, toujours…

 

Olympe, quartiers d’Héra.

    La Déesse tournait en rond dans son salon. Elle se demandait pourquoi Galien, qui avait toute sa confiance, avait choisi des hommes autant incapables pour l’épauler dans sa mission. Elle rageait, pestait contre le Mont Olympe. Elle n’avait plus d’autre choix que de se rendre sur Terre, afin de « réveiller » sa troupe. 

 

    Alors qu’elle se préparait, Héra sentit quelque chose d’étrange en elle. Une drôle d’impression qui passa en elle comme l’un des éclairs de Zeus. Cela ne dura pas longtemps mais assez pour la contrarier. 

 

    Entendant sa Déesse fulminer, Aloysias se risqua à frapper à la porte du salon.

 

    — QUOI ! hurla Héra.

    — Ma Déesse, je vous ai entendue et je me demandais si vous aviez besoin d’une quelconque aide, fit le serviteur courbé.

 

    La Déesse cessa sa bougonnerie et se retourna vers son protégé. 

 

    — Merci Aloysias. Mais je ne pense pas que tu puisses m’être d’un grand secours. Galien est en train de perdre le combat qu’il mène au Sanctuaire d’Athéna. Ils sont trois contre moi. Nous possédons la même puissance, je ne sais pas comment …

 

    Aloysias se risqua à couper la parole de sa Déesse.

 

    — Pardonnez mon audace Majesté, mais je pense pouvoir vous aider.

    — Ah oui ! J’écoute !

    — Il y a fort longtemps vous aviez demandé à Galien de pénétrer dans la mémoire des Olympiens et de tous ceux qui connaissaient la vérité sur la seconde Gemini afin qu’ils oublient tout. 

    — Oui, et ? s’impatienta la Déesse. 

    — Galien en avait profité pour implanter un code dans la mémoire du Seigneur Zeus afin que vous puissiez obtenir de lui tout ce que vous vouliez. 

    — Tu veux dire que grâce à ce code, Zeus m’obéira ?

    — Oui ma Déesse.

 

    Comment avait-elle pu oublier une chose comme celle-ci ? Héra jubilait comme jamais. Non seulement elle avait enfin la possibilité d’anéantir Athéna mais aussi détruire Zeus…

 

    — Et quel est ce code ? l’interrogea-t-elle.

    

    Le serviteur lui tendit un vieux rouleau de parchemin. Héra s’empara de la note, la déroula, et lut. 

 

    — Es-tu certain que cela fonctionnera ? demanda la Déesse à son serviteur.

    — Oui, Majesté. 

 

    Héra serra fortement dans sa main le manuscrit que lui avait remis Aloysias, tandis qu’un large sourire s’empara de son visage…

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna, quelque part loin des combats.

    Marine et Shaïna s’étaient précipitées pour regrouper tous les civiles vivant sur le Domaine Sacré afin de les protéger du combat qui allait s’y dérouler. Pandore, Shunreï et Seïka faisaient partie du groupe à mettre en sûreté. 

 

    Les cinq amies avaient toutes peur pour quelqu’un. Comme toujours Shaïna s’inquiétait pour Seiya bien que celui-ci ne s’intéressait pas à elle. Pandore tentait par tous les moyens de rassurer sa petite-amie. Shunreï n’aimait pas la guerre et avait peur de perdre son père adoptif ainsi que Shiryu qu’elle aimait comme un frère. La soeur d’Hadès gardait contre elle sa bien-aimée tremblante. Pandore devait se montrer forte, même si elle aussi était angoissée par cette agitation.

 

    Marine ne montrait aucune émotion. Son casque la préservait devant les autres mais son coeur et son corps tremblaient. Perdre Aiolia lui serait insupportable, pourtant il lui fallait penser à autre chose : les civils par exemple qui n’avaient aucune possibilité de se défendre. Seïka, quant à elle, faisait de son mieux pour éviter de penser au pire scénario et aidait autant que possible les autres. C’était une femme bien plus forte qu’il n’y paraissait.

 

———

 

Sanctuaire Terrestre, devant le douzième temple.

    Aux portes du temple, Seiya, Aldébaran, Aphrodite, Rune, Minos, Queen, Bud, Syd, Sorrente et Christer se tenaient devant cinq Demi-Dieux déterminés à en découdre. Seiya et les autres se mirent en position de défense espérant réussir à les contenir ici, loin du Palais. 

 

    — Vous ne pourrez pas nous empêcher d’avancer, fit froidement l’un des ennemis.

    — Peut-être ! Mais ne comptez pas sur nous pour vous laisser passer facilement, affirma Aldébaran.

    — Vous n’êtes que des insectes, intervint un autre.

    — Sans doute, mais n’avez-vous pas senti que nos amis avaient réussi à vaincre certains d’entre vous ? questionna Aphrodite, une rose rouge entre les dents.

    — Si bien sûr. Mais du coup, nous allons les venger, ricana le premier.

    — Assez parler. Abattons-les, fit encore un autre Demi-Dieu.

 

    Les assaillants lancèrent leur première offensive. L’attaque fut puissante et aucun des Alliés ne la vit arriver. Ils se retrouvèrent tous projetés plusieurs dizaines de mètres derrière eux contre les murs épais du temple. Syd mit un peu plus de temps pour se relever que son frère qui se précipita vers lui. Le Guerrier de Zeta avait pris un sale coup. Sa Robe d’Odin montrait déjà quelques fissures et l’une de ses jambes était cassée. Bud fut rassuré lorsqu’il vit son jumeau ouvrir les yeux et se remettre debout. En revanche, Minos ne se préoccupait pas de son amant partant du principe qu’ils étaient en guerre et que dans ces moments là, il n’y avait pas de place pour les sentiments. Et il avait raison, en quelque sorte. Protéger l’être aimé pouvait rendre tout autant plus faible que plus fort. Rune avait, cependant, encaissé le coup avec classe mais il pestait contre lui-même de n’avoir pas pu l’esquiver. 

 

    Lorsque tous les Alliés furent debout, chacun d’eux lança sa propre attaque sur leurs ennemis. Les coups des Chevaliers et de leurs amis étaient trop lents pour des êtres tels que des Demi-Dieux. Sans mal, ils avaient donc évité les attaques en les esquivant à une vitesse plus rapide que celle de la lumière. Tout en parant les coups, ils s’étaient rapprochés d’eux pour leur asséner des coups de poing directement dans le ventre. Sans rien y comprendre, les Alliés se plièrent en deux, tombant à genoux. Certains d’entre eux avaient entendu leurs os se briser. D’autres en avaient eu le souffle coupé. 

 

    Sans leur laisser le moindre répit, les hommes de main de Galien lancèrent une attaque, presque plus rapide que la première. Les coups expédièrent les Alliés à plusieurs dizaines de mètres dans les airs, les faisant retomber lourdement sur le parvis du temple. Christer, le nouveau Général Dragon des Mers, se fracassa la nuque en s’écrasant sur la dalle. Les jumeaux d’Asgard, voulant se protéger mutuellement, étaient retombés ensemble. Bud et Syd semblaient « emmêlés », pourtant ce fut Bud qui toucha le sol en premier. Un craquement se fit entendre et une douleur cuisante le prit. Il avait sans doute la clavicule cassée. Seiya était encastré dans l’un des piliers soutenant l’entrée du temple des Poissons. Les autres avaient eu plus de chance, bien qu’ils soient mal en point. Une fois debout, et sans vraiment savoir pourquoi, Sorrente se rua vers Christer pour voir comment il allait, mais il avait perdu connaissance. 

 

    Christer venait juste de rejoindre la troupe de Poséidon et malgré sa force, il manquait encore d’expérience au combat. La Sirène Maléfique sentit son corps trembler sans vraiment comprendre pourquoi. Une sorte de colère s’empara de lui, alors qu’il regardait son compagnon d’armes allongé sur le sol. 

 

    — Sorrente ? Que t’arrive-t-il ? lui demanda Aphrodite.

    — Je ne sais pas, mais une chose est sûre. On ne peut pas les laisser gagner ce combat.

    — Je suis d’accord, intervint Seiya. Comment va Christer ?

    — Il a perdu connaissance et aussi beaucoup de sang, répondit tristement la Sirène.

    — Il s’en remettra ! Si Poséidon l’a choisi ce n’est sans doute pas pour rien, fit remarquer placidement Minos.    

    — Certes, mais nous avons le droit de nous inquiéter pour les nôtres, dit Sorrente.

    — Nous sommes en guerre, nous n’avons pas le temps de nous apitoyer, argumenta le Griffon.

    — De la zizanie dans le groupe ? Vous pouvez même vous entre-tuer, cela nous arrangera, ricana l’un de Demi-Dieux.

    — Te mêle pas de nos affaires, fit Aldébaran. Allons les amis, Athéna, Poséidon, Hadès et Hilda comptent sur nous. Nous ne pouvons pas les décevoir, et encore moins perdre ce combat…

    — Aldé a raison. Allons les amis, en garde. Nous avons une bataille à mener, les encouragea Pégase. 

    — C’est inutile. Nous allons vous écraser, annonça perfidement un autre ennemi.

 

    Chacun des clans se remit en position d’attaque. La tension était palpable. Les hommes de main de Galien ne lâcheraient pas si facilement, d’autant que leurs frères d’armes venaient d’être anéantis par les Alliés.

 

———

 

Palais, Sanctuaire d’Athéna, bureau du Pope.

    Athéna, ses oncles et Hilda avaient peur pour leurs amis et protecteurs. Ils savaient tous qu’ils mourraient pour eux et ne le voulaient plus. Aucun combattant des différents Sanctuaires ne méritait ça. Grâce, ou à cause d’Athéna, ils avaient pu recouvrer la vie pour une seconde chance, mais ils allaient sans doute encore mourir dans cette bataille. La Déesse de la sagesse s’en voulait de leur infliger cela.

 

    La Prêtresse d’Odin se demandait toujours pourquoi son Dieu lui avait donné l’ordre de venir ici. Depuis qu’il s’était manifesté plusieurs jours plus tôt, Hilda n’avait plus ressenti sa présence en elle…

 

    Alors que le combat faisait rage, le Dieu des Océans éprouva une sensation étrange. Une nausée. Un vertige. C’était ce que ressentait en cet instant Poséidon. Ce fut comme s’il était devenu fragile, insignifiant comme tous les mortels. Il chercha du regard son frère et sa nièce, inquiet, et lorsqu’il les vit, il sut qu’ils ressentaient la même chose. Chacun leur tour, ils tentèrent de faire brûler leur cosmos, mais en vain. Ils venaient de perdre leurs pouvoirs…

 

    — Comment est-ce possible ? les interrogea Shion soucieux.

    — Il n’y a qu’un seul Dieu capable de cela, intervint Hadès.

 

    Shion et Saga n’en croyaient pas leurs sens. Athéna, Poséidon et Hadès ne semblaient plus être des Dieux. Comment ? Qui ? Pourquoi ? Inconsciemment, Hilda, le Gold et le Pope dévisageaient les Divinités, en quête d’informations. 

 

    — Mon père ! fit Athéna anéantie par la trahison de Zeus.

    — Zeus ?! firent ensemble la prêtresse d’Odin, l’ex-Bélier et le Gémeaux.

    — Malheureusement, oui ! reprit la Déesse.

    — Mais pourquoi ferait-il une chose pareille ? questionna Shion.

    — Je l’ignore, Shion…, je l’ignore…

 

    Athéna était la préférée du Dieu des Dieux, pourquoi la trahirait-elle ? 

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna.

    Tous les Chevaliers, Spectres, Marinas et Guerriers Divins d’Asgard sentirent le cosmos de leur Dieu respectif s’éteindre. Comment ? Pourquoi ? Qui ? Pourraient-ils recouvrer leurs pouvoirs ? Tous se posèrent ces questions. Une immense peine les envahit tous. 

 

    Tous tentèrent de communiquer avec leur Dieu, sans résultat malheureusement. Pour les Alliés qui en avaient terminé avec les Demi-Dieux, il fallait se hâter d’arriver au Palais afin d’en savoir plus. Pour ceux qui se battaient toujours devant le temple d’Aphrodite, il fallait en finir rapidement car sans pouvoir, les Déités ne pouvaient plus se protéger et c’était leur devoir que d’assurer la protection de leur Dieu.

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna, temple des Poissons.

    Ce furent les Demi-Dieux qui lancèrent une autre salve de coups en premier. Les Alliés ne virent rien venir tant l’attaque était puissante et rapide. Certains Alliés furent projetés contre les parois du temple, d’autres se fracassèrent sur les colonnes à l’intérieur de la maison des Poissons, passant au travers de plusieurs d’entre elles. Leurs protections se désagrégeaient. Fissures. Morceaux manquants. Mais les corps n’étaient pas en meilleur état. Fractures. Plaies. Hémorragies…

 

    Mais tous se relevèrent malgré les blessures, la douleur. Il fallait protéger Athéna, Hadès et Poséidon. Et ce, à tout prix. A peine purent-ils se remettre debout que les hommes de main d’Héra attaquaient de nouveau. Pas le temps pour les Alliés de reprendre leur souffle. A force d’utiliser la même technique, les Demi-Dieux s’approchaient inévitablement vers leur fin, mais ils l’ignoraient. 

 

    Bien que les coups soient très rapides, Aldébaran, Aphrodite et Seiya purent voir assez distinctement l’attaque qui arrivait sur eux. Instinctivement, ils poussèrent leurs amis afin de les protéger et ainsi ils purent tous éviter l’assaut. Evidemment, Minos pesta contre les Chevaliers. Ce fut Rune qui le raisonna, non sans mal.

 

    — Comment avez-vous pu éviter ces coups ? demanda l’un des assaillants légèrement paniqué.

    — Vous avez utilisé plusieurs fois les mêmes attaques, et nous, Chevaliers d’Athéna sommes capable d’analyser une attaque dès la première salve, expliqua Pégase. 

    — Impossible ! Vous n’êtes que des insectes ! grogna l’homme de Galien.

    — C’est sans doute ce qu’ont dit vos amis aux nôtres, sourit Aphrodite. 

    

    Les Demi-Dieux rageaient, pestaient, serrant leur poings de colère. 

    

    — Nous allons vous écraser comme la vermine que vous êtes. De plus vos Dieux adorés ne peuvent plus rien pour vous, ricana l’un des ennemis.

 

    Les assaillants se replacèrent en attaque devant les Alliés mais à présent, il était temps pour eux de rendre les coups. Minos utilisa son « Cosmic Marionnetion » et Rune son « Firewhip ».  Sans résultat. Les hommes de Galien esquivèrent les coups facilement. 

 

    Le Poissons s’approcha alors de ses homologues du Royaume des Morts et des autres Sanctuaires et leur expliqua discrètement comment éviter les coups adverses. Le Griffon, l’un des plus forts Spectres d’Hadès en était résolu à devoir prendre une leçon par ces Chevaliers de malheur. Evidemment cela lui déplaisait au plus haut point. Il se retint de les anéantir avec les Demi-Dieux et écouta la leçon en serrant les dents. Les autres furent heureux d’apprendre que leurs ennemis n’étaient pas invincibles. 

 

    Les Alliés, qui n’étaient plus que l’ombre d’eux-même, se séparèrent en trois groupes. 

 

    D’un côté, Queen, Bud, Syd et Sorrente unirent leurs forces et lancèrent chacun leur attaque. En vain. L’ennemi contra les coups facilement. Ils réitérèrent, plusieurs fois sans vraiment de succès, avant que l’homme de main de Galien n’attaque à nouveau, projetant les quatre combattants contre les murs du Palais. Pourtant, ils se relevèrent une fois encore. 

 

    Un peu à l’écart, Seiya, Aldé et Aphr se démenaient avec deux Demi-Dieux. En alliant leurs cosmos, ils purent lancer une attaque conjointe. Une puissante boule d’énergie se forma au bout de leurs mains. Plus leurs cosmos augmentaient, plus la boule d’énergie se renforçait. Et puis ce fut le moment de la projeter sur leurs ennemis qui ne purent contenir l’attaque. Le Poissons avait même réussi à lancer son « Bloody Rose ». Les roses blanches s’enfoncèrent dans les corps des hommes de main de Galien et commencèrent à se teinter de rouge. Les deux Demi-Dieux étaient condamnés… Doucement les Chevaliers reprenaient leurs souffles.

 

    Après plusieurs tentatives et au prix de nombreuses blessures, le Griffon et le Balrog réussirent enfin à toucher leurs ennemis. Mais ceux-ci se remirent debout plus féroces qu’au début du combat. Ayant entre-aperçu l’attaque, grâce à l’intervention d’Aphrodite, le Juge et le Spectre purent éviter de justesse les coups lancés par les deux demi-Dieux. Minos commençait à fulminer. Non seulement, il n’arrivait pas à vaincre les hommes d’Héra mais le pire, pour lui, c’était de voir que les Chevaliers d’Athéna venaient d’en abattre deux. 

 

    Rune était salement amoché, mais comme à son habitude Minos ne le réconfortait pas et ne le regardait pas. Du moins c’est ce que pensait le Balrog sauf que Minos était inquiet pour la première fois de sa vie. Du coin des yeux, il fixait son amant et tentait de voir comment il allait. Il le vit à genoux. De ses plaies s’écoulait beaucoup de sang. Sa respiration était irrégulière. Son surplis s’effritait. Ecoutant pour une fois son coeur, Minos s’approcha de son amant et lui tendit l’une de ses mains afin de l’aider à se relever. Rune le regardait, stupéfait. 

 

    — Viens ! dit le Griffon.

 

    Hésitant, Rune prit la main de son amant qui serra sa prise et aida le Spectre à se remettre debout. 

 

    — Mer…merci Minos, fit le Balrog déconcerté. 

    — Comment te sens-tu ?

    

    Quoi ? Minos du Griffon venait de lui demander comment il allait. 

 

    — Tu as pris un mauvais coup ? l’interrogea-t-il.

    — Quoi ? Non ! Pourquoi cette question ?

    — Tu n’as jamais été aussi gentil avec moi et tout à l’heure tu as dit à Sorrente que ce n’était ni le moment ni le lieu pour s’apitoyer sur l’un des nôtres à terre. 

    — Certes… En fait, je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai juste éprouvé le besoin de savoir comment tu allais.

    — Merci, sourit Rune. Je vais bien.

    — Très bien. Alors, que dirais-tu d’en finir avec ces deux-là ?

    — Je suis partant.

 

    Rune était heureux de voir que son amant s’était inquiété. C’était la première fois depuis le début de l’affrontement, et depuis toujours en fait. Minos n’était pas homme à montrer ses sentiments. 

 

    Les Amants lancèrent donc chacun leur attaque de prédilection. Elles étaient plus puissantes et plus rapides que toutes les précédentes. Cette fois, leurs ennemis ne purent esquiver les coups. En quelques secondes, c’en était fini d’eux pour le plus grand soulagement de Rune. Les deux Spectres pouvaient souffler une minute. Minos en profita pour observer d’un peu plus près son amant et vit qu’il avait une forte hémorragie à la cuisse.  Au moment, où il allait lui faire un garrot Rune l’arrêta.

 

    — A quoi tu joues ? 

    — Tu es blessé…    

    — Toi aussi, je te signale.

    — Ce n’est rien de grave, toi en revanche…

    — Merci, fit Rune en prenant discrètement la main de Minos. Mais ce n’est pas le moment. Nos amis sont en train de se battre, nous devons les aider.

    — Tu as raison. Je ne sais pas ce qu’il me prend. 

 

    Rune ne dit rien mais il savait. Minos était inquiet car il l’aimait. Et bien qu’il ne l’avouera jamais, ses actes en disaient long. 

 

    Christer, qui avait refait surface, s’excusa pour son manque de compétences auprès des autres qui comprirent parfaitement. Sauf le Griffon qui se demandait ce que faisait ce novice ici. Le nouveau Général Dragon des Mers se promit de se reprendre et de faire de son mieux. Sorrente se trouvait près de lui et tout en l’observant, il pensa que ce serait très certainement un très bon combattant.    

 

    Les Alliés préparaient une autre offensive. Seiya, Aldé et Aphr tentèrent la même attaque, Minos et Rune s’allièrent de nouveau, et les autres essayèrent de joindre leurs cosmos pour voir ce que cela pourrait donner. Le premier groupe rata sa cible. Les Demi-Dieux purent cette fois parer le coup, non sans mal. Le Juge des Enfers et son amant réussirent, avec les mêmes coups, à vaincre l’un des Demi-Dieux restants. Plus qu’un …

 

    Quant à Queen, Sorrente, Christer et les jumeaux d’Asgard, ils étaient en train d’innover. Il était rare de voir s’unir les Cosmo-énergies de différentes castes. Cela avait l’air de fonctionner, du moins en théorie. Ce ne fut pas si simple de contenir la puissance d’un tel regroupement, surtout qu’aucun d’eux n’en avait l’habitude. La boule d’énergie qui s’était formée devant les cinq combattants semblait instable et prête à exploser. Christer tomba sur ses genoux à cause de la pression de la boule d’énergie. Les autres résistaient comme ils le pouvaient.

 

    — Vous ne réussirez pas à contrôler toute cette puissance, fit Seiya. Vous devriez tenter de lancer l’attaque. 

    — Facile à dire, répondit Bud. 

    — Si vous ne le faites pas, vous allez très certainement mourir, reprit Aldé. 

    — Ils n’y arriverons pas seuls. Il faut les aider, fit remarquer Aphrodite.

 

    Le Poissons et le taureau se dirigèrent tant bien que mal vers leurs amis en difficulté. Ils joignirent leurs cosmos aux leurs et tentèrent de contenir la puissance qui en émanait. Rune fit de même, sans même se demander ce qu’allait penser son amant. Peu à peu, la force de la boule d’énergie se stabilisa. 

 

    — MAINTENAAAAANT ! cria Pégase. 

 

    Les huit hommes lancèrent l’attaque, avec difficulté. Le coup fit mouche. L’ennemi fut propulsé à près de cent mètres de là. Le Demi-Dieu s’écrasa au sol, sans vie. Les huit Alliés étaient essoufflés, leurs jambes tremblaient. Ils n’en revenaient pas d’avoir pu lancer une telle attaque commune. Si puissante. Si rapide…  Il n’était pas l’heure de se reposer, il leur fallait rejoindre le Palais. Et surtout, ils savaient qu’ils avaient encore des ennemis à vaincre. Cinq Dieux…

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna, Palais.

    Toutes les castes se trouvaient au Palais, auprès de leur Dieu. Ils avaient tous perçu que le cosmos des Déités avait disparu. Evidemment, les interrogations étaient nombreuses. Hadès calma les troupes en expliquant les grandes lignes. Les têtes couronnées étaient en danger…

 

    Evidemment, le Chevalier Pégase eut un mal fou à accepter la situation, et s’inquiétait grandement pour sa Déesse, son amour pour elle étant inconditionnel. Athéna savait pourtant toujours trouver les mots pour apaiser son prétendant. Une fois cette histoire terminée, peut-être pourront-ils profiter de cette nouvelle vie, comme leurs amis…

 

    Il fut convenu que les Dieux et Hilda resteraient à l’abri dans les appartements d’Athéna, se trouvant un peu reculés, derrière le Palais. Etrangement, Hadès avait une mauvaise intuition mais il ne sut en dire plus. Que pouvait bien valoir l’intuition d’un Dieu déchu ? 

 

———

 

Portes du Domaine sacrée.

    Galien et Konrad se demandaient comment de simples mortels avaient pu en finir avec des Demi-Dieux bien plus puissants qu’eux. Le reste de la troupe rageait. Ils devaient les battre pour Héra, et il n’était pas question qu’ils échouent. Cependant depuis quelques minutes, les cinq Mercenaires se sentaient étrangement bien. Il leur sembla même avoir recouvré toute leur puissance, comme au bon vieux temps. Comment cela se pouvait-il ?

 

    — Fini de jouer ! annonça froidement le chef de la garde d’Héra.

 

    A peine avait-il terminé sa phrase, que lui et les autres sentirent le cosmos de leur Déesse. Accompagnée de deux gardes, Héra venait d’arriver au Sanctuaire d’Athéna. Grâce à son fidèle serviteur, elle avait pu hypnotiser son époux afin de lui donner l’ordre d’ôter tous les pouvoirs à Athéna, Poséidon et Hadès. Chose qu’il se refusait à faire même aux plus vils Dieux de l’Olympe car c’était malheureusement irréversible. La Déesse se régalait de cet instant. De plus, elle avait pu rendre leurs pouvoirs à ses Mercenaires. Elle tenait sa revanche et cela grâce à Zeus. Que pouvait-il y avoir de plus jouissif ? 

 

    — Majesté, fit Galien en posant un genou à terre. 

    — Relève-toi ! Où en êtes-vous ? le questionna-t-elle.

    — Les Demi-Dieux ont été décimés, mais mes hommes n’ont rien, pour le moment. 

    — Qu’attends-tu pour finir ta mission ? cingla Héra. 

    — Nous nous rendions au Palais lorsque vous êtes arrivée. Il semblerait que Poséidon, Athéna et Hadès n’aient plus aucun pouvoir.

    — Ca je le sais déjà, reprit froidement la Déesse.

    — De plus, il semblerait que nous ayons retrouver notre puissance d’antan, expliqua-t-il.

    

    Elle entreprit d’expliquer comment, et ce grâce à son cher époux, elle avait réussi ce tour de force. 

 

    — Réunis tes hommes, nous allons rendre une visite à cette petite peste.

    — Il n’est pas prudent de nous accompagner, Majesté. 

    — Silence ! Je ne te donne pas le choix ! Je veux voir cette peste perdre enfin la face, ricana Héra. 

    — Très bien Majesté, comme il vous plaira, fit Galien en se courbant en guise de respect. Mais je souhaite vous avertir que la troupe adverse s’avère être plus puissante qu’on ne le supposait, je crains pour votre sécurité.

    — Maintenant que ces trois là n’ont plus de pouvoirs, leurs troupes vont s’effondrer et puis, Zeus n’interviendra pas, j’ai fait le nécessaire. Il n’y a donc aucun risque, termina-t-elle.

    

    Galien n’était pas convaincu par les mots de sa Déesse, mais il dut se résoudre à la laisser les accompagner et ensemble se rendirent au Palais. Quelques minutes plus tard, Héra et ses Mercenaires se trouvaient sur la parvis du Palais, rejoignant ainsi Konrad et Dracon. 

 

———

 

Parvis du palais, Sanctuaire.

    Tous les Alliés s’étaient regroupés sur la dalle devant le Palais, ils avaient tous ressenti un cosmos très puissant aux portes du Sanctuaire. Les Dieux déchus et Hilda s’étaient réfugiés dans les appartements d’Athéna. Ils ne savaient pas s’ils pourraient recouvrer leurs pouvoirs, ni même pourquoi Zeus les en avait privé, d’autant qu’à présent ils étaient en paix. Ils ne parlaient plus, ne se regardaient plus. Ils se sentaient faibles, fragiles, mortels… La grande Prêtresse d’Odin les observait silencieusement, se doutant que rien ne pourrait leur rendre leur sourire, leur vitalité de Dieu. 

 

    Devant l’entrée du Palais du Pope, les Mercenaires et Héra venaient d’arriver, suscitant un grand nombre de questions de la part des Alliés.

 

    — Où sont cette petite peste d’Athéna et ses oncles ? cingla Héra en intensifiant son cosmos.

    — Ils ne sont plus ici, se risqua à dire Seiya.

    — Tu mens ! reprit la Déesse. Je sais que personne n’a quitté le Sanctuaire.

    — C’est bien joli tout ça, mais nous ne savons même pas à qui nous avons à faire ! fit ironiquement Milo.

    — Misérables insectes, aboya Galien. Qui vous a permis de vous adresser de la sorte à notre Déesse bien-aimée, Héra épouse de Zeus !

    — Héra ! firent en même temps plusieurs Alliés.

    — Oui ! Exactement, reprit-elle. Où est Athéna ? ordonna-t-elle sèchement.

    — Ne comptez pas sur nous pour vous dire quoique ce soit, répondit calmement Dohko.

    — Ah oui ! Galien ! Elimine ces vermisseaux, somma la Déesse.

 

    Le chef de la garde d’Héra acquiesça tout en regardant ses amis, seulement ses yeux s’arrêtèrent sur son amant. Chacun d’eux connaissait les risques, et à ce stade d’un combat tout pouvait encore basculer. 

 

    Les Mercenaires se mirent en position de combat, immédiatement suivis par les Alliés. Ce combat s’annonçait rude. 

 

    L’armure de Saga se mit d’un coup à briller tout en émettant un son strident, comme les autres fois. Shion et Mû ressentirent sa peine de voir sa jumelle se battre contre Athéna. Il fallait qu’elle revienne parmi les Gold, et cela à tout prix. La seconde Gémini ne réagissait pas à l’appel de sa jumelle. L’armure de Saga sembla se résigner, et redevint normale. Kanon, lui, se sentit de plus en plus étrange, son cosmos bouillait en lui comme jamais. 

    

    — Kanon ! Tout va bien, lui demanda Milo.

    — Je sais pas vraiment, et puis mon état de santé est moins important que l’affrontement.

    — Ne sois pas imprudent, sinon j’en connais deux qui vont te massacrer si tu t’en sors, sourit le Scorpion.

 

    Le second Gémeaux se retourna vers Rhadamanthe qui fronçait les sourcils tout en l’observant puis Kanon riva son regard à celui de son jumeau. Entre eux nul besoin de parler, ou de télépathie, quoique c’était parfois utile, mais là il ne fallut que quelques secondes au cadet pour savoir que son aîné se trouvait dans le même état que lui. Que leur arrivaient-ils ? Ils en parleraient plus tard, là ils avaient d’autres chats à fouetter…

 

    — Je sais, Milo. Mais je ne vais pas non plus me planquer. 

    — Certes, mais fais gaffe, ok !

 

    Kanon sourit à son ami. Sans malice. Sans crainte. Le second gémeaux était prêt à mourir comme tous ses amis.

 

    Héra jubilait, sa présence semblait avoir eu un impact bénéfique sur sa troupe. Ce fut Galahad qui lança les premiers coups sur les troupes Alliés. Son « Club of Heracles » dépassait largement la vitesse de la lumière. Mais ayant déjà vu cette attaque, Mû, Shura, Angelo et Kanon purent facilement, ou presque, contenir les coups. Le cadet des jumeaux avait été protégé par les autres afin qu’il ne subisse pas trop l’attaque. Il rageait, mais il pouvait également les comprendre. Il était temps pour les Alliés de rendre les coups. Ils tentèrent les mêmes attaques qu’ils avaient utilisées contre les Demi-Dieux, mais ils ne furent pas assez puissants pour espérer les toucher mortellement. 

 

    Seiya, très affecté par la disparition des pouvoirs d’Athéna, se plaça en première ligne et surprenant tout le monde, lança son « Pegasus Suï Seïken ». Galien vit le coup arriver très facilement. Le Mercenaire tendit son bras droit devant lui et sans peine renvoya l’attaque de Pégase qui ne la vit pas revenir sur lui. Seiya fut projeté à plusieurs dizaines de mètres plus loin, s’écrasant lourdement contre le mur du Palais. Il glissa le long de la paroi et s’étala sur sol. Certains de ses amis se ruèrent vers lui. Le Bronze était en piteux état mais son cosmos était encore très puissant. Doucement et difficilement, il se releva et avança jusqu’à la première ligne. 

 

    — Tu es dingue, Seiya ! fit remarquer Milo.    

    — Quand arrêteras-tu de foncer tête baissée ? dit Aldébaran.

    — On doit les battre, répondit simplement le Bronze.

    — Certes, mais pour les vaincre il nous faut rester en vie, intervint Dohko.

    

    Evidemment, cela ne sera pas chose aisée. L’armure de Pégase étant déjà fissurée, ce coup l’endommagea davantage. Instinctivement, les Alliés formèrent cinq groupes de six ou sept hommes. Il n’était plus l’heure de penser, mais d’attaquer. Il leur fallait vaincre leurs ennemis mais également trouver le moyen de rendre leurs pouvoirs aux Déités.

 

    Le but des Mercenaires étant d’aller éliminer Athéna et ses oncles, Galien donna l’ordre à ses hommes de forcer la barrière humaine que formait les Chevaliers d’Athéna et leurs amis. Cela sonna le début du combat final. 

 

———

 

Olympe, appartements privés de Zeus.

    Zeus se sentait étrange. Il était debout derrière la grande baie vitrée de son bureau privé. Il observait l’Olympe radieux, verdoyant, serein pourtant au fond de lui il se sentait en colère. Pourquoi ? Il l’ignorait. Et puis, il ne se souvenait pas vraiment de cette journée. Du moins, pas après avoir vu son épouse, Héra. Après cette visite, c’était le trou noir. Héra était gentille et douce sauf lorsqu’il s’agissait d’Athéna. Là, elle devenait extrêmement jalouse et ses qualités fondaient comme neige au soleil. Le Dieu des Dieux réussissait généralement à la calmer dans ces excès mais que se passerait-il s’il ne le pouvait plus ? 

 

    Le cosmos d’Héra semblait avoir disparu du Mont Olympe, il ne pouvait plus le percevoir. Comment avait-elle pu réussir ce tour de force ? Zeus possédait le cosmos le plus puissant de l’Olympe, alors comment pouvait-elle le lui cacher ? Il voulut en savoir plus et voulut sonder chaque parcelle de son Royaume et ensuite la Terre, mais il ne le put. Une force semblait l’en empêcher. Comme un blocage venant de tout son être. Que lui arrivait-il ? 

 

    — J’ai un mauvais pressentiment. Un peu comme s’il était trop tard, se dit-il à voix haute. Mais trop tard pour quoi ?

 

    Zeus soupira, sans pouvoir répondre à ses interrogations…

 

 

A suivre…

Gemini, le secret oublié

Shiroitora-lili

 

Chapitre 17 

                Partie 4

 

Lundi 30 mai, toujours et encore…

 

Domaine Sacré, devant le Palais.

    Héra s’impatientait. Les Alliés refusaient de lui dire où se trouvaient Athéna et ses beaux frères. Elle ordonna à Galien d’éliminer les Chevaliers ainsi que leurs amis. Le chef de sa garde obéit et lança la première salve de coups sur des hommes, certes très entraînés mais également très affaiblis par leurs combats précédents. Néanmoins, Galien restait prudent face à ses ennemis, bien que ses amis et lui aient retrouvé leur puissance d’antan. A plusieurs reprises dans le passé, ils avaient largement dominé des Dieux tels que Poséidon et Hadès. 

 

    Evidemment, les coups ne purent être évités par les Alliés. Ils étaient bien trop rapides. Bien trop puissants. Tous les Chevaliers et leurs amis furent touchés. Les plus affaiblis tel Seiya, Christer et Angelo par leurs blessures et Kanon pour son manque de protection eurent plus de mal que les autres à se relever. Les plaies s’étaient ouvertes davantage, du sang s’en écoulait de plus en plus. Les autres n’étaient guère mieux… Alors que leur état général s’étiolait, leur cosmos ne cessait de s’accroître. Cela déboussola leurs ennemis.

 

    — Comment pouvez-vous encore vous relever ? Comment votre cosmos peut-il encore augmenter alors que vous êtes si faibles ? s’étonna Trajan.

    — Tant qu’un souffle de vie nous animera, nous nous relèverons, répondit difficilement Aioros.

    

    Sans même répondre, Trajan se rua sur Aioros et lui asséna des centaines de coups de poing. Le Sagittaire n’était plus qu’un pantin entre ses mains. Saga réagit au quart de tour et tenta de délivrer son amant de l’emprise du Mercenaire. Mais il n’en eut pas le temps. Aioros tomba à genoux puis s’écroula sur la dalle du Palais. 

 

    — AIOROOOOS ! s’écria le Gémeaux en titre.

    — AIOROOOOS ! s’écrièrent les autres. 

 

    Saga sentit sa peine et sa colère monter en lui. Il se précipita vers son amant et le prit dans ses bras. Une larme de douleur perlait déjà sur son visage attristé. Son cosmos augmentait dangereusement. 

 

    — Je … n’aime …pas…te…voir…pleurer, fit remarquer difficilement le Sagittaire. 

 

    A ces mots, la puissance de la cosmo-énergie du Gémeaux redescendit. Aioros se releva, seul, tout en souriant à son amant. 

 

    — Je ne suis… pas… encore mort…, fit remarquer le neuvième gardien.

    — 'Ros !

    — Ce n’est pas le moment de s’inquiéter, mon amour. Nous connaissons tous les risques, même si je n’ai pas vraiment envie de mourir et de te laisser une fois encore, sourit Aioros. 

    — Tu as raison. Nous devons en finir, mais comment…, précisa Saga qui s’était repris.

 

    A peine fut-il debout que son frère se précipita vers lui. Aioros était salement touché mais il était debout et prêt à reprendre le combat. Aiolia ne savait pas s’il devait être fier de son frère ou s’inquiéter pour lui. En fait, c’était les deux. Autour d’eux, leurs amis se battaient avec hargne mais leurs coups ne semblaient pas atteindre leurs ennemis. Aussi, lui, son frère et Saga les rejoignirent afin de leur prêter main forte. 

 

    Dire qu’ils avaient tous cru pouvoir vivre une vie paisible même s’ils vivaient chacun dans leur Sanctuaire respectif. Le destin leur jouait un bien mauvais tour, cependant, tous les Alliés savaient que leur mission était de protéger leur Dieu, la Terre, les Océans, les Enfers et les Terres du Nord et pour cela, tous étaient prêts à mourir s’il le fallait. 

 

    Les coups pleuvaient. Les Mercenaires étaient plus forts que lors de leurs premiers affrontements et cela se ressentait dans le combat. Shura tenta plusieurs fois d’atteindre de nouveau Galahad avec son « Excalibur » mais chaque fois, l’homme de main d’Héra esquiva. Les Alliés étaient à bout de souffle, affaiblis, gravement blessés mais leurs cosmos brûlaient toujours intensément. 

 

    Plusieurs Alliés étaient à terre, souvent dans une semi-conscience. Shura était l’un d’entre eux. Non loin de lui, Angelo résistait comme il pouvait avec Shiryu, Camus et Hyôga. Quant à Fenrir et Isaak, ils venaient d’essuyer une salve de coups plus puissants les uns que les autres. Ils se trouvaient face à Galahad qui ne cessait d’attaquer. Les Chevaliers d’Athéna avaient déjà analysé son attaque mais ne réussissaient pas à égaler sa rapidité, ce qui les mettait dans une mauvaise posture. 

 

    Quatre autres groupes s’étaient formés afin de pouvoir combattre un ennemi à la fois. Mais tous rencontraient les mêmes difficultés que Shura et les autres. Armures, surplis, écailles, robes divines se disloquaient un peu plus à chaque coup. Les corps encaissaient de violentes attaques. Les os se brisaient, le sang coulait de plus en plus créant souvent des hémorragies impressionnantes, mais apparaissaient également des hématomes sur leurs épidermes. Les Mercenaires, quant à eux, ne montraient aucune trace de coups. 

 

    Le combat était rude pour les Alliés. Ils donnaient le maximum afin de lutter contre les Mercenaires d’Héra. La Déesse était un peu à l’écart mais voyait tout ce qu’il se passait autour d’elle. Et ce qu’elle voyait, lui plaisait pleinement. C’était jouissif de voir les Chevaliers d’Athéna se faire écraser par ses hommes. Elle jubilait. Elle riait. Elle gagnait. 

 

    Plus loin, un groupe d’Alliés tenait tête à Konrad. Du moins, ils tentaient lui résister. Le Dieu n’avait pas encore utilisé son attaque spéciale, il préférait la garder sous le coude au cas où ses ennemis réussiraient à prendre le dessus sur lui. Il bougeait plus vite que les Chevaliers d’Or et n’avait besoin que de coups directs et violents pour les vaincre. Ce fut ainsi que Bud et Sorrente perdirent connaissance sous les yeux ébahis de leurs amis. Christer ne sentait plus son corps, se demandant souvent s’il était conscient ou pas. Après chaque coup, il se relevait, plus ou moins difficilement mais il se relevait, sauf maintenant. Près d’eux, Minos, Rune, Aphrodite et Ikki se démenaient. Leurs cosmos vacillaient de plus en plus, s’affaiblissant à mesure qu’ils encaissaient les coups. 

 

    Le Phœnix ne pouvait s’empêcher de penser à son jeune frère qui se battait un peu plus loin. Andromède semblait se battre avec toute sa puissance, mais visiblement il était dans une situation délicate. Ikki n’était pas focalisé que sur Shun, son esprit divaguait également vers Shaka de la Vierge, le beau blond, qui s’était emparé de son coeur. Le Bronze n’avait pas l’habitude de ressentir ce genre de sentiments, sauf envers son frère, et cela le perturbait. Il cherchait le Gold du regard quand il sentit quelque chose le pousser violemment. 

 

    — Si tu es ici pour rêvasser, tu va mourir ! lui dit Aphrodite. 

    — Désolé…

 

    Ikki s’excusait ? C’était nouveau ça, pensa le Poissons qui venait de lui sauver la mise.

 

    — Ce n’est pas bon de penser lors d’un combat, tu devrais le savoir, intervint Rune.

 

    Minos ne dit rien, mais il n’en pensait pas moins. Il était agacé de voir qu’un Chevalier se laissait surprendre de la sorte comme un débutant. Et dire que les Chevaliers d’Athéna avaient combattu des Dieux et des guerriers bien plus forts, et qu’ils les avaient vaincus ! Minos se rabroua. Ce n’était pas le moment de se disperser dans ses pensées. Quant au Phœnix, il se releva, soupira et reprit le combat malgré les nombreuses blessures qui recouvraient son corps.

 

    Le Griffon et le Balrog se trouvaient également en difficulté. D’ailleurs qui ne l’était pas ? Malgré la rapidité que Rune possédait avec son fouet, il ne parvenait pas à atteindre Konrad. Les Mercenaires étaient des Dieux, et bien plus puissants qu’à leur première rencontre…

 

    Le Palais du Pope subissait lui aussi des dommages. Sa rénovation venait d’être terminée, et visiblement il faudra recommencer… Les piliers qui soutenaient le toit étaient soit détruits, soit fissurés. Ils ne tiendraient plus longtemps. Les dalles du parvis, pourtant en pierre, étaient cassées, voire même enfoncées car les Alliés qui y tombaient s’encastraient dedans. Les ondes de chocs provoquées par les chutes des guerriers lézardaient les murs à l’intérieur et à l’extérieur du Palais. Les Dieux, ainsi qu’Hilda de Polaris, s’étaient réfugiés dans le Palais d’Athéna, un peu plus loin que le Palais du Pope devant lequel le combat se déroulait. 

 

    La nuit pointait à l’horizon. Cela faisait maintenant plusieurs heures que tous combattaient. La fatigue, en plus des blessures, ne facilitait pas la tâche aux Alliés. De plus, Athéna, Poséidon et Hadès avaient perdu leurs pouvoirs divins. Y avait-il un moyen de les sauver ? Et si oui, combien de temps avaient-ils devant eux, et comment ?

 

    Bud ouvrit enfin les yeux. Une force inconnue l’y avait aidé. Près de lui, allongé sur le dos, il vit Sorrente. La Sirène Maléfique était très fortement blessée. Un peu plus loin, Christer commençait à bouger les doigts, bientôt il sera debout et reprendra le combat. Pour le moment, Bud ne réussissait pas à se relever. Il avait un mal fou à bouger ne serait-ce que le petit doigt, pourtant il le devait. Les autres avaient besoin de lui, il ne pouvait pas rester là. Douloureusement, il réussit enfin à bouger ses doigts, sa main puis le bras qu’il tendit vers Sorrente, qui ne bougeait toujours pas. Pourtant, l’Asgardien sentait encore son cosmos. Tout en avançant sa main vers son ami, Bud releva enfin la tête pour le regarder. Le visage de Sorrente était tiré par la douleur, mais pas seulement. Le Marina semblait triste, esseulé. Il n’avait jamais regardé ainsi Sorrente. Aujourd’hui, maintenant, il en prenait le temps et tout en s’attardant sur son visage éteint, il le vit pour la première fois. Le Marina avait un visage fin, doux, et beau. Son coeur se mit à battre étrangement d'un coup alors qu’il se perdait sur la silhouette de son ami. Sa respiration se coupait à intervalles réguliers et pas seulement à cause du combat et des blessures qui recouvraient son corps. 

 

    — Sor…rente ? l’appela-t-il en le secouant doucement.

    

    Mais aucune réaction de la part du Marina. Bud recommença plusieurs fois à l’appeler. Ce n’est que plusieurs secondes plus tard, que la Sirène Maléfique bougea lentement.

 

    — Sorrente… Te laisse pas abattre. Il faut nous relever, dit difficilement l’Asgardien.

 

    Le Guerrier d’Asgard glissa sa main dans celle de Sorrente, sans vraiment s’en rendre compte.

 

    — Bud ! murmura Sorrente.

    — Allez… nous devons… nous relever… !

 

    Bud sentit son ami serrer sa main, ce ne fut qu’en cet instant qu’il réalisa qu’il tenait sa main mais au lieu de la lâcher, il la serra un peu plus. Une pointe de rougeur apparue sur le visage meurtri de Sorrente. Sa poitrine lui faisait mal mais ce n’était pas simplement à cause des coups qu’il avait reçus. Bud s’aperçut de la gêne de son ami, mais pour autant, il ne se résolut pas à lui rendre sa main froide. S’il s’écoutait, il l’attirerait à lui pour l’enlacer. Là maintenant, l’Asgardien souhaitait lui donner un peu de sa chaleur, mais surtout le sentir contre lui. Une chose étrange se passait entre les deux hommes pourtant ce n’était ni le lieu ni le moment. Il y avait bien plus important : le combat contre les Mercenaires d’Héra. 

 

    Les deux amis se relevèrent ensemble, toujours main dans la main, accrochant le regard de l’autre. Doucement, de sa main libre, Bud caressa la joue ensanglantée de Sorrente qui se raidit. Lentement, l’Asgardien s’approcha de son vis-à-vis et sans se préoccuper de ce qui se passait autour d’eux, lui vola un baiser. Plus rien ne les atteignait en cet instant, pourtant à plusieurs reprises avant cette histoire, ils s’étaient croisés sans jamais ressentir ce qu’ils ressentaient à présent. Il avait fallu une bataille pour faire ressortir leurs sentiments. 

 

    — Sorrente… murmura l’Asgardien. 

 

    Le Marina ne dit rien, mais un sourire léger égaya son visage terne. Autour d’eux, quelques uns les avaient vus. Ikki par exemple, ou encore Rhadamanthe qui se sentit soulagé. Syd avait également vu la scène et en était heureux pour son jumeau. Minos, quant à lui, se sentit obligé de les interpeller, leur rappelant pourquoi ils étaient tous là… Gênés par la situation, Bud et Sorrente rejoignirent les autres afin de reprendre part au combat. Pensant l’un et l’autre qu’une fois cette histoire terminée il leur faudra discuter.

 

    Un peu plus loin à l’écart, un autre groupe était aux prises avec Dracon. Kanon se voyait reléguer à la seconde ligne. Toujours sans armure, il était bien plus vulnérable que ses pairs,  cependant, la colère bouillait en lui. Comment pouvait-il rester en retrait ainsi ? Lui ! Un Chevalier ! Fidèle à lui-même, le second Gémeaux prit part au combat sans se préoccuper de sa propre vie. 

    

    Aiolia, Io, Shun, Syd, Albérick et Rhadamanthe ne purent l’empêcher de lancer son « Galaxian Explosion ». La Wyvern sentit son sang ne faire qu’un tour. Kanon était désespérément incorrigible, borné et inconscient. Le Juge se demandait ce qui pouvait bien l’attirer en lui. Il soupira. Une partie de lui comprenait le Gémeaux, quoiqu’il arriverait, lui aussi se battrait pour son Dieu jusqu’à la fin avec ou sans surplis. 

 

    L’attaque de Kanon ne toucha pas le Mercenaire. Il avait esquivé le coup facilement. Dracon n’attendit pas pour lui envoyer coup sur coup. Le jumeau de Saga se désarticulait sous l’attaque du Mercenaire et semblait ne pas pouvoir se reprendre. Rhadamanthe, qui serrait les poings depuis un moment, tenta de s’interposer entre l’homme de main d’Héra et celui qu’il considérait de plus en plus comme son amant. Le Juge lança son attaque sur Dracon qui ne s’attendait pas à cela mais une fois de plus, il s’en sortit sans dommage. A genoux, les mains posées sur le sol devant lui, Kanon était à bout de souffle. Les douleurs qu’il ressentait dans tout son corps lui rappelait celles qu’il avait ressenties lors de son combat contre Milo. Alors qu’il tentait de se reprendre, ce fut au tour de Rhadamanthe de subir le courroux du Mercenaire et à son tour, il se retrouva à terre. Sans force. Blessé. Ensanglanté.

 

    Shun, Io et Syd lièrent leurs cosmos, en vain. Albérick faisait toujours bande à part, pensant n’avoir besoin de personne pour vaincre un être tel que Dracon. Syd le regardait souvent, sans comprendre pourquoi il agissait ainsi, pourtant, son amour pour lui ne se tarissait pas. Alors que tous étaient à terre dans le groupe, le Guerrier de Delta prit part, enfin, au combat. Lui qui pensait pouvoir battre Dracon seul, se vit être projeté contre l’un des murs du Palais. Sa robe divine se disloqua à plusieurs endroits. Vexé, il se releva et tenta une autre offensive. Cette fois, Syd s’interposa entre son ami et le Mercenaire. Ce fut lui qui reçut le coup de plein fouet. Il tomba sans connaissance. Albérick le dévisagea. Avec mépris. Avec horreur. Avec haine.

 

    Tout son corps le faisait atrocement souffrir, pourtant il fallait qu’il se relève. Syd commençait à bouger lorsque Albérick tomba près de lui, inerte. Les autres lui avaient pourtant dit de pas attaquer seul, mais l’Asgardien n’en faisait qu’à sa tête. A peine eut-il ouvert les yeux que Syd l’avait vu à terre. D’instinct, il tendit sa main vers lui, sachant qu’une fois de plus son amour le rejetterait, mais qu’importe…, Syd avait besoin de le toucher pour savoir s’il était encore en vie. Pour son plus grand soulagement, il l’était encore. Albérick venait de serrer la main que lui tendait le Guerrier de Zeta. Il était inconscient et avait agi par réflexe. Syd n’attendait rien de lui. Il était résigné. 

 

    Les Alliés, bien qu’en surnombre, ne réussissaient pas à prendre le dessus sur leurs ennemis. Tous les groupes se battaient avec hargne et conviction pourtant, il ne semblait rien y avoir à faire pour les vaincre. 

 

———

 

Domaine Sacré, Palais d’Athéna. 

    Loin du combat qui se déroulait au Sanctuaire, Athéna, ses oncles et Hilda avaient peur pour leurs amis et protecteurs. Seule Hilda pouvait suivre l’affrontement grâce à son cosmos. Elle faisait le lien entre tous. Les Dieux étaient désespérés de voir leurs troupes peiner face à aux Mercenaires d’Héra, et surtout de ne pouvoir intervenir. Voyant la souffrance des Déités, Hilda intensifia son cosmos et entoura de son aura apaisante et rassurante tous les Alliés, au risque de dévoiler leur position à Héra. 

 

———

 

Domaine  Sacré, près du lieu du combat.

    Héra avait senti, comme tous les autres, la cosmo-énergie de la Prêtresse d’Odin. Elle sut immédiatement, tout comme ses Mercenaires qu’Athéna était encore au Sanctuaire et cela la réjouit. Il était encore trop tôt pour aller les éliminer, elle et ses oncles. Elle voulait voir la tristesse dans les yeux de cette peste. La tristesse de perdre une fois encore tous les êtres qu’elle chérissait tant. 

 

    Afin de mettre un peu d’ardeur dans le coeur de ses hommes, elle déversa également son cosmos sur eux, leur rappelant qu’elle comptait sur eux, et que l’échec n’était pas permis. 

 

    Les Mercenaires n’avaient pas d’autre choix de gagner ce combat sinon, ils le savaient, ils périraient. 

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna, devant le Palais du Pope.

    Face à Dracon, qui n’avait pas encore utilisé de coup spécial, le petit groupe était en difficulté. Comme tous les autres, d’ailleurs… 

 

    Le cosmos d’Hilda apaisa les esprits. Les Alliés se savaient soutenus par les Dieux ainsi que par Hilda de Polaris. Un regain d’énergie s’empara d’eux. Cependant pour Kanon, la colère qu’il ressentit en voyant Rhadamanthe à terre, fut son déclencheur. Il ne pouvait pas perdre. ILS ne pouvaient pas perdre. Le second Gémeaux se releva, son cosmos ne cessait d’augmenter. Les poings serrés jusqu’au sang ; le regard froid et déterminé ; les muscles de tout son corps tendus à l’extrême, il avançait vers Dracon qui fit un pas en arrière. 

 

    Il n’était jamais bon d’énerver un Gémeaux, surtout un être comme Kanon capable de manipuler des Dieux. Saga et tous les autres sentirent la puissance de son jumeau augmenter dangereusement. Tous les combats cessèrent et tous se tournèrent vers Kanon. Rhadamanthe se releva difficilement et tenta d’arrêter son amant, mais en vain. Le Gémeaux ne le regarda même pas et continua d’avancer. Il faisait peur à tous ses amis, d’autant que tous savaient qu’il se sentait étrange depuis des jours. 

 

    Saga sentait sa propre force augmenter également mais pas au point d’égaler celle de son frère. Il savait que la colère de Kanon amplifiait ce phénomène, mais il était incapable de savoir ce qu’il leur arrivait à tous les deux.     

 

    Puis d’un coup, l’armure de Saga se mit à briller, à résonner. Puis ce fut le tour des onze autres armures de se manifester. Personne ne savait ce qu’il se passait. Kanon avançait toujours et lança un coup de poing direct et ultra rapide sur Dracon qui ne put esquiver. Le Mercenaire se vit pour la première de son existence frappé par un mortel. Le coup porté par le cadet des Gémeaux l’envoya plusieurs mètres plus loin, Dracon s’encastra dans un pilier avant de glisser sur le sol. Ce fut péniblement qu’il se releva, un goût amer, métallique dans la bouche. 

 

    — Du… sang… ! Impossible ! Tu ne peux pas me battre ! Tu n’es qu’un humain, un insecte ! 

    

    Kanon ne répondit pas. Les surplis, les écailles, les robes divines ainsi que les armures d’argent et de bronze se joignirent aux armures d’or. Toutes scintillaient. Toutes résonnaient. Toutes s’alliaient. 

 

    — Shion, Mû ! Une idée de ce qu’il se passe ? interrogea Dohko, inquiet. 

    

    Les deux Béliers s’entre-regardèrent. 

 

    — Non ! Absolument pas, répondit dubitatif le Pope. 

    — Saga ! As-tu une idée ? l’interrogea Camus. 

    — Tout ce que je peux vous dire c’est que ma puissance augmente comme celle de Kanon mais lui est en colère et c’est ce qui fait la différence entre lui et moi. 

    — En colère ? s’étonna Milo.

    — Oui, en colère…, Je suppose que cela a un rapport avec Rhadamanthe, ajouta le Gémeaux en titre. 

 

    A peine eut-il terminé sa phrase, que tous se turent. La seconde Gemini, jusque là muette et inactive, se mit à son tour à briller et sans que Dracon ne bouge, elle lança une attaque sur Kanon qui avait cessé son avancée. Avant même que le second Gémeaux n’esquive, l’armure de Saga avait quitté son porteur et s’était placée devant Kanon pour absorber le coup. Saga était désemparé, confus. Il ne comprenait pas. 

 

    — Mais bon sang, qu’est-ce qui se passe ? fit Shura. 

    — Ca, c’est la question ! répondit Angelo. 

 

    Dracon aussi se posait la question, tout comme les autres Mercenaires et Héra, bien entendu. La Gemini agissait seule, il ne la contrôlait plus. Mais l’avait-il seulement contrôlée un jour ? L’issue de cet affrontement était compromise pour eux, s’il ne parvenait pas à reprendre un semblant d’emprise sur elle. 

 

    Saga avait délaissé le groupe avec lequel il combattait depuis un moment pour rejoindre son jumeau. La colère qu’il sentait chez Kanon ne faiblissait pas. De plus, il semblait ne plus voir personne, hormis Dracon. Le Gémeaux en titre tenta plusieurs fois de rappeler son armure mais en vain. Elle était plantée devant Kanon, ne bougeait plus et s’était éteinte et tue. Les autres protections avaient fait de même. 

 

    Dracon essaya de reprendre le dessus sur la Gemini, mais elle ne se laissa pas faire et relança un coup vers Kanon et sa jumelle. Le Gold et l’armure déjouèrent l’attaque ; l’un en sautant sur la droite, l’autre en se séparant en plusieurs morceaux avant de rejoindre son porteur. 

 

    Les Mercenaires se regroupèrent autour de Dracon, alors que les Alliés faisaient de même autour des jumeaux du Sanctuaire. 

 

    — On dirait que la seconde armure des Gémeaux est en prise avec ses démons, fit remarquer Mû à son Maître. 

    — Oui, tu as raison. Pourtant les armures n’ont pas de conscience propre. 

    — Cependant, depuis le début de cette histoire, ce genre de chose est arrivé plusieurs fois. Et puis, les armures d’or sont capables d’entrer en résonance dès qu’elles sont toutes ensemble, cela ne montre-t-il pas une sorte de conscience ? interrogea Shiryu. 

    — Sans doute, Shiryu, mais c’est difficile à croire, répondit Shion. 

 

    Alors que le cosmos de Saga se stabilisait, celui de Kanon ne cessait de s’accroître. Rhadamanthe, Saga, Milo et quelques autres tentèrent de lui parler mais il ne répondit pas. Il se focalisait sur la Gemini qui s’immobilisa. Dracon tenta tout pour reprendre le contrôle sur l’armure oubliée, mais elle ne le laissa pas faire. Autre chose se passait. Hadrien était là, Dracon le sentait. 

 

    — Comment est-ce possible ? s’interrogea-t-il. 

    — Qu’est-ce-qu’il y a Dracon ? lui demanda Galien, inquiet.

    — Je … je sens le descendant de Kyros. 

    — QUOI ! 

    — Je ne sais pas pourquoi, mais il n’est pas encore mort. C’est pourtant impossible !

    — Débrouille-toi comme tu veux mais je t’ordonne de reprendre le contrôle sur la Gemini et sur ce type, c’est clair ! le somma Galien. 

    — J’essaye déjà, mais rien à faire…

 

    La Gemini ne bougeait plus. Kanon non plus. Dracon essayait d’ôter l’envie de résister à Hadrien et de reprendre l’emprise sur l’armure. Les autres Mercenaires avaient repris le combat, obligeant les autres à laisser seul Kanon et Dracon. Saga se sentait plus fort que d’habitude sans comprendre pourquoi. Aioros, Mû, Eaque, Milo, Valentine et lui lancèrent simultanément leur attaque respective. L’ « Another Dimension » du Gémeaux en titre était bien plus puissant qu’à l’accoutumée et avec la puissance des autres coups, ils parvinrent à éliminer Trajan. 

 

    — Ils ont eu Trajan ! Comment ? C’est impossible…, fit Galahad.

 

    Les Mercenaires ne pouvaient y croire. Des mortels ne pouvaient pas les battre. IMPOSSIBLE ! Après la perte de leur frère d’armes, Galien, Konrad, Dracon et Galahad n’avaient plus d’autre choix que d’utiliser toute leur puissance. Utilisant à peine la moitié de leur capacité, une onde de choc envoya tous les Alliés au sol. Du moins ceux qui étaient encore debout. Ceux qui gisaient déjà à terre, roulèrent ou s’envolèrent comme des poupées de chiffon jusqu’à des centaines de mètres de là.

 

    Une fois de plus, Syd de Mizar tenta de protéger de sa vie celui qu’il aimait. Albérick avait cependant bien ressenti l’attaque mais pas aussi violemment que les autres et surtout que Syd. Le Guerrier de Megrez ne comprenait pas son pair. Comment pouvait-il l’aimer de la sorte ? Il regarda Syd, presque dédaigneux. Il était allongé sur le ventre. Son corps et son visage étaient meurtris par la violence du choc. Des plaies le recouvraient presque entièrement. Mais une chose frappa Albérick : Syd souriait. Megrez déglutit difficilement. Pourquoi Syd souriait-il ? Albérick se releva et se dit que pour une fois, il serait peut-être préférable de se battre avec les autres et pas seul…

 

    Rhadamanthe voulut protéger, encore, Kanon mais cette fois ce fut lui qui se plaça devant le Juge. Il prit de plein fouet l’onde de choc projetée par les Mercenaires. Il s’écrasa dans l’un des piliers du Palais avant de glisser sur le sol, sans connaissance. Le blond se releva avec peine et se dirigea vers son amant imprudent. 

 

    — Bon sang ! Ne grandiras-tu jamais ! murmura Rhadamanthe en dégageant une mèche du visage de son amant. 

    — Ca…ça ne… ça ne serait pas marrant, souffla difficilement le Gold tout en reprenant conscience.

    — Tu es inconscient ! s’énerva presque le Juge. 

    — Je t’aime aussi, fit-il en souriant. 

    — Arrête de dire des conneries, et relève toi !

 

    Rhadamanthe et Kanon se relevèrent ensemble. De nombreux Alliés les imitèrent et les rejoignirent afin de reprendre le combat. Le second Gémeaux vit que Dracon ne bougeait plus, ni la Gemini d’ailleurs. Shion, Dohko, Saga et Kanon sentirent une chose étrange dans le cosmos du Mercenaire comme si deux cosmos-énergies se battaient en lui. Comment cela pouvait-il être possible ?

 

    Galien et ses hommes avaient cessé de faire augmenter leurs cosmos supposant qu’ils étaient suffisamment puissants pour vaincre les vermines qui se tenaient devant eux. Cependant, Seiya, Aldébaran, Queen, Valentine, Shura, Fenrir, Isaak, Sorrente, Christer, Io et Syd ne s’étaient pas relevés après l’onde de choc. Les autres étaient, certes, debout mais ils étaient tous dans un sale état. Fractures, fractures ouvertes, plaies, hématomes recouvraient tous les corps. La douleur leur broyait les entrailles, mais cela ne les rendait que plus forts. Ils devaient protéger la Terre, les Océans, les Enfers et le Royaume du Nord ainsi que tous leurs occupants. 

 

    Dracon et l’armure oubliée ne bougeaient toujours pas. Kanon les observait. Rhadamanthe surveillait Kanon. Les autres Alliés se remirent en position de combat. Si Saga et les autres avaient réussi à vaincre Trajan alors ils pouvaient battre les autres Mercenaires. Un regain d’enthousiasme les prit. Hilda déversait toujours son cosmos sur le Sanctuaire, afin que tous sachent qu’elle et les Dieux étaient là avec eux. Tous les Alliés, encore plus ou moins valides, firent augmenter leurs cosmos jusqu’à leurs paroxysmes. Une pluie de coups plus violents les uns que les autres s’abattirent sur les hommes d’Héra qui les rendirent. 

 

    Dracon menait lui aussi un combat difficile. La conscience d’Hadrien voulait reprendre le contrôle de son corps. Elle semblait aidée par un cosmos. Cosmos que le Mercenaire ne s’attendait pas à ressentir un jour. Celui de Kyros des Gémeaux !

 

    — Kyros ! C’est impossible ! fit le Mercenaire.

    — Tu as fait de moi un traître, Dracon ! Mais je suis un Chevalier d’Or, protecteur d’Athéna, à ce titre je ne peux pas rester là sans rien faire alors que tu t’apprêtes à tuer un innocent, mon descendant ! 

    — Ky…ros ? Comment peux-tu être ici alors que tu es mort depuis des siècles ? demanda Hadrien incrédule.

    — Je suis en toi depuis ta naissance, tout comme j’étais dans tes aïeuls dans le seul but de pouvoir intervenir si Héra voulait se venger.

    — Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ? lui fit remarquer Hadrien. 

    — Il m’a fallu un peu de temps pour me réveiller et reprendre des forces. Pardon de t’avoir laissé subir cela, mon descendant, répondit-il attristé. 

    — Je comprends, ce n’est rien. 

    — Tu t’es bien battu. Je suis fier de toi, le félicita l’ancien Gémeaux. 

    — Je suis toujours là, ricana le Mercenaire. Ne croyez pas pouvoir vous en sortir !

    — Que tu crois ! lança l’ex-Gold.

 

    La Gemini sentait l’âme et le cosmos de son porteur se mélanger à un cosmos inconnu. Elle ne comprenait pas ce qu’il se passait c’était pour cela qu’elle s’était figée. De leur côté Kyros et Hadrien unirent leurs forces. Même si Hadrien ignorait la présence du cosmos en lui, Kyros lui certifia qu’il l’avait. L’ancêtre aida le descendant à intensifier sa cosmo-énergie et y mêla la sienne. Leur but était de faire sortir Dracon du corps d’Hadrien. Pendant qu’ils se démenaient, Kyros pénétra dans l’esprit de Kanon. 

 

    — Je suis Kyros des Gémeaux, Chevalier d’Or au service d’Athéna, et relégué au rang de traître à cause de Dracon et ses comparses. 

    — Tu as trahi notre Déesse ? 

    — J’ai été manipulé par Dracon et Héra mais je ne l’ai su que trop tard. Mon armure t’a attaqué, je m’en excuse. Elle m’est fidèle et je pense qu’elle n’a pas supporté d’être bannie. Je suis en train de tenter de faire sortir Dracon du corps de mon descendant, ensuite je joindrais mon cosmos au tien afin de montrer à l’armure des Gémeaux que tu es maintenant son porteur. Elle devrait te rejoindre. 

    — Tu penses pouvoir sauver cet innocent ?

    — Je l’espère en tout cas, mais son cosmos ne s’est pas développé et il est très faible. Cela va être difficile…

    — Et si je vous aidais ? 

    — Tu ferais ça ?

    — Bien sûr ! C’est parti…

    Kanon intensifia son cosmos et aida Kyros à sauver Hadrien. Ensemble, ils luttèrent contre Dracon alors que « dehors » le combat se poursuivait. Rhadamanthe s’inquiétait pour son Gémeaux qui ne bougeait plus. De leur côté Saga et Shion se doutaient de ce qu’il se passait ; ils avaient senti un cosmos inconnu en plus de celui de Kanon et celui, même très faible, d’Hadrien. 

 

    Voir ainsi leurs amis étendus, inertes, sur le parvis du Palais mettaient à rude épreuve les émotions des autres qui poursuivaient le combat. Ils tentaient au mieux de rester concentrés mais ce n’était pas aisé surtout quand celui qui est à terre est l’être le plus important de leur vie, après la Déité qu’ils devaient protéger. Aussi, Angelo serrait les dents et les poings. Shura ne bougeait absolument pas et son cosmos s’affaiblissait. Le Cancer n’avait qu’une envie, celle d’aller secouer les puces de son amour, le remettre debout, finir avec lui ce combat et pouvoir enfin lui dire combien il l’aime. Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait abandonner le champ de bataille et laisser les autres. Alors, il se résolut la mort dans l’âme. 

 

    Il n’était pas le seul à se retrouver face à ce dilemme. Shiryu, Hyoga – qui ne s’était pas encore déclaré –, Bud et Shun se sentaient frustrés de ne pouvoir aller aider leurs amants. Albérick, fidèle à lui même, toisait son pair. Syd le dégoutait. Pourtant, les relations entre hommes ne le dérangeaient pas. Pour lui, peu importait le sexe de l’autre, il ne faisait aucune différence. Lui-même avait mis des hommes et des femmes dans son lit, même s’il n’avait jamais eu de vrais sentiments à leurs égards. Alors pourquoi rejetait-il ainsi son compagnon d’armes ? Il pourrait très bien jouer un moment avec lui et profiter de la situation, mais non ! Il ne le voulait pas. Il n’avait que du mépris pour Syd, mais pourquoi ? Pourtant, dès qu’il le pouvait, le Guerrier Divin de Megrez lorgnait sur lui, le détaillant sous toutes les coutures cherchant sans doute le petit truc qui le dégoutait à ce point en lui… à moins que cela soit autre chose…

 

    Les Alliés encore debout prenaient part au combat avec toute la hargne qui les habitait. Ils ne devaient pas perdre face aux Mercenaires et à Héra. Ils ne le pouvaient pas… Quant à ceux tombés un peu plus tôt, ils reprenaient lentement conscience. Certains plus rapidement que d’autres. Mais tous rejoignirent leurs amis, et même s’ils étaient tous affaiblis, ils intensifièrent leurs cosmos pour signifier à tous qu’ils étaient de « retour ». 

 

    Le combat était acharné, violent et rapide. Très rapide même. Cependant, les Gold et les Bronze percevaient maintenant très clairement les attaques de leurs ennemis et se rapprochaient dangereusement de leur vitesse d’action. Aussi, Camus, Hyoga, Milo et Aphrodite réussirent à toucher sérieusement Konrad qui peina à se relever. Les Mercenaires voyaient leurs ennemis de plus en plus rapides et de plus en plus forts, alors que les blessures qui les recouvraient étaient de plus en plus graves. De leur côté, les Marinas, les Spectres et les Asgardiens commençaient également à progresser dans leurs attaques qui devenaient plus puissantes de minute en minute. Un groupe d’Alliés venait de triompher de Galahad, en partie grâce à l’« Excalibur » de Shura.

 

    Deux Mercenaires étaient tombés. Il en restait encore trois. Galien se battait comme un forçat et menait la vie dure au groupe d’Alliés qui l’affrontait ; Konrad était sérieusement blessé mais pas assez pour mourir et continuait le combat ; Dracon, quant à lui, était toujours figé face à Kanon. 

 

    Depuis son poste d’observation, Héra pestait. Athéna ne pouvait pas gagner cette guerre qu’elle préparait depuis des siècles…

 

———

 

Olympe, quartier de Zeus.

    Le Dieu des Dieux ne réussissait pas à se souvenir de ce qu’il s’était passé entre lui et son son épouse, quelques heures plus tôt. Il avait beau fouiller le fond de sa mémoire mais rien n’y faisait. De plus, il n’arrivait pas à la localiser. Comment cela pouvait-il être possible ? D’ailleurs, il ne percevait rien de la Terre… 

 

    Un coup donné à la porte de ses appartements le sortit de sa réflexion. C’était l’un des gardes. 

 

    — Majesté, fit-il en posant un genou à terre. Le Seigneur Odin vient d’arriver et a demandé à  s’entretenir avec vous. 

    — Odin ? Ici ? 

 

    Zeus était surpris d’autant qu’il n’avait pas revu son vieil ami depuis des millénaires. 

 

    — Très bien. Je vais le recevoir ici même, dit le Dieu de l’Olympe.

    — Bien Majesté.

 

    Le garde quitta la pièce et revint quelques minutes plus tard avec le visiteur de marque. 

 

    — Mon vieil ami, sourit Zeus en ouvrant ses bras vers son visiteur.

    — Cela fait bien longtemps, en effet. 

 

    Les deux amis s’enlacèrent amicalement. Ils étaient heureux de se voir, pourtant Zeus remarqua une gêne chez Odin. 

 

    — Tu n’as pas l’air très en forme ? lui dit-il. Aurais-tu un problème ?

    — Tu imagines bien que ma visite, bien que non-officielle, n’a rien d’une visite de courtoisie. 

    — Je vois. Dis m’en plus.

    — Tu n’arrives pas à voir ce qu’il se passe sur Terre, n’est-ce pas ?

    — Comment le sais-tu ?

    — Si tu le savais, je pense que tu ne serais pas là. 

 

    Devant la mine stupéfaite de Zeus, Odin lui expliqua alors ce qu’il savait à propos d’Héra, de ses Mercenaires et sur ce qu’il se passait au Sanctuaire Terrestre. Plus Odin avançait dans son explication, plus Zeus sentait sa colère monter. 

 

———

 

Sanctuaire d’Athéna, parvis du Palais du Pope.

    Les corps étaient meurtris, ensanglantés et souvent désarticulés à cause des os brisés mais la volonté des Alliés était intacte. A bout de souffle, ils donnaient pourtant tout ce qu’il leur restait de force afin de battre leurs ennemis. 

 

    Les Mercenaires ne comprenaient pas comment de simples humains pouvaient leur tenir ainsi tête. Héra ne leur laissait pas de répit. Leur rappelant sans cesse qu’elle les avait sortis de la misère de l’Olympe, qu’elle était leur bienfaitrice, qu’ils lui devaient la vie. Elle les tenait et ils ne pouvaient que lui obéir même lorsqu’elle les insultait d’incapables et de bons à rien. Galien serrait les poings, mais il ne pouvait lui désobéir. 

 

    Certains Alliés ne s’étaient pas relevés après la dernière attaque lancée simultanément par Galien et Konrad. Attaque très puissante. C’était le cas de Queen, Valentine, Shura, Milo, Fenrir, Shaka, Sorrente, Rune, Rhadamanthe et Syd. Tous étaient salement amochés. Leurs cosmos étaient faibles, très faibles même et pour la plupart, sur le point de s’éteindre. 

 

    Kanon ressentait la flamme s’éteindre en Rhadamanthe, mais il était aux prises avec Dracon Il ne pouvait rien faire pour l'aider. Il se battait toujours avec Kyros pour sauver le pauvre Hadrien. La perte du premier Juge d’Hadès affecta le second Gémeaux, bien plus qu’il ne l’aurait cru. Son cosmos s’intensifia alors de plus belle, surpassant tous les autres. Même Saga ne réussissait pas à exploiter sa cosmo-énergie comme était en train de le faire son frère. Il tenta de l’arrêter mais, en vain. Kanon était en colère. Kanon avait mal. Kanon était sur le point de perdre un être cher à son coeur et ça, il ne pouvait le tolérer. Et puis, une chose terrible arriva. 

 

    — HADRIEN ! s’écrièrent ensemble Kanon et Kyros.

 

    Mais le jeune homme ne répondit pas. 

 

    — HADRIEN, refit Kanon.

    — Je… je… je pense que c’est fini, murmura Kyros. Il est mort, affirma-t-il avec peine. 

    — MERDE ! s’énerva le Gémeaux. 

 

    Ne sentant plus l’âme de son hôte, Dracon délaissa le corps inerte et se rematérialisa devant les autres. Kanon et Kyros quittèrent à leur tour le corps d’Hadrien, non sans avoir tenté de l’appeler plusieurs fois. 

 

    — Tu es une ordure, Dracon ! fit trop calmement Kanon. 

    — Je n’y suis pour rien s’il était trop faible, ricana le Mercenaire. 

 

    Puis le second Gémeaux vit Rhadamanthe étendu non loin de lui. Son coeur se serra. Ses entrailles se broyèrent. Des larmes montèrent dans ses iris émeraude. Les hommes de mains d’Héra devaient payer. Aidé par le cosmos de Kyros, il intensifia le sien si puissamment que la Gemini sembla s’éveiller. Elle scintillait de plus en plus fortement calquant ses pulsations sur le cosmos de Kanon. Kyros parla avec son armure, lui expliqua tout ce qui c’était passé depuis leur séparation et qu’elle appartenait aujourd’hui à Kanon. L’armure hésitait mais elle écouta son premier et unique porteur. 

 

    Elle s’éleva dans les airs, toute scintillante, en émettant un son aigu mais pas agressif comme les autres fois. Kanon suivit l’armure, pas par son propre chef. Son cosmos et celui de l’armure semblaient communiquer. Tous deux flottaient dans les airs puis l’armure se scinda et vint recouvrir Kanon. 

 

    Toutes les armures d’or entrèrent en résonance, appelant ainsi leur soeur à les rejoindre. Ce qu’elle fit. Personne ne le vit de suite, mais le masque de l’armure avait changé, au lieu de deux visages maléfiques, elle arborait maintenant deux visages bénéfiques, à l’instar de celle de Saga. Les armures jumelles émirent ensemble un son très particulier, plus grave mais joyeux. Elles s’acceptaient…

 

    Kanon devenait officiellement, comme son jumeau, Chevalier d’Or des Gémeaux. Tous les présents furent surpris par ce dénouement, y compris les Déités. Hilda transmettait toujours les informations qu’elle percevait du combat. Aussi, Athéna, Poséidon, Hadès et elle décidèrent d’aller voir ce qu’il se passait devant le Palais. Mais Héra eut la même envie et pour les mêmes raisons. 

 

    Alors que les Déités des deux camps se montraient sur le lieu de l’affrontement. Kanon revêtu de la Gemini lança une attaque si puissante et si rapide sur Dracon que celui-ci ne la vit pas arriver sur lui. En un seul coup, il venait d’anéantir le Mercenaire sous les regards de tous les autres. Et alors qu’il se tournait vers Konrad et Galien, tous ressentirent un ou plutôt, deux cosmos si puissants que tous ceux qui étaient présents se sentirent presque écrasés sur le sol. Tous avaient au moins l’un de leurs genoux à terre, les Déités y compris. 

 

    Une voix sortie d’outre-tombe résonna sur le Sanctuaire. Personne n’osa bouger, ni même protester. 

 

    — HERA ! Montre-toi ! ordonna Zeus.

 

    Il s’agissait bien de lui, accompagné par Odin, le Seigneur des Terres du Nord, qui pour le moment restait en retrait. 

 

    — Tu m’as trompé, Héra ! 

    — Zeus, mon époux, que vas-tu imaginer ? dit-elle mielleusement.

    — IL SUFFIT ! gronda-t-il. Odin m’a tout expliqué.

 

    Héra était acculée. Elle ne pouvait plus rien nier. Son époux ne lui pardonnerait jamais d’avoir tenté, et en plus à plusieurs reprises, de s’en prendre à sa fille. Elle ne pouvait que se taire. 

 

    Le silence s’était invité. Après l’intervention de Zeus, plus personne ne parlait, plus personne ne bougeait. Le Dieu des Dieux regardait autour de lui. Quel désastre ! Quel gâchis ! Il soupira tout en se pinçant l’arrête du nez. Dépité. Hilda était à genoux devant son Seigneur, qui pour le moment n’avait pas daigné s’intéresser à elle. 

 

    — Athéna, Posi et Hadès je vous dois des excuses. Tout est de ma faute pour ne pas avoir vu les agissements de mon épouse. 

    — Ce serait plus à Héra de nous présenter ses excuses que toi, mon frère, fit remarquer Poséidon.

    — Oui tu as raison, Posi. Mais je me devais de m’excuser aussi, affirma Zeus en regardant son épouse. 

 

    Héra ne semblait pas vouloir s’excuser. Visiblement, pour elle, tout cela ne nécessitait pas de demander pardon. 

 

    — Héra ! Ils attendent ! s’impatienta Zeus. 

 

    Mais aucun son ne sortit de la bouche de la Déesse. 

    

    — Très bien, comme tu voudras. 

 

    Le Dieu des Dieux bloqua le cosmos et les pouvoirs d’Héra ainsi que de ses hommes, provisoirement pour le moment. Il s’avança vers sa fille et ses frères alors que son épouse pestiférait. 

 

    — Je suis désolé pour vos pouvoirs. Elle a trouvé le moyen de me contrôler, sans que je m’en rende compte. Elle a pu me faire annuler vos pouvoirs, mais malheureusement c’est irréversible, avoua-t-il attristé. 

    — Tu n’y es pour rien, Zeus, intervint Hadès. Mais si tu ne peux rien pour nous, peux-tu au moins faire quelque chose pour eux, demanda le Seigneur des Enfers tout en observant autour de lui.

    — Je l’ai fait la dernière fois mais je ne peux utiliser ce pouvoir plus d’une fois par siècle. Je t’ai donné ce pouvoir Hadès dans le but de ne pas à avoir à l’utiliser. 

    — Tu veux dire, que tous nos amis …

 

    Athéna ne put terminer sa phrase. Hilda ne savait pas quoi faire, alors, sans se préoccuper de ce qu’allait dire son Dieu, elle alla porter secours à ceux qui étaient encore en vie. Elle déversa sur eux son cosmos bienveillant. Certains reprenaient conscience alors que certains autres…

 

    — Il y a un moyen de vous rendre vos pouvoirs ! intervint finalement Odin. 

 

    A ces mots, tous fixèrent leur regard sur lui. Comment ça, il y avait un moyen ? Zeus lui-même venait de dire que c’était impossible à Athéna et à ses oncles de recouvrer leurs pouvoirs !

 

    — Que veux-tu dire ? l’interrogea Zeus surpris. 

    — Je veux dire, que rien n’est perdu. Zeus, il y a bien longtemps, tu m’as demandé un service et tu m’as confié le secret pour rendre ses pouvoirs à un Dieu qui les aurait perdus. Tu avais, à cette époque, un très mauvais pressentiment mais tu n’avais pas voulu m’en dire plus. Sans doute par crainte de me voir aussi dans le même tourment que toi. 

    — De quel genre de service parles-tu ? lui demanda Zeus.

    — Tu m’as simplement demandé d’observer l’Olympe et l’endroit où la seconde armure des Gémeaux était enfermée, mais de ne jamais en parler. Pas même à toi. Tu m’as demandé de venir à ta rencontre s’il se passait quelque chose et c’est ainsi que je suis venu à toi tout à l’heure. Cependant, je surveille toute cette histoire depuis une année, depuis le moment où l’armure à commencé à se manifester auprès de ce pauvre homme, fit le Dieu du Nord en posant ses iris sur Hadrien. J’ai même commencé à surveiller ton épouse, et j’espère que tu me pardonneras. J’ai eu des doutes sur elle lorsque ses hommes sont arrivés sur l’île où se trouvait l’armure.

    — Etrange, je ne me souviens pas de cela, dit pensif le Dieu des Dieux. Mais il semblerait que je doive te remercier. Alors, merci mon vieil ami.

    — De rien. Et puis il y a autre chose. Tu voulais que je vienne avec ma Robe Sacrée, mais j’ignore pourquoi.

 

    Athéna s’enferma dans sa réflexion et au bout de quelques minutes :

 

    — Père, nous avons découvert que notre mémoire, à mes oncles et à moi, avait été effacée tout comme celle de Rhadamanthe. Cela a peut-être un lien, expliqua la jeune Déesse.

    — Possible, oui.

 

    Zeus réfléchissait, lissant sa longue barbe argentée, plissant ses sourcils.

 

    — Est-ce qu’un Dieu dénommé Galien se trouve parmi ceux qui vous ont attaqué ? demandant soudainement le Roi de l’Olympe aux Alliés. 

    — Oui, Seigneur, fit Shaka. C’est le chef des Mercenaires envoyé par la Déesse Héra, ajouta-t-il.

    — C’est donc lui qui a effacé nos mémoires, et je suppose que nous ne sommes malheureusement pas les seuls, dit alors Zeus.

 

    Zeus se retourna vers son épouse, qui pesta de constater que son plan avait échoué et ses Mercenaires. De plus, son époux avait mis un Non-Olympien dans le coup et ça, elle ne l’avait pas vu venir.

 

    — Héra, je veux une explication ! ordonna le Dieu des Dieux.

 

A suivre…

Gemini, le secret oublié

Shiroitora-lili

 

Chapitre 18

 

Mardi 31 mai.

 

Sanctuaire d’Athéna, parvis du Palais du Pope, nuit et matin.

    Sur le visage meurtri des combattants de tous les clans se lisaient la peine, la tristesse, la colère et l’incompréhension. A leur pieds étaient étendus leurs amis, leurs frères d’armes et pour certains l’être le plus cher à leur cœur. 

 

    Les Mercenaires avaient perdu trois des leurs : Trajan, Galahad et Dracon. Galien et Konrad étaient grièvement blessés mais leurs jours n’étaient pas en danger. 

 

    Pour les Alliés, les pertes étaient plus lourdes, plus douloureuses. Rhadamanthe, Valentine, Rune, Fenrir, Sorrente, Shura et Syd succombèrent à leurs blessures avant l’arrivée d’Odin et de Zeus au Sanctuaire. Le cosmos d’Hilda de Polaris avait permis aux autres de récupérer un peu et avec l’aide de certains plus valides, ils se relevèrent. 

 

    Pourtant l’heure n’était pas encore venue de pleurer sur les corps étendus. Alors que Zeus venait de sommer Héra de s’expliquer, celle-ci se refusait toujours à parler. 

 

    — JE T’ORDONNE DE PARLER ! gronda Zeus. 

    — Et que feras-tu pour m’y obliger ? Tu vas m’ôter mes pouvoirs sans doute ? Et bien vas-y fais-le ! pesta-t-elle. 

 

    Zeus avait ce pouvoir. Celui de priver les Dieux de leur puissance. Mais il pouvait également leur rendre leurs capacités. Il est le Dieu des Dieux et à ce titre possédait à l’origine TOUS les pouvoirs. Il y avait des millénaires de cela, Zeus avait décidé d’en léguer quelques uns à ses frères et soeurs. C’est ainsi qu’il avait donné, entre autres, le pouvoir de résurrection à Hadès en lui confiant les Enfers. Héra le savait, elle est non seulement son épouse mais aussi sa soeur. Elle connaît bien Zeus et est l’une des rares personnes qu’il tolère près de lui sans surveillance. Elle en avait profité…

 

    Héra était confiante. L’implantation du code hypnotique dans la tête de son époux, lors de l’effacement des mémoires par Galien, la protégeait. Elle en était certaine. C’était d’ailleurs grâce à cela qu’elle avait ordonné à Zeus d’ôter les pouvoirs divins de Poséidon, d’Hadès et d’Athéna. Personne ne connaissait ce code à part elle, Galien et Aloysias – et ces deux derniers ne la trahiraient jamais !

 

    Elle doutait qu’Odin puisse intervenir. Seul Zeus le pouvait mais elle s’était assurée qu’il oublie qu’il avait la possibilité de rendre leurs pouvoirs à des Dieux déchus. Elle avait même pensé à lui faire croire, que l’action était irréversible et qu’il lui était impossible d’agir contre son épouse et ses fidèles Mercenaires. Alors que pouvait bien faire le Dieu du Nord ?

 

    — Je suis le seul à pouvoir ôter les pouvoirs d’un Dieu. Je sais que je ne l’ai pas fait volontairement à Athéna et à mes frères. Quelqu’un est donc intervenu, et cela ne peut être que toi ! gronda Zeus envers son épouse. J’ignore comment tu as réussi cela, mais tu vas faire en sorte de tout arranger et vite !

    — Sinon quoi ? rétorqua-t-elle.

    — Je t'ôterais tous tes pouvoirs et te bannirais de l’Olympe, voilà je que je ferais !

    — Tu ne me fais pas peur, mon cher époux !

 

    Zeus sentit sa colère accroître. Certes, il reconnaissait en son for intérieur qu’elle avait des raisons d’être jalouse. Il l’avait trompée à de très nombreuses reprises et Athéna était le résultat de l’une de ses infidélités. Pourtant, il aimait Héra… En plus de sa colère, il ressentait une peine immense à  l’idée de chasser son épouse du Mont des Dieux.  Mais elle avait été trop loin…

 

    — Mais regarde autour de toi, Héra. Regarde ces hommes morts pour un combat dont ils ne connaissaient même pas l’origine. C’est du gâchis. Je venais de leur rendre la vie, ils n’avaient plus qu’à tenter de vivre normalement, mais non ! TU en as décidé autrement ! 

    — Que je m’explique ou pas ça ne changera rien, et puis Odin l’a dit, il connaît le moyen pour leur rendre leurs pouvoirs, fit-elle, sans vraiment y croire, en toisant Hadès, Poséidon et Athéna, et donc de pouvoir les sauver…

    — Ce n’est pas une raison ! 

 

    Zeus tentait au mieux de retenir sa colère. Il se concentra et fit appel à son cosmos puissant. Mais au moment où il allait faire l’incantation pour retirer les pouvoirs d'Héra et de ses Mercenaires, le trou noir ! Il ne savait plus comment faire. Peine perdue… Alors, et afin de ne pas perdre la face devant toute l’assemblée, il intensifia son cosmos, pensant que son épouse délierait sa langue.

 

    Kanon, revêtu de son armure des Gémeaux, ne pouvait s’empêcher de regarder Rhadamanthe gisant sur les dalles froides du parvis du Palais. Les poings serrés le long de son corps, il contenait – du moins essayait-il – sa colère. Depuis leur nuit passée ensemble, Le second Gémeaux avait compris que la Wyvern était important pour lui et plus ils passaient de temps ensemble, plus c’était le cas. Kanon ne supportait tout simplement pas de le voir là, sans vie… Il n’était pas le seul dans cet état d’esprit. Angelo, Shiryu, Bud, et Minos ne montraient rien mais intérieurement leurs corps bouillaient de rage. Ils venaient tous de perdre celui qu’ils aimaient. Et même si Odin connaissait le moyen de rendre leurs pouvoirs à leurs Déités, pour le moment, et c’était un fait, ils étaient morts…

 

    Les étoiles régnaient depuis de longues heures déjà. Le ciel était clair. L’air était doux. Le bruit des combats avait laissé place au silence, ou presque. La voix du Seigneur suprême de l’Olympe résonnait contre les parois rocheuses situées autour de lui, mais le mutisme d’Héra le fit gronder. Le cosmos puissant et écrasant de Zeus s’abattit alors sur le Sanctuaire, mais pas seulement. Il fut ressenti également aux Enfers, dans le Sanctuaire Sous-Marin et dans le Royaume d’Asgard. Héra eut un frisson d’horreur. Elle connaissait parfaitement son époux et à ce titre, savait que lui résister comme elle le faisait n’était pas une bonne idée. 

 

    — Très bien, dit-elle enfin. 

 

    Zeus fit redescendre d’un cran son cosmos, sans pour autant le contenir. Il se devait d’être à la hauteur de sa réputation. 

 

    Héra commença alors son récit, depuis le début, il y avait de cela plusieurs millénaires. Expliquant qu’elle en avait eu marre un jour du comportement de Zeus envers sa fille chérie. Qu’il lui passait tous ses caprices d’enfant gâtée. Qu’elle, son épouse, était très souvent reléguée au second plan… Et puis un jour, elle voulut en finir avec Athéna afin de retrouver la place qui lui était due : celle d’être l’épouse du Dieu le plus puissant de l’Olympe, et non pas une maîtresse laissée dans l’oubli. Cependant, Hadès et Poséidon s’en étaient mêlés, sauvant ainsi la jeune Déesse. 

 

    Héra n’avait pas supporté l’idée que ses beaux-frères aient pris la défense de cette petite peste. Elle avait promis de se venger. C’est ainsi que Galien était entré en scène. Capable d’agir sur les mémoires, celles des Dieux y compris, il n’avait eu aucun mal à effacer ce qu’Héra qualifiait comme de « petit détail », soit la tentative d’assassinat sur la Déesse Athéna, de toutes les mémoires des Olympiens, ou presque toutes. Seuls Galien et ses hommes, son serviteur Aloysias, et elle n’avaient pas vu leurs souvenirs effacés. Profitant de ce moment, Héra ordonna à Galien d’introduire un code dans le cerveau de son époux. Code qui, le pensait-elle, lui servirait sans doute un jour. Avec cela, elle pourrait contrôler Zeus et l’obliger ainsi à lui obéir. C’est ainsi que pendant la bataille qui venait de se dérouler au Sanctuaire, les pouvoirs divins d’Athéna, d’Hadès et de Poséidon avaient disparu.

 

    Depuis lors, Héra n’avait eu de cesse que de trouver le moyen de se débarrasser de la fille de son époux. Puis, il y eut Kyros des Gémeaux. Dracon reçut l’ordre de prendre possession de son corps et de son âme afin d’attenter une fois de plus à la vie de la jeune Déesse. Le Gold ne vit pas venir l’attaque du Mercenaire et ne put intervenir rapidement. Kyros n’avait pas failli à sa tâche, ni même trahi Athéna. Il fut possédé, tout comme venait de l’être ce pauvre Hadrien, son descendant… Et malgré sa puissance, il n’avait pu rien faire pour échapper à l’emprise du sous-Dieu. 

 

    Héra apparaissait sereine lors de son monologue. Parfois, il lui arrivait de sourire. Parfois, elle semblait se perdre dans sa honte. Pourtant, son auditoire, lui, ne riait pas, au contraire même. La colère de certains se faisait sentir dans tout le Sanctuaire. Le plus virulent était Kanon néanmoins, les autres le suivaient de très près. Le ton léger qu’employait l’épouse de Zeus, agaçait fortement le camp adverse. Et ne parlons pas de Zeus ! Cependant pour le moment tous, le Dieu des Dieux y compris, laissaient pourtant parler la Déesse renégate, de peur sans doute qu’elle ne cesse de s’expliquer. 

 

    Hilda déversait toujours son cosmos sur les plus affaiblis sous l’oeil bienveillant d’Odin qui lui prêtait un peu de son pouvoir afin de l’aider dans la tâche qu’elle s’était donnée. 

 

    De leur côté, les Dieux sans pouvoirs écoutaient les paroles d’Héra, se demandant s’ils pourraient, comme l’avait affirmé Odin, recouvrer leur puissance Divine. Athéna en doutait, mais elle se tut. 

 

    Héra continuait de s’expliquer sur ses actes, sans vraiment convaincre, d’ailleurs. Après le passage sur Kyros, elle insista sur le fait qu’elle n’avait rien tenté pendant plusieurs siècles, jusqu’au jour où elle remarqua Saga des Gémeaux. Lorsqu’il entendit Héra prononcer son nom, le Gold se rapprocha d’elle, presque immédiatement imité par son son jumeau et Aioros. Tous trois voulaient entendre ce qu’elle avait à dire sur le Gémeaux. 

 

    — Saga était parfait pour mon plan. Gentil. Apprécié. Pressenti pour prendre la suite du Pope. Oui, il était parfait…, ajouta-t-elle songeuse. 

    — Pardon d’intervenir, mais pouvez-vous en dire plus ? demanda Saga la voix presque tremblotante. 

 

    Le Gémeaux retenait son souffle. Près de lui, se tenait Aioros qui, par sa simple présence, soutenait son amant. Qu’est-ce qu’Héra allait divulguer sur lui ? Il ne lui fallut pas longtemps pour avoir la réponse à sa question. 

 

    La Déesse reprit ses aveux, après avoir inspirée profondément et avoir jeté un coup d’oeil vers son époux qui ne semblait pas décolérer, au contraire même… Elle avoua qu’elle avait ordonné à Dracon de s’emparer du corps et de l’âme de Saga, tout comme il l’avait fait pour Kyros. Salir la réputation de ce Chevalier avait été facile, annonça-t-elle froidement. Saga regardait fixement la Déesse, il semblait pétrifié et à la surprise générale, ce fut Kanon qui intervint.

 

    — QUOI ! s’écria-t-il. Vous voulez dire que c’est à cause de vous que mon frère a eu une double personnalité ? Donc rien n’était de sa faute !

 

    Un brouhaha sans nom s’en suivit. Saga avait donc été manipulé ! 

 

    — Kanon ! Ca ne sert à rien de hurler et puis, je n’ai pas su lutter contre Dracon donc si je suis responsable. J’ai été trop faible, murmura le Gémeaux.

    — Non Saga, tu n’es en rien responsable. Dracon était un Dieu puissant, tu ne pouvais pas lutter contre lui.

    — J’aurai dû essayer…

    — Mais tu l’as fait, et à plusieurs reprises, intervint Athéna.

    — Mais…

    — Non, Saga… Crois en toi, tu as fait tout ce que tu pouvais mais il était trop fort. Tu n’as pas à t’en vouloir, fit Aioros en devançant ainsi la Déesse. 

 

    Le Gold se vit soutenu par tous ses amis, mais au fond de lui cette blessure resta béante, même si aujourd’hui il commençait à apprendre à vivre avec…

 

    Héra souriait maintenant perfidement. Voir ainsi le Chevalier d’or des Gémeaux aux proies de ses doutes et de ses cauchemars, lui plaisait. 

 

    — HERA ! Cesse de sourire devant le malheur que tu as engendré ! gronda Zeus. 

 

    La Déesse se raisonna rapidement, il n’était décidément pas bon de contrarier son époux. Elle reprit en expliquant que Dracon avait pour mission de tuer Athéna alors qu’elle n’était qu’un nourrisson, mais qu’après son échec à cause d’Aioros, elle avait décidé de laisser Dracon sur Terre, et plus précisément à la place de Saga afin de faire régner la terreur sur le Sanctuaire. Tous les moyens étaient bons pour se débarrasser d’Athéna, ou au moins de la discréditer auprès des Chevaliers et surtout de son père. Sa haine s’était encore intensifiée lorsque son époux avait décidé de rendre la vie à tous après la dernière Guerre Sainte, et avait imaginé ce plan. Puis elle raconta l’histoire de la seconde Gemini et d’Hadrien.

 

    — Le jeune homme là-bas, fit-elle en montrant la dépouille d’Hadrien, est le descendant de Kyros des Gémeaux. Il pouvait, grâce au peu de cosmos qu’il possédait, contrôler un minimum l’armure, et c’est pour cela que Dracon s’est servi de lui. Ce garçon a eu connaissance de l’existence de la Gemini grâce à des rêves. Elle communiquait avec lui ainsi. C’est arrivé, car après la mort d’Hadès et avant cela à la défaite de Poséidon et de ton affaiblissement – dit la Déesse en regardant Athéna – l’armure a pu sortir de son silence et elle a cherché son porteur : Kyros mais c’est Hadrien qu’elle a trouvé. 

 

    L’assemblée était stupéfaite. Tout cela pour de la jalousie ! Impensable ! Et pourtant…

 

    Zeus n’en croyait pas ses oreilles. Son épouse jalouse de sa fille ! Il ne put contenir sa rage plus longtemps. Le Puissant Dieu de l’Olympe éleva son Foudre au dessus de sa tête. Le tonnerre gronda. Des éclairs illuminèrent le ciel. Plus personne n’osa bouger ni dire quoique ce soit. Zeus laissait parler sa colère. La foudre s’abattit sur le Domaine Sacrée. 

 

    Kanon sentit sa rage augmenter. Son jumeau avait souffert le martyre et en souffrait encore,  et son amant gisait non loin de là, tout ça à cause d’Héra et de sa jalousie. Saga s'approcha de lui et posa l'une de ses mains sur son épaule.

 

    — Arrête, ça ne changera rien, fit l'aîné.

    — Saga a raison, intervint Milo.

 

    Le second Gémeaux serra les poings mais fit ce qu'il put pour contenir sa colère. Pourtant il avait deux bonnes raisons d'être dans cet état. 

 

    — Mais pourquoi t’en être prise à Hadès et à Poséidon ? la questionna Athéna. 

    — Parce qu’ils t’ont défendue. Il y a bien longtemps, la toute première fois où j’ai tenté de m’en prendre à toi, ils sont intervenus et j’ai juré de ne venger d’eux également. C’est ainsi que j’ai ordonné à Dracon d’effacer la mémoire de toute l’Olympe pour la première fois. Il vous a implanté à tous le fait que vous ne vous supportiez pas et les Guerres Saintes ont commencé. Dracon a fait en sorte que Zeus ne s’en mêle pas, ainsi j’avais l’assurance que vous vous entre-tueriez mais j’ai échoué. 

    — Tu nous as effacé plusieurs fois la mémoire ? s’étouffa Hadès. 

    — Oui, je n’avais pas le choix, répondit la Déesse. Je savais que tu ne me pardonnerais pas, fit-elle remarquer tout en observant son époux. 

    — Ca suffit maintenant, j’en ai assez entendu ! signifia Zeus. Jamais je ne pourrais te pardonner. Tu as commis d’innombrable méfaits, beaucoup de monde a péri y compris des civils. Je suis déçu par tes agissements. 

 

    Zeus n’avait même plus de mots pour exprimer sa colère, sa tristesse et sa déception. Il soupira lourdement. 

 

    — Je n’ai pas d’autres choix que de vous bannir. Tous. Et sans pouvoirs, cela va sans dire.

 

    Zeus inspira un grand coup et reprit son incantation tout en augmentant son cosmos. Il brandit son Foudre. Des éclairs s’en échappèrent. Des grondements de tonnerre s’abattirent sur tout le Sanctuaire.  La pluie tomba. Le vent s’en mêla. Pour les civils de la ville voisine, il s’agissait d’un gros orage de printemps, rien de plus. Puis tout cessa. D’un coup. La pluie s’arrêta de tomber. Les nuages se dissipèrent laissant place au soleil. 

 

    Zeus ne comprenait pas pourquoi son pouvoir lui faisait défaut de la sorte. Qu’avait bien pu lui faire son épouse pour que son pouvoir n’ait aucun effet sur elle et ses précieux Mercenaires ? Quant à Héra, elle jubilait. Elle savait pourquoi son époux n’avait rien pu faire contre elle. 

 

    — Et bien, mon époux, que t’arrive-t-il ? Te ne sais plus utiliser tes pouvoirs ? ricana-t-elle. 

    — Silence ! Je suis certain que tu m’as fait quelque chose et tu vas me dire de quoi il s’agit ! ordonna le Dieu tout puissant.

    — Je n’ai rien à te dire.

 

    Zeus orienta son Foudre vers son épouse, augmenta son cosmos et voulut lui lancer un coup mortel. En vain. Tout son corps se refusait à lui obéir. La puissance du coup s’estompa comme neige au soleil. Personne ne comprenait. Zeus, du haut de sa grandeur, se sentait quelque peu désemparé mais le montra pas. Cela aurait fait bien trop plaisir à Héra. 

 

    — Que m’as-tu fait ? s’exaspéra Zeus.

 

    Mais Héra n’était pas encline à répondre. Elle n’en avait plus envie. Elle avait peut-être échoué dans sa vengeance mais il était hors de question qu’elle lui explique ce qu’il voulait savoir.

 

    — Seigneur, pardonnez mon insolence, intervint Shaka. 

    — Qu’y a-t-il, Chevalier ?

    — Vous avez affirmé que vous étiez le seul à pouvoir ôter les pouvoirs d’un Dieu, n’est-ce-pas ?

    — Oui…

    — Mais vous ne les avez pas retirés volontairement à la Déesse Athéna, ni aux Seigneurs Hadès et Poséidon, c’est bien cela ? questionna le Chevalier de la Vierge.

    — Oui, mais où veux-tu en venir ?  s’impatienta le Dieu des Dieux. 

    

    Toute l’assemblée se demandait pourquoi Shaka posait toutes ces questions au plus puissant Dieu de l’Olympe. 

 

    — Et bien, dans ce cas, je ne vois qu’une seule raison à vos agissements. Vous avez été hypnotisé, mon Seigneur. 

 

    Silence. Plus aucune parole ne fut prononcée durant quelques secondes. Dans les têtes, cela résonnait comme la pire blague racontée par Seiya, la différence c’est que l’idée venait de Shaka, la réincarnation de Bouddha…

 

    — Hypnotisé ! Hypnotisé ! répéta Zeus, brisant le silence. 

    — C’est une explication plausible, père.

    — Et puis, Galien peut intervenir sur les mémoires. Il lui est donc facile de pratiquer l’hypnose, intervint Saga. 

    — Et cela expliquerait que je n’ai aucun souvenir du moment où vous avez perdu vos pouvoirs, dit pensivement Zeus.

    — Effectivement, c’est cohérent, fit Poséidon.

    — Héra ! J’ai à présent la certitude que tu y es pour quelque chose. Galien n’aurait jamais agi sans en avoir reçu l’ordre et il est à ton service. Et puis, tes Mercenaires et toi êtes les seuls sur qui mes pouvoirs n’ont aucun effet. AVOUE !

 

    Mais la Déesse ne répondit rien. Une fois de plus. Elle ne souriait plus. Elle ne pleurait pas. Son visage neutre montrait une certaine lassitude, tristesse. Zeus soupira puis se tourna vers Galien. 

 

    — Galien, je t’ordonne de parler ! gronda Zeus. 

    — Je n’obéis qu’à ma Déesse. 

    — C’est moi le Maître de l’Olympe. C’est à moi que tu dois obéissance !

    — Je ne suis plus sous vos ordres depuis que vous m’avez rétrogradé. La déesse Héra m’a sauvé, je lui en suis reconnaissant et le serais à jamais. Je n’ai rien à dire de plus. 

 

    Zeus hurla sa colère. Sa voix fit trembler tout le Sanctuaire. Les civils, les apprentis, les gardes, ainsi que les Chevaliers qui veillaient sur eux, en eurent des frissons. Les murs des temples, du Palais et les ruines vibrèrent également sous l’onde de choc que venait de causer l'écho de la voix du Dieu tout puissant. Seulement, Galien n’avait pas peur, il se savait protégé par sa Déesse.

 

    Intérieurement, Héra était satisfaite par le chef de sa garde. Pas qu’elle doutait de sa loyauté mais devant Zeus, il était si facile de faire marche arrière. Heureusement, Galien était fort mentalement et ne semblait pas avoir peur de son époux. Pour la première fois, elle intensifia son cosmos, et appela à elle sa protection Divine qui vint la recouvrir. 

 

    L’armure était dans les tons rouges en forme de robe, tout comme celle d’Athéna. Elle était composée de centaines de morceaux de métal, plus ou moins longs, ressemblant à des plumes de paons. En bas de chaque pan, se dessinait un œil à l’instar des plumes de l’oiseau. Sur sa tête, la Déesse portait un casque en forme de diadème. Ses ailes se déployaient comme un éventail. [1]

 

    Toute l’assemblée se mit en position de défense. Les plus affaiblis ainsi que les Dieux déchus étaient protégés par les plus vaillants. Zeus n’avait même pas pu empêcher son épouse de revêtir sa protection Divine, il pestait contre sa stupidité. 

 

    — A quoi joues-tu ? lui fit-il remarquer. 

    — Tu ne peux rien faire contre moi. Tes pouvoirs se bloquent dès que tu veux t’en prendre à moi ou à ma garde. 

    — Tu admets ! Enfin ! 

    — Et je suis satisfaite. Personne ici ne peut plus m’empêcher d’aller au bout de ma vengeance. 

 

    Héra tenait fermement son sceptre dans sa main, mais au moment où elle allait l’utiliser Odin se plaça devant elle. Son puissant cosmos rivalisait avec le sien. 

 

    — Odin, tu n’as pas à te mêler de ça. Si tu ne veux pas prendre un mauvais coup, tu ferais mieux de retourner d’où tu viens, affirma Héra. 

    — Je ne peux malheureusement pas. J’ai fait une promesse à mon vieil ami, et je compte bien l’honorer, répondit le Dieu Nordique. 

 

     A son tour, Odin appela sa Robe Divine qui vint le recouvrir pour la première fois depuis des millénaires. Il comptait bien protéger son ami ainsi que tous ceux qui se trouvaient là. Notamment Athéna, Poséidon et Hadès. 

 

    — Comment ça, une promesse ? demanda la Déesse. 

    — Il y a des millénaires, Zeus est venu me voir et m’a demandé de lui faire une promesse. Celle d’intervenir lorsque la seconde armure d’or des Gémeaux se réveillerait. Il avait un mauvais pressentiment et il n’avait pas tort… Si je n’étais pas là en ce moment, personne ne pourrait t’empêcher de le tuer, ainsi qu’Athéna, Hadès et Poséidon. Non pas que vous n’en seriez pas capable, fit Odin en se tournant vers les Chevaliers, Spectres, Marinas et Guerriers Divins, mais Héra est très puissante, il vaut mieux un autre Dieu de votre côté. 

    — Je n’ai pas de souvenir de cette conversation, mais je suis heureux que tu t’en souviennes, intervint Zeus. 

    — Peu importe. S’il me faut me débarrasser de toi aussi, je le ferais, pesta Héra.

 

    Se servant de son Sceptre, Héra lança une attaque contre Odin qui put la stopper facilement. Toute l’assemblée était estomaquée. Devant eux se jouait un combat entre un Dieu Olympien et un Dieu Nordique. Ce n’était pas ce que l’on racontait le plus dans les registres des différents Sanctuaires. Alors qu’elle s’apprêtait à recommencer, Héra ordonna à ses hommes – Galien et Konrad – de reprendre le combat. Ils s’exécutèrent immédiatement en lançant un attaque sur les ex-Dieux mais les Alliés réagirent vite et purent contenir les coups. Shion et Mû érigèrent un « Cristal Wall » autour d’Athéna et de ses oncles afin de les mettre à l’abri, du moins le plus possible à l’abri. 

 

    Le combat entre Héra et Odin se poursuivait sous le regard inquiet de Zeus, qui se sentait frustré de devoir rester en arrière et de laisser combattre son ami. Mais il n’avait pas le choix… Les coups s’étaient remis à pleuvoir sur le Sanctuaire. Cependant un combat entre deux Dieux était bien plus dévastateur qu’un autre. Dohko s’approcha de Saga et de Kanon. 

 

    — Dites les gars, est-ce que vous seriez capable de pénétrer la tête de Galien pour essayer d’aller récupérer le fameux code d’hypnose ?

 

    Les jumeaux s’entre-regardèrent. Ils n’y avaient même pas pensé, à vrai dire. 

 

    — Le problème n’est pas d’entrer mais de trouver l’information. Il s’agit d’un Dieu et qui plus est, il manipule les mémoires. Ce ne sera pas facile, expliqua Saga. 

    — Facile ou pas, là n’est pas la question, fit remarquer la Balance. 

    — Ca peut le faire, mais on va avoir besoin de temps, même à deux, reprit Kanon. 

    — Très bien. Faites ce que vous avez à faire. On gère le reste. 

 

    Les trois Chevaliers acquiescèrent d’un signe de tête. Dohko alla expliquer son plan à Shion et aux autres. Les jumeaux avaient besoin de temps, et ils allaient le leur donner. Odin fut également mis dans la confidence. Il devait gagner du temps, et il le ferait. 

 

    Kanon et Saga utilisèrent le « Genrô Mao Ken » et pénétrèrent dans la mémoire de Galien qui ne les avait pas vus faire car il était aux prises avec Shaka, Milo, Minos, Aioros, Isaak et Bud. Quant à Angelo, Mû, Eaque, Christer et Albérick, ils restèrent en protection près des Gémeaux. Les autres protégeaient les ex-Dieux et Zeus ou se battaient contre Konrad.

 

    Galien était sous l’emprise des jumeaux mais nul ne savait pour combien de temps. Le Mercenaire se débattait et parfois reprenait le contrôle mais pour de courts instants. Il était pourtant plus fort que de simples mortels ! Cependant les Gémeaux étaient déjà doués séparés, et ensemble ils l’étaient encore plus. Après plusieurs minutes de recherche dans la tête de Galien, Saga et Kanon trouvèrent ce qu’ils étaient venus chercher. Le code d’hypnose. Après avoir eu ce qu’ils voulaient, ils quittèrent l’esprit du Mercenaire, non sans y laisser un petit quelque chose… Ce qui arrivait à Zeus leur avait donné une idée. Faire la même chose. A présent Galien était inoffensif…

 

    Sur le Parvis du Palais, la bataille battait son plein. Odin prenait de mauvais coups mais il avait quelques scrupules à frapper Héra. Elle était une Déesse, et la femme de son vieil ami, et malgré tout il pouvait la comprendre. Zeus n’était pas fidèle. C’était la seule chose qu’il n’aimait chez son ami, mais une promesse était une promesse. Lorsqu’il vit de nouveau les Gémeaux bouger, il comprit qu’ils avaient réussi. Il se doutait qu’ils allaient tenter d’inverser les effet de l’hypnose sur Zeus. Il leur fallait donc encore un peu de temps. Son épée à la main, il se jeta sur Héra, qui para le coup avec son sceptre. Odin frappait fort, pas assez pour la blesser, mais suffisamment fort pour ne pas l’être lui-même. 

 

    Tous les Alliés avaient bien compris que les jumeaux avaient encore besoin de temps, et heureusement que seul Konrad restait en état de se battre. Galien avait essayé mais il ne parvenait à lancer aucune de ses attaques contre ses ennemis. L’implantation hypnotique fonctionnait…

 

    Saga et Kanon demandèrent l’autorisation à Zeus de pénétrer sa mémoire, et puisqu’il n’avait pas le choix, il s’était résolu à accepter. Immédiatement, les jumeaux se mirent à la tâche. Ils savaient que « dehors » leurs amis faisaient leur possible pour leur permettre d’agir. Il fallait faire vite afin de limiter les dégâts. C’était Zeus le plus menacé…

 

    Après de longues minutes, Kanon et Saga trouvèrent l’emplacement du code hypnotique dans la tête du puissant Dieu de l’Olympe. Il était implanté si profondément qu’il aurait été impossible de le trouver sans savoir quoi chercher. Les jumeaux peinèrent à retirer ce code, mais ils parvinrent. Héra n’avait pas vu ce qui se tramait, elle se battait comme une forcenée contre Odin. 

 

    Et puis, une aura puissante s’abattit sur le Sanctuaire. Zeus s’éveillait. Il avait recouvré toute sa puissance. Sa splendeur. Il avait presque oublié à quel point il était fort. Les Gémeaux avaient fait du bon travail. Ils avaient réussi. Le Dieu des Dieux pouvait à présent ôter les pouvoirs de son épouse et de ses Mercenaires mais également rendre les leurs à sa fille et à ses frères. L’action n’était pas irréversible, c’est Héra qui lui avait mis cela dans la tête…

 

    Zeus brandit son Foudre, de nouveau des éclairs déchiraient le ciel qui s’assombrit. Le vent se leva. L’orage grondait. Il était violent, bien plus que le précédent. Héra cessa ses attaques sur Odin, tout comme Konrad cessa celles sur ses ennemis. Et alors qu’un grondement de tonnerre résonna sur le Domaine Sacrée, des boules d’énergie apparurent et se mirent à tourner autour de Zeus. Lorsque celui-ci orienta son attribut Divin vers sa fille et ses frères, les boules d’énergie fusèrent à toute allure vers les ex-Dieux et entrèrent en eux. 

    

    Ce fut douloureux. Les trois Déités se mouvaient dans tous les sens, un peu comme si elles se désarticulaient. Ce moment ne dura qu’une minute, mais à leurs yeux cela avait perduré bien plus longtemps. Doucement, Athéna, Poséidon et Hadès reprirent leurs esprits. A nouveau, ils sentirent en eux le pouvoir Divin qui les envahissait. Que c’était bon de se sentir entier… 

 

    Pendant tout ce temps, Hilda s’était occupée au mieux des blessés mais son cosmos faiblissait. Le combat ayant cessé, Odin déversa un peu du sien sur elle afin qu’elle puisse continuer à prodiguer des soins. A peine remise de ses émotions, Athéna rejoignit Hilda afin de l’aider dans sa tâche, et surtout pour la remercier. A elles deux, elles avaient plus de puissance, et les blessés les plus mal en point commencèrent à ouvrir difficilement les yeux.

 

    Zeus bloqua les pouvoirs d’Héra, de Galien et de Konrad, en attendant de s’occuper d’eux plus tard. L’urgence était de rendre la vie à tous ceux qui l’avaient perdue. Hadès eut la permission de ramener tous les défunts y compris Hadrien et les Mercenaires. Il allait sans dire que Zeus allait soulager les hommes de main de son épouse de leurs pouvoirs avant de les bannir de l’Olympe à jamais.    

 

    A peine réveillés de leur sommeil, normalement éternel, les Chevaliers, les Marinas, les Juges et les Guerriers d’Asgard se relevèrent péniblement avec l’aide de leurs amis afin de remercier les Dieux de leur bienveillance. Seulement, quelques uns n’ouvrirent pas les yeux… Ils étaient dans le coma, un peu comme s’ils ne voulaient pas revenir. C’était le cas d’Hadrien. 

    

    A la seconde où ils s’étaient réveillés, Galahad, Trajan, Dracon et les Demi-Dieux s’étaient sentis étranges. Ils se sentaient diminués. En fait, Zeus venait de bloquer leurs pouvoirs tout comme il l’avait fait pour les deux autres et son épouse. Héra pestait contre elle-même. Elle avait perdu. TOUT perdu. Elle ne savait pas ce qu’allait faire son époux. D’un coup, elle était moins rassurée. 

 

    Et puis, Zeus fit gronder sa voix, une fois encore. 

 

    — Moi Zeus, Dieu des Dieux du Mont Olympe et en présence d’Odin, Dieu des Terres du Nord ; d’Hadès, Dieu des Enfers ; de Poséidon, Dieu des Océans et d’Athéna, Déesse de la sagesse déclare ici et maintenant qu’Héra, mon épouse ainsi que Dracon, Galahad, Trajan, Konrad, Galien et tous les Demis-Dieux qui les ont aidés sont bannis de l’Olympe ce jour et à jamais. Ces renégats resteront sur Terre et vivront dans la loyauté et dans la droiture. Sans aucun pouvoir, ils subiront les effet de la vieillesse, des maladies, de la souffrance. Ils vivront comme des Hommes et j’espère qu’ils apprendront de leurs erreurs. 

 

    Après sa tirade, Zeus cogna son Foudre sur la dalle du Palais du Pope. Un éclair lumineux s’en échappa et à la seconde tous les Olympiens surent que leur Roi venait de bannir un ou plusieurs des leurs. 

 

    Héra et ses hommes de main tombèrent à genoux. Têtes baissées, et les mains à plat sur le sol devant eux, ils ne pensaient plus à rien, n’avaient plus envie de parler ni même de voir qui que ce soit. Ils n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes. Les larmes boudaient Héra, pourtant elles étaient présentes dans son cœur et dans ses yeux. 

 

    Zeus et Odin s’entre-regardèrent. Ils ne se dirent pas un mot pourtant une véritable conversation passait par leurs iris attristés par ce dénouement. Mais y avait-il une autre solution ? Sans doute, oui. Mais à quel prix ?

 

    — Vous êtes libres d’habiter où bon vous semble. Mais vivez dans le droit chemin…, fit Zeus. 

 

    Ce fut là ses dernières paroles. Il alla à la rencontre de sa fille. Ils n’échangèrent aucun mot mais le puissant Olympien posa délicatement sa main sur l’une des joues d’Athéna. Quelques perles d’eau salée y glissaient. De son pouce, il tenta de les effacer mais d’autres suivaient. Zeus l’embrassa tendrement sur le front puis quitta le Sanctuaire, sans même un regard pour son épouse. Héra venait d’être bannie et n’avait plus aucun pouvoir, certes, mais elle demeurait son épouse… 

 

    Personne au Sanctuaire n’émit un son. Les Alliés observaient les bannis. Ils avaient triomphé mais ne semblaient pourtant pas heureux. L’existence d’Héra et de ses hommes était gâchée, pas de quoi se réjouir… De plus, il fallait s’occuper des blessés, surtout de Shura, de Syd et d’Hadrien qui étaient dans le coma. Pour les autres, blessures ouvertes, fractures, contusions, rien de bien grave, en somme. 

 

    — Avez-vous besoin d’un coup de main pour transporter vos blessés ? fit une voix mal assurée. 

 

    Tous se tournèrent vers l’endroit d’où émanait la voix. Et ce fut avec surprise que les Alliés se rendirent compte que c’était Galien qui proposait son aide.

 

    — Tu nous as affrontés, et tu nous proposes ton aide ? T’es sérieux, là ? fit Milo. 

    — Milo, arrête ! fit Shion. C’est honorable de sa part, il n’est pas obligé de le faire.

    — Peut-être mais c’est gonflé quand même, intervint Angelo. 

    — Si vous ne voulez pas de mon aide…

 

    Galien se vit couper la parole par Konrad.

 

    — Quoi que fasse Galien, je serais avec lui. Je suis d’accord pour vous aidez également. 

    — Toi aussi ! fit Dohko.

    — On obéissait aux ordres, cela ne veut pas dire qu’on voulait de cette guerre, répondit Galien. 

    — En tout cas ne comptez pas sur nous pour rester et vous aider. On se tire, fit Trajan en son nom et en celui de Dracon et Galahad. 

 

    Puis, ils prirent la direction de la sortie du Sanctuaire, imités par les ex-demi-Dieux. 

 

    — Au lieu de parler dans le vide, ne peut-on pas s’occuper des blessés ? grogna presque Kanon.

    — Kanon a raison, reprit Shion. Aller !

 

    Angelo attrapa Shura, Bud prit son frère et Saga s’occupèrent d’Hadrien. Les comateux se virent transportés comme de vulgaires sacs de pommes de terre. Kanon soutint Rhadamanthe par la taille, heureux de le voir en vie. Les plus valides aidaient les plus amochés et ce, toutes castes confondues. Les Déités étaient fières de voir leurs troupes ainsi s’entendre. La paix revenait dans les cœurs et les âmes. Ils espéraient juste que ce moment ne soit pas éphémère.

 

    Athéna, Poséidon et Hadès marchaient derrière leurs troupes, soulagés. Tout était rentré dans l’ordre. Enfin presque… Pourquoi Shura, Syd et Hadrien ne s’étaient-ils pas réveillés comme les autres ? Puis la Déesse stoppa et se retourna vers Héra qui n’avait pas encore bougée. 

 

    — Héra, si tu le souhaites, tu peux rester vivre ici. Tu y es la bienvenue.

    

    Mais l’ex-Déesse la toisa et fit volte-face. Elle n’allait sûrement pas rester au Sanctuaire ! Héra partie sans un mot, sans se retourner mais en maudissant son époux, ses beaux-frères et surtout cette peste d’Athéna.

    

A suivre…

 

[1] Description faite à partir d’un fan-art, sur lequel j’ai peu d’éléments. Il serait issu d’un artbook mais je n’en sais pas plus. Source : http://www.gameblog.fr/blogs/intrigue/p_25032_les-divinites-grecques-dans-les-chevaliers-du-zodiaque

Si quelqu'un connait l'artiste je suis preneuse afin de le (la) créditer

Gemini, le secret oublié

Shiroitora-lili

 

 

Chapitre 19

Jeudi 2 juin. 

 

Sanctuaire Terrestre.

    Deux jours s’étaient écoulés depuis qu’Héra et ses Mercenaires avaient été bannis de l’Olympe. Elle, Trajan, Dracon et Galahad avaient quitté le Domaine Sacré sans se retourner, sans un mot. Où étaient-ils ? Que faisaient-ils ? A vrai dire, tous au Sanctuaire s’en fichaient. Seuls Galien et Konrad étaient restés. Ils avaient aidé à soigner les blessés et à préparer les repas. Ils tentaient d’oublier ce qu’il venait de se passer. Cette bataille. Cette défaite. Ce Bannissement… Ils avaient décidé de rester car ils ne savaient pas où aller. Ici, au moins ils savaient à quoi s’en tenir. Bien sûr, l’ambiance était tendue en leurs présences, mais ils supposaient que cela passerait avec le temps. 

    Athéna, Poséidon et Hadès étaient soulagés. Ils avaient récupéré leurs pouvoirs. Hadès avait eu l’autorisation de ramener tous les défunts liés à cette guerre ; un grand réconfort. Pourtant deux combattants ne s’étaient toujours pas réveillés. Shura et Syd. Et un civil, Hadrien. Pour ce dernier, les médecins du Sanctuaires supposaient que c’était parce qu’il n’avait pas assez de cosmos en lui pour supporter ce retour à la vie, mais il avait des chances de s’en sortir.  Des professeurs en médecine de la fondation GRAAD furent appelés en urgence par Athéna, ou plutôt par Saori, afin qu’ils puissent examiner le Gold et l’Asgardien. Malheureusement, sans plus de résultats. Visiblement et hormis leurs blessures, tous deux allaient bien. Les médecins en conclurent qu’ils ne souhaitaient simplement pas vivre. Mais pourquoi ? Ca, c’était malheureusement une question sans réponse…

    Les autres blessés semblaient, quant à eux, se remettre doucement. Les cosmos d’Athéna et d’Hilda avaient aidé aux soins même si cela ne les avait pas guéris. Seul le temps le pouvait. Nombre d’entre eux avaient cru perdre l’être aimé. Nombre d’entre eux s’étaient inquiétés pour leurs amis, pour leurs amours… Aujourd’hui, les couples restaient ensemble. Ils avaient besoin de sentir la présence de l’autre auprès d’eux. D’ailleurs, tous résidaient encore au Sanctuaire Terrestre. 

    Shura avait été transporté dans son temple. Angelo fut volontaire pour veiller sur lui. Bien que ses côtes le fassent toujours souffrir, il s’occupait de lui. Plusieurs fois par jour, il lui passait de l’eau fraîche sur le visage et le torse. Tous les matins, il jouait avec ses articulations afin que ses muscles travaillent un minimum. Dans ces moments-là, il ne pensait pas à ses sentiments envers lui. Ce n’était pas correct et le Cancer ne souhaitait pas profiter de la situation. Tout ce qu’il voulait, c’était que son ami, le Capricorne, se réveille pour enfin lui avouer ce qu’il ressentait. Parce qu’il avait changé d’avis lorsque Shura s'était effondré lors du combat contre les Mercenaires. Angelo s’était mordu les doigts de ne lui avoir jamais rien dit. Il avait cru le perdre, mais il était là avec eux. Le Cancer se démenait pour ramener Shura, parfois pourtant, il perdait tout espoir…

    Syd était sous la surveillance de son jumeau, dans l’un des appartements du Palais. Bud suivait lui aussi les consignes des médecins, s’occupant au mieux de son frère. Souvent, il le regardait. Syd avait l’air paisible, presque serein, pourtant Bud se doutait pourquoi il ne voulait pas revenir. Albérick. Ce type asocial et imbu de lui-même en était la cause. Syd l’aimait-il à ce point ? Au point de refuser de vivre puisqu’Albérick l’avait rejeté ? Syd et lui étaient jumeaux et tout comme de nombreux jumeaux, l’un et l’autre ressentaient les mêmes choses. Cela fit penser l’Asgardien qu’il s’était promis de mettre un coup de poing à ce type méprisable… 

———

Temple du Capricorne, dans la nuit du 2 au 3 juin.

    Angelo ne dormait toujours pas. Il était assis sur un fauteuil qu’il avait installé près du lit de son « patient ». Il l’observait. Se posait des tonnes de questions, comme par exemple : comment l’aider ? Comment lui parler après son réveil ? Le Cancer soupira silencieusement, un peu comme s’il ne voulait pas déranger Shura. Au bout de quelques heures de veille, Angelo éprouva le besoin d’aller se rafraîchir le gosier. Il se leva du fauteuil inconfortable et se dirigea vers la porte de la chambre. Une force intérieure l’incita a se retourner vers l’endormi. Une folle envie de glisser ses doigts dans la chevelure de Shura le prit. En fait, la tentation se faisait de plus de plus forte. 

    Au début, Angelo se retint. Il ne pouvait pas profiter de cette situation. Il ne le voulait surtout pas. Pourtant, et après une longue minute d’hésitation, il s’approcha du lit et tremblant, il fit pénétrer ses doigts dans la toison de jais de son bel amour. Ses cheveux étaient doux, il ne s’en lassait pas. Sa main descendit doucement vers la joue pâle de Shura. La barbe naissance du Gold offrait de la résistance au Cancer. Il sourit, pensant que c’était sans doute pareil pour lui. Lentement, sans vraiment savoir ce qu'il allait faire, Angelo approcha son visage de celui du Capricorne. Il sentait à peine le souffle de la respiration de son « patient » l’atteindre, pourtant quelques centimètres seulement les séparaient. Angelo retint sa propre respiration et déglutit péniblement avant de poser délicatement ses lèvres sur leurs jumelles, inertes. Ce fut comme un électrochoc pour le Cancer. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Pourquoi Shura ne s’éveillait-il pas maintenant ? Pourquoi l’aimait-il à ce point ?

    Ce doux moment ne dura qu’un bref instant. Angelo s’en voulait déjà d’avoir agi ainsi, mais un partie de lui, ne le regrettait pas. Cela lui donnait le courage de se déclarer, mais pour cela il fallait que Shura ouvre enfin les yeux… 

    — Si tu veux savoir ce que représente mon tatouage, sache qu’il te faudra te réveiller. Je ne te le montrerais pas dans le Royaume des Morts. Cela n’aurait aucun intérêt, murmura Angelo à l’oreille de Shura.

    Puis, il quitta la chambre pour aller boire un grand verre d’eau fraîche, et prendre une bonne douche froide. Le baiser aérien qu’il avait donné à son amour avait fait réagir quelque peu tout son corps… Près d’une heure plus tard, il revint s’installer dans le fauteuil inconfortable et trouva enfin le sommeil qui le fuyait depuis le début de la nuit.

———

Temple des Gémeaux, dans la nuit du 2 au 3 juin.

    Depuis la fin de la bataille, Kanon et Rhadamanthe avaient passé peu de temps ensemble. Ils avaient tous deux reçu les soins dont ils avaient eu besoin, et Rhadamanthe fut gardé en observation, tout comme les autres qui étaient revenus du Royaume d’Hadès, et ce même s’il ne le voulait pas. Kanon, quant à lui, dut se rendre au Palais avec Saga ainsi qu’avec leur armures respectives, pour une réunion avec Shion et les trois Déités. Cela avait duré plusieurs longues heures. Puis une fois Rhadamanthe sorti de l’infirmerie, c’est Hadès qui fit le point avec ses Juges et ses Spectres. La nuit était bien avancée, et le Juge n’était pas encore là. Sa réunion s’éternisait. Qu’allait-il se passer entre eux maintenant ?

    Kanon ne voulait pas aller se coucher sans avoir vu Rhadamanthe, il squatta alors le canapé. Il était assis, le bras gauche était posé négligemment sur le dossier. La main droite lui servait à maintenir sa tête. Il s’ennuyait presque. Au fond de la pièce se trouvaient les armures jumelles. Elle reposaient côte à côte. La Gemini perdue avait retrouvé sa place au Sanctuaire. Kyros avait été pardonné. Saga comprenait mieux pourquoi il n’avait pu lutter contre son côté démoniaque, bien qu’il s’en voulait toujours autant. Et lui, Kanon, était officiellement devenu Chevalier d’Or des Gémeaux au même titre que son frère. 

    Perdu dans ses pensées, il ne vit pas le temps passer. Il regarda l’horloge qu’il apercevait, celle de la cuisine, elle indiquait vingt-trois heures. Trois heures, qu’il était assis là, bougeant à peine. Son estomac l’interpella. Il n’avait pas encore mangé et à vrai dire, il avait pris l’habitude que ce soit le Juge qui prépare les repas. Sauf que ce soir, Hadès le retenait… Prenant son courage à deux mains, il se leva et pénétra dans la cuisine. Il ouvrit tous les placards et le frigo, prit ce dont il avait besoin et se lança dans la préparation du dîner.

    Alors qu’il s’affairait dans la cuisine, le cosmos de Rhadamanthe se fit ressentir. Le Juge venait de pénétrer dans le temple et arriverait d’ici peu dans la partie habitable. Kanon, occupé, n’alla pas à sa rencontre. 

    — Tu cuisines ? fit surpris le Juge.

    — Ouais, c’est pas ce que je préfère faire, mais je sais faire. Du moins quelques trucs, avoua-t-il.

    — En tout cas ça sent bon, je suis surpris.

    — Merci. Alors ta réunion ? 

    — Un peu comme pour toi, j’imagine. La rengaine habituelle. 

    — Tu repars quand ?

    — J’ai pas envie de repartir maintenant. Le Seigneur Hadès nous accorde des vacances. 

    

    Kanon savait qu’un jour ou l’autre Rhadamanthe devrait rentrer aux Enfers, mais cette idée ne lui convenait pas. 

    — Mais tu devras bien reprendre ton tribunal, murmura le Gémeaux. 

    — Oui. 

    Rhadamanthe commençait à comprendre où voulait en venir son hôte. Eux !

    — Pour le moment, Kanon j’aimerais ne pas parler de mon futur départ. Je suis là pour plusieurs jours, et j’aimerais profiter un peu de la paix…

    Voilà ! Kanon le savait. Le Juge ne souhaitait pas revenir sur leur « relation », du moins sur ce qu’ils ressentaient depuis plusieurs jours. Il était déçu.

    — … et de toi, avoua-t-il. 

    Kanon se retourna et accrocha les soleils du Juge. Le blond s’approcha lentement, et enlaça le cuisinier par la taille. 

    — Maintenant que tout est terminé, on pourrait peut-être penser à nous ?

    — Comment ça ? 

    

    Au lieu de répondre, Rhadamanthe prit en coupe le visage de son amant et l’embrassa fougueusement. Ce baiser sensuel les laissa pantois. Une myriade d’émotions les transperçait de part en part. Ils en tremblaient presque. Le Gémeaux ne se retint pas de se rapprocher de son amant, un peu plus, ni de l’embrasser à son tour. La bonne odeur qui émanait des plats que Kanon venait de finir de préparer, les fit revenir à la réalité. 

    — J’espère que tu as faim, car c’est prêt, dit le Gémeaux. 

    — Ca peut se réchauffer ? demanda le juge.

    — Pourquoi tu n’as pas faim ?

    — Pour le moment j’ai faim d’autre chose, murmura Rhadamanthe en rivant son regard à celui de son amant. 

    Kanon comprit de suite où voulait en venir le blond, il acquiesça avant de l’entraîner dans sa chambre où ils passèrent un moment fort en émotions, en sentiments et en sensualité…

——— * * * ———

 

Vendredi 3 juin.

 

Palais, appartements de Syd, matin.

    Cela faisait maintenant trois longues journées que Bud veillait sur son jumeau. Il se sentait totalement inutile. Nombreux étaient ceux qui venaient pour prendre des nouvelles, parfois certains prenaient un peu le relais afin que Bud puisse se reposer, ou bien aller boire un café. En fait, tous les alliés étaient venus, sauf Shura qui se trouvait dans le même état que son frère mais aussi et évidemment Albérick. En même temps, il valait peut-être mieux qu’il ne rende pas visite à Syd, Bud voulant tenir la promesse qu’il s’était faite. 

    Tout comme Angelo, Bud respectait à la lettre les consignes données par les médecins. Parfois il lui parlait. Parfois il lui lisait des chapitres de son roman préféré. Parfois il ne faisait rien d’autre que de lui tenir la main. Et souvent, il soupirait tout en se demandant si son jumeau « reviendrait ». Ses nuits étant courtes, l’Asgardien s’endormit en tenant la main de son frère.

    A son réveil, une bonne heure plus tard, Bud se rendit compte qu’il n’était pas seul dans la chambre de son frère. Au fond de la pièce, adossé contre le mur et les bras croisés sur le torse, se trouvait un Guerrier Divin d’Asgard. 

    — Tu n’as rien à fiche ici ! Dégage ! grogna Bud.

    Sans un mot, Albérick se décolla de son appui puis sortit de la pièce. Bud le rattrapa.

    — Attends ! Pourquoi t’étais là ? l’interrogea le jumeau de Syd.

    — Tu viens de me dire de dégager, et là tu me retiens ! 

    — Réponds à la question !

    — J’ai rien à te dire, rétorqua Megrez avant de quitter l’endroit.

    — La  manière dont tu l’as traité ne t’autorise pas à venir ici. Si je te revois dans le coin, tu rencontreras mon poing, cria-t-il. 

    Mais Albérick ne répliqua pas, laissant presque une drôle d’impression à Bud qui le regarda partir. Il n’était pas dans les habitudes de Megrez de ne pas dire un mot. En général, il aimait se « montrer ». 

    — Ce mec est bizarre, songea Bud tout en retournant près de son jumeau.

———

 

Quelque part dans le Domaine Sacré.

    Après sa « fuite » devant Bud, Albérick ne s’était pas arrêté de marcher. Les poings au fond de ses poches de pantalon, la tête baissée il shootait parfois dans les cailloux qui se mettaient en travers de son chemin. Perdu dans ses pensées, il errait plus qu’il ne marchait, d’ailleurs. Cette attitude ne lui ressemblait pas. Il aimait la solitude plutôt que d’être entouré de personnes moins intelligentes ou moins puissantes que lui, mais ce n’était pas vraiment de la solitude qu’il ressentait en cet instant. C’était plutôt comme s’il lui manquait une partie de lui. 

    Enfin, il se stoppa. Il observa autour de lui, il ne connaissait pas l’endroit. Il se trouvait sur l’une des plages du Sanctuaire. Paisible. Discrète. Belle. Il s’assit dans le sable, maintenant ses genoux pliés vers lui avec ses bras. Il se perdait dans l’écume qui se créait lorsque la mer venait frapper les rochers avoisinants. 

    Le fait de voir Syd comme ça, inerte, l’avait touché. Mais pourquoi était-il allé le voir ? Ne l’avait-il pas rejeté comme on se débarrasse d’une chose cassée ou totalement inutile ? Que lui arrivait-il ? Albérick tenta de faire un retour en arrière. Il plongea dans sa mémoire, et l’explora depuis le moment où Syd lui tenait la main, lorsqu’il avait été blessé. A ce moment là et avant qu’il n’ait ouvert les yeux, il s’était senti comme apaisé. La douceur de la main qui tenait la sienne, l’avait interpellé. Une femme ? Non ! La peau était douce mais plus rugueuse que celle d’une femme. Alors c’était un homme… Cela ne l’avait pas dérangé. Alors pourquoi avoir rejeté Syd de la sorte ? 

    Ce jour là, et avant qu’il n’ouvre les yeux, Megrez avait sentit son organe de vie battre plus fort. L’odeur qu’il avait perçue – un subtil mélange d’eau de toilette poivrée avec une pointe d’après rasage – il la connaissait mais sur le coup ne se souvenait plus d’où elle provenait. Ses sens avaient été en éveil, et pour l’une des première fois de son existence, il s’était senti bien, et apaisé. Alors pourquoi avoir rejeté Syd de la sorte ? 

    Oui pourquoi l’avoir humilié ainsi devant les autres ? Devant les autres… Voilà pourquoi ! Dans la chambre, ils n’étaient pas seuls. Il y avait Hagen et sa fiancée ainsi qu’Hilda et Siegfried. Mais cela aurait-il vraiment changé quelque chose s’ils avaient été seuls ? Albérick reconnut que non. Il était fier. Imbu de lui-même. Sournois. Pourquoi n’avoir pas profité de la situation pour jouer avec Syd un moment avant de s’en lasser et de le jeter ? 

    En fait, il savait depuis plusieurs mois que Syd était amoureux de lui. Il l’avait surpris en train de l’observer pendant ses entraînements matinaux. Il n’avait rien dit, rien fait. Il faisait comme s’il ne savait pas, pensant sans doute qu’un jour, Syd se lasserait et laisserait tomber. Megrez était conscient que son caractère n’attirait pas les autres, pourtant il ne réussissait pas à changer, mais le souhaitait-il seulement ? Et puis, Albérick écarquilla ses orbes et se releva brusquement. Cela faisait plusieurs heures qu’il ne pensait qu’à Syd ! Il envahissait ses songes mais il avait également très envie de le voir. Il voulait en avoir le cœur net. Etait-il attiré par lui ou n’était-ce qu’une faiblesse… ?

———

Temple du Capricorne, aux environs de midi.

    Shiryu et Fenrir venaient de quitter le temple. Ils étaient passés prendre des nouvelles de Shura et avaient apporté le déjeuner pour Angelo. Le Cancer rejoignit la chambre du comateux  – il ne souhaitait pas s’absenter trop longtemps – avec son déjeuner. 

    — Ca … sent … bon…

    Angelo crut rêver. 

    — Shura ? 

    Le Capricorne n’avait pas les yeux ouverts. Sa main gauche bougeait légèrement. Angelo posa son assiette sur le premier endroit plat qu’il trouva et s’approcha du lit. 

    — Shura, tu m’entends ? lui demanda-t-il.

    Angelo était à cheval entre la joie de revoir enfin son ami parmi eux et la peur que ce ne soit qu’une fausse  alerte. 

    — Shura, merde, dis-moi un truc. N’importe quoi mais parle-moi ! 

    — Angelo… je … t’aime…

    Il fallut presque une minute au Cancer pour analyser ce que venait de dire son ami. C'était peut-être dû à la désorientation, ou bien aux médicaments…

    — Shura ! Arrête tes conneries et ouvre les yeux, bordel ! 

    Le-dit Shura ouvrit enfin ses paupières, lentement. La lumière filtrait peu par les rideaux tirés. Angelo l’avait fait exprès afin que Shura ne soit pas aveuglé à son réveil. Le Capricorne posa néanmoins son bras droit sur ses yeux afin que le peu d’éclairage ne l’atteigne pas. 

    — Je ne dis pas de conneries, répondit-il moins difficilement.

    — Tu as passé trois jours dans le coma. Tu ne dois pas avoir les idées bien claires. 

    Pourtant au fond de lui, Angelo espérait de toute son âme que les paroles de son ami, étaient vraies. Il inspira profondément. 

    — Peut-être mais ça fait des mois que je cherche à te parler sans en trouver le courage. J’avais peur de perdre ton amitié. Mais je ne veux plus me taire, je suis mort une fois de plus sans rien te dire et je ne l’accepte pas. Tu peux rire, mettre ça sur le compte du coma, me rejeter tant pis, mais maintenant tu sais, avoua-t-il. 

    Le Cancer ne disait rien. Absolument rien. Il fixait son le Capricorne, l’air presque hébété. 

    — Merci d’avoir veillé sur moi, dit Shura après plusieurs minutes de silence. 

    — Comment sais-tu ? l’interrogea Angelo. 

    — Je ne sais pas vraiment. C’est comme un ressenti. J’ai même cru entendre que tu me demandais de me réveiller si je voulais voir ton tattoo parce que tu ne me le montrerais que dans le monde des vivants.

    — J’ai vraiment … dit ça, fit Angelo surpris.

    Les deux Gold s’entre-regardèrent. Ils ne pensèrent à rien. Ne dirent rien. Ils se regardaient simplement. Cet étrange moment cessa lorsque tous deux ressentirent l’approche d’un cosmos. Celui de Shion. Depuis le Palais, il avait dû sentir le réveil de Shura. Il venait aux nouvelles accompagné par l’un des médecins de la fondation GRAAD.

    — Ravi de te revoir parmi nous, Shura, fit le Pope. 

    — Moi aussi, je le suis, sourit le Capricorne.

    Le médecin fit sortir Shion et Angelo et examina le patient. Cela prit plusieurs minutes, mais Shura allait bien. Il lui fallait un peu de repos mais il allait bien… Tout le Sanctuaire fut prévenu du réveil du Gold et tous furent heureux d’apprendre cette nouvelle. Bud y compris. 

    Après avoir mangé et bu de grands verres d’eau, Shura s’allongea de nouveau. Ses blessures guérissaient mais certaines le faisaient encore souffrir. Pendant ce temps, Angelo prenait une bonne douche. Avec le réveil de Shura, il n’avait pas encore pu la prendre. Ce moment à l’écart de celui qui hantait ses pensées, lui permit de repenser à ce que Shura lui avait dit. 

    — On ressent la même chose depuis des mois et nous, cons que nous sommes, on ne s’est aperçu de rien ! murmura le Cancer. Mais ça pourrait expliquer pourquoi il tenait tant à m’aider pour faire mes soins pour mes côtes ! 

    Angelo devait parler avec son ami. Parler de ses sentiments, et tenir sa promesse de lui montrer son tatouage… Quand le Cancer revint dans la chambre, il s’aperçut que Shura dormait. Il reprit sa place sur le fauteuil et s’assoupit à son tour. Son manque de sommeil venait de le rattraper.

———

Palais, appartements de Syd, après-midi. 

    Bud veillait tellement sur son frère, qu’il en avait oublié une chose importante. Sorrente. Lors de l’affrontement avec les Mercenaires, ils s’étaient rapprochés. Mais tout avait été très vite après cela, et ils n’avaient pu discuter. Enfin, si, Sorrente était passé prendre des nouvelles de Syd mais Bud étant très affecté, la Sirène Maléfique n’avait pas cherché à lui parler. Et puis, il avait pensé que Bud s’était joué de lui. L’Asgardien se mit à réfléchir. Sorrente était venu le premier jour, mais pas depuis. Bud comprit très rapidement. Il était tellement inquiet pour son jumeau que lorsque le Marina était venu, il ne lui avait presque pas adressé la parole. Sorrente avait dû se méprendre. 

    — Je suis trop bête, se dit-il à haute voix. Il faut que j’aille lui parler. 

    Il n’avait pas envie de laisser Syd seul, mais il devait aller voir Sorrente au plus vite. Il se pencha au dessus du lit. 

    — Syd, je reviens. Désolé de te laisser seul mais … comment dire ? Sorrente n’est pas revenu depuis l’autre jour. Je pense qu’il se fait des idées sur ce qui s’est passé lors du combat. Je n’ai pas envie qu’il m’en veuille. Il me plaît, et j’ai envie de faire un bout de chemin avec lui. Je suis sûr que tu me comprends et que tu ne m’en voudras pas si je ne suis pas là si tu te réveilles. Je te promets de revenir vite et avec lui.

    Bien que Bud s’en voulait de laisser son jumeau seul, le temps qu’il trouve Sorrente pour lui parler, il quitta la pièce sans se retourner. Devant la porte des appartements qu’il s’apprêtait à quitter, Bud vit Albérick, encore. 

    — Je t’ai dit de ne pas revenir ! T’es sourd ? s’énerva Bud. 

    — Si tu veux, je peux rester près de lui.

    Hein ! Quoi ! Que venait de dire ce malotru ? Bud en resta bouche-bée. 

    — Premièrement, qui te dit qu’il est seul ? Deuxièmement, qu’est-ce qui te fait croire que je vais te laisser avec lui ? Troisièmement, …

    En fait, il n’y avait pas de troisièmement. Bud avait beau chercher, il ne trouvait rien à dire.

    — Et pis merde ! Dégage, il n’a pas besoin d’un type comme toi. Bouge, j’ai pas que ça à faire ! s’énerva l’aînée des jumeaux Asgardiens. 

    — Merde ! Pour une fois que j’essaie d’être serviable… C’est bon je me casse…

    — Toi, serviable ! Tu rigoles ! Pourquoi t’es là ? Pour te foutre encore de la gueule de mon frère si jamais tu avais la chance d’être là à son réveil ? 

    — Ca fait des heures que je pense à lui comme un con ! Et ça a commencé avant toute cette histoire. Content ? 

    Là, à vrai dire Bud ne savait plus quoi dire. Albérick venait de lui dire qu’il pensait à son frère depuis des heures et même avant tout ça ? Il avait rêvé, ça ne pouvait pas être autrement…

    — Et merde ! Pourquoi tu me croirais, hein ? Je suis le pire mec qui existe, toujours en train de mentir, toujours à dénigrer les autres et j’en passe. Je sais que je ne montre jamais le meilleur de moi et peut-être même que là je suis en train de te manipuler… Mais je me fous de ce que tu penses, je veux voir ton frère ! Laisse-moi rester le temps de ton absence.

    Bud aurait souhaité que quelqu’un d’autre soit là en cet instant. Les mots d’Albérick résonnaient comme une supplique. Ce qui était loin d’être une habitude chez lui. Le guerrier Divin d’Alcor se demanda si Megrez se fichait de lui ou s’il était sincère. Et puis, que risquait son jumeau ? Pas grand chose, en réalité. Bud soupira. 

    — D’accord. Mais je te promets que si tu lui fais ou dis quoi que ce soit de bizarre, je te le ferais regretter, c’est clair ? 

    Il n’était pas tout à fait sûr d’avoir pris la bonne décision mais au moins son frère ne serait pas seul, le temps qu’il parle à Sorrente. Albérick le regarda droit dans les yeux, et fit un signe de tête pour lui signifier qu’il avait compris. Bud le laissa entrer, avec appréhension, et partit à la recherche de sa Sirène. 

———

    Albérick ne se reconnaissait plus. Il savait que s’il faisait un pas de travers, Bud lui tomberait dessus. Peut-être aurait-il raison, après tout ? Il pénétra silencieusement dans la chambre de Syd et vit l’objet de ses pensées allongé paisiblement. Pourquoi ne se réveillait-il pas ? Cette question hantait tout le Sanctuaire, lui y compris. 

    Il l’observait de loin. Il n’avait jamais pris ce soin. Il avait pour habitude de le dévisager, de le regarder de travers, de l’épier surtout lorsqu’il sentait qu’il venait à ses entraînements. Depuis le début, il savait. Il savait que Syd avait un faible pour lui. Mais pourquoi lui ? Il était si lâche, fourbe et si sûr de lui. Albérick reconnut en cet instant qu’il n’avait rien pour lui. Alors pourquoi Syd l’aimait-il à ce point ?

    Enfin, il s’approcha du lit. De près, Syd avait le teint blême et ne paraissait plus autant serein. Une drôle d’impression s’empara de lui. Ses entrailles se crispèrent à lui en donner mal au ventre. Il s’installa sur le bord de la fenêtre, pas trop près de Syd. Il lui faisait presque peur. Un comble pour lui qui n’avait peur de rien ni de personne. Tout en l’observant, il se plongea dans ses songes. Tentant de se souvenir de ce qu’il avait ressenti la toute première fois qu’il avait senti la présence de Syd. 

    Comme d’habitude, il avait pensé que c’était normal pour l’un de ses pairs de venir ainsi le regarder s’entraîner. N’était-il pas le meilleur ? Ses « amis » devaient sans doute l’envier, c’est certainement pour cela que Syd venait l’épier. Du moins c’était ce qu’il avait pensé à ce moment là. Mais ensuite, ce rituel avait continué, et lui, ne montrait rien. Il ne tournait même pas la tête vers son pair. Jamais, il ne lui avait proposé de venir s’entraîner avec lui. Et puis, un jour Syd n’était pas venu. Plus tard, il avait appris qu’il avait accompagné Hilda chez le chef d’une famille importante d’Asgard. Cette absence l’avait troublé, gêné. Il l’avait presque attendu toute la journée. Depuis ce jour, il pensait à lui sans jamais l’avouer ni se l’avouer. 

    Ses yeux se portaient toujours sur Syd. Même maintenant, il ne réussissait pas à se dire qu’il était attiré par lui. Et puis, après le speech qu’il lui avait fait quelques jours plus tôt, il n’était pas question de revenir en arrière. Pour qui passerait-il ? Non impossible…

    — Pourquoi ne reviens-tu pas ? murmura Megrez. Serait-ce à cause de moi ? M’aimes-tu à ce point ? Pourquoi moi ? 

    Evidemment, Syd ne répondit pas et ne semblait pas prêt à le faire de sitôt. Albérick pesta. Pourquoi ? Il l’ignorait. Il se rabroua. Il en avait assez de penser à Syd. Afin de se changer les idées, il prit le livre qui traînait sur la table de chevet. Il l’ouvrit à l’endroit où se trouvait un marque page et commença à lire, à haute voix. 

———

Sanctuaire Terrestre, infirmerie.

    Au chevet d’Hadrien, tous se relayaient. Le pauvre homme était assez affaibli, son coma était plus profond que pour le Gold et l’Asgardien. Son état n’était pas critique mais tout de même inquiétant.  Les médecins avaient affirmé que son esprit avait été fatigué par la présence de Dracon et que son corps était affaibli par les combats dont il n’avait pas l’habitude. Il était évident qu’un simple humain, sans cosmos, sans puissance particulière ne pouvait résister à de telles choses. De plus, il était revenu du Royaume des Morts, chose impensable pour le commun des mortels. C’était beaucoup pour un corps tel que celui d’Hadrien.  Cependant, d’ici un jour ou deux, il devrait refaire surface, selon les dires des médecins. 

    Ikki se tenait à son chevet. Il avait pris la suite de son frère. Il ignorait qui allait venir le remplacer. Cela faisait maintenant près de deux heures qu’il était là. Assis sur le fauteuil près du lit, il s’efforçait de ne penser à rien. Il savait son frère avec Io. Il était inquiet, comme tout grand frère qui se respecte et n’avait pas eu l’occasion d’aller parler au courtisan de Shun. Il devait aussi aller parler à Shaka mais ça ce n’était pas le plus facile. Comment aborder le sujet ? Comment expliquer son départ du Sanctuaire à son cadet et à ses amis ? Parce qu’il l’avait promis à Shaka, il lui expliquerait tout mais ensuite il partirait…

    Un cosmos s’annonça. Ikki, le fier Chevalier du Phœnix, se crispa. Pourquoi, parmi tous les occupants du Sanctuaire, fallait-il que ce soit lui ? Shaka ouvrit lentement la porte. Il retenait son souffle. L’oiseau de feu était là. Ils devaient parler du baiser, mais avec Ikki rien n’était simple. 

    — Bonjour Ikki, fit le blond.

    —'lut, répondit-il. 

    

    L’atmosphère était tendue entre les deux Chevaliers. 

    — Comment va-t-il ? demanda Shaka.

    — Rien de nouveau.

    A peine eut-il terminé sa phrase, que le Bronze se dirigea vers la sortie en prenant soin de contourner Shaka le plus loin possible. Mais le Gold avait besoin de réponses et il était temps de parler.

    — Ne te sauve pas si vite, Ikki ! Nous devons parler, tu te souviens ?

    

    L’intéressé soupira lourdement en cessant d’avancer. Ce moment, il l’appréhendait mais Shaka avait raison, il était en droit de savoir. Sans se retourner, il essaya d’exprimer ses sentiments. mais les sons se mouraient dans sa gorge. Ikki n’avait pas vraiment l’habitude de s’ouvrir aux autres en temps normal alors pour avouer ses sentiments, il était loin d’être à l’aise. Chaque fois qu’il essayait d’ouvrir la bouche, il se ravisait. Comment commencer ? Quoi dire et comment ? 

    Shaka, lui, attendait patiemment que son ami se décide à dire enfin quelque chose. Il ne disait rien. Il laissait à l’oiseau de feu le temps dont il avait besoin. Le Gold n’était pas idiot, il avait compris, du moins l’espérait-il, pourquoi Ikki l’avait embrassé cependant il souhaitait qu’il lui dise franchement. Le blond repensait souvent à ce moment. Peut-être que s’il avait répondu au baiser, les choses se seraient passées autrement. Ou pas ! Plus il pensait à ça, plus Shaka était troublé. Plus il pensait à Ikki, plus il était troublé. Cette rencontre, il l’avait provoquée. En venant à l’infirmerie, la Vierge avait croisé Camus qui allait prendre la relève de Ikki, et lui avait demandé de lui laisser la place. Depuis la fin du combat, Ikki et lui ne s’étaient pas revus et il avait une terrible envie de le voir. Ce baiser avait fait mûrir des sentiments en lui. Des sentiments qui étaient là au fond de son son cœur depuis leur affrontement. 

    Le Phœnix avait déjoué son attaque la plus puissante lors de la bataille du Sanctuaire, cela l’avait bluffé. Il était admiratif, au début, mais peu à peu et surtout depuis quelques jours il ressentait quelque chose de bien plus fort envers Ikki. Mais avant de lui ouvrir son cœur, il voulait s’assurer que le Bronze ait bien des sentiments amoureux pour lui. Il ne souhaitait pas se faire de fausses idées. 

    Doucement, Ikki se retourna et riva son regard dans celui de son vis-à-vis, mais ses yeux étaient clos. Son organe de vie se mit à battre à tout rompre dans sa poitrine, tellement fort qu’il eut peur que Shaka s’en aperçoive. Mais c’était sans compter les dons du Gold qui sentit rapidement le trouble dans le cosmos d’Ikki. 

    — Tu n’as pas l’air bien d’un coup ? s’inquiéta le Gold. Pourquoi refuses-tu de me parler ?

    — Je n’ai pas pour habitude d’en dire trop sur moi, c’est tout. 

    — Mais tu me dois une explication, tu te souviens ?

    

    Ikki soupira, oui il s’en souvenait mais comment s’y prendre ? 

    — Oui ! 

    L’oiseau de feu ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Shaka comptait pour lui et il ne voulait pas le faire souffrir. 

    — Je ne sais pas comment m’y prendre, finit-il par avouer.

    — T’y prendre pour quoi faire ?

    — Je voulais être avec toi pour les recherches parce que je voulais passer du temps avec toi, commença-t-il tout en se retournant afin de ne plus voir Shaka. 

    Enfin, l’oiseau de feu se dévoilait, du moins un peu. Le cœur de Shaka se mit à battre à tout rompre sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Le fier Chevalier de la Vierge tentait de garder sa contenance comme il le pouvait. 

    — Tu voulais passer du temps avec moi ? Pourquoi ? 

    Ikki se retourna et voulut regarder à nouveau son ami dans les yeux mais Shaka les tenait encore fermés. Le Phœnix déglutit péniblement. Il avança lentement vers le Gold qui ouvrit doucement ses yeux en le sentant s’approcher de lui. Enfin, ils s’accrochèrent du regard. Etonnamment, l’atmosphère n’était pas aussi lourde entre eux qu’à l’accoutumée, c’était le contraire même. Ce qu’ils ressentaient en cet instant était étrange. A la fois, ils voulaient s’enfuir en courant en mettant le plus de distance entre eux, et à la fois ils se seraient jetés dans les bras de l’autre en ne pensant à rien. Shaka avait pris le temps de réfléchir depuis le baiser qu’ikki lui avait volé. Ce n’était pas son premier mais les émotions qu’il avait ressenties étaient, quant à elles, nouvelles. Depuis lors, Shaka n’avait pas cessé de penser à Ikki et à son comportement avant ce moment. Il en avait conclu que le Bronze avait sans doute des sentiments pour lui. Plus le blond pensait, plus ses sentiments grandissaient. Et finalement, les derniers mots d’Ikki, lui démontraient qu’il avait eu raison. 

    Ikki s’avançait toujours vers Shaka. Son corps le trahissait. Il tremblait. Son organe de vie menaçait de déchirer sa poitrine tant il battait la chamade. Il peinait à avaler sa salive. Des picotements lui chatouillaient le bas-ventre. Cependant, il ne cessait d’avancer. Il ne disait rien. Tout ce qu’il avait à dire passait par tout son corps : sa démarche ; son regard ; sa respiration. 

    Et puis, enfin, Ikki ne se trouva plus qu’à quelques pas de l’objet de ses désirs. Il fit un pas de plus. Shaka arrêta de respirer. Tous ses sens se bousculaient. Il ne pensait plus à rien, il en était incapable de toute façon. L’oiseau de feu enroula son bras autour de la taille de Shaka qui sursauta bien qu’il ait deviné ce qui allait se passer. Mais à sa grande surprise Ikki ne l’embrassa pas mais il l’enlaça doucement et enfouit son visage dans son cou. Le blond se sentit défaillir. Sentir le souffle irrégulier d’Ikki dans son cou éveillait ses sens. Pour lui ce moment était bien plus sensuel que le baiser qu’ils avaient échangé quelques jours plus tôt. 

    Le Bronze s’enivrait du parfum du Gold. Il ne voulait plus le laisser partir. Il resserra son étreinte. Shaka soupira d’aise. Ikki en fit autant. Ils se sentaient bien, là ensemble. Le Gold étreignit  à son tour son vis-à-vis. Le Phœnix se sentit heureux car enfin Shaka lui montrait enfin de l’affection. 

    — Je ne sais pas exprimer ce que je ressens, murmura Ikki dans le cou de son amour.

    — Je sais mais j’ai besoin de savoir, répondit la Vierge sur le même ton. 

    Ikki resserra encore un peu plus son étreinte, comme pour se donner du courage. 

    — Je suis … amoureux de toi, Shaka. Depuis des mois, avoua enfin Ikki sans bouger. 

    Shaka s’écarta un peu afin d’accrocher le regard de son soupirant. Il lui sourit et bien qu’il paraissait serein et détendu, il n’en était rien. Absolument rien. Tout son corps bouillait pourtant il tremblait. Lentement, Shaka vint lui caresser la joue. Leurs cœurs ne s’arrêtaient pas de battre la chamade. Ce moment sembla s’éterniser, jusqu’au moment où leurs lèvres se scellèrent. Ce fut comme un électrochoc lorsqu’ils approfondirent ce baiser. Une myriade de sensations les envahit. Ils se sentaient légers. Sur un nuage. Seuls. A bout de souffle, le baiser prit fin, laissant pantois les deux hommes. 

    — Je t’aime aussi, Ikki. Passer tout ce temps avec toi, le baiser que tu m’as volé, tout cela m’a fait tant penser à toi. A notre affrontement. A ta combativité. 

    — Je n’aurais pas pensé que…

    — Que j’aurais pu être attiré par toi ? 

    

    Le Phœnix acquiesça tout en reprenant en coupe le visage de son amour et lui redonna un baiser, cette fois aérien. 

    — Tu ne vas pas partir ? s’inquiéta le Gold qui se rappela qu’Ikki lui avait promis de partir après lui avoir parlé. 

    — C’est ce que je voulais, oui. Mais, je crois que je vais rester encore un peu, affirma le Bronze tout en resserrant ses bras autour de la taille de son amour.  

    Shaka ne dit rien, ce n’était pas utile. Ikki sentait que son amour était heureux de sa décision. Toujours enlacés, ils entendirent un gémissement. 

    — Où… où suis-je ? demanda péniblement la voix.

    Le Gold et le Bronze s’éloignèrent l’un de l’autre, plus surpris qu’autre chose, et se retournèrent. C’était Hadrien qui émergeait de son coma. Aussitôt, Shaka fit un message télépathique à Shion qui arriva rapidement avec les médecins. Il était enfin tiré d’affaire.

———

Palais, appartements de Syd, soirée. 

    Albérick avait lu près de la moitié du roman qui traînait sur la table de chevet. Il l’avait lu à voix haute pour Syd. Il en avait eu envie. Bud n’était pas revenu et Albérick trouva cela étrange. Mais ce qu’il ignorait, c’était que Bud l’avait épié un moment avant de repartir. Le Guerrier d’Alcor s’était rendu compte que Megrez prenait bien soin de son frère. Cela l’avait fortement surpris et puis il avait vu son visage. Jamais encore il n’avait vu cette expression sur lui. Attentif. Attentionné. Heureux. C’était donc de cet homme que son frère était tombé amoureux ? Albérick cachait bien sa personnalité et Bud avait trouvé cela dommage. Il avait décidé de laisser Megrez en paix, du moins pour le moment, et avait quitté les lieux sans se faire remarquer. Peut-être Albérick trouverait-il les mots pour faire revenir son jumeau ? Quant à lui, il n’avait pas mis la main sur Sorrente. Il ne sentait même pas son cosmos dans l’enceinte du Sanctuaire. Puis, il avait appris qu’il était rentré au Royaume Sous-Marin. Il en avait conclu que la Sirène Maléfique ne voulait pas le voir. 

    Megrez s’était assoupi dans le fauteuil qui se trouvait près du lit. Le livre qu’il avait lu dans l’après midi était tombé sur le sol, en se refermant. Quelque chose le sortit de son sommeil. Un murmure. Un son léger. Il ne comprenait pas les mots qu’il entendait. Doucement, il ouvrit les yeux et son cerveau se remit en marche lentement. Il n’entendait plus rien. Aurait-il rêvé ? Et puis, de nouveau il entendit une voix. 

    — J’ai… j’ai… soif, entendit-il. 

    Albérick se redressa d’un coup sur son siège. Il écarquilla ses orbes avant de se lever. Il remplit à moitié le verre qui se trouvait sur la table non loin du lit et aida le patient à boire. C’était Syd qui s’éveillait. Syd ne s’était pas encore rendu compte que c’était son amour qui prenait soin de lui, d’ailleurs il ne l’aurait jamais espéré. Ce n’est que lorsqu'il eut terminé son verre qu’il sentit le cosmos de Megrez près de lui. Cette fois, ce fut lui qui ouvrit tout grand ses yeux et les riva à ceux de son vis-à-vis. Mais avant qu’un quelconque son ne puisse sortir de sa bouche, Shion et Hilda arrivaient déjà avec les médecins. 

    — Syd ! Nous sommes ravis de te revoir parmi nous, fit Hilda en souriant. 

    — Merci…

    — Albérick, désolé mais peux-tu sortir le temps que nous l’examinons ? demanda Shion. Tu pourras revenir ensuite.

    Megrez fit un signe de tête et quitta la pièce, non sans jeter un dernier regard sur Syd qui se sentit rougir. Il n’aurait jamais cru possible qu’Albérick prenne soin de lui. 

    — J’ai prévenu Bud, il ne devrait plus tarder, ajouta Shion. 

    Megrez ferma la porte et attendit dans le couloir. Un moment plus tard, Bud apparaissait. 

    — Tu ne peux pas entrer, Hilda, Shion et les toubibs sont là, lui dit Albérick. 

    — Ok ! 

    L’ambiance entre les deux hommes était toujours tendue, c’est pourquoi Megrez décida de partir. 

    — Tu peux rester, dit Bud. 

    Albérick se retourna, surpris. 

    — Il n’y pas si longtemps tu refusais que je sois là et maintenant, tu me dis que je peux rester ? 

    — Je voulais de coller mon poing dans la tronche aussi, mais j’ai vu comment tu prenais soin de lui. J’ai vu ta vraie personnalité, et maintenant je comprends pourquoi mon frère est amoureux de toi. 

    — Ma vraie personnalité ? N’importe quoi ! Et puis si tu veux me foutre ton poing dans la tronche, vas-y te gêne pas ! Je me tire.

    — Arrête d’être con cinq minutes, et dis moi pourquoi tu as insisté pour rester à son chevet tout à l’heure ?

    — Ca te regarde pas !

    — Détrompe-toi ! Il s’agit de mon frère, je te rappelle !

    

    Oui certes, Bud avait raison mais Albérick n’avait pas vraiment envie de parler de ça avec lui. 

    — J’ai pas envie de parler de ça avec toi, répéta Megrez en tournant les talons. 

    Alors qu’il s’apprêtait à quitter les appartements de Syd, la porte de la chambre s’ouvrit sur Hilda, Shion et les médecins. 

    — Comment va-t-il ? s’empressa de demander Bud. 

    — Tout va bien. Il est affaibli mais il est tiré d’affaire lui aussi, affirma le Pope

    Shion souriait et la Souveraine d’Asgard avait l’air d’être soulagée également, Bud souffla d’aise. Albérick avait cessé d’avancer afin d’entendre ce que Shion avait à dire sur l’état de santé de son soupirant. Lui aussi fut soulagé. 

    — Bud, il a demandé à te voir, ajouta Hilda. 

    — Merci Majesté, fit le jumeau en entrant dans la pièce. 

    Mais il revint sur ses pas. 

    — Albérick ! Viens ! Il sera heureux de te voir, fit le Guerrier d’Alcor. 

    Megrez hésitait. S’il entrait dans cette chambre, c’était avouer à tous qu’il avait finalement un faible pour Syd.

    — Il faut que je vienne te chercher avec un coup de pompe dans le cul ? s’énerva Bud.

    

    Albérick soupira silencieusement, mais ne bougea pas. 

    — Nous devons partir, fit Shion. Albérick ! Ecoute ce que te dit ton cœur pour une fois, lui dit Shion télépathiquement. 

    Megrez, surpris de l’intrusion du Pope dans son esprit, avait cessé tout mouvement. Shion avait raison et il le savait. Mais mettre tant d’années à se forger ce caractère solitaire, manipulateur et lâche pour en arriver là, lui déplaisait. 

    — Bud…, entendirent-ils tous. 

    Syd réclamait son jumeau. 

    — Très bien Albérick ! Je pensais que tu pourrais changer mais visiblement je me suis trompé. Tu n’es qu’un misérable lâche, grogna le Guerrier d’Alcor avant d’entrer dans la chambre. 

    Alors que Shion et Hilda quittaient les appartements du patient – les médecins étaient partis depuis plusieurs minutes déjà –, Megrez se décida à les suivre. Puis, une chose étrange se passa en lui. Ce fut plus fort que sa volonté. Son cœur, ses jambes, non ! Tout son corps se refusait de bouger. 

    — Ton corps et ton cœur parlent pour toi, Albérick. Rejoins Bud, Syd a besoin de vous deux, fit télépathiquement Hilda. 

    Albérick se ravisa. Il savait qu’Hilda avait raison. Il fit demi-tour afin de rejoindre les jumeaux et pénétra dans la chambre, tremblant. Son organe de vie battait comme jamais et ce ne fut rien en comparaison avec ce qu’il ressentit en voyant Syd le fixer. Il était tant qu’il admette que Syd lui plaisait… 

    — Comment te sens-tu ? demanda l’aîné. 

    — J’ai l’impression d’être passé sous un train , mais je crois que ça va.

    — Les toubibs ont dit que ton coma était volontaire, que tu ne voulais pas revenir. C’est vrai ?

    Syd détourna son regard de son frère. Il fixait Albérick. La honte se lisait sur son visage. 

    — C’est vrai, oui. Pardonne-moi, Bud. 

    Bud souffla, il lui caressa la joue pour lui montrer qu’il ne lui en voulait pas. De toute façon il savait pourquoi son frère avait agi ainsi. 

    — Merci d’avoir veillé sur moi, fit Syd envers son jumeau. Et merci à toi aussi, Albérick. 

    — C’est normal, tu n’as pas à me remercier, répondit Bud. 

    

    Megrez, quant à lui, ne dit rien. Il fit juste un signe de tête. 

    — Il a insisté pour que je le laisse s’occuper de toi, ajouta l’aîné. 

    Syd n’en croyait pas ses oreilles. Albérick avait insisté pour rester près de lui ! Impensable !

    — C’est vrai ? demanda-t-il tout en rivant ses orbes à ceux de son amour. 

    

    Albérick se sentit étrange en voyant les pommettes de Syd rosir. Les émotions qui l’envahissaient le faisaient se sentir bien, très bien même. Il ne se souvenait plus de la dernière fois où il s’était senti ainsi, mais au fond de lui et même s’il ne le montrait pas, il en était heureux.

    — Oui ! répondit-il froidement. 

    — Pourquoi ? 

    Syd voulait savoir, mais il se doutait bien que son amour ne répondrait pas. Bud s’était mis en retrait, pensant que peut-être cette tête de mule d’Albérick lui répondrait franchement. 

    — J’ai rien à dire. D’ailleurs je n’ai rien à faire ici. 

    Megrez allait sortir de la chambre, mais Bud l’empoigna, le retourna et lui décocha une droite digne d’un Guerrier d’Asgard. Ce fut le mur du couloir qui accueillit Albérick. Il se massait la joue lorsque Bud s’approchait le regard noir comme jamais. 

    — Bud ! Arrête s’il te plaît. 

    Syd avait quitté son lit, bien que son corps soit affaibli. Il retenait son frère. 

    — Mais enfin que fais-tu debout ? s’inquiéta l’aîné.

    — Laisse-le, lui demanda-t-il.

    — Mais enfin…

    Syd lui coupa la parole. 

    — Je ne peux pas te laisser faire ça. Je sais qu’il le mérite mais …

    Le cadet ferma les yeux avant de les ré-ouvrir. Il regarda son aîné puis riva son regard sur Albérick. Il prit une profonde inspiration, avant de continuer. 

    

    — Je l’aime. Je ne peux pas te laisser faire.

    — Tu te rends compte que ce type n'aime que lui, que c’est un lâche et j’en passe ?

    — Oui je le sais. Mais il a aussi des bons côtés qu’il cache. 

    Bud pesta mais il ne voulait pas se fâcher avec son jumeau. 

    — Je vais faire un tour pour me calmer. Je reviens après. 

    — Tu es fâché ? s’inquiéta le cadet. 

    — Bien sûr que non, sourit Bud. J'aurai juste préféré que tu tombes amoureux d’un type qui te mérite. Retourne te coucher. 

    Syd acquiesça et regagna son lit. Bud sortit, non sans jeter un regard noir sur Megrez. 

    — Je suis assez grand pour me défendre, surtout face à ton débile de frère, grogna Megrez. 

    — Désolé mais …

    Syd ne put terminer sa phrase, Albérick avait déjà quitté sa chambre. Il soupira de malaise. Pourquoi avait-il fallu qu’il tombe amoureux de lui ? 

A suivre…

Gemini, le secret oublié

Shiroitora-lili

Epilogue

    Cela faisait maintenant deux semaines que la paix était revenue. Les blessés étaient pour la plupart guéris et tout le monde reprenait sa vie en main. Depuis la fin des combats, personne n’avait quitté le Domaine Sacré d’Athéna. Les nouveaux couples tentaient de profiter un maximum, sachant qu’un jour prochain, chacun devrait reprendre ses activités au sein de son propre Sanctuaire. 

    Angelo n’avait toujours pas trouvé les mots pour se déclarer auprès de Shura. Il l’évitait même pour le plus grand désespoir du Capricorne qui regrettait presque lui avoir avoué qu’il l’aimait. 

    Bud n’avait pas revu Sorrente, celui-ci avait quitté le Sanctuaire Terrestre sans un mot. La Sirène Maléfique pensait que Bud avait été pris d’une pulsion par rapport au combat et qu’il n’avait pas de sentiments envers lui. En revanche, lui en avait. Depuis quand, il l’ignorait mais le baiser qu’il avait reçu de l’Asgardien lui avait ouvert les yeux. Autant dire que l’ignorance de Bud l’avait chamboulé et il avait préféré partir afin d’oublier tout cela au plus vite. Kanon n’avait pas été tendre avec lui, et Bud en rajoutait une couche, c'était plus qu’il ne pouvait en supporter. L’Asgardien se sentait coupable et il avait raison. Mais pour le moment, il lui était impossible de quitter son frère encore convalescent, bien que celui-ci lui répétait qu’il pouvait aller à la conquête de son amour. 

    Syd s’était résigné, du moins en apparence. Il ne voulait plus que son jumeau s’inquiète pour lui. Alors, il taisait ses sentiments, faisait en sorte d’éviter Albérick et n’allait plus le voir s’entraîner. Cela lui pesait, mais avait-il le choix ? Pourtant lorsqu’il se retrouvait seul, l’Asgardien se mettait à déprimer. Il ne pensait qu’à celui qui lui avait volé son cœur. Il n’avait goût à rien, et la plupart du temps il aurait souhaité ne voir personne mais s’il refusait de sortir un peu, il savait que Bud se poserait des questions. Syd prenait sur lui pour vivre au mieux avec ses sentiments et sa tristesse. 

    Shion avait reçu Hadrien dans son bureau du Palais afin de lui expliquer tout ce qui s’était passé mais également lui dire la vérité sur toute cette histoire. Le jeune homme avait eu beaucoup de mal à le croire au début. Aussi, le Pope lui avait fait lire les registres. Hadrien se souvenait également de quelques faits. Il dut admettre que Shion lui disait la vérité. Athéna l’avait autorisé à rester pour sa convalescence et l’accès du Sanctuaire lui était accordé afin qu’il puisse venir voir ses nouveaux amis lorsqu’il le souhaiterait.  

——— ***———

    Afin de clôturer cette histoire, Athéna, ses oncles et Hilda se mirent d’accord pour organiser une fête. Cette bataille avait eu le mérite de resserrer les liens entre les différents Sanctuaires, des amitiés étaient nées, des sentiments aussi à en croire certains cosmos. 

    Galien et Konrad commençaient également à trouver leur place, même si parfois l’atmosphère était lourde en leur présence. Ils étaient heureux d’être en vie, et surtout ensemble. Ici plus rien n’affecterait plus leur union. Les blessures guérissaient bien. Shura, Syd et Hadrien se remettaient également de leurs comas. En revanche, le moral du Capricorne et de l’Asgardien étaient au plus bas. Ils faisaient tout pour le cacher mais pour ceux qui les connaissaient bien, c’était inutile. Tous respectaient, néanmoins, leur choix.

    Cette soirée sonnait pourtant pour certains comme un adieu. Il était temps pour les différentes castes, pour les Dieux et pour la Souveraine du Royaume d’Asgard de s’en retourner chez eux. Tous avaient à faire et les différents Royaumes ne pouvaient rester ainsi plus longtemps. Les couples inter-Sanctuaires tentaient de profiter le plus possible des quelques heures qu’il leur restait. En effet, dès le lendemain de la fête, tous quitteraient le Domaine Sacré. Cependant, ce moment de détente ensemble était le bienvenu. Les troupes s’étaient rapprochées, et c’était un moyen sympathique de se quitter. Les têtes couronnées avaient autorisé un déplacement libre entre tous les Sanctuaires afin de permettre aux amants de se voir mais aussi aux amitiés de se renforcer. 

    La petite fiesta devait se dérouler dans la grande salle de réception du Palais du Pope qui avait été décorée pour l’occasion. Tout le monde ou presque avait participé. Un buffet et des boissons avaient été placés à différents endroit pour un accès plus facile. Quelques tables et chaises trônaient ça et là pour qui souhaiterait s’asseoir. Pour pouvoir danser, une sono avait été installée par Milo, Kanon et Angelo. La décoration de la salle et des tables étaient l’occupation d’Aphrodite, Marine, Shunreï et de Pandore. 

———

    Ceux qui étaient restés dans les différents Sanctuaires étaient enfin arrivés au Domaine Sacré. Sorrente en faisait partie. Il en avait reçu l’ordre. Le Dieu des Océans ne voulait pas que l’un de ses Marinas manque à l’appel, pour lui c’était un manque de respect envers leur hôtesse. C’était donc avec amertume que la Sirène Maléfique avait accompagné Kassa, revenu à la vie lui aussi, Krishna, Baian et Thétis. 

    Cela faisait maintenant plus d’une heure et demie que la soirée festive avait commencé. L’ambiance était au beau fixe entre tous les protagonistes et la musique faisait danser couples et amis. Certains profitaient de ce moment pour se rapprocher de l’être aimé. Ce fut le cas de Valentine qui ne quittait pas Shaïna. La femme Chevalier paraissait assez réceptive au charme du Spectre et semblait mettre de côté, un instant, Seiya qui ne lâchait pas du regard Saori. De son côté Bud cherchait sa Sirène. Hélas, Sorrente semblait s’être caché. Pourtant, l’Asgardien en était sûr, le Marina était là, il l’avait vu arriver. Bud scrutait la salle afin de mettre la main sur lui. Jamais il n’aurais pensé aimer aussi fort un jour. Son passé peu reluisant, il le traînait comme on traîne un boulet accroché par une chaîne à la cheville. Jusqu’à la bataille d’Asgard, il n’avait aimé que lui-même. La rencontre avec les Bronze avait totalement changé sa vie, et il leur en était reconnaissant. 

    Il fut interpellé par Shun qui s’inquiéta de le voir presque courir partout dans la salle. Une brève conversation apprit à Bud que celui qu’il cherchait se trouvait dehors, derrière le Palais. Il s’y précipita. Son organe de vie se mit à battre à tout rompre. Enfin, il allait le revoir et surtout comprendre pourquoi Sorrente avait quitté le Domaine Sacré sans le prévenir. Sorrente se retourna brusquement au moment où il sentit la présence de l’Asgardien. Il allait fuir. 

    — Sorrente ! Attends s’il te plaît. Ne part pas ! l’interpella Bud. 

    Le Marina était assis sur un muret qui jouxtait le Palais. Lorsque Bud l’avait vu, il l’avait trouvé pensif et attristé jusqu’au moment où il s’était retourné. A ce moment là, Sorrente semblait plutôt surpris de le voir. 

    — Je te dois des excuses, Sorrente. J’étais tellement préoccupé par la santé de mon frère que j’en ai oublié tout le reste. Et toi. Pardon. Tu as des raisons de m’en vouloir pourtant je ne voulais pas te blesser. Quand je t’ai embrassé, je n’avais aucune arrière pensée, j’en avais envie et …

    La Sirène Maléfique ne disait pas un mot. Il regardait simplement Bud. Son cœur s’emballait dans sa poitrine, bien plus que la première fois où Kanon l’avait mis dans son lit. Bud était en train de lui ouvrir son cœur ou il se méprenait ? 

    — J'en ai envie, poursuivit l’Asgardien. Lorsque je t’ai vu sans connaissance, mon sang n’a fait qu’un tour. Je ne sais pas depuis quand je ressens cela pour toi, mais c’est en moi. Ne pas te voir ces derniers jours m’a fait souffrir et savoir que c’était à cause de mon comportement que tu étais sans doute parti m’a fait encore plus de mal. Je vois que tu m’évites. Je vois que tu n’es pas très bien. Pardonne-moi, Sorrente. 

    Bud s’approchait de l’être aimé tout en parlant. Dans sa voix, dans son regard, dans son comportement, rien ne laissait penser au Marina que Bud lui mentait. Mais il n’avait jamais supposé que Kanon ne puisse pas avoir de sentiments envers lui, alors comment pourrait-il être certain de ceux de Bud ? 

    Sorrente soupira. Intérieurement, son corps bouillait d’envie de se jeter à son cou. Extérieurement, il ne montrait aucun sentiment. Il avait bien trop peur de la trahison. Après le combat, lorsqu’il s’était rendu compte que Bud était distant avec lui, il avait décidé de repartir vers le Sanctuaire Sous-marin. Chaque jour. Chaque heure. Chaque minute. Chaque seconde. Ses pensée se dirigeaient vers l’Asgardien. Se retrouver quasi seul lui avait permis de réfléchir à ces sentiments nouveaux qui le submergeaient. Il avait fait le point sur l’homme qui l’avait embrassé. Il le trouvait séduisant, gentil même si cela n’avait pas toujours été le cas, à son goût, rassurant… Il en était tombé amoureux peu à peu.

    — Tu ne dis rien ? Tu ne me pardonneras pas, c’est ça ? demanda-t-il à Sorrente, dépité. Je t’aime, tu sais. Je ne te mens pas, murmura-t-il.

    Le Marina restait silencieux. Il n’arrivait pas à faire sortir des sons de sa gorge. Bud l’aimait. Jamais Kanon ne lui avait dit quelque chose comme cela. Pouvait-il y croire ? L’Asgardien paraissait sincère. Sorrente n’était pas sûr de ce qu’il devait faire. Et puis, Bud ne se trouva plus qu’à quelques centimètres de lui. Tout son être se mit à trembler. Ses jambes ne le portaient plus. Il ne réussissait toujours pas à faire sortir les mots qu’il voulait lui dire. Mais que voulait-il dire d’ailleurs ?

    — Si tu ne m’arrêtes pas, je vais t’embrasser, annonça Bud. 

    Mais Sorrente ne pouvait toujours rien faire. D’ailleurs, il ne voulait rien faire. Juste se laisser faire. Le laisser faire… L’Asgardien allait tenir sa promesse. Il prit doucement le menton de son amour pour relever légèrement son visage et sans attendre plus, posa ses lèvres humides sur leurs jumelles. Une explosion de sensations prit les deux hommes aux tripes. Sorrente se laissait complètement aller dans les bras de Bud qui le soutenait par la taille avec sa main libre. Lorsque les langues jumelles se rencontrèrent, aucun des deux ne put exprimer ce qu’il ressentait tant c’était fort et unique. 

    Ce tendre baiser prit fin quelques instants plus tard, laissant le couple penaud. Ils s’accrochèrent du regard. Les pommettes de Sorrente étaient teintées de rouge, alors qu’une joie immense se lisait sur leurs deux visages. 

    — Je t’aime vraiment, tu sais, lui susurra Bud. 

    — Pardon d’avoir douté, s’excusa la Sirène. 

    — Tu n’as rien à te faire pardonner. Je suis le seul fautif. 

    Sorrente se cala contre le torse de Bud qui l’étreignit avec douceur. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes avant de rentrer dans la salle où ils purent passer une agréable soirée, avant de penser à leur première nuit…

———

    Shura discutait dans un coin de la salle avec Shiryu, Fenrir, Shun et Io. Depuis son réveil, il n’avait presque pas vu son ami et amour, Angelo. Le Cancer paraissait l’éviter et cela le faisait souffrir bien plus que toutes les blessures qu’il avait accumulées durant toute sa vie. Il regrettait de s’être déclaré… Parfois, il détournait son regard et son attention des jeunes pour les porter vers Angelo qui s’occupait de la sono avec Kanon. Milo les avait abandonnés pour rejoindre son glaçon adoré. Non loin d’eux traînait Rhadamanthe qui ne s’éloignait jamais trop de son amant mais il conversait avec ses frères, Mû et Rune. 

    Depuis sa confession, Shura n’avait qu’une envie, ou presque…, les lèvres d’Angelo. Il avait envie d’en connaître le goût. Etaient-elle sucrées, salées, fines, douces, rugueuses, sauvages, sages ? Il soupirait intérieurement. Shiryu commençait à se poser des questions sur le Capricorne. Il ne le trouvait pas en forme depuis son réveil du coma. Mais ce n’était ni l’endroit ni le moment de lui poser la question. 

    Angelo épiait les moindres faits et gestes du Capricorne. Au début cela avait échappé au Gémeaux mais il vit son ami observer Shura. Il sourit intérieurement, il avait compris. 

    — Tu devrais aller lui parler, fit Kanon. 

    — Hein ! 

    — Shura. Tu devrais aller lui parler. 

    — Pourquoi tu me dis un truc comme ça ? 

    — Tu le mattes depuis tout à l’heure. 

    — Non ! répondit Angelo gêné. 

    — Oh si ! s’amusa le Gémeaux. Va le voir et dit-lui ce que tu as sur le cœur. 

    — Je n’ai rien sur le cœur et j’ai rien à lui dire ! grogna le Cancer. 

    — Ok si tu le dis. Mais je pense que tu devrais …

    — Kanon ! La ferme ! J’ai rien à lui dire…, s’énerva Angelo. 

    Kanon lâcha l’affaire, un sourire sur les lèvres, irritant le Cancer mais le faisant réfléchir. 

    L’ambiance était légère bien que les couples inter-Sanctuaire seraient séparés dans quelques heures. En fait, ils ne voulaient surtout pas y penser bien qu’ils pourraient tous se voir quand bon leur semblera. Dorénavant, il y avait un accès libre à tous et dans tous les Sanctuaires. 

    Parfois, on voyait Rhadamanthe s’approcher discrètement de Kanon et lui voler un baiser. cela étonnait ses frères mais ils en étaient heureux. Ces deux-là n’avaient pas grand chose en commun mais ils semblaient s’en accommoder. Ils étaient proches et paraissaient heureux. 

    En revanche, entre Angelo et Shura l’ambiance était plutôt glaciale. Aphrodite venait de rejoindre le groupe avec lequel Shura discutait. Le Poissons se rapprochait du Capricorne et avait une tendance à se frotter contre lui. De loin cela donnait l’impression qu’Aphrodite en pinçait pour son pair et tentait de s’en rapprocher. Et c’est ce que pensa Angelo qui bouillait de rage. Pour qui se prenait-il ce poisson défraîchi ? La colère montaient en lui. Il ne réussissait plus à détourner son regard de Shura. 

    — Vas-y ! reprit Kanon. Si tu ne fais rien tu risques de le regretter. 

    — Je t’ai pas sonné ! 

    — Je te le dis par amitié, après tu fais ce que tu veux. Mais vu la manière dont tu le regardes, je sais que tu es cuit ! 

    — Merde ! ragea-t-il contre le Gémeaux. 

    — Ok, comme tu veux !

    Kanon laissa Angelo à ses pensées et continua à s’occuper de la musique. Le Cancer, lui, cogitait. S’il ne faisait rien, il risquait de perdre Shura. S’il intervenait il disait devant tout le monde qu’il l’aimait. A moins que… Une troisième solution s’offrit à lui. 

    D’un coup, il serra les poings. Sans un mot, il se dirigea vers le groupe avec lequel se trouvait Shura. Tout en avançant, il se sentit de plus en plus étrange. Son organe de vie se manifesta dans sa poitrine comme jamais. Mais peu lui importait. Il voulait Shura, et il l’aurait. Pas question pour lui de laisser Aphr s’approprier son amour. D’un pas décidé, il rejoignit le groupe qui fut surpris de le voir arriver si franchement. Sans leur laisser le temps de dire quoi que ce soit, il empoigna Shura. Interloqué, le Capricorne n’eut pas le réflexe de se débattre. Ce n’est que lorsqu’ils furent sortis du Palais que le Capricorne réagit. 

    — Bordel, qu’est-ce que tu fous ? Lâche-moi ! lui demanda Shura.

    — On va chez toi !

    — Pour quoi faire ?

    Angelo ne répondit pas. Il traînait toujours derrière lui Shura, qui avait abandonné l’idée de se défaire de l’étau qui lui serrait le bras. Enfin, ils arrivèrent au dixième Temple. 

    — Tu vas me dire ce qu’il te prend, à la fin ? fit Shura lorsqu’il sentit la main d’Angelo lâcher prise. 

    — Je dois tenir la promesse que je t’ai faite, annonça le Cancer. 

    — Une promesse ? Quelle promesse ?

    

    Angelo déboucla la ceinture de son jean et le déboutonna mais avant qu’il ne le fasse glisser le long de ses jambes, Shura le retint. 

    — T’es dingue ! Qu’est-ce que tu fous ? s’insurgea l’Espagnol. 

    En vérité, Shura ne souhaitait que se rincer l’œil et profiter de la vue que lui offrait son ami. Mais le pouvait-il ? Depuis son réveil et sa déclaration Angelo semblait le fuir comme la peste. Alors pourquoi retirait-il son pantalon ?

    — Je t’ai promis de te montrer mon tattoo si tu revenais de ton coma et j’ai pas eu l’occasion de respecter ma promesse. 

    Le tatouage d’Angelo ! Comment avait-il pu oublier ça ? 

    — Si ça t’embête tu n’es pas obligé de me le montrer, tu sais, lui dit-il alors, presque déçu. 

    — C’est pas que ça m’ennuie… ça me gêne, murmura Angelo. 

    — Toi ! T’es gêné ? Depuis quand ?

    

    Mais au lieu de répondre, Angelo baissa son pantalon jusqu’aux chevilles. Il n’avait plus que son caleçon qui faisait rempart devant les yeux écarquillés de Shura. 

    — Je te rappelle que je t’ai avoué mes sentiments et pardon mais te voir là comme ça … Comment dire…

    Le Capricorne se grattait la tête en cherchant ses mots. 

    — J’ai déjà envie de toi quand t’es sapé, alors là c’est un véritable appel au crime. 

    — Une promesse c’est une promesse. Comment veux-tu bâtir quelque chose si les bases ne sont pas solides ? 

    Le ton de la voix du Cancer sonnait presque comme une supplique. Shura semblait perdu. Que voulait dire son amour ? Et puis, Angelo fit descendre doucement son caleçon. Que d’un côté. Prenant soin de ne rien divulguer de son anatomie. Peu à peu le tatouage que voulait tant voir Shura se dessinait devant son regard qui ne perdait aucune miette du film qui se jouait devant lui… pour lui… Il avait raison. C’était un Capricorne que son ami s’était fait graver sur la peau. 

    — Tu dois beaucoup l’aimer pour avoir fait faire ce tattoo, fit Shura résigné. 

    — Tu n’as pas idée, répondit évasivement le Cancer. 

    — Je la connais ? demanda-t-il.

    Angelo n’avait pas vraiment compris pourquoi son ami semblait tant désespéré, jusqu’à sa dernière question : Je LAconnais ? Shura pensait qu’il était épris d’une femme. L’Italien s’approcha de lui. Il prit sa main et la posa sur son tattoo. Les deux amis tremblaient. Shura avalait avec peine sa salive. Que se passait-il ? 

    Guidés par la main d’Angelo, les doigts de Shura effleuraient la peau tatouée. Le dessin était encore en relief. Shura frémissait. Angelo soupirait d’aise. L’Italien relâcha la main de son ami qui s’accroupit afin de mieux voir les détails. 

    — Il est magnifique, murmura le Capricorne. Tu ne veux pas me dire pour qui tu l’as fait ?

    Shura n’avait pas encore compris qu’il s’agissait de lui. 

    — Pour … un mec.

    

    Un mec ? Pas une femme, mais un homme ! Alors peut-être que… La vue que lui offrait son amour rendait fou l’Espagnol. Il s’approcha un peu plus du tattoo. Le caressa. L’effleura. Angelo gémissait. C’en fut trop pour sa résistance. Advienne que pourra, pensa alors le Capricorne. Il posa délicatement ses lèvres sur le tattoo et y déposa quelques baisers. Angelo ne disait rien. Il ne l’empêchait pas et gémissait un peu plus de seconde en seconde. Délaissant cette marque sur la peau de son amour, lentement il fit glisser sa langue sur le côté, allant vers une chose bien plus convoité que le tatouage. Angelo fit un pas en arrière et se cala sur le mur. Shura fit descendre un peu plus le caleçon d’Angelo et s’empara de sa virilité. La caresse lascive qui lui prodigua fit réagir leurs deux corps qui s’échauffaient de plus en plus. 

    Seul un grognement de mécontentement se fit entendre lorsque Shura se désintéressa de la masculinité d’Angelo. Il se releva et riva son regard à celui de son vis-à-vis. D’une main, il caressa sa joue. De l’autre, il prit son menton et releva son visage. Sans dire un mot, il plaqua ses lèvres sur leurs jumelles pour un baiser sulfureux et presque brutal. 

    — T’es long à la détente, fit remarquer Angelo à bout de souffle. 

    — T’es pas clair non plus ! affirma Shura en l’embrassant fougueusement. 

    Personne ne les revit à la petite fête. Ils s’étaient enfermés dans les appartements du Temple et n’en ressortirent que le lendemain. Heureux et apaisés de s’être enfin trouvés.

———

    Syd s’était éloigné un moment du bruit de la fête. Il se trouvait sur l’un des balcons qui ornaient la salle de réception. Il prenait l’air. C’était l’excuse qu’il avait donnée à ses amis pour s’éclipser. Il faisait comme si tout allait bien mais il n’en était rien. Albérick hantait chaque jour un peu plus ses pensées. C’était idiot, du moins le pensait-il, car Megrez n’avait et n’aura jamais de sentiments envers lui. Il déprimait seul dans son coin afin de ne pas inquiéter les autres, surtout son frère.

    Albérick l’avait vu sortir. Il avait hésité longuement à le suivre, et il ne le fit pas. Pas tout de suite. Il attendait de voir si quelqu’un le rejoindrait. Une dizaine de minutes plus tard, il se dirigea à son tour vers le balcon. Il ne voulait pas spécialement lui parler, mais il avait envie de le voir. De sentir son odeur fraîche et apaisante. C’était un fait ! Il trouvait Syd apaisant. 

    A peine eut-il mis un pied sur le-dit balcon, que Syd sursauta. Il ne pensait pas voir qui que ce soit et encore moins celui qu’il voyait en cet instant. Il voulut partir, mais une main au niveau de son avant-bras le retint. 

    — J’aimerais que tu me lâches, Albérick. Je ne souhaiterais pas te déranger, fit-il attristé. 

    — Tu n’as pas besoin de partir. Tu étais là avant moi, répondit-il en relâchant sa prise. 

    Syd n'en revenait pas. Megrez était courtois envers lui, une première ! Qu’est-ce que cela cachait ?

    — Je préfère partir, avoua Syd. 

    — J’ai… j’aimerais que tu restes, dit enfin Megrez. 

    L’organe de vie de Syd se mit à battre tellement fort dans sa poitrine qu’il eut peur que son pair ne l’entende. Une pointe de rougeur était également apparue sur son visage, évidemment ce n’était pas assez discret pour qu’Albérick ne s’en rende pas compte. 

    — Tu rougis, on dirait un gosse, se moqua Megrez. 

    — Si tu veux que je reste pour te moquer, sache que j’ai autre chose à faire ! 

    Albérick grinça des dents. La gentillesse, il ne savait plus trop comment cela fonctionnait. Il n’avait pas voulu être offensant cette fois, mais il était à côté de la plaque. Pas facile de montrer sa vraie nature…

    — Non ! Reste, insista Megrez. 

    Syd écarquilla ses orbes. Albérick semblait sincère mais lui qui était fourbe comme personne, comment le croire ? 

    — Très bien, mais un mot de travers et je pars, fit-il. 

    Pourquoi avait-il accepté d’ailleurs ? N’était-il pas libre de faire ce que bon lui plaisait ? En vérité, être près de lui le rendait heureux même s’il savait qu’il ne se passerait rien. Jamais. Il soupira et s’appuya sur la rambarde afin de regarder la vue sur le Sanctuaire, mais surtout pour se soutenir car ses jambes ne le faisaient plus. Il avait joint ses mains au dessus du vide et ne disait plus un mot. Il profitait de la présence de celui qu’il aimait depuis des mois. 

    Albérick adopta la même position mais du coin de l’œil, il observait son prétendant. Etre près de lui procurait un certain bien être. Mais il ne lui avouera jamais, pas question pour lui… 

    Les deux hommes ne parlaient pas. Une certaine gêne s’était installée entre eux. L’air était doux. Hormis la musique qui provenait de la salle, rien ne vint perturber le quasi silence qui les entourait. Syd avait un mal fou à reprendre le contrôle de ses émotions et il ignorait toujours pourquoi Albérick l’avait empêché de partir. Un frisson le prit. Syd commençait à avoir froid. Albérick ne savait pas quoi faire et puis faire quelque chose n’était pas dans ses habitudes. Pourtant cette fois, il avait envie d’aider son ami. Il prit les mains de son vis-à-vis entre les siennes pour les réchauffer. Syd sursauta. 

    — Je vais rentrer, mais merci …

    — Reste, murmura Albérick. 

    — J’ai froid. Je serais mieux à l’intérieur, insista Syd. 

    

    Contre toute attente, Megrez se plaça derrière lui et l’enlaça un peu trop tendrement au goût de Syd qui fondait dans ses bras. Jamais, il n’aurait pensé se retrouver ainsi dans les bras de son amour. Il n’avait même pas la force de se débattre tant il était heureux. 

    — Tu n’es pas obligé de faire ça, se sentit obligé de dire Syd. Je sais… je sais que je te dégoûte.

    Au lieu de répondre, Megrez resserra son étreinte et posa son menton sur l’épaule de Syd qui se raidit à ce contact. Mizar n’y croyait pas…

    — Tu ne me dégoûtes pas, murmura Albérick. Je ne sais juste pas m’exprimer. Je n’en ai plus l’habitude. 

    — Je…

    — J’aimerais rester un moment comme ça. Commençons doucement, tu veux ?

    — Que veux-tu dire ? l’interrogea Syd incrédule. 

    — Chut ! susurra Megrez tout en déposant un baiser aérien dans le cou de Syd.

    Les deux hommes restèrent donc ainsi pendant un très long moment. Albérick semblait enfin montrer son vrai visage à Syd qui n’espérait qu’une chose : que ce ne soit pas un rêve… 

———

    Tout semblait se terminer de la meilleur façon possible. La paix était, pour la première fois depuis des millénaires, installée. La soirée festive s’était achevée tard dans la nuit. Des couples s’étaient formés. Des amitiés étaient nées. Certains en revanche cherchaient encore l’amour, alors que pour d’autres le chemin vers la vie à deux sera long, comme pour Hyoga et Isaak qui n’arrivaient pas à trouver les mots pour se déclarer. Tous semblaient heureux ou presque. Il ne leur restait plus qu’à vivre…

——— *———

     Quelque part sur Terre, errait l’ex-Déesse Héra accompagnée de ces fidèles Mercenaires. Elle n’avait plus ni pouvoir, ni demeure et en voulait à son époux de la laisser vivre ainsi. Souvent elle le maudissait tellement qu’elle pensait l’entendre gronder depuis l’Olympe. 

    Elle se trouvait dans une tente de fortune et l’orage grondait autour du camp. Quelques trous laissaient filtrer l’eau de pluie. Impensable pour elle de continuer à vivre ainsi…

    Cette nuit là, Zeus vint à elle. 

    — Zeus ! Que fais-tu là ? lui demanda-t-elle surprise.

    — Je t’ai bannie, et ôté tous tes pouvoirs mais tu n’en restes pas moins mon épouse. Je sais que je t’es déçue mais ton comportement a dépassé l’entendement. 

    — Où veux-tu en venir ? s’inquiéta-t-elle.

    — Mes sentiments pour toi sont inchangés même si je ne suis pas fidèle. Tu comptes pour moi.

    — Bah voyons ! cracha-t-elle.

    — J’accepte que tu reviennes avec moi sur le Mont Olympe, je te rends ton immortalité mais ne compte pas récupérer tes pouvoirs, et ce quelque soit le moyen. 

    Héra hésita longuement, mais le confort du Mont des Dieux lui manquait. Elle accepta de suivre son époux, et celui-ci lui promit d’être moins volage… mais pour combien de temps ? 

FIN

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